Le comité de Procap Valais romand exclu, les employées licenciées réintégrées dans leurs fonctions

(le Nouvelliste)

Par Christine Savioz

Sur demande de Procap Suisse, les membres de Procap Valais romand ont exclu mercredi leur comité. Les personnes licenciées par l’ancien comité valaisan retrouvent leur poste et les prestations aux membres sont assurées.

Le comité de Procap Valais romand, présidé par Vincent Favre, a été exclu mercredi par les membres présents à une assemblée extraordinaire, convoquée par Procap Suisse. Une mesure indispensable selon la faîtière pour assurer des prestations de qualité aux personnes handicapées membres.

Les quatre employées licenciées par l’ancien comité pourront ainsi continuer leur travail, consistant à donner des conseils en assurances sociales et en infrastructures adaptées aux personnes handicapées. «Le comité central espère que le calme revienne pour le bien des membres de cette section», a précisé Laurent Duvanel, président de Procap Suisse.

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En attendant de trouver un nouveau comité valaisan, la faîtière suisse reprend la gestion de la section pour continuer à offrir les prestations aux membres. «Pour nous, il est primordial de ne pas les léser. Mais nous avons déjà des contacts avec des Valaisans intéressés à former ce comité», a précisé Sabrina Salupo, directrice régionale de Procap pour la Romandie.

Pendant l’assemblée, elle a expliqué les raisons de la demande d’exclusion. «Plusieurs points font que la confiance ne peut pas être maintenue avec ce comité.» Il a été relevé que des conseils donnés par le président du Valais romand ne répondaient pas aux critères exigés pour l’obtention de subventions de l’Office fédéral des assurances sociales.

Une rupture de confiance

Par ailleurs, le licenciement de tout le personnel de la section est intervenu sans discussion avec les employés, ni avec la faîtière. «Nous nous sommes rencontrés une semaine avant l’annonce de ces licenciements et à aucun moment le comité valaisan ne nous en a parlé. Or, si une section a des problèmes financiers, elle peut demander notre aide avant de licencier le personnel. Cela s’est fait par exemple à Procap Fribourg», a précisé Sabrina Salupo.

Présent lors de l’assemblée, Vincent Favre a expliqué «s’attendre un peu à cette issue. C’est vrai que notre comité a pris certaines décisions, mais il y a quand même eu des réactions épidermiques.» La faîtière avait d’abord demandé au comité valaisan de démissionner. Ce qui a été refusé. D’où la demande d’exclusion par les membres.

Les gares se modernisent pour plus d’accessibilité

(nxp/ats)

Les travaux répondent à la loi sur l’égalité pour les handicapés, qui leur garantit l’accessibilité d’ici 2023.

Près de 580 gares suisses vont être modernisées et rendues plus accessibles d’ici à la fin 2023, annonce l’Office fédéral des transports (OFT) dans un communiqué jeudi. Ces transformations sont une mise en oeuvre de la loi sur l’égalité pour les handicapés (LHand).

Les gares seront rendues plus accessibles grâce à des nivellements afin d’en faciliter l’accès pour les personnes à mobilité réduite. La LHand stipule que l’accessibilité aux handicapés doit être garantie d’ici 2023. Une centaine d’autres gares seront toutefois transformées après cette date.

Pour l’instant, seulement 41% des 1800 gares et arrêts ferroviaires en Suisse