«C’est maintenant que je vis. Et je perds patience.»

(faire Face)

Stefan Hüsler, Président d’Agile.ch, à l’adresse de l’Office fédéral des transports Bâle, le 4 septembre: le 4e Colloque sur l’égalité des personnes handicapées s’est penché sur la Convention de l’ONU relative aux droits des personnes handicapées (CDPH) et l’adaptation des gares et des trains CFF. La manifestation a fait salle comble. Parmi les participants se trouvaient également des membres de l’ASPr: Erika Gehrig, Barbara Mouron et Franz Hânni.

Salle comble, alors qu’il restait des places? D’après Caroline Hess-Klein, cheffe du Département Egalité d’Inclusion Handicap, le budget aurait atteint son plafond pour cette manifestation. Dans son allocution de clôture, le nouveau représentant suisse auprès de la CDPH, Markus Schefer, a promis une cinquième édition en 2019, mais la suite demeure incertaine.

Environ 180 participants se sont retrouvés à Bâle. La matinée était consacrée à la CDPH, que la Suisse a ratifié le 15 avril 2014. Plusieurs intervenants ont abordé le sujet, dont la Conseillère aux Etats Pascale Bruderer Wyss. Conclusion: les choses ont peu bougé depuis la ratification, notamment au niveau des modifications législatives nécessaires. Arie Rimmermann, professeur à l’Université de Haïfa, a déploré une situation similaire en Israël, mais il a néanmoins souligné de petites victoires pour les personnes avec un handicap. Il estime qu’un progrès essentiel est le changement de paradigme en cours dans de nombreux pays de la vie en foyer vers la vie autonome. D’ici dix ans, plus aucun foyer en Israël n’accueillera plus de quatre personnes, et depuis 2016 plus de 600 personnes présentant un handicap mental ont pu quitter de grosses institutions pour s’installer dans de petits foyers.

La réputation de la Suisse

Pendant sa campagne, Markus Schefer est entré en contact avec les représentants de 200 pays. Il a pu constater à cette occasion que si la Suisse a une bonne réputation internationale du point de vue du respect des droits de l’homme, ce n’est pas le cas pour la mise en œuvre de la loi sur l’égalité. Or il en incombe surtout aux cantons. Depuis le janvier 2000 ce sont eux qui ont l’obligation d’entreprendre les modifications législatives appropriées. Bâle-Ville est à ce jour le seul canton à avoir présenté un protocole. Le canton de Fribourg a adopté en octobre 2017 une loi sur les personnes en situation de handicap, qui a pour but de promouvoir leur autonomie. Le Conseiller national Christian Lohr, qui se déplace en chaise roulante, résumait en conclusion: «Vous devez élire les bonnes personnes aux gouvernements cantonaux.»

Trains et gares 100% accessibles qui ne le sont jamais à 100%

Après la pause déjeuner, la présentation d’un représentant de l’Office fédéral des transports (OFT) a suscité quelques murmures dans le public. La loi sur l’égalité prévoit que l’ensemble des gares et des arrêts de bus, ainsi que tous les véhicules, soient adaptés et puissent être utilisés sans entraves d’ici 2023, objectif connu depuis vingt ans. L’intervenant est responsable du programme d’adaptation de l’infrastructure ferroviaire, dont il a rapporté les activités. 1800 gares ont été analysées. En 2016, 64% des voyageurs en situation de handicap ont pu voyager sans entraves, et 35% de toutes les gares étaient accessibles. L’objectif de l’OFT est qu’en 2023 75% des gares soient adaptées et que 85% des personnes en situation de handicap puissent voyager de manière autonome grâce à des mesures constructives. Les pourcentages restants doivent être résolus avec des mesures compensatoires comme des élévateurs. Au minimum un train longue distance par heure devra être accessible. Le trafic régional est déjà accessible.

P.S. Seul un petit pourcentage des arrêts de bus a été modifié à ce jour.
Ceci sera réglé au niveau cantonal.
Morio Corpataux, responsable de communication et du ressort polio, post-polio ASPr -SVG Polio.ch

L’exportation des prestations d’assurance devant la CEDH

(Le courrier)

Pierre-Yves Bosshard revient sur le jugement de la Cour européenne des droits de l’homme qui donne raison à la Suisse au sujet de la suppression de la rente d’invalidité d’une Suissesse lors de son déménagement à l’étranger.

