Spectateurs en fauteuil roulant aux petits oignons

(20min.ch)

par Abdoulaye Penda Ndiaye –

Des étudiants sont chargés de l’accueil des personnes à mobilité réduite lors de la Fête des vignerons. Cela fait partie de leur formation.


Entre les bénévoles et leurs «clients», la complicité est de mise. (Photo: apn)

 

Assis sur son fauteuil roulant, Gabriel s’extasie pendant qu’une jeune femme en T-shirt rouge le dirige vers l’entrée de l’arène réservée aux personnes à mobilité réduite. «J’ai la plus belle des bénévoles et tout le service est im-pec-ca-ble!» complimente-t-il sans se douter que derrière lui, l’étudiante de la Haute École de santé Vaud est devenue toute rouge. Du tac au tac, une femme handicapée à côté du sexagénaire réplique: «La mienne aussi est extra.»

La retraitée valaisanne Marie-Laure, qui a assisté à l’une des premières représentations de la Fête des vignerons, est encore plus dithyrambique. «On nous avait remis une feuille à agiter en cas de problème. Quand les lance-flammes étaient en action ou lorsque les vaches défilaient, quelqu’un du staff était là pour veiller à ce que tout se passe bien», souligne-t-elle. À chaque soir de représentation de la Fête des vignerons, quelque 90 places sont prévues pour les personnes à mobilité réduite, avec un prix d’entrée fixé à 79 fr.

Parmi les bénévoles qui s’occupent de ces spectateurs, il y a une vingtaine d’étudiants de la Haute École de santé Vaud. Pour eux, cette prestation est une occasion de valider une partie de leur formation pratique. La reconnaissance des spectateurs les conforte dans la pertinence de leur action et renforce leur confiance. On passe du «je vous soigne» vécu en milieu hospitalier au «je vous offre mon service pour vous permettre de vivre la Fête au mieux», analyse Françoise Ineichen, responsable des étudiants de la Haute École à la Fête des vignerons.


Prévenir et aider

En tout, 60 étudiantes et étudiants en soins infirmiers de la Haute École de santé Vaud sont les ambassadeurs santé de la Fête. Ils sont répartis en trois groupes. Une de leurs missions, au cours de cette manifestation qui célèbre le vin, est aussi de sensibiliser aux excès d’alcool. «Du simple coup de main à la prise en charge, ils sont là pour permettre aux spectateurs de vivre au mieux cette fête. Elle n’a lieu qu’une fois tous les vingt ans et est ancrée dans les coeurs», rappelle Françoise Ineichen.


Doléances des handicapés entendues

(La Liberté)

Les CFF ont changé d’avis: il sera désormais possible de réserver un siège au rez des trains duplex

ARIANE GIGON, ZURICH

Réserver un siège lorsqu’on sait que l’occupation du train sera forte: un bon moyen de s’épargner un stress inutile. Pourtant, ce service n’est pas, à l’heure actuelle, accessible à tout le monde. Dans les trains à deux étages, il n’est possible de réserver qu’au ni-veau supérieur. Ce qui exclut les personnes à mobilité réduite,qui doivent espérer trouver de la place sur les sièges qui leur sont,en principe, alloués au rez-de-chaussée. Après de nombreuses protestations, les CFF ont décidé de modifier le système.

C’est le Syndicat du personnel des transports (SEV) qui a raconté, dans son journal, la mésaventure, reprise ensuite par CH Media, de trois personnes, dont deux se déplaçant très difficilement: le trio avait réservé des sièges pour une excursion qui commençait tôt le matin, dans le train Zurich-Lausanne habituellement bondé. Or ces trois sièges se trouvaient à l’étage. Et il s’est avéré particulièrement difficile pour l’une des personnes d’y arriver.

«Pas besoin de réserver»

La particularité aura peut-être échappé au commun des voyageurs: dans les trains à deux étages, il est impossible de réserver au rez-de-chaussée. Le site internet des CFF ne le précise du reste pas. Raison à cette restriction: «Le système informatique a été conçu ainsi, car il y a davantage de places assises au niveau supérieur, explique la porte-parole Ottavia Masserini.De cette façon, nous garantis-sons aussi qu’un nombre suffisant de places reste disponible.»


Les personnes handicapées n’auront plus besoin de monter les escaliers pour accéder à une place réservée.Charly Rappo/archives

 

Jusqu’à jeudi soir, les CFF insistaient sur le fait que les personnes à mobilité réduite n’ont pas besoin de réserver, puisque des sièges sont spécialement prévus pour elles, marqués par un pictogramme, à l’entrée des wagons. «La décision de mettre ces places gratuitement à disposition résultait d’une concertation avec les organisations de personnes handicapées», précise la porte-parole.

