Les personnes handicapées, grandes oubliées des guerres

(Le temps)

Le monde humanitaire et les Etats négligent les personnes handicapées en cas de conflit. Selon un rapport de l’Académie de droit international humanitaire de Genève, il est temps d’inclure pleinement ces personnes dans les stratégies.


Yasmine, de Mossoul, a eu un cancer à l’âge de 4 ans. Malgré le traitement, la maladie est revenue en 2014. En raison de l’emprise de Daech sur la ville, elle n’a pas reçu les soins nécessaires. On l’a amputée de la jambe.(GILLES DULEY)

 

Elles représentent environ 15% de la population mondiale, soit un milliard d’individus. Les personnes handicapées, explique la chercheuse britannique Alice Priddy, doctorante à l’Académie de droit international humanitaire et de droits humains, constituent la plus grande minorité dans le monde. Et pourtant. Elles sont les grandes oubliées des conflits armés.

C’est ce qu’elle dit haut et fort dans un rapport original intitulé «Handicap et conflits armés» présenté mardi sur le Quai Wilson à Genève en présence de la haut-commissaire de l’ONU aux droits de l’homme Michelle Bachelet. Ses propos sont d’ailleurs portés le long du lac par une exposition du photographe britannique Giles Duley, qui a lui-même perdu deux jambes et un bras en sautant sur une mine improvisée en Afghanistan.

Cibles et boucliers humains

Alice Priddy le souligne: «Les conflits armés ont un impact particulièrement dévastateur sur les personnes handicapées.» Elles sont davantage ciblées. Des regroupements de personnes handicapées dans des institutions sont parfois utilisés comme boucliers humains. Femmes et enfants handicapés ont plus de risques de subir des violences sexuelles ou basées sur le genre. La chercheuse a beaucoup voyagé, à Gaza, en République démocratique du Congo, et a pu le constater.

Quand, en novembre 2018, à Gaza, l’armée israélienne a diffusé un avertissement deux minutes avant de lancer une attaque contre le Centre Mobarat Falastin, deux patientes handicapées n’ont pas eu le temps de s’échapper et ont été tuées sur le coup. L’exemple illustre la problématique de la proportionnalité, un principe de droit humanitaire, face à des civils handicapés. Alice Priddy renchérit: le manque d’accès des personnes handicapées à l’aide humanitaire peut avoir des effets «catastrophiques» sur leur état de santé.

Les Conventions de Genève ont beau célébrer les 70 ans de leur existence, les personnes handicapées sont étonnamment absentes des radars. Une évidente discrimination qui n’est pas en conformité avec le droit humanitaire. Alice Priddy a parcouru des centaines de manuels distribués au sein des armées. Ils n’en font quasiment jamais mention.

Aucune résolution du Conseil de sécurité et de l’Assemblée générale de l’ONU, voire du Conseil des droits de l’homme, n’aborde la question. Le droit humanitaire lui-même «reflète une approche médicale et charitable du handicap en présentant les personnes handicapées comme étant passives, faibles et vulnérables nécessitant une protection paternaliste spéciale», déplore la chercheuse britannique. Alice Priddy n’est toutefois pas fataliste: «Les approches dépassées du handicap […] ne sont pas une tare irrémédiable.» Le droit humanitaire et son interprétation sont évolutifs.

Changement de paradigme

Sous un soleil de fin d’après-midi, Michelle Bachelet a voulu donner une touche d’espoir: «En décembre dernier, lors d’une séance informelle, le Conseil de sécurité a abordé pour la première fois la situation spécifique des personnes handicapées et, dans les jours à venir, l’ONU va adopter sa première stratégie d’inclusion du handicap.»

Mina Mojtahedi est coordinatrice pour l’inclusion du handicap au CICR: «Nous constatons un changement de paradigme. Nous sommes en train d’arrêter d’assimiler le handicap à une vulnérabilité pour mieux nous concentrer sur les droits des personnes handicapées.» De nombreuses organisations humanitaires, comme le CICR, ont certes rédigé une Charte sur l’inclusion des personnes handicapées dans l’action humanitaire en 2016, mais il y a encore beaucoup à faire pour assurer une aide humanitaire inclusive, poursuit-elle.

