Les économies de l’AI interrogent

(24 Heures Lausanne)

Le «SonntagsBlick», qui a compulsé les chiffres de l’Office fédéral des assurances sociales(OFAS), affirme que les économies réalisées par l’assurance invalidité se font sur le dos de l’aide sociale. Des experts avertissent que de nombreux rentiers AI privés de leur pension d’invalidité finiront tôt ou tard à l’aide sociale. Berne rétorque que les chiffres ne disent rien sur leur causalité. Un projet de recherche sur le sujet est à l’étude. ATS/J.W.

Assurances sociales: la réinsertion professionnelle profite à l’assurance invalidité

(le Nouvelliste.ch)


La réinsertion professionnelle permet des économies pour l’AI. © KEYSTONE / GAETAN BALLY (Illustration)

 

Près de 10 milliards d’économies. C’est la somme économisée par l’assurance invalidité grâce à l’investissement dans la formation professionnelle des bénéficiaires d’une rente.

Investir dans la réinsertion professionnelle des bénéficiaires d’une rente assurance invalidité vaut la chandelle. Entre 2004 et 2016, l’AI a pu réaliser des économies de près de 10 milliards de francs par le biais de la réadaptation professionnelle, écrit la COAI.

Cette somme correspond à des économies de plus de 750 millions de francs par année. Afin de calculer le montant de ces économies, les prestations de rentes AI non accordées dues aux mesures de réadaptation ont été extrapolées sur la base de la durée moyenne de rente enregistrée à l’échelle Suisse et capitalisées. Le total des coûts de la réadaptation a été déduit de ce montant, selon un récent rapport de la Conférence des offices AI.

Moins de bénéficiaires

L’évolution des nouvelles rentes AI montre également qu’une part significative du recul du pourcentage de nouvelles rentes des offices AI cantonaux est due à la réadaptation professionnelle et aux mesures afférentes. La cote de nouvelles rentes a reculé de 15% entre 2004 et 2007 et de plus de 30% entre 2008 et 2016.

Trois grandes réformes ont été réalisées au sein de l’AI ces quinze dernières années, rappelle la COAI. Le but est notamment de parvenir à un assainissement complet de l’AI d’ici à l’année 2030. Le changement de cap d’une assurance de rentes vers une assurance qui met l’accent sur la réadaptation a joué un rôle important.

Selon la COAI, le rapport montre que sans les mesures de réadaptation, l’endettement de l’AI serait presque deux fois plus élevé. Pour assainir l’assurance, il faut donc continuer d’investir dans la réinsertion professionnelle.

La commission de la sécurité sociale du Conseil des Etats doit se pencher cette semaine sur le développement continu de l’AI. La COAI est l’association faîtière regroupant les 26 offices AI des cantons, l’office AI pour les assurés résidant à l’étranger et l’établissement d’assurance invalidité de la Principauté du Liechtenstein.

L’AI économise-t-elle sur le dos de l’aide sociale?

(ats)

Depuis 2005, le nombre de personnes à l’AI ne cesse de diminuer. Mais beaucoup d’anciens rentiers doivent faire appel à l’aide sociale ensuite.


De moins en moins de Suisses ont droit à des rentes AI. (Photo: Keystone)

 

Les économies réalisées dans l’assurance invalidité AI se font sur les dos de l’aide sociale, écrit le «SonntagsBlick», qui a compulsé les chiffres de l’Office fédéral des assurances sociales (OFAS).

Le nombre de bénéficiaires de l’AI est passé de 251’828 en 2005, à 217’944 en 2018, alors qu’au cours de la même période, le nombre de personnes touchant l’aide sociale a crû d’environ 41’000. Des experts avertissent dans le journal que de nombreux rentiers AI privés de leur pension d’invalidité finiront tôt ou tard à l’aide sociale.

Dur d’être à 100% à l’AI

Philippe Luchsinger, président des médecins généralistes et pédiatres suisses, explique: «Il est devenu très difficile d’être déclaré incapable de travailler par l’AI. De l’avis de l’assurance invalidité, il y a un job faisable et raisonnable pour pratiquement tout le monde. Le hic, c’est qu’elle ne voit pas que les personnes qu’elle déclare aptes à travailler n’ont aucune chance», critique-t-il. En effet, s’ils sont jugés comme en assez bonne santé pour travailler par l’AI, les anciens rentiers sont souvent considérés comme trop «malades» pour le marché du travail, surtout s’ils ont plus de 50 ans.