Le 11 décembre dernier, la Cour européenne des droits de l’homme a dit, par six voix contre une, que la Suisse n’avait pas violé l’article 14 – interdiction de la discrimination – en relation avec l’article 8 – respect de la vie privée – de la Convention. L’affaire concernait une ressortissante suisse, invalide de naissance, qui s’était vu supprimer une rente d’invalidité à la suite de son déménagement au Brésil où elle avait suivi sa mère.

La requérante, née en 1962, est sourde de naissance; elle s’exprime difficilement dans sa langue maternelle et elle est incapable de discernement du fait d’un lourd handicap ayant nécessité, dès sa naissance, une prise en charge complète. Sa mère est sa tutrice. Dès sa majorité, en 1980, elle bénéficia d’une rente pour invalidité, dite extraordinaire, ainsi que, dès 1997, d’une allocation pour impotence. A la suite d’une procédure de révision, ces prestations lui ont été supprimées en raison de son déménagement au Brésil. En effet, à la suite du divorce de ses parents, elle avait suivi sa mère qui s’était établie dans ce pays avec son nouvel époux. Elle venait pourtant en Suisse tous les trois mois, pour une période de trois semaines, auprès de son père. La décision de suppression de prestations a été vainement contestée auprès du Tribunal administratif fédéral, puis du Tribunal fédéral. Les juridictions suisses ont considéré que les prestations accordées à la requérante alors qu’elle vivait en Suisse constituaient des prestations non contributives, soit des prestations financées par la Confédération et non par les cotisations précédentes de l’invalide. Ces prestations pouvaient donc être soumises à une condition de domicile en Suisse.

Contrairement au Tribunal fédéral, la cour a considéré que l’article 8 de la Convention, qui garantit à toute personne le droit au respect de sa vie privée et familiale, de son domicile et de sa correspondance, était applicable. Elle rappelle que la notion de vie familiale ne comprend pas uniquement des relations à caractère social, moral ou culturel, mais qu’elle englobe aussi des intérêts matériels. La cour a estimé que le refus de verser des rentes à l’étranger était susceptible d’influencer l’organisation de la vie familiale de la requérante et de sa mère. En effet, en raison de son refus, elles étaient placées devant un dilemme: soit elles décidaient de jouir de leur vie familiale au Brésil avec pour conséquence qu’elles perdent le droit aux rentes, soit elles décidaient de continuer à bénéficier de la rente et la mère de la requérante devrait faire le choix entre la séparation d’avec sa fille et la séparation d’avec son nouveau mari. En revanche, pour la majorité de la cour, si la situation de la requérante, handicapée de naissance, est comparable à celle d’une personne au bénéfice d’une rente ordinaire, invalide après un accident ou une maladie, et qui peut exporter sa rente à l’étranger, le fait d’avoir contribué ou non au régime d’assurance-invalidité est une justification admissible du traitement différencié. A cet égard, elle a constaté que la résidence dans le pays était généralement une condition d’octroi pour les prestations non contributives dans la majorité des pays du Conseil de l’Europe ainsi qu’aux Etats-Unis et au Canada.

Le juge chypriote, dans un avis minoritaire très intéressant, met au contraire l’accent sur la discrimination entre une handicapée de naissance, comme la requérante, qui n’a jamais pu cotiser à l’assurance-invalidité et la personne devenue handicapée au cours de sa vie qui a droit à une rente ordinaire, même si elle n’a cotisé que pendant une année. Il constate que la discrimination repose ainsi sur la naissance, critère mentionné expressément à l’article 14 de la Convention, et non sur un quelconque fondement objectif et raisonnable.

Récemment, le Tribunal fédéral a confirmé, contre l’avis d’une partie de la doctrine, la compatibilité de la règle de non exportation des rentes extraordinaires et des allocations pour impotent avec l’accord sur la libre circulation des personnes avec l’Union européenne.

L’arrêt de la cour n’est pas encore définitif et pourrait encore être porté devant la Grande Chambre qui pourrait se pencher sur l’intéressante question discutée par le juge minoritaire. Elle pourrait aussi nourrir les discussions parlementaires autour de nos rapports avec l’Union européenne.

Ces jeunes brilleront sur scène même atteints d’un handicap

(24heures.ch)

Fête des VigneronsPorté par la Fondation Sport-Up, un groupe mêlant acteurs-figurants valides et non valides se produira lors du spectacle. Une grande première.