Le trio qui avait dû à grand-peine «grimper» à l’étage s’est quand même vu rembourser le montant des trois réservations(15 francs). «Cela n’aurait pas dû arriver, admet la porte-parole. Ces personnes auraient dû être informées qu’elles n’avaient pas besoin de réserver.»

«Inégalité de traitement»

Et si les places pour handicapés sont déjà occupées par des passagers valides? «Dans la grande majorité des cas, il n’y a pas de problème à leur demander de les libérer, note Ottavia Masserini.Nous comptons sur la civilité de nos clients.»

«Nous comptons sur la civilité de nos clients»
Ottavia Masserini

Les organisations représentant les personnes handicapées ne sont évidemment pas de cet avis. «Les prestations doivent être accessibles à tous,handicapés comme non-handicapés, explique Caroline Hess-Klein, cheffe du département égalité de l’association faîtière Inclusion Handicap.Toute dérogation est une inégalité au sens de la loi, sauf si la mesure permettant de corriger cette inégalité est disproportionnée. Mais il ne me semble pas qu’ouvrir le système de réservation à l’étage du bas soit une mesure disproportionnée.»

Hier, les CFF sont manifestement parvenus à la même conclusion. «Nous nous sommes rendu compte qu’avec les nouvelles affluences dans nos trains, il fallait revoir le système, révèle Ottavia Masserini. C’est pourquoi nous avons décidé de supprimer la restriction de la réservation à l’étage, selon des modalités qu’il faudra encore élaborer.» La compagnie ne peut pas encore dire quand le changement interviendra.

«Bonne nouvelle»

Inclusion Handicap se dit «très heureuse» de la nouvelle, tout en insistant: «Nous attendons la mise en œuvre réelle, il ne faudrait pas que cela reste une vaine promesse.»

De son côté, Pro Bahn, qui défend les intérêts des usagers des chemins de fer, avait également critiqué l’actuel système.«La décision des CFF d’améliorer leur système est une bonne nouvelle, qui nous surprend car, jusqu’ici, cela n’était pas une priorité des CFF», indique sa présidente Karin Blâttler,pour qui le système de réservation des CFF est «complètement dépassé».

Actuellement, poursuit-elle,ce sont les principaux concernés qui doivent faire valoir leurs droits si les sièges sont pris. «Une personne en chaise roulante y parvient probablement plus facilement, car son handicap est visible. Mais pour celles ou ceux qui auraient des béquilles, je doute que,dans un train bondé, cela soit facile.»

Avec un système de réservation n’excluant aucune partie du train ni aucun usager, les CFF pourront réaliser la pro-messe de leur site internet: «Une place assise à coup sûr.»

Un autre dossier, celui des modalités d’accès pour les handicapés dans les nouveaux trains Bombardier, est encore pendant au Tribunal fédéral.

La Fête des Vignerons vue par des aveugles

(lematin.ch)

A l’occasion de la représentation du jour, nous avons suivi un groupe de spectateurs « handicapés de la vue » qui ont mis tous leurs sens en éveil pour jouir eux-aussi pleinement de l’historique spectacle.


Chaque «handicapé de la vue» était escorté d’un guide voyant qui lui a décrit le spectacle. Image: Le Matin/Darrin Vanselow

 

«Je suis contente d’avoir pu voir ça avant de perdre complètement la vue! Si je n’étais pas venue, j’ai la sensation qu’il me serait manqué quelque chose du patrimoine suisse!»

Il y a vingt ans, Marie Lorwich, 52 ans, pensait pourtant que la Fête des Vignerons était un truc de vieux. La rétinite pigmentaire, redoutable maladie génétique dégénérative et irréversible, ne s’était pas encore déployée en elle avec son cortège de souffrance mais aussi d’éclairantes prises de conscience… Ce mardi à Vevey, ils étaient une trentaine de membres de la section vaudoise de la Fédération suisse des aveugles (FSA), comme elle, à être venus assister à la représentation diurne du spectacle.

La Suisse plutôt en avance

Leur arrivée au pied de l’entrée F de l’arène de 20 000 places n’est pas passée inaperçue. Fendant la foule, coiffés de casquettes bleues portant le sigle de leur association, armés de leur canne blanche et escortés d’un accompagnateur voyant chacun, ces spectateurs pas tout à fait comme les autres se réjouissaient d’assister au spectacle à leur façon.