Des droits et des opportunités

L’idée est de ne plus considérer les personnes handicapées comme des victimes, mais de leur donner tous leurs droits et des opportunités. Dans ce sens, le photographe Giles Duley a raconté une histoire très émouvante. Alors qu’il avait subi une triple amputation un an plus tôt, il photographiait Khouloud, une Syrienne de 35 ans devenue quadriplégique après avoir reçu une balle de sniper dans la nuque. «Je devais reconstruire ma vie. Elle m’a fait confiance. Elle m’a redonné la vie. C’est cela qu’on doit donner aux handicapés: la chance de se reconstruire.» Khouloud, qui vit aux Pays-Bas grâce au photographe, a elle-même témoigné à Genève, relevant qu’elle avait «de la chance» d’avoir fait la connaissance de Giles Duley.

Les choses évoluent. On commence à abandonner la vision purement charitable ou médicale du handicap. Les handicapés sont des êtres à part entière. La Convention relative aux droits des personnes handicapées entrée en vigueur en 2008 a changé les mentalités. «C’est un texte révolutionnaire», lâche Alice Priddy. La convention a fait des personnes handicapées des titulaires de pleins droits. La définition du handicap, toujours difficile, précise qu’il est aussi fonction de l’environnement. Si cette définition est désormais plus large, elle s’est trop longtemps limitée aux handicaps physiques et sensoriels en excluant les handicaps psychosociaux et intellectuels.

Lourdes, le film

(KKG)

Alors que plusieurs centaines de pèlerins romands se retrouvent à la grotte de Massabielle, le documentaire “Lourdes” de Thierry Demaizière et Alban Teurlai sort dans les salles françaises.

Un film intimiste qui, loin des images d’Epinal, approche ce sanctuaire où la vulnérabilité se retrouve sur le devant de la scène.


« A Lourdes, la vulnérabilité est au centre de la scène. » |© Mars Films & Falabracks Productions

 

Le film, tourné en 2017 sur huit mois, avec toutes les autorisations, à Lourdes (Hautes-Pyrénées), évoque les pèlerinages au sanctuaire de Lourdes, presque uniquement à partir du vécu des personnes, sans commentaire, avec montage.

L’aspect religieux (mais aussi commercial) s’efface devant les réalités humaines : préparation, départ, transport, accompagnement, accueil, toilette, repas, animation, et surtout manifestations individuelles dans ce phénomène de foule : toucher de roche, bain, prière, communication, confidence, procession, messe…

Appel à la population: Attention aux «faux sourds» – ne donnez jamais d’argent liquide!

(Fédération Suisse des Sourds SGB-FSS)

Le secteur médias de la fédération a publié un communiqué de presse à propos des faux sourds L’idée est de lancer un appel à la prudence à la population pour ne pas se faire avoir par ces personnes qui se font passer pour sourdes et détournent ainsi de l’argent que les gens souhaitent donner pour aider les sourds de Suisse.

Comme chaque année avec le retour des beaux jours, la Fédération suisse des sourds constate une recrudescence de personnes sans scrupule qui font la manche dans la rue et sur les terrasses en se faisant passer pour des sourds. Sachant qu’elles ne risquent pas grand-chose aux yeux de la loi, elles étendent maintenant leur territoire même aux transports publics et les trains CFF. Le scénario est toujours le même: elles font signer une pétition pour faire croire qu’il s’agit d’une bonne œuvre. Mais l’argent donné est perdu car il ne reviendra jamais à la Fédération suisse des sourds ou tout autre institut soutenant réellement les personnes sourdes avec des projets concrets.

La Fédération suisse des sourds tient aujourd’hui à mettre en garde la population. De nos jours, les personnes sourdes et malentendantes ne mendient pas dans les rues; elles se battent pour être inclues dans la société afin de pouvoir bénéficier d’une formation et d’un emploi comme tout autre habitant de Suisse. La Fédération suisse des sourds, grâces aux nombreux dons qu’elle reçoit chaque année, s’engage de manière active pour l’égalité des personnes sourdes et malentendantes au travers d’importants projets comme, par exemple, les cours de langue des signes en familles afin que l’enfant sourd puisse communiquer avec les siens.