Le porte-parole de l’Office fédéral des assurances sociales (OFAS), Harald Sohns, confirme: «L’AI est devenue plus stricte en ce qui concerne l’octroi de pensions, en particulier à partir de 2008, alors qu’auparavant, les pensions étaient accordées trop légèrement. Ce qui fait que l’AI avait accumulé des dettes énormes».

Mais l’OFAS rétorque que la hausse des bénéficiaires de l’aide sociale et la diminution des rentiers AI ne disent rien sur leur causalité. Un projet de recherche sur le sujet est à l’étude.

Helvetic Airways et TIXI Zurich renouvellent leur collaboration

(agefi.com)

La compagnie aérienne suisse Helvetic Airways et le service de transport pour personnes handicapées TIXI Zurich ont présenté un nouveau véhicule.


La présentation d’un nouveau véhicule TIXI sur le tarmac de l’aéroport de Zurich.

 

Depuis 2011, Helvetic Airways et TIXI Zurich travaillent ensemble dans le cadre de la mobilité des personnes handicapées. Un nouveau véhicule a été présenté sur le tarmac de l’aéroport de Zurich, de type VW Caddy Maxi. En circulation depuis quelques semaines, ce dernier offre un espace de rangement pour un deuxième fauteuil roulant et davantage d’espace.

TIXI Zurich assiste les personnes à mobilité réduite environ 63 000 fois par année à l’aide de 29 véhicules. Helvetic Airways, quant à elle, compte 450 collaborateurs.

Les lumières des projecteurs effacent les différences

(tdg.ch)


Jean-Michel, atteint d’autisme «Mes connaissances et mes parents sont fiers de moi. Je suis touché, ému. Je suis heureux»

 

«J’ai rencontré plein de gens. Ceux qui me connaissent depuis toujours me disent qu’ils sont fiers de moi. Mes parents aussi. Ils sont étonnés de ce que je sais faire. Je suis touché, ému. Je suis heureux. Et la première dans l’arène, wow!, j’ai tellement pleuré à la fin de notre tableau!» Il faut entendre Jean-Michel, atteint d’autisme, exprimer, avec ses mots et tout son cœur, son plaisir à faire partie des figurants.

«À chaque représentation, il nous tire des larmes», raconte Karen Rochat, de la Fondation Sport-Up. Cette dernière est responsable du groupe de 23 personnes, dont 11 valides, qui permet à des autistes, myopathes et IMC d’exécuter la chorégraphie en cercle à côté des pistes des gymnastes dans le tableau Tout feu tout flamme.

Selon la coach, le bénéfice majeur de l’expérience tient en un mot: reconnaissance. «Ils garderont des souvenirs pour la vie. Les valides aussi d’ailleurs, qui apprennent à mieux appréhender la différence dans un contexte où elle tend à s’effacer. Du reste, elle est où? Au final, qu’entend-on par handicap?»


Jeanne Gollut n’a qu’un seul avant bras et tient sa flûte de pan avec le haut de son bras «Je ne me considère pas comme handicapée. Mon instrument a guidé ma vie. Il est ma force»

 

Chez Jeanne Gollut, l’une des six solistes et Papillon du tableau de la Poésie de l’eau, la flûte de Pan fait partie intégrante de son être. Quand elle la porte à bout de bras, on ne remarque même pas l’absence de sa main droite. Et à entendre parler la virtuose et professeure au Conservatoire de Montreux-Vevey, son handicap de naissance est devenu une chance. «Si j’avais eu deux mains, j’aurais peut-être fait du piano et je n’aurais jamais suivi la carrière qui est la mienne. Mon instrument est ma force.»

