La Suisse dit adieu aux crétins des Alpes

(tdg.ch)

Histoire – En 1922, l’adjonction d’iode dans le sel de cuisine va permettre d’éradiquer l’un des plus graves problèmes de santé des pays alpins.


«Joseph le crétin», photographié dans les Pyrénées par le Français Eugène Trutat (1840-1910).Image: MUSÉUM DE TOULOUSE/WIKIMÉDIA COMMONS

 

Le 21 janvier 1922 se réunit à Berne une assemblée médicale et scientifique, convoquée par le Service fédéral de l’hygiène publique, qui va bouleverser la vie de milliers d’individus, en Suisse et dans le monde: la «Commission du goitre». Sa mission consiste à faire le point sur les connaissances et à trouver une solution au problème de cette maladie qui affecte de très nombreux citoyens, tout particulièrement dans les pays alpins — une enquête menée à Berne cette année-là sur 9’000 enfants montre que 50% d’entre eux en sont atteints.

Le goitre, ce gonflement de la partie antérieure du cou, est dû à l’augmentation de volume de la glande thyroïde. Une hypertrophie causée, dans la plupart des cas, par un manque d’apport en iode, élément indispensable à la fabrication des hormones thyroïdiennes. Or ces dernières jouent un rôle primordial dans les processus de développement du fœtus, de maturation du système nerveux, grosso modo de toute la croissance du corps humain. À l’extrême, la carence en iode provoque l’apparition de ce qu’on a appelé depuis la nuit des temps les «crétins des Alpes».

De la maladie à l’injure

Si le goitre peut être relativement bénin, il en va autrement du crétinisme. Celui-ci produit des individus dont le développement physique aussi bien que mental a été entravé par cette déficience hormonale et dont l’état peut aller jusqu’à un handicap mental grave, ne dépassant pas, à l’âge adulte, les capacités d’un petit enfant. Les crétins restent de petite taille – parfois moins d’un mètre – leurs os et leur corps sont généralement déformés, ils possèdent un visage lunaire à la peau fripée, souffrent de problèmes dentaires, ils sont parfois sourds-muets.

Par l’intermédiaire du capitaine Haddock qui l’adresse au professeur Tournesol, Hergé a popularisé l’injure «crétin des Alpes» dès «Le trésor de Rackham le Rouge» et, de nos jours, l’expression peut faire sourire. Mais ce n’était pas le cas autrefois. En 1843, la Société des sciences helvétiques recensait 3’000 crétins en Valais. À la même époque, il pouvait y en avoir près de 20’000 en France, et bien d’autres répartis dans les différentes régions montagneuses d’Europe, Alpes bien sûr, mais aussi Pyrénées, Vosges ou en Écosse. Un véritable problème de santé publique qui alerte jusqu’aux militaires, fâchés de voir de nombreux soldats potentiels leur échapper.


Moudon Un goitreux sur une miséricorde d’une stalle du chœur de l’église Saint-Étienne. Photo Gilles Simond

 

Le dictionnaire Le Robert voit l’étymologie du terme crétin dans une déformation du mot «chrétien» dans le Valais du XVIIIe siècle, dans le sens d’innocent. En pays catholique, le simple d’esprit est en effet considéré comme promis au royaume du Seigneur. Et le Valais est, à cette époque, «la capitale alpine du crétinisme», comme l’ont signalé divers écrivains voyageurs, dont Goethe à la fin du XVIIIe siècle.

Compenser la carence en iode

Que va faire la Commission du goitre? Proposer une solution simple: mettre de l’iode dans le sel de cuisine pour compenser sa carence dans l’alimentation des populations vivant loin de la mer. Il suffisait d’y penser. L’efficacité de l’iode dans le traitement du goitre était connue depuis belle lurette, et notamment via les travaux du médecin en chef de l’Hôpital de Genève du début du XIXe siècle, Jean-François Coindet. Fondateur de la Société médicale de Genève, il soumit dès 1810 quelques crétins à un traitement iodé et publia en 1820 «Mémoire sur la découverte d’un nouveau remède contre le goitre».

«Aussitôt que l’on eut indiqué la teinture d’iode pour guérir le goitre (sic), on en fit un emploi inconcevable. Il fut poussé si loin que je pourrais dire, sans trop d’exagération, que le flacon de teinture d’iode se portait en place de bonbonnière»

Mais l’opposition de ses confrères fut vive et, en Suisse romande, on se rua trop imprudemment sur l’iode, sans notion de dosage, comme le constata le Dr Linck à Lausanne: «Aussitôt que l’on eut indiqué la teinture d’iode pour guérir le goitre (sic), on en fit un emploi inconcevable. Il fut poussé si loin que je pourrais dire, sans trop d’exagération, que le flacon de teinture d’iode se portait en place de bonbonnière […]. Chacun en usait, même ceux qui craignaient que le goitre pût leur venir dans la suite, et, dans les pharmacies, on donnait le médicament sans prescription du médecin.»