Porté par la Fondation Sport-Up, un groupe d’acteurs figurants valides et non valides s’entraîne avec ferveur depuis avril déjà.
Image: SPORT-UP / ÉTIENNE ARN

 

Le brouillard est tombé sur les bois de Sauvabelin. Mais une lumière plus forte que les spots du plafond brille dans la salle de gymnastique de l’École internationale de Lausanne, une flamme de pure chaleur humaine. Là, en ce premier dimanche de l’Avent, des jeunes et des moniteurs bénévoles ont préféré venir passer l’après-midi à répéter dans une formation telle que la Fête des Vignerons n’en a jamais vu. Pour la première fois, un groupe mixte intégrant personnes valides et en situation de handicap se produira sur scène, dans le même tableau que celui des gymnastes.

Pour ces dix-neuf jeunes (de 13 à 25 ans, en provenance de tout le canton), les répétitions ont commencé en avril déjà. Mais l’heure est encore à la création, pour trouver des figures susceptibles d’époustoufler les spectateurs. Faisant partie des neuf jeunes en situation de handicap (chacun entouré par un moniteur bénévole), Jean-Michel, 16 ans, s’est posté en équilibre sur le marchepied d’une chaise électrique roulant à une allure soutenue, les bras écartés, façon scène emblématique du film «Titanic». Si ce jeune autiste paraissait moins à l’aise un peu plus tôt, il retrouve dans cette pose un immense sourire. Plus loin, des jeunes femmes valides effectuent des roues devant et derrière une chaise roulante, prenant appui sur les poignées, utilisant l’objet non plus comme une entrave, mais comme une aide.


Olivier, 17 ans, en chaise électrique

 

Olivier, 17 ans, en chaise électrique, vient confier à Corinne qu’il est fatigué. «Selon leurs pathologies, certains feront huit fois le même geste mais seront crevés au neuvième», constate cette infirmière. Elle qui a travaillé dans des pays en guerre pour le CICR et des années au CHUV connaît les dossiers médicaux des jeunes et veille. Malgré l’effort, Olivier, les joues rosies par l’action, est satisfait: «C’est toujours un peu fatiguant mais c’est une occasion qui se présente seulement une fois dans une vie de faire le spectacle avec les copains.»

Cohésion et partage Responsable du projet, Karen, infirmière en soins intensifs au CHUV, a déjà vécu pareil défi avec certains d’entre eux, qui ont participé à Gymnaestrada en 2011. «Pendant le spectacle, il y a ce moment génial où ils peuvent être fiers de ce qu’ils sont, où ils sont reconnus pour leurs compétences. Leurs sourires sont tellement ressourçant qu’ils m’ancrent au sol avec les véritables valeurs.» Cécile, 23 ans, a également participé à Gymnaestrada. Elle paraît valide, mais souffre d’hémiplégie, comme le trahit l’une de ses mains. «Ces expériences me permettent de connaître mes limites, qui se situent plus loin que ce que je pensais! Il y a eu des moments difficiles, physiquement éprouvants, où j’ai pensé tout arrêter. Et il est difficile de ne pas se comparer avec des gymnastes en pleine forme. Mais nous avons aussi des choses à apporter.» «Notre défi est de chercher l’admiration dans les regards, pas la pitié, appuie Karen. L’expérience permet aussi à ces jeunes de gagner en autonomie en dehors du spectacle. Par exemple, Emma venait au départ avec un déambulateur, mais elle a réussi à évoluer et à s’en passer.»

Karen et Morgane ne leur préparent pas des chorégraphies trop faciles: «D’abord ils essaient. Si vraiment ils n’y arrivent pas, nous adaptons.» Morgane, 28 ans, est prof de danse notamment pour des personnes atteintes de handicap. «Ce n’est pas parce qu’on est différents qu’on ne peut pas faire la même chose. Ce sont les êtres humains qui limitent leur vision dans un système de fausses croyances. Ces expériences mixtes permettent de réaliser que c’est O.K. de vivre dans la cohésion et dans le partage, afin que chacun s’aide.»

«On ne veut pas se démarquer par rapport à la qualité du spectacle: on va prendre notre place, pas celle qu’on veut bien nous laisser»

Les affirmations de la gymnaste Amélie, 24 ans, semblent lui donner raison: «Nous sommes chanceuses! C’est très naturel et très agréable. Je n’aurais pas voulu faire la Fête des Vignerons avec un autre groupe. Quand je repars d’ici, j’ai le sourire. Il règne un esprit positif, joyeux et amusant.» «C’est un enrichissement personnel, ajoute Aurélie, 24 ans. On sait qu’on doit s’adapter à un autre tempo, c’est normal. Mais cela nous permet de découvrir un monde différent par le biais du sport.»