La Veveysanne savoure chaque instant de cette Fête dont elle salue l’ouverture: «Avec mon handicap, on me reconnaît très vite une fois le spectacle terminé, on vient me féliciter. J’aime l’idée qu’on ne le voit pas durant le spectacle. Cela lui donne un caractère normal. Je ne me considère du reste pas comme handicapée, mais je trouve appréciable que le spectacle ait offert à tous de participer. Ma différence se remarque, alors que j’ai rencontré des figurants qui entendent ou voient mal, qui sont paralysés d’une partie de leur corps, etc., et leurs maux ne sont pas apparents.»


Valentin «Ce que je préfère, c’est la samba avec Melissa. Je serai triste quand la Fête sera terminée»

 

L’enthousiasme de Valentin a fait de lui la véritable mascotte de la troupe de la Saint-Martin. Daniele Finzi Pasca lui a même envoyé une petite vidéo pour son anniversaire, le 31 juillet. Comme à son habitude, à quelques minutes de l’entrée en scène, le jeune trisomique de Savuit, au-dessus de Lutry, est en première ligne de son groupe, bien campé devant le rideau. Sa «mam’s» Éliane, figurante à ses côtés, observe depuis l’arrière. Elle sait quand son fils de 21 ans, qui a ses habitudes, préfère qu’elle se tienne à distance. Parce qu’ici, il est comme tous les autres. «Ce que je préfère, c’est la samba avec Melissa. Les Effeuilleuses aussi, et les Cent-Suisses. Les Poissons, par contre, j’aime pas.» Encore quelques «tape-m’en cinq», puis il lève le poing en imitant le régisseur.

5, 4, 3, 2, 1: il a déjà entamé ses premiers pas de danse. «Pas une fois l’équipe nous a fait sentir que sa présence aurait pu poser problème, explique Jean-Samuel, le papa, lui aussi figurant. Il s’est senti valorisé et c’est pour ça qu’il est à fond.» Du reste, Valentin le sait déjà: «Je serai triste quand cela sera terminé.»

Quand le handicap devient une valeur ajoutée

La richesse du spectacle de la Fête des Vignerons tient aussi à ces petites pépites souvent cachées aux yeux du public depuis les estrades. Un peu comme les détails d’un tableau qui échappent à l’œil nu dans un premier temps et donnent encore plus de valeur à l’œuvre quand ils se révèlent. Ainsi l’a voulu Daniele Finzi Pasca: un spectacle ouvert à toutes les différences, sans le crier haut et fort. Sans forcer le mouvement. Simplement en permettant à tous de prendre part à ce vaste mouvement d’ensemble où, durant trois heures, le handicap n’en est plus un.

«L’inclusivité fait partie de notre travail, elle est fondamentale si l’on veut que cette Fête soit celle de tous, explique le metteur en scène. Nous avons voulu travailler sur ces fragilités, notamment avec des sportifs de haut niveau.» Une allusion au tableau des gymnastes, qui mêle personnes en situations de handicap, valides amateurs et athlètes de très bon niveau. Plus encore, il fait référence à Sofia Gonzalez, l’incontournable Messagère, qui incarne mieux que quiconque cette notion d’inclusivité.

La triathlète unijambiste, candidate pour une place aux Paralympiques de Tokyo 2020, contribue par ailleurs à dépoussiérer le personnage qu’elle incarne. On sait l’attachement de Daniele Finzi Pasca à mettre les femmes dans des rôles clés du spectacle, de même qu’à intégrer un maximum d’éléments contribuant à une forme de mixité qui tranche quelque peu avec la tradition d’antan.

Mixité

Mixité de genre, de culture (avec notamment le superbe numéro de capoeira du Brésilien Sival de Oliveira dans la scène de la Noce ou le «docteur» Aké Béda), de danses (samba, capoeira) ou d’influences orientales (taï-chi). «L’objectif est d’ancrer ce spectacle dans notre temps, et pour ce faire, les signes doivent changer», ajoute le Tessinois.

Qui émet un grand regret en évoquant le refus de la Confrérie des Vignerons d’intégrer un couple représentant la communauté LGBT (lesbiennes, gays, bisexuels et transgenres) dans la scène de la Noce: «Ce choix m’a étonné. Toute l’équipe artistique y était favorable. Mais il faut aussi savoir écouter ceux qui connaissent le mieux leur environnement.»