Il faut dire que le monde médical et scientifique de l’époque rivalise de théories sur les causes du goitre et du crétinisme. La thèse de la qualité de l’air, vue comme déficiente dans le fond des vallées alpines, a ses tenants. D’autres soupçonnent une origine infectieuse, donc un risque de contagion, ou cherchent la réponse dans les parasites intestinaux des crétins. L’hygiène insuffisante des populations alpestres est également mise en cause, de même qu’une possible toxicité du sol, voire de l’eau issue des torrents. Certains chercheurs voient dans le crétinisme une «dégénérescence de la race», d’autres une «race en voie d’extinction», pensant découvrir dans les yeux bridés des pauvres crétins valaisans, savoyards ou aostois l’ultime héritage des Huns qui envahirent l’Europe durant le haut Moyen Âge.

Des médecins à convaincre

Cette multiplicité des étiologies ralentit considérablement la mise en place d’une véritable prophylaxie du crétinisme. À tel point que lorsque la Commission du goitre propose sa solution à la fois pionnière, simple et efficace de sel iodé, le débat est relancé, notamment autour de la toxicité de l’iode, et de nombreux et éminents médecins doivent être patiemment convaincus. Les débuts sont donc lents, et ici ou là les efforts sabotés, car le goitre permettait d’éviter le service militaire…

«Avant le traitement, 3’200 écoliers, soit 100%, atteints de goitre. Après le traitement, 2’781 écoliers, soit 86,9%, exempts de goitre»

Cependant, les premiers essais, effectués en Appenzell Rhodes-Extérieures avec du sel de cuisine enrichi de quelques milligrammes d’iode par kilo, et en Valais avec des tablettes de chocolat ioduré, obtiennent des résultats spectaculaires. «Avant le traitement, 3’200 écoliers, soit 100%, atteints de goitre. Après le traitement, 2’781 écoliers, soit 86,9%, exempts de goitre», se réjouit ainsi «L’Illustré» en octobre 1922.

La prophylaxie par le sel iodé s’étend à toute la Suisse dans les années qui suivent et plus aucun crétin ne naît dès lors dans le pays. Le dernier d’entre eux s’éteint en 1970. S’il a désormais disparu des pays industrialisés en général, le crétinisme dû à une carence en iode est hélas encore présent dans diverses régions du monde, le plus souvent dans les montagnes d’Asie ou d’Afrique.

Une appli fait la lecture aux enfants sourds

(Fémina)

Testée au cours du mois de décembre par l’entreprise chinoise Huawei, l’application StorySign utilise la réalité augmentée pour enseigner la lecture aux enfants malentendants: le langage des signes ne possédant pas de forme écrite, apprendre à lire est difficile.

Mais grâce à Star, avatar réalisé par les Studios Aardman (les créateurs de Shaun le Mouton), le texte est traduit en langage des signes sur l’écran du smartphone, au fur et à mesure que l’histoire progresse. Pour l’instant, cette appli gratuite ne reconnaît que quelques livres et fonctionne uniquement sur Android.

Voir la démo de StorySign (anglais sous-titré en allemand)

En savoir plus sur StorySign sur le site de Huawei

Un camp de ski à Saas Fee pratique l’inclusion des personnes en situation de handicap

(Le Nouvelliste)


L’inclusion n’est pas qu’un mot pour l’association alémanique Blindspot. Cette organisation la rend concrète à travers ses projets, comme le camp de ski annuel à Saas-Fee.

 

PAR CHRISTINE SAViOZ
HANDICAP Cinquante-huit personnes, de 15 à 30 ans, dévalent les pistes de la station haut-valaisanne pour l’édition 2018-2019 du camp organisé par une association alémanique. Parmi les participants, des personnes avec et sans handicap.

L’inclusion n’est pas qu’un mot pour l’association alémanique Blindspot. Cette organisation la rend concrète à travers ses projets, comme le camp de ski annuel à Saas-Fee. Pour la treizième année consécutive, cinquante-huit jeunes de 15 à 30 ans, avec ou sans handicap, passent une semaine sur les pistes du domaine skiable haut-valaisan. «L’objectif est de combattre les préjugés notamment en montrant que tout le monde a droit à ces activités et peut y participer. C’est une possibilité aussi de rendre l’inclusion visible et plus compréhensible. Ce n’est pas juste l’occasion de faire du sport, mais aussi de voir ce que la diversité peut amener à chacun», explique Malika Véron, cheffe de projet et responsable marketing de Blindspot.