Ce projet un peu fou est né grâce à Cédric Blanc, président de la Fondation Sport-Up, qui fêtera l’an prochain ses 10 ans. «J’ai souhaité quelque chose de spécial pour cet anniversaire. J’ai pensé à la Fête des Vignerons, puisque nous avions eu un immense succès à Gymnaestrada. Daniele Finzi Pasca a montré un enthousiasme qui est allé au-delà de mes attentes. Je suis sûr que ces jeunes vont marquer les esprits, comme à Gymnaestrada. On ne veut pas se démarquer par rapport à la qualité du spectacle: on va prendre notre place, pas celle qu’on veut bien nous laisser.»

L’AI plombe les femmes à temps partiel

(laliberte.ch)

Avocats et tribunaux contestent la méthode utilisée à Fribourg pour calculer le taux d’invalidité
Magalie Goumaz


Les femmes à temps partiel sont souvent recalées sous prétexte que des proches peuvent les aider dans les tâches ménagères. Alain Wicht-archives

 

Dans cette ferme de la campagne fribourgeoise, la table en bois massif de la cuisine est comme il se doit l’élément central et rassembleur, capable d’accueillir jusqu’à vingt-cinq personnes autour de Sandrine*, la maîtresse des lieux. Cette maman, épouse d’agriculteur, a passé des années entre les champs, le jardin, la cuisine, la buanderie. Des années à veiller sur le bon fonctionnement de la vaste maisonnée. C’était donc avant. Avant des problèmes de santé qui ont chamboulé la vie de la quinquagénaire et celle de sa famille. Et comme si ça ne suffisait pas, l’Office AI du canton de Fribourg a rejeté sa demande de rente. Un recours est pendant. Mais des avocats de la place tirent la sonnette d’alarme: «C’est déjà difficile d’obtenir une rente aujourd’hui. Mais ça l’est encore plus pour les femmes travaillant à temps partiel», s’insurge Charles Guerry. Pour son collègue, Benoît Sansonnens, «la discrimination est évidente». D’ailleurs, le Tribunal cantonal l’a aussi relevé dans de récents arrêts.

Les enfants au fourneau

Pour comprendre en quoi la pratique est contestée et prétérite les femmes travaillant à temps partiel, il faut revenir à la méthode de calcul du taux d’invalidité. Ce calcul est relativement simple pour les personnes travaillant à 100% avant l’atteinte à la santé. Pour celles à temps partiel par contre, une méthode dite mixte est appliquée. Elle concerne essentiellement des femmes qui ont conservé un emploi tout en gérant les tâches ménagères et d’éducation. L’AI, par chance,en tient compte. Elle évalue le degré d’invalidité de l’activité lucrative et le degré d’invalidité dans les autres activités courantes. Chaque type d’invalidité est ensuite pondéré en fonction du pourcentage consacré à l’activité. L’addition des deux taux détermine le taux d’invalidité total, lequel donne droit à une rente s’il se situe au moins à 40%. Sauf que l’Office AI du canton de Fribourg soustrait 30% à la part de l’invalidité ménagère, estimant que des tâches peuvent être réparties dans l’entourage.

Dans le jargon des assurances sociales, on parle de réduction du dommage. Sandrine, qui a subi plusieurs opérations au bassin, au dos et aux épaules, trouve cette pratique injuste. «Mon mari et mes enfants font ce qu’ils peuvent. Mais mon mari travaille déjà plus de 60 heures par semaine sur l’exploitation. Je vois bien qu’il est fatigué. Il s’endort dès qu’il est assis. Et mes enfants ont leurs études. J’estime que, à côté de leurs propres obligations, ils ont aussi droit à des loisirs. Je ne vois pas pourquoi c’est le ménage qui doit payer pour mes ennuis de santé», raconte Sandrine. Le couple rétribue ainsi de sa propre poche une aide au ménage pour trois jours par semaine, pendant quatre heures. Ce qui est loin de compenser le travail que faisait la mère de famille.