Certifiée ZEWO, la Fédération suisse des sourds SGB-FSS suit des règles strictes dans le domaine de la recherche de fonds. C’est ainsi que lorsqu’elle organise des stands dans les lieux publics afin de trouver de nouveaux donateurs nécessaires afin de soutenir ses projets, la Fédération suisse des sourds a non seulement toutes les autorisations nécessaires, mais son logo officiel est toujours clairement affiché tant sur les stands que sur les vêtements du personnel présent qui possède aussi des carte d’identification présentables sur demande. Et surtout, la Fédération suisse des sourds, notamment pour des raisons de sécurité, n’accepte ni ne demande jamais d’argent liquide lors de ses campagnes.

Reconnaissante pour les dons qu’elle reçoit et qui lui permettent d’agir en faveur de l’égalité des sourds, la Fédération suisse des sourds prie aujourd’hui la population de se montrer vigilante et demande aux personnes qui seraient abordées par de faux sourds, ou qui en auraient vus, de les signaler à la police en appelant le 117.

Diffusés dans 3 langues un film montre les actions frauduleuses

Attention, aux récoltes frauduleuses de dons par de « faux sourds »!

Attenzione: »falsi sordi »in azione.

Achtung Spendenbetrung: Falsche Gehörlose

Schneider-Ammann offre « Voltero » à une fondation

(ats/nxp)

L’ex-conseiller fédéral a fait cadeau de son cheval thérapeutique à une fondation pour personnes lourdement handicapées.


L’ex-conseiller fédéral en a fait cadeau mercredi à la fondation lucernoise SSBL. Image: Urs Flueeler

 

Le franches-montagnes offert à Johann Schneider-Ammann lors du Marché-Concours de 2012 à Saignelégier (JU) va servir de cheval thérapeutique pour des handicapés à Rathausen (LU). L’ex-conseiller fédéral en a fait cadeau mercredi à la fondation lucernoise SSBL.

Johann Schneider-Ammann avait reçu le cheval prénommé «Voltero» alors que ce dernier était encore un poulain. La Fédération suisse du franches-montagnes et le canton du Jura le lui avaient offert lors de sa première venue au Marché-Concours en tant que conseiller fédéral.

Par la suite, l’ex-ministre a confié Voltero au Centre équestre national afin d’y être formé en tant que cheval thérapeutique. Particulièrement tourné vers l’être humain, attentif et désireux d’apprendre: telles sont les caractéristiques de Voltero et autant de qualités d’un cheval thérapeutique, écrit mercredi la fondation lucernoise pour les personnes lourdement handicapées SSBL.

Les policiers confondent un passant hémiplégique avec un homme armé

(tdg.ch)

Le handicapé, interpellé par erreur, a porté plainte pénale contre les fonctionnaires. La justice tranchera.


Le lieu de l’arrestation litigieuse en face de l’hôpital cantonal.
Image: Laurent Guiraud

 

La boulette. La bourde. Le malentendu. Ce n’est pas la première fois dans l’histoire de la police que les agents, pris dans le feu de l’action, se trompent de personne. En revanche, confondre un dangereux individu armé avec un hémiplégique en promenade est chose plus rare.

Cette méprise, qui vient de faire l’objet d’une ordonnance de classement du Ministère public, est survenue un soir de l’été 2017 près de l’hôpital. La victime, handicapée depuis l’âge de 2 ans, se rend à pied à l’arrêt du bus 5, assistée par sa nièce. Soudain, un policier pointe son arme sur lui. Pourquoi? Le client d’un bar situé en face des HUG vient d’appeler les forces de l’ordre en expliquant qu’un individu titubant, âgé de 40 ou 50 ans, joue avec un revolver dans la rue. Il décrit au téléphone un homme maigre, portant une chemise et une petite barbe.

Silence gêné

Aux yeux des policiers, ce signalement correspond dans les grandes lignes au plaignant. D’emblée, un agent somme la nièce de s’éloigner et ordonne au plaignant de lever les bras au ciel. Le malheureux ne peut que bouger son bras valide. Le policier constate qu’il garde l’autre main dans la poche de son gilet et craint qu’il n’y dissimule un pistolet. Ni une ni deux, plusieurs agents l’attrapent et le plaquent au sol. L’un d’eux l’immobilise sur le bitume avec son genou pendant qu’un autre fouille le sac de la nièce. À un moment donné, le client du bar accourt et crie aux policiers qu’il s’agit du «mauvais individu». Silence gêné des agents qui relèvent l’hémiplégique.