Parmi les participants, vingt-trois sont en situation de handicap. Les formes de handicap présentes sont diverses, de la paraplégie à la malvoyance en passant par l’autisme. «Une des conditions est que les participants puissent communiquer entre eux pour qu’il y ait un échange», note Malika Véron.

Confiance en soi accrue après le camp

Une vingtaine d’accompagnants entourent les jeunes participants hébergés dans deux maisons de Saas-Fee. «Nous travaillons en partenariat avec la station qui nous a bien accueillis dès le départ, démontrant ainsi une volonté de promouvoir l’inclusion. C’est pourquoi nous y retournons chaque hiver», explique la cheffe de projet. Le camp permet également aux jeunes d’apprendre à vivre ensemble et d’avoir une meilleure compréhension les uns des autres.


Les camps de ski de Blindspot sont ainsi un pas de plus vers l’inclusion. Même s’il reste du Chemin.

 

Ainsi, à l’issue de la semaine de ski, des liens forts se sont créés. «Au début, on perçoit les craintes, surtout des parents, et à la fin, on voit qu’un développement personnel a eu lieu, que les personnes ont davantage confiance en elles et qu’elles ont créé un contact avec les autres», remarque Malika Véron. Elle donne l’exemple d’une jeune fille en situation de handicap à qui des adolescentes de son âge ont demandé son numéro de natel à l’issue du séjour pour garder des liens. «Sa maman était très émue, car c’était une des rares fois que sa fille n’avait pas à faire le premier pas.»

Les camps de ski de Blindspot sont ainsi un pas de plus vers l’inclusion. Même s’il reste du Chemin. «Certes, aujourd’hui, on en parle un peu plus, mais on n’en parle pas encore assez. Et surtout il existe très peu d’offres inclusives», lance Malika Véron. Et ce alors que cela fait cinq ans déjà que la Suisse a ratifié la convention de l’ONU relative aux droits des personnes handicapées et prônant une société égalitaire.

Le site de Pro Infirmis reçoit le certificat d’accessibilité

(Presseportal.ch /ats)

Pro Infirmis, la plus grande organisation pour les personnes en situation de handicap, a reçu le certificat pour les contenus en ligne accessibles. Après avoir procédé à des tests approfondis, la fondation « Accès pour tous » atteste l’accessibilité du site internet de Pro Infirmis et lui attribue le label « AA+ ». Ainsi, Pro Infirmis donne un signal fort en faveur de l’accessibilité dans le monde numérique.

Qu’est-ce qui est différent ? Le site internet dispose d’un logiciel de lecture d’écran spécialement conçu pour les personnes aveugles et malvoyantes. La navigation est possible pour les personnes ayant des déficiences motrices. Le site dispose également d’informations en langage simplifié à l’usage des personnes ayant une déficience intellectuelle. Par ailleurs, une fonction permet l’écoute du texte. L’accessibilité sur internet est essentielle pour l’égalité des chances et la participation. Grâce à la technologie moderne, des personnes aveugles peuvent sans aide faire des transactions bancaires ou des commandes en ligne. Ce sont des progrès décisifs pour l’autonomie au quotidien.

Le droit à l’information, aussi sur internet, est ancré dans la convention relative aux droits des personnes handicapées de l’ONU (CDPH). Or, la loi fédérale sur l’élimination des inégalités frappant les personnes handicapées ne prescrit l’adaptation des offres en ligne que pour la Confédération. Une étude de la fondation « Accès pour tous », réalisée en 2016, montre que la plupart des sites internet et des applications ne sont pas accessibles pour les personnes en situation de handicap. Cela signifie que 20 % de la population ne peut utiliser internet que de manière restrictive et qu’ainsi, elle ne dispose pas d’informations importantes. En 2014, Pro Infirmis a déjà obtenu la certification de son offre internet et espère que son exemple fera des émules.

A signaler qu’un site internet accessible n’est pas onéreux si son aménagement est planifié dès le départ.

Jeunes et paraplégiques, leur leçon de vie

(rts.ch)

La Suisse compte en moyenne un paraplégique tous les deux jours. Un chiffre qui fait froid dans le dos. Dramatique, ces vies qui basculent touchent aussi les jeunes, la plupart du temps suite à des accidents de sport. En une fraction de seconde, c’est toute une vie qui change. Comment continuer quand on a 18 ans et que l’on se retrouve en chaise, vivre malgré tout ? Quatre jeunes se livrent sans retenue sur ce qu’est le handicap. De Bastien que nous rencontrons deux mois seulement après son accident, à Silke, 11 ans déjà en chaise roulante, quatre jeunes aux ressources insoupçonnées, une incroyable leçon de vie.

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