«L’office trouve tous les moyens pour définir un taux d’invalidité sous la barre du taux donnant droit à une rente» Benoît Sansonnens

L’agricultrice, à l’ossature fragile, se rend aujourd’hui compte qu’elle a trop forcé, pendant trop longtemps. Dix-huit lessives par semaine, des repas quotidiens et complets pour quatre, sept ou dix personnes. Sans parler de l’exploitation. «Pendant la récolte des pommes de terre, je passais jusqu’à huit heures par jour courbée, à enlever les cailloux de la terre. D’ailleurs, c’est en automne, à la fin de ces travaux, que j’ai commencé à développer des tendinites. En 2012, je me suis retrouvée avec les deux mains dans des attelles. A peine remise, j’ai fait un faux mouvement, et on m’a diagnostiqué deux hernies dans les cervicales. C’était le début de la galère. Aujourd’hui, après cinq opérations en six ans, je peux dire que les douleurs ne cessent jamais. Parfois, c’est même tellement insupportable que je dois doubler la dose de morphine quotidienne. Des petites choses qui semblent anodines, comme faire la vaisselle ou parquer la voiture sont, certains jours, hors de ma portée», confie-t-elle.

Sous le seuil

Pendant deux ans, son assurance pour perte de gain l’a couverte. Mais l’AI, qui devrait prendre le relais, ne l’entend pas de cette oreille. Dans son calcul du degré d’invalidité, l’office retient que l’assurée partageait son temps entre les travaux à la ferme, qualifiés de lucratifs, pour environ un tiers, et les tâches ménagères pour les deux tiers restants. Au final, elle a décrété un degré d’invalidité respective ment de 11,30% et de 7,9%, soit un degré total de 19,20%, bien en dessous du seuil lui donnant droit à un quart de rente. L’abattement de 30% pour les tâches ménagères pouvant être exécutées par des proches a évidemment pesé. Tout comme l’évaluation restrictive du degré d’invalidité pour ses activités agricoles.

Un schéma classique Charles Guerry est en colère, car il défend plusieurs cas similaires. Et même si l’office AI dément procéder à un abaissement systématique de 30%, l’avocat note qu’il n’a jamais vu que ce taux de réduction. «Depuis quelques années, c’est le schéma classique. Cet abaissement de 30% conduit au mieux à une diminution de rente, au pire à pas de rente du tout ou à une suppression de rente. Et ce sont les femmes qui en sont les victimes, car ce sont elles qui travaillent à temps partiel tout en gérant un ménage», déclare-t-il. Benoît Sansonnens, par ailleurs président de Pro Infirmis, est aussi le défenseur d’une infirmière, qui a fait l’objet d’un calcul de rente selon la méthode mixte. Dans son cas aussi, l’office AI a réduit de 30% les empêchements dans le domaine ménager. Datant du 16 juillet 2018, l’arrêt du Tribunal cantonal conteste sèchement cette manière de procéder. Il relève que l’enquête a déjà tenu compte de l’aide de son époux et de ses deux enfants dans chaque activité ménagère. Puis a encore soustrait ces fameux 30%. «L’Office AI du canton de Fribourg trouve tous les moyens pour définir un taux d’invalidité se situant juste sous la barre du taux donnant droit à une rente. Il se réfugie derrière des expertises, statue de la manière la plus restrictive possible et se dit que l’assuré peut toujours faire recours. Ça en devient indécent», conclut Benoît Sansonnens. »

*Prénom d’emprunt

«Nous allons revoir notre appréciation»

L’Office Al du canton de Fribourg va tenir compte de la jurisprudence et mieux pondérer les évaluations des assurées travaillant à temps partiel.

L’Office AI du canton de Fribourg admet-il la discrimination qui touche les femmes à temps partiel dans le calcul du taux d’invalidité?

Son nouveau directeur, Nicolas Robert, rappelle que «de manière générale, lors de l’examen d’une demande AI, l’office AI est tenu d’évaluer dans quelle mesure une personne assurée peut raisonnablement réduire le dommage pour l’assurance».


Nicolas
Robert (photo DR)

 

Il s’agit d’ailleurs d’un principe général en droit des assurances sociales. Mais comment appliquer ce principe?

Pour les avocats interrogés, le canton de Fribourg, en opérant une réduction systématique de 30% sur le taux d’invalidité dans les tâches ménagères vise à limiter les rentes et est non conforme à la jurisprudence. Ils parlent même d’une pratique «discrimnatoire». Nicolas Robert dément: «L’office AI ne procède pas de manière systématique à une réduction forfaitaire de 30%. Cette réduction fait l’objet à chaque fois d’une analyse qui tient compte, d’une part, du nombre de personnes qui composent le ménage et, d’autre part, de divers critères, comme l’âge des enfants ou la disponibilité des membres de la famille.» Il estime, en ce qui le concerne, que la pratique, qui tient compte des spécificités de chaque situation, est «conforme à la jurisprudence fédérale et aux directives de l’Office fédéral des assurances sociales en la matière».