A savoir un peu avec la vue pour ceux qui en avaient encore, et aussi beaucoup avec les oreilles et leurs autres sens. «C’est clair qu’on ne va pas tout voir mais nos accompagnants vont nous décrire ce qui nous échappe et nous allons capter l’ambiance», expliquait Pierre Calore avant le début du spectacle.

L’Aiglon de 52 ans préside la section vaudoise de la FSA et se bat pour que la culture reste accessible à ceux qu’ils appellent «les handicapés de la vue». En Suisse, la chose est en assez bonne voie. Certains musées ou même certains cinémas jouent par exemple le jeu de l’audioguide, mais il y a encore du travail.

Le metteur en scène conquis

Apparemment, le Tessinois Daniele Finzi Pasca, metteur en scène du spectacle le sait. Le Tessinois a en effet intégré des handicapés parmi les 5 500 acteurs-figurants officiant dans sa création. Abordé avec culot en plein préparatifs d’avant spectacle par Marie Lorwich, le quinquagénaire lui prend les mains chaleureusement et échange avec plaisir avec elle, là où on s’attendait au mieux à une sorte d’agacement contenu vu les circonstances.

«Ça ne me surprend pas de voir des malvoyants ici. La perception des choses va bien au-delà de la vue. Certains chamans, capables de ressentir des choses se passant à des kilomètres d’eux, le montrent», lâche ensuite mystérieusement l’artiste avant de replonger dans ses préparatifs.

La vue baisse mais la lucidité augmente…

Ici, les handicapés de la vue sont bichonnés. Ils sont assis à quelques mètres de la scène. L’air déplacé par les comédiens leur rafraîchit le visage en ce jour de canicule. Le bruit de leurs pas se prolonge en vibrations jusqu’à eux. Leurs parfums viennent éveiller leurs narines. «Et puis il y a leur joie communicative, qui même dans la pénombre ou le noir total, se ressent», confie Sabrina Faretra, qui ne voit plus que des ombres mais qui reste lumineuse malgré ou même grâce à cela.

La mère de famille de 43 ans a fini par accepter son handicap et comme beaucoup d’autres ayant parcouru avant elle ce douloureux chemin, elle y a gagné en sérénité, et paradoxalement, en lucidité. La Vaudoise se voit comme une battante. Aucun déplacement ne lui fait plus peur. Les bains de la Gruyère ou encore l’ONU à Genève ont déjà eu droit à ses visites.

Tout commence et finit autour d’un verre

«Aujourd’hui, je suis comblée. Je partage beaucoup avec d’autres personnes handicapées de la vue. Nos visions se complètent ou se recoupent. Il y a beaucoup de partage. Tous nos autres sens sont en éveil, ce qui nous permet de jouir nous aussi de cette fête des vignerons.»

Celui du goût sera mis à contribution lors du banquet d’après spectacle. La joie ambiante est amplifiée dans les décis de bon blanc et les partages qui en découlent. Pierre Calore jubile: «Sur un événement comme celui-là, on est happé par nos ressentis. Moi par exemple, le «Ranz des vaches» m’a donné des frissons. Alors on ne voit pas tout c’est bien clair, mais quel grand bol d’émotions!»

Les sourds veulent être reconnus comme minorité linguistique

(tdg.ch)

La Fédération suisse des sourds exige une reconnaissance juridique de la langue des signes. L’objectif est, à terme, de mieux inclure les personnes malentendantes dans la société.


On estime à 10 000 le nombre de sourds qui vivent en Suisse, auxquels il faut ajouter un million de malentendants.
Image: Keystone

 

Imaginez: vous êtes à l’hôpital et personne ne vous comprend, car tout le monde parle chinois. Ce cauchemar, c’est la réalité des 10’000 personnes sourdes de Suisse lorsqu’elles arrivent aux Urgences et qu’elles n’ont pas accès à un interprète en langue des signes. «Cela m’est déjà arrivé, confie Christian Gremaud, responsable communication à la Fédération suisse des sourds (FSS). C’est une situation d’autant plus difficile à gérer que vous êtes dans un état de détresse. J’ai eu l’impression d’être mis de côté, et lorsqu’on s’est enfin occupé de moi, de rester totalement hors de ce qui se passait.» La Suisse est à la traîne. «En France, certains hôpitaux sont spécialement organisés pour l’accueil des sourds.»

Longtemps, les personnes malentendantes sont restées discrètes sur les discriminations subies (voir encadré). Les choses sont en train de changer. La FSS mène depuis quelques années un important lobbying auprès des élus fédéraux. Un travail qui s’est concrétisé au travers de cinq postulats identiques, déposés en juin par les conseillers nationaux Christian Lohr (PDC/TG), Marco Romano (PDC/TI), Regula Rytz (Verts/BE), Mathias Reynard (PS/VS) et Barbara Gysi (PS/SG).

Le texte a deux visées. Tout d’abord, la reconnaissance juridique des trois langues des signes (ndlr: elles sont différentes que l’on soit en Romandie, en Suisse alémanique ou au Tessin). «Elles doivent être reconnues légalement, mais aussi soutenues politiquement», précise Marco Romano. L’autre point est la réalisation d’un rapport listant des mesures concrètes d’action pour en finir avec les discriminations. «Toutes les personnes en Suisse doivent pouvoir participer à la vie politique, sociale et professionnelle», explique Regula Rytz. «L’idée de ce postulat est de sonder le terrain, résume Sandrine Burger, porte-parole de la FSS. De voir jusqu’où les autorités sont prêtes à aller.»

La santé, mais aussi le travail et l’éducation

Il est question notamment d’accessibilité aux soins de santé, mais aussi de travail et d’éducation. «Pour les sourds, la langue des signes est la langue maternelle, clef de leur développement, peut-on lire dans le postulat. Or les compétences en lecture et en écriture sont plus faibles en raison d’une éducation bilingue insuffisante en langue des signes.» Le résultat est sans appel: les personnes sourdes sont trois fois plus touchées par le chômage. Un combat tout sauf anecdotique. Si on estime à 10’000 le nombre de sourds qui vivent en Suisse, il faut y ajouter un million de malentendants.

La Confédération, elle, se défend de rester les bras croisés. Un arsenal juridique existe. Tant la Constitution que la loi sur les handicapés ou la Convention de l’ONU relative aux droits des personnes handicapées sont censées protéger les personnes sourdes de toutes discriminations. «L’an dernier, le Conseil fédéral a aussi adopté un rapport, qui prévoit diverses mesures visant à promouvoir l’égalité des chances pour les personnes handicapées, en particulier au travail et dans l’autonomie de vie, précise Andreas Rieder, responsable du Bureau fédéral de l’égalité pour les personnes handicapées. L’accent est mis sur l’accessibilité – notamment numérique – de la communication.»

Qu’offrirait une reconnaissance juridique de la langue des signes? «Cela dépend de la forme concrète que prend cette reconnaissance, répond prudemment Andreas Rieder. Mais aujourd’hui, la loi fixe déjà des exigences quant à la manière dont les préoccupations des malentendants doivent être prises en compte.» Il reconnaît toutefois que les dispositions légales sont encore trop peu connues. «Un autre instrument important pour assurer l’application de la législation est la possibilité de porter plainte.» Un discours qui ne ravit qu’à moitié la FSS. «Les lois existent, mais on n’arrive pas à les faire respecter, rétorque Sandrine Burger. Quand on parle d’égalité, tout le monde est d’accord, mais lorsqu’il est question de coûts ou de bureaucratie, ça devient tout de suite plus compliqué.» Mais elle a l’impression que les choses peuvent enfin changer. «Il n’y a pas si longtemps, les autorités tenaient le même discours avec le romanche. On se posait la question de l’intérêt de traduire certains documents officiels pour quelques milliers de locuteurs.» Aujourd’hui, cette obligation n’est plus remise en cause.

L’exception de Sion sous les étoiles

(Le Nouvelliste)

La politique des mesures d’accès pour les personnes à mobilité réduite est différente dans les autres festivals.


Le 13 juillet 2019, des personnes à mobilité réduite manifestent leur mécontentement concernant leur interdiction d’entrer dans le festival Sion sous les étoiles. GABRIEL MONNET

 

PAR ESTELLE.BAUR@LENOUVELLISTE.CH

On parle d’interdire l’accès des chaises roulantes au milieu des gens, sur la pelouse.» Michael Drieberg, organisateur de Sion sous les étoiles, précise les raisons du refoulement d’une douzaine de festivaliers en situation de handicap: «Personne n’oserait ouvrir un site si, éparpillés sur la pelouse, on avait des blocs rigides d’un mètre de haut qui pèsent 200 kg.» Objet de vives critiques ce début de semaine, le festival fait figure d’exception en la matière, selon notre enquête.

Pour son organisateur, la véritable nature du débat consiste «à ne pas mélanger sensibilité et sécurité. On doit gérer la sécurité du public et le confort des personnes en chaise roulante.C’est la raison pour laquelle on construit des plates-formes pour les handicapés.» A Sion sous les étoiles, la capacité des plates-formes définit le nombre de billets à disposition des personnes à mobilité réduite. Celles-ci doivent par ailleurs être accompagnées et c’est l’accompagnant qui paie l’unique billet d’entrée. Une politique d’accueil qui diffère des autres festivals.

Etre libre d’aller où l’on veut

Philippe Gex, directeur de la Maison Terre des hommes Valais, propose,dans le cadre du festival homonyme,«un système de plates-formes sans contrainte. Les personnes à mobilité réduite peuvent y réserver leurs places, mais elles peuvent aussi aller sur la pelouse.» Lionel Martin, directeur et programmateur du Tohu-Bohu, autorise l’accès partout dans son enceinte:«Il n’y a pas d’estrade pour les personnes en chaise roulante, mais un espace naturel, surélevé.»

Dave Vuissoz, responsable de l’accueil et de la sécurité de Week-end au bord de l’eau, explique qu’ils mettent «également à disposition une petite estrade devant la scène d’une capacité d’une quinzaine de personnes environ, sans réservation, libre d’accès, mais uniquement si ces personnes le souhaitent».

Il s’agit là de petites structures,comme nous l’explique Silvio Caldelari, président du Sierre Blues Festival:«Je comprends le souci de sécurité,c’est la raison pour laquelle nous demandons que les personnes s’annoncent; cela nous permet de les recevoir dans les meilleures conditions, en proposant un podium plus grand. Nous disposons d’une estrade pour celles à mobilité réduite, dans le cadre des grands concerts. Ce n’est donc pas systématique. Elles ont, autrement, accès à la pelouse. Le terrain est légèrement en pente, mais ça ne pose aucun problème.»

Taille de la manifestation

Pour le Sierre Blues, il s’agit surtout d’une question d’ampleur du festival:«On n’a pas 15 000 personnes qui arrivent chaque soir. Nous avons des habitués avec qui nous travaillons. Des copains qui sont dans des chaises et qui nous font des retours sur les choses à mettre en place.»

A ce titre, Michael Drieberg a par ailleurs précisé que l’organisation de Sion sous les étoiles allait réfléchir à une augmentation des capacités de ses plates-formes d’accueil pour les prochaines éditions. «Paléo est peut-être plus laxiste, parce qu’il a des hectares de terrains. Chez nous, s’il y aune évacuation, tout le monde va dans le même sens», affirme-t-il. «Avoir des chaises dans ce flux de personnes,c’est impensable.» Michèle Müller, attachée de presse du Paléo, confirme: «La gestion diffère selon l’aménagement du terrain. Nous sommes sur un champ; en cas d’évacuation, il y a des sorties partout.»

A l’Openair Gampel, «c’est l’accompagnant qui prend la responsabilité d’évacuer la personne en chaise roulante, raison pour laquelle son entrée est gratuite», précise Olivier Imboden, responsable de communication. On constate alors une nouvelle différence notable entre Sion sous les étoiles et les autres manifestations musicales: le billet est d’ordinaire offert à la personne accompagnante et non à celle en situation de handicap, comme c’est le cas du festival sédunois.

«Ce qui a été fait n’est pas conforme à la Convention de l’ONU»

La loi fédérale sur l’inégalité pour les handicapés (LHand) stipule que«les particuliers qui fournissent des prestations au public ne doivent pas traiter une personne handicapée de façon discriminatoire du fait de son handicap» (art. 6). Pour Inclusion Handicap en la personne de l’un de ses spécialistes de l’égalité, Me Cyril Mizrahi, «la jurisprudence du Tribunal fédéral de 2012 sur la LHand est trop restrictive, mais, quand M. Drieberg parle de personnes en les qualifiant de «chaises», il a une vision quasi ségrégationniste et donc pour ainsi dire illégale même selon cette approche. Quoi qu’il en soit, il faut se référer aux art. 2 et S de la Convention de l’ONU relative aux droits des personnes handicapées, ratifiée par la Suisse en 2014, qui nous donnent une vision beaucoup plus large de la définition de discrimination. Selon nous, ce qui a été fait à Sion n’est clairement pas conforme à cette Convention.»