Les personnes handicapées restent largement discriminées

(24heures)


L’invité René Knüsel Politologue

 

Dans un récent rapport, la Suisse a été tancée par le Comité des droits des personnes handicapées de l’ONU, pour le retard avec lequel elle applique les engagements pris lors de la signature de la Convention relative aux droits des personnes handicapées. La Suisse a ratifié cette convention en 2014. Il s’agissait pour elle d’adapter la législation au niveau fédéral et cantonal de façon à se conformer à son contenu. Or, bien peu de choses ont été entreprises dans ce sens depuis lors.

Le comité fait un certain nombre de recommandations pour que le quelque 1,8 million de personnes en situation de handicap en Suisse puissent vivre plus dignement. Parmi les recommandations du rapport, certaines méritent d’être portées à l’attention du public:

La première appelle à la mise en place d’une stratégie globale au travers un plan d’action fixant les priorités, les compétences, un calendrier et un budget. Les législations fédérale et cantonale devraient notamment faire l’objet d’un examen systématique et être adaptées.

Les personnes en situation de handicap font souvent l’objet de discriminations et ne sont pas suffisamment protégées par la législation et les tribunaux.

L’orientation générale des mesures de soutien dont bénéficient les personnes handicapées est encore trop souvent pensée sous forme institutionnelle. Ainsi les encouragements pour l’accès à un logement indépendant sont insuffisants.

«L’obtention de nombreuses prestations sociales, comme celles de l’assurance invalidité, est entravée par des procédures inappropriées.»

Il en va de même de l’obtention de nombreuses prestations sociales, comme celles de l’assurance invalidité, entravée par des procédures inappropriées. La situation du système éducatif est aussi insatisfaisante, puisque aujourd’hui encore plus de la moitié des élèves, ayant besoin d’un soutien renforcé à l’école obligatoire, sont scolarisés de manière séparée. De façon plus générale, les atteintes à l’égalité des droits des personnes en situation de handicap existent dans l’accès à tous les niveaux d’éducation.

Sur le marché du travail, les ségrégations persistent à l’égard des personnes handicapées. Faute de postes adaptés et de mesures de soutien adéquates, un marché du travail inclusif ne peut exister. Employeurs et pouvoirs publics sont appelés à prendre les mesures nécessaires pour favoriser l’accès de tous à l’emploi, une situation qui sera favorable à l’ensemble de l’économie.

La Confédération et les cantons doivent agir pour donner tout son sens à une politique inclusive à l’égard des personnes en situation de handicap. Inclusion Handicap, Pro Infirmis et les autres institutions pour personnes handicapées ont lancé une pétition en vue de la signature par la Suisse du protocole additionnel à la Convention, pour permettre les recours en dernière instance au Comité ad hoc de l’ONU. Ce mouvement mérite d’être soutenu.

Un pas important vers la reconnaissance des langues des signes

(Inclusion Handicap)

La Commission de la science, de l’éducation et de la culture du Conseil national (CSEC-CN), après avoir pris connaissance du rapport du Conseil fédéral relatif à la potentielle reconnaissance légale des langues des signes suisses, se prononce en faveur de la création d’une nouvelle loi fédérale qui reconnaisse les langues des signes. La motion de la commission (22.3373 (externer Link)) charge le Conseil fédéral d’élaborer une loi ayant pour but la reconnaissance et la promotion des trois langues des signes suisses.

La loi vise à reconnaître et à promouvoir les langues des signes ainsi que l’égalité des personnes sourdes et malentendantes, en particulier dans l’accès à l’information, à la communication, à la participation politique, aux services, à l’éducation, au travail à la culture et à la santé.

Cette démarche est par ailleurs conforme aux recommandations du Comité de l’ONU, lequel a explicitement pointé du doigt, dans le cadre de l’examen de la mise en œuvre en Suisse de la Convention de l’ONU relative aux droits des personnes handicapées, la non reconnaissance des langues des signes.

Communiqué de presse de la Fédération Suisse des sourds

Les premières rentes AI pour Covid long ont été versées

(20min.ch)

Le nombre de patients qui ne peuvent plus reprendre une activité comme avant leur infection augmente très vite. Les assurances redoutent une explosion des coûts à long terme.


Nul ne sait à combien va s’arrêter le décompte de gens qui doivent s’inscrire à l’AI.Tamedia

 

Chaque mois, en moyenne 150 personnes s’inscrivent à l’assurance invalidité (AI) parce qu’elles ne récupèrent pas leurs capacités entières après une infection au Covid. Au total, à fin février, l’AI dénombrait 2068 inscriptions, rapporte la «SonntagsZeitung». C’est 300 de plus que le dernier décompte fin 2021. La nouveauté, c’est que les premières décisions favorables au versement d’une rente ont été rendues.

La presse tessinoise indiquait cette semaine qu’une poignée de personnes touchaient une rente AI pour cause de Covid long («moins de cinq», selon le Canton), sans autre détail sur leurs cas. Les études se multiplient pour comprendre le Covid long et la fréquence de ses dégâts parmi la population. On estime qu’après un an, 16% des personnes infectées ont toujours des séquelles et que 1% ne peuvent plus participer à la vie sociale et professionnelle que de façon limitée.