Le directeur évoque un cas particulier, traité par le Tribunal fédéral. Ce dernier a en effet estimé qu’on pouvait exiger du mari d’une assurée – qui travaillait comme constructeur de voie ferrée – qu’il aide dans le ménage durant 1 heure à 1 h 30 par jour. Sauf que, avant d’arriver à cette conclusion, chaque activité exigible du conjoint avait été répertoriée et évaluée séparément. Nicolas Robert annonce ainsi que, à l’avenir, «l’office AI va modifier son appréciation par une évaluation pondérée des différents travaux qui peuvent être confiés à des proches». »

MAG

Théo Gmür élu sportif handicapé de l’année

(ATS/Le Nouvelliste)

Théo Gmür a été sacré sportif handicapé de l’année lors des mérites suisses.

Triple champion paralympique en mars lors des épreuves de ski alpin des Jeux paralympiques de PyeongChang, Théo Gmür a été sacré sportif handicapé de l’année, lui qui était opposé à Marcel Hug et à Manuela Schär, tous deux engagés en athlétisme.

Le Nendard a donné une belle connotation romande à cette soirée zurichoise. Lauréat du mérite du sport handicap, le Valaisan a parlé avec son cœur, surtout, mais dans sa langue, aussi.


Theo Gmür tout sourire lors des Credit Suisse Sports Awards 2018.

 

Le triathlon et le VTT ont eux été à l’honneur. Daniela Ryf et Nino Schurter sont les sportifs suisses de l’année 2018. Souvent nominé, Nino Schurter a longtemps eu la « malchance » de vivre à l’époque de Roger Federer qu’il a finalement devancé pour ce mérite 2018. Le Grison de 32 ans a remporté cette année le titre mondial à Lenzerheide et le classement de la Coupe du monde pour la quatrième année de suite. Déjà lauréate en 2015, Daniela Ryf (31 ans) a, pour sa part, devancé Wendy Holdener et Lea Sprunger. La Soleuroise doit ce mérite bien sûr à son quatrième succès de rang à l’Ironman de Hawaï, la compétition la plus relevée et bien sûr la plus ardue de l’année. Elle est, par ailleurs, restée invaincue tout au long de l’année.

Le mérite par équipes est revenu à l’équipe nationale de hockey sur glace, médaillée d’argent du Championnat du monde organisé au Danemark. Après des Jeux olympiques fort décevants à Pyeongchang, la formation de Patrick Fischer a su se racheter avec un rare brio. Avec huit joueurs de la NHL, la Suisse a tutoyé les meilleures équipes du monde. En finale, elle ne devait s’incliner qu’aux tirs au but devant la Suède. Une finale qu’elle aurait sans aucun doute mérité de gagner avec notamment cette occasion en or pour Kevin Fiala à la 75e minute que personne ne peut oublier.

Des absences qui font tache

L’équipe de Suisse de hockey sur glace a fait coup double avec l’attribution du mérite du meilleur entraîneur à Patrick Fischer. L’absence de Lucien Favre dans la liste des nominés interpelle. Considéré comme l’un des dix meilleurs entraîneurs au monde du sport roi, le Vaudois aurait dû logiquement être récompensé pour son parcours à la tête du Borussia Dortmund. Sans tomber dans la théorie du complot qui voudrait que les minorités soient occultées, il est évident que les sportifs romands ne sont pas considérés aujourd’hui à leur juste valeur outre-Sarine. L’oubli de Clint Capela, l’un des meilleurs pivots d’un sport universel et qui fut ce printemps pratiquement à un match – l’acte VII de la finale de la Conférence Ouest contre Golden State – du titre de la NBA, surprend également. Et que dire de la « relégation » de Jérémy Desplanches, le Champion d’Europe du 200 m 4 nages, dans la catégorie des « révélations de l’année » alors qu’il s’était hissé l’an dernier en finale des Championnats du monde de Budapest ? Cette distinction de la « révélation » a été attribuée au Genevois Julien Wanders (22 ans), recordman d’Europe du 10 km sur route.