«Il ne peut leur être reproché d’avoir ignoré qu’il était hémiplégique»
Olivier Jornot, procureur général


Il n’empêche, l’homme, sous le choc, doit être hospitalisé: il a souffert d’une amnésie partielle, d’un stress aigu et d’hématomes. Quelques mois plus tard, il dénonce les faits à la justice. L’été dernier, le procureur général, Olivier Jornot, ordonne l’ouverture d’une instruction pénale contre quatre policiers présents pour abus d’autorité et lésions corporelles simples.

Dans son ordonnance, rendue ce printemps, il relève que les lésions causées au plaignant étaient couvertes par la mission des policiers, que ces derniers avaient fait un usage de la force légitime et proportionnel après plusieurs injonctions. Pour Olivier Jornot, l’intervention s’est limitée aux actes strictement nécessaires à l’interpellation «en toute sécurité d’une personne potentiellement armée»: les fonctionnaires ont agi de la sorte car l’homme correspondait au signalement, «il ne peut leur être reproché d’avoir décidé de procéder à son contrôle, tout comme il ne peut leur être reproché d’avoir ignoré qu’il était hémiplégique. L’usage de la force a cessé une fois le doute levé.» L’ordonnance résume l’épisode à un «malheureux concours de circonstances». La procédure a été classée et les frais de procédures mis à la charge de l’État. Ce dernier octroie aussi au total 3000 francs aux policiers pour leur frais de défense.

Les excuses des agents

Dans le camp des quatre policiers blanchis, c’est la satisfaction générale. Me Robert Assaël salue cette décision: «La personne interpellée collait au signalement qui précisait que l’homme avait un revolver. Pour d’évidentes raisons de sécurité, les policiers devaient agir et vite. Malheureusement, ce n’était pas la bonne personne. Les agents lui ont bien sûr présenté leurs excuses.» Pour Me Jean-François Marti, cet épisode est une «regrettable mais inévitable méprise. La sécurité publique nécessitait l’intervention. L’attitude des gendarmes a été irréprochable.» Me David Bitton note «que le classement résulte d’une enquête complète conduite par l’IGS (la police des polices) et que la décision de ne pas poursuivre n’est pas due à la faveur du matricule». Me Jacques Roulet conclut: «S’il s’était agi d’une personne armée et dangereuse, ce que tout pouvait laisser penser, il était de leur devoir d’agir. Qu’on n’aille dès lors pas leur reprocher de faire leur travail au mieux de leur conscience et pour assurer la sécurité du public. On a vite fait de reprocher aux policiers d’avoir manqué à leurs devoirs.»


«Une bavure qui aurait pu être évitée»

Lundi, le plaignant a contesté le classement devant la Chambre pénale de recours, comme nous le confirme son avocat Me Christian Dandrès: «Mon client n’a pas pour but de faire condamner ces policiers, mais de s’assurer que de telles bavures qui auraient pu être évitées ne se reproduisent pas. L’homme recherché était décrit comme un homme, de 40
à 50 ans, blanc, de type européen, de taille moyenne, assez maigre, porteur d’une chemise, avec des cheveux mi-longs, mal rasé et vêtu d’un jeans. Or voici le signalement de mon client: basané, de type méditerranéen, non svelte, 62 ans au moment des faits, hémiplégique, partiellement chauve avec cheveux blancs, barbe, vêtu d’un gilet et d’un pantalon. Mon client aurait pu se satisfaire que les autorités pénales jugent que la culpabilité des policiers faisait défaut, eu égard par exemple au fait que les policiers ont tenté de réparer leur erreur en amenant mon client à l’hôpital.»

Mais selon l’avocat, ce n’est pas le raisonnement fait par le Parquet: «Mon client ne saurait admettre que son interpellation soit cautionnée et jugée comme exempte de toute critique par Monsieur le Procureur général. En agissant ainsi, ce dernier empêche que la police puisse procéder à une analyse de cette affaire, réfléchir à ses pratiqueset en tirer les conséquences dans l’intérêt des citoyens.»

F.M.