Estimations impossibles

Les inquiétudes se font sentir parmi les assurances sociales. Le nombre d’infections ayant explosé avec le variant Omicron, doit-on craindre une avalanche de Covid longs ces prochains mois? Il est trop tôt pour dire si Omicron sera moins susceptible de provoquer des Covid longs. De plus, des traitements pourraient éventuellement arriver.

Ni du côté des assureurs ni de celui des politiques, on n’ose lancer une estimation de ce que coûteront les Covid longs pour le système de santé et pour les assurances sociales. L’épidémiologiste Milo Puhan, auteur d’études sur la thématique, en est lui certain: «il y a suffisamment d’éléments qui montrent qu’une partie importante de la population active autrefois en bonne santé est concernée et cela aura une charge pour l’économie et le système de santé à long terme», dit-il au journal alémanique.

(ywe)

Une solution tactile pour garantir le secret du vote des aveugles

(Le Matin)

Des élus de tous partis demandent la mise en place de moyens qui permettront aux personnes malvoyantes de voter sans aide externe.


Voter par le toucher: la solution présentée doit permettre une plus grande autonomie pour celles et ceux qui ne voient pas. UCBA

 

Pouvoir voter sans devoir dicter son choix à un tiers: les aveugles devraient bientôt aussi se voir garantir le droit au secret des urnes. Jeudi, la commission des institutions politiques du Conseil national a décidé à l’unanimité de charger le Conseil fédéral de préparer la mise en place de solutions pour aider les personnes malvoyantes à voter de façon autonome.

Près de 100’000 votants

«Ces personnes n’ont actuellement pas d’autre solution que de faire confiance au tiers qui les assiste pour respecter leurs instructions concernant le vote», dit le texte déposé. L’Union centrale suisse pour le bien des aveugles (UCBA) a développé une solution tactile qui leur permet de voter seuls.

L’association se félicite dans un communiqué de la décision des élus. «Même si cette solution n’est qu’une amélioration ponctuelle et que le vote autonome ne sera pas encore totalement possible, il s’agit d’un pas important et d’un signal fort», dit-elle dans son communiqué. «En se fondant sur le taux de participation moyen, on estime qu’entre 80’000 et 100’000 personnes utiliseront les modèles de votes, lesquels coûtent actuellement entre 35 et 50 francs», notent pour leur part les élus dans la motion.

Vote électronique souhaité

Selon l’UCBA, une encore meilleure solution doit à nouveau être mise sur le tapis: «pour les personnes en situation de handicap visuel, le plus grand espoir de pouvoir exercer leurs droits politiques de manière totale, autodéterminée et autonome réside toujours dans une solution de vote électronique accessible», dit-elle.
(ywe)

«L’aphasie n’est pas un trouble psychique ou un handicap mental»

(CHUV/Hôpital du Valais)

L’aphasie est définie par le CHUV comme un trouble de la communication pouvant se manifester dans l’expression et/ou la compréhension orale ou écrite et entraînant parfois des perturbations de langage oral, de lecture, d’écriture et de gestes. «L’aphasie n’est pas un trouble psychique ou un handicap mental. Les capacités intellectuelles de la personne aphasique sont préservées. La personne aphasique n’est pas sourde. La personne aphasique n’a pas de problème de voix», rappelle l’Hôpital du Valais.

Ce trouble cognitif est causé par des lésions cérébrales qui peuvent être d’origines diverses souligne le CHUV, d’un accident vasculaire (infarctus ou rupture d’anévrysme) à une blessure survenue lors d’un accident de la route en passant par une tumeur. «Entre utilisation fréquente d’un mot pour un autre et/ou d’un contraire, déformation partielle des mots ou totale et production de phrases en style télégraphique », il peut être difficile de s’exprimer pour les personnes aphasiques, illustre le CHUV.

Aphasie expressive, réceptive et globale

Plusieurs types d’aphasie sont par ailleurs distingués par la communauté scientifique. Lorsque l’aphasie est expressive, «généralement les personnes comprennent assez bien mais ont du mal à trouver les mots», relate Brooke Hatfield de l’American Speech Language Hearing Association (ASHA). Une personne utilisera alors des phrases très courtes – comme «veux nourriture» – pour se faire comprendre.

S’agissant de l’aphasie réceptive, «les mots viennent facilement, mais ce ne sont pas forcément les bons. Et il est compliqué pour ces personnes d’entendre ce qu’elles disent» et donc d’être conscientes de leurs erreurs, détaille Brooke Hatfield. Enfin, l’aphasie globale, la plus sévère, engendre de très grandes difficultés tant de parole que de compréhension.

Prise en charge logopédique

Des thérapies de rééducation du langage peuvent permettre de récupérer davantage. Certaines apprennent comment contourner un mot manquant, par exemple. «La logopédie sert à améliorer la communication ou à restaurer le langage, si cela est possible. L’objectif […] est de redonner un maximum d’autonomie à la personne malade en ce qui concerne la communication, et de l’aider à sortir de son isolement», développe l’Hôpital du Valais.

L’entourage est par ailleurs encouragé à la patience, à utiliser des phrases simples, à minimiser le bruit ambiant, à stimuler la personne en l’incluant dans des conversations et surtout à ne pas la stigmatiser.

En Suisse, l’association aphasie suisse vient en aide aux personnes aphasiques et à leurs proches depuis 1983. Dans un rapport annuel publié en 2014, l’association estime à 5000 le nombre de personnes touchées chaque année par ce trouble de la communication.