Engager des personnes en situation de handicap apporte des avantages

(L’Agefi)

CÉLINE RENAUD
CEO et fondatrice JMC LUTHERIE

Il y a quelques années, nous avons intégré une personne en situation de handicap mental chez JMC Lutherie.Ce jeune homme venait de finir son COFOP, le Centre d’orientation et de formation professionnelles.Il avait choisi les métiers du bois et il n’avait pas réussi à obtenir son CFC en ébénisterie, car il était considéré comme trop lent et son intégration dans la vie professionnelle semblait bien compromise.

Il nous avait écrit avec beaucoup d’insistance pour pouvoir venir faire un stage. Malgré ce que certains pourront nommer comme «handicapé mental» ce qui le ralentissait fortement, il était très méticuleux et appliqué. Si sa productivité n’était pas à la hauteur des attentes d’une entreprise, son implication et sa patience était pour nous des atouts… à l’image de «l’éloge de la lenteur>.

À la sortie du stage, nous avons convenu avec lui de l’intégrer dans notre équipe en adaptant les exigences et le salaire, le solde étant assuré par l’assurance invalidité. C’est ainsi qu’il a fait sa formation de luthier chez nous et qu’il nous a encore accompagné des années durant avant de se mettre à son compte. C’est un exemple type d’intégration réussie.

Nous avons tous à y gagner que d’intégrer des personnes en situation de handicap. C’est aussi de notre responsabilité sociétale. À ce jour, il n’y a pas beaucoup de chiffres qui parlent de ces succès selon ce que me rapportait une porteuse de projet d’aide à l’intégration dans les sociétés dans le canton de Neuchâtel. Cependant,il a été démontré que l’intégration de ces personnes en situation de handicap diminuait l’absentéisme.

En effet, notamment dans l’industrie sur des chaînes de production avec des tâches répétitives, ces personnes font office d’exemple. On ne peut pas rester à la maison pour un rhume quand on voit comment ces personnes-là se battent pour venir travailler.Et elles sont souvent très ponctuelles et en veulent si la situation familiale ou l’encadrement le leur permettent. Dans une autre entreprise,une personne avec handicap mental s’occupe des envois avec une précision sans faute comme nul autre. Et cette personne faisait aussi le clown ou l’humoriste de l’entreprise, notamment parce que les autres passent devant le département logistique pour quitter leur travail. Cette personne est devenue un peu le liant au sein de l’entreprise.

Selon les cantons,n’existe pas les mêmes structures, ni les mêmes possibilités d’aide à l’intégration. On en parle beaucoup dans l’école avec de plus en plus un accompagnement individualisé pour les enfants en difficulté ou en situation de handicap mental. On a souligné l’importance de l’intégration de ces enfants dans l’école normale. Il doit en être de même pour l’entreprise. L’objectif est de déterminer le champ des compétences de la personne en question.Qu’est-ce qu’elle aime bien faire et où est-elle forte? Ces critères ne doivent pas ressortir d’une grille traditionnelle de critères prédéfinis. Là, il faut utiliser sa créativité pour dénicher les forces de cette personne.

Nous avons tous dans nos entreprises des tâches répétitives ou la précision est pourtant de rigueur et que l’on souhaite déléguer. Chaque entrepreneur devrait tenter l’intégration des personnes en situation de handicap.Je veux parler ici d’un handicap mental, qui est différent en termes de possibilités par rapport au handicap physique.Il est intéressant d’observer comme certains cantons en ont fait une priorité avec même un prix à l’intégration (que nous avons obtenu en 2007) et d’autres cantons où il reste tout à faire.

Les lieux de vie et de travail de ces personnes sont comme des cocons confortables et protecteurs et diminuent donc la motivation d’aller goûter à la vraie vie, à la vie en entreprise. À l’échelon international, nous notons des pays qui valorisent l’intégration alors que d’autres plutôt la ségrégation. Je suis convaincue que nous entrepreneurs devons mettre cette question en priorité et y répondre en démontrant tous les avantages de l’intégration des personnes en situation de handicap. Ces personnes nous montrent aussi où se trouve l’essentiel, elles sont un cadeau pour nous tous..

L’accès à un ciné? Pas un droit

(Le Nouvelliste)

La Cour européenne des droits de l’homme juge irrecevable le recours d’un paraplégique genevois qui n’avait pas pu accéder à un cinéma en chaise roulante.

PAR CHRISTIANE IMSAND

«Nous n’en resterons pas là»,assure Caroline Hess-Klein,cheffe du Département égalité d’Inclusion Handicap. L’association faîtière des organisations suisses de personnes handicapées ne se satisfait pas de la décision de la Cour européenne des droits de l’homme qui juge irrecevable la plainte pour discrimination déposée par Marc Glaisen, un paraplégique genevois. Celui-ci s’était vu refuser l’accès à un cinéma en 2008. L’exploitant avait invoqué un problème de sécurité.

La décision de la Cour est tombée hier. Elle concerne de nombreuses personnes qui se voient refuser l’accès à des prestations publiques. Lundi passé, «Le Nouvelliste» faisait état d’une affaire similaire. Des personnes en chaise roulante n’avaient pas été autorisées à accéder au festival Sion sous les étoiles, faute de place sur la plate-forme destinée aux personnes à mobilité réduite. Pour Michael Drieberg, patron du festival, on risquerait une catastrophe si, en cas d’urgence,une personne trébuchait sur une chaise.

Un film spécifique

Le 4 octobre 2008, Marc Glaisen souhaitait assister à la projection d’un film, «Vinyan»,qui était projeté dans une seule salle genevoise, le cinéma Pathé Rialto. Paraplégique depuis 1987, il se déplace en chaise roulante. L’exploitant du cinéma avait refusé de lui vendre un billet en expliquant que la salle n’était accessible que par un escalier et qu’il ne pouvait pas assurer sa sécurité en cas d’incendie.Le bâtiment qui abrite le cinéma a été construit avant l’entrée en vigueur de la loi fédérale sur l’élimination des inégalités frappant les personnes handicapées, le 1er janvier2004.La loi garantit l’accès des personnes handicapées aux nouvelles constructions et installations accessibles au public.Il en va de même en cas de rénovation importante.Estimant avoir subi une discrimination , Marc Glaisen a porté plainte. Il a systématiquement été débouté en Suisse.De recours en recours, l’affaire est montée jusqu’à Strasbourg avec le soutien technique d’Inclusion Handicap. Pour l’association, il ne s’agissait pas seulement de juger un cas particulier, mais d’élargir la notion de discrimination en invoquant notamment le droit à l’information. Elle espérait une décision de «dimension historique». En vain.

Vie privée et information

Selon la Cour, l’interdiction de discrimination qui figure dans la Convention européenne des droits de l’homme doit être combinée avec d’autres articles. Elle estime que la garantie de la vie privée et le droit à l’information qui figurent également dans la Convention ne sont pas suffisamment touchés pour justifier le recours du cinéphile genevois. Rejoignant les conclusions du Tribunal fédéral,les juges font notamment valoir que l’accès à un cinéma particulier pur y voir un film spécifique n’est pas un droit «aussi longtemps qu’est assuré un accès général aux cinémas se trouvant dans les environs proches». Ce qui est le cas.Pour Markus Schefer, professeur de droit public et administratif à l’Université de Bâle et spécialiste des questions liées aux droits des personnes handicapées, la Cour n’a pas utilisé l’angle d’approche adéquat.«Nous n’avons pas affaire ici à un problème de bâtiment,mais de prestation», souligne-t-il. «La Cour aurait dû examiner le cas à la lumière de la Convention des Nations Unies relative aux droits des personnes handicapées. En vertu de cette dernière, l’État est tenu de rendre les prestations fournies au public accessibles aux personnes handicapées.»Inclusion Handicap prévoit de soumettre le cas au Comité de cette convention onusienne qui a été ratifiée par la Suisse.Markus Schefer en fait partie.«Je suis convaincu que le Comité va critiquer la Suisse», affirme-t-il. Lui-même ne prendra pas part aux délibérations,la règle étant que le représentant du pays concerné s’abstienne. Le Comité se prononce-ra en automne 2020. L’affaire pourrait ensuite rebondir sur le plan politique.


Pour la Cour européenne des droits de l’homme, l’impossibilité pour une personne en chaise roulante d’accéder à une salle de cinéma particulière ne relève pas de la discrimination. PHOTO D’ILLUSTRATION – KEYSTONE

 

Le numéro de l’hôpital pour aveugles a été usurpé

(nxp/ats)

Un ou des individus usurpent depuis jeudi le numéro de téléphone principal de l’hôpital ophtalmique à Lausanne. L’établissement met en garde la population et a déposé plainte.


L’hôpital précise que le numéro principal pour atteindre la réception ou les urgences, soit le 021/626 81 11, reste actif. (Photo: DR/ophtalmique.ch)

 

Pour des raisons encore inconnues, un individu utilise ce numéro lors de ses appels sortants, indique vendredi l’hôpital dans un communiqué. Cette pratique, qui consiste à faire apparaître sur l’écran du destinataire un autre numéro que celui de l’appelant, porte le terme de «spoofing».

Depuis jeudi après-midi, une centaine d’appels de ce type ont été référencés par le central de l’hôpital, précise à Keystone-ATS le service de communication. Les destinataires se trouvent pour la plupart dans les cantons de Vaud, Fribourg, Berne et Valais.

Les téléphones ne visent pas les patients. «Les personnes reçoivent un appel qui est immédiatement interrompu et rappellent ensuite notre hôpital. Ou elles ont un contact très bref avec une personne», précise le service de communication.

La Direction de la Fondation Asile des aveugles a déposé plainte. L’hôpital précise que le numéro principal pour atteindre la réception ou les urgences, soit le 021/626 81 11, reste actif.

Une Lamborghini virée d’une place handicapé

(20min.ch)

Le bolide a été pris en charge par une dépanneuse, mercredi soir, aux Eaux-Vives. Son conducteur pourra la récupérer au garage.

«Il y avait pas mal de monde, c’est assez rare de voir une voiture comme ça», raconte Mauro. Mercredi, vers 22h, ce lecteur sortait d’un restaurant situé à la rue du 31-Décembre, aux Eaux-Vives, quand il a vu une Lamborghini être enlevée d’une place destinée aux personnes à mobilité réduite, sous la surveillance de la police.

Devant de nombreux badauds, une Lamborghini a été enlevée d’une place pour personnes à mobilité réduite située à la rue du 31-Décembre, aux Eaux-Vives, mercredi soir. La rue avait dû être bloquée pour les besoins de l’intervention de la dépanneuse. Le propriétaire pourra récupérer son véhicule au garage, moyennant le paiement de l’intervention. Il écope d’une amende 120 francs.

Quand un véhicule est garé sur ce type de place sans en avoir le droit, il est enlevé d’office, confirment les forces de l’ordre. Celles-ci ont dû bloquer la rue pour les besoins de l’intervention d’une dépanneuse spéciale. En effet, explique la police cantonale, de par le coût du bolide et de sa forme, large et plate, l’opération a demandé des précautions particulières. «On n’utilise pas le même type de dépanneuse que pour une Fiat Punto par exemple, sans vouloir dénigrer la moindre marque», indique Silvain Guillaume-Gentil, porte-parole des forces de l’ordre.

Quand il a constaté que sa voiture avait été enlevée, le conducteur de l’auto immatriculée à l’étranger a contacté la police. Celle-ci l’a informé qu’il pourrait la récupérer au garage qui a procédé à l’enlèvement, moyennant le paiement de la prestation effectuée mercredi soir. En outre, il écope d’une amende de 120 francs pour stationnement sur une place pour personnes à mobilité réduite.

La plainte d’un cinéphile handicapé est irrecevable

(nxp/ats)

La Cour européenne des droits de l’homme juge irrecevable la plainte d’un homme en chaise roulante qui s’était vu refuser l’accès d’une salle Pathé à Genève.


Défendu par Intégration Handicap, le paraplégique s’estimait victime de discrimination. (photo d’illustration). (Photo: AFP)

 

L’accès en chaise roulante à un cinéma en particulier n’est pas un droit. La Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) juge irrecevable la plainte d’un Genevois qui s’était vu refuser l’accès à une salle de l’ex-cinéma Rialto. Défendu par Intégration Handicap, ce paraplégique s’estimait victime de discrimination par la chaîne Pathé qui lui avait refusé l’entrée pour des raisons de sécurité en 2008.

Construite et rénovée avant la nouvelle loi fédérale sur l’élimination des inégalités frappant les personnes handicapées, la salle n’était accessible que par un escalier. Or le film n’était projeté dans aucun autre cinéma de Genève.

La CEDH estime qu’il ne découle pas de l’article 8 (droit au respect de la vie privée) «un droit d’avoir accès à un cinéma particulier pour y voir un film spécifique dès lors qu’est assuré un accès aux cinémas se situant dans les environs proches», a-t-elle indiqué jeudi. Ces autres cinémas étant adaptés aux besoins du requérant, «celui-ci avait donc généralement accès aux cinémas de sa région.»

Pas de discrimination

Selon Strasbourg, «le refus d’accès au cinéma en question pour voir le film souhaité n’a pas empêché» cet homme «de mener sa vie de façon telle que son droit au développement personnel et son droit d’établir et d’entretenir des rapports avec d’autres êtres humains et le monde extérieur aient pu être remis en cause.»

Et de rappeler qu’un des buts de la loi fédérale de 2002 est de créer les conditions propres à faciliter aux personnes handicapées la participation à la vie en société, en les aidant notamment à être autonomes dans l’établissement de contacts sociaux. Elle vise à prévenir les comportements ségrégationnistes graves qui tendraient à les exclure de certaines activités.

Pour la CEDH, le Tribunal fédéral (TF) a bien expliqué, en 2012, pourquoi ce cas ne relève pas de la discrimination. Auparavant, le cinéphile avait déjà été débouté par la justice genevoise.

«Loin d’une égalité»

Inclusion Handicap regrette le fait que la CEDH ne se prononce pas sur la discrimination des personnes en situation de handicap. Cette décision a pour effet de maintenir l’interprétation restrictive de la discrimination par le TF, qui n’avait pas tenu compte du fait que le plaignant aurait pu voir le film sans problème s’il n’était pas en fauteuil roulant, a rappelé l’association faîtière suisse.

La CEDH ne s’est pas non plus prononcée sur la liberté d’information – article 10 – invoquée par le plaignant, note Inclusion Handicap. Selon l’association, cette affaire et la pratique judiciaire en vigueur montrent clairement la distance qui sépare les personnes handicapées d’une égalité dans les faits. (décision 40477/13 du 18 juillet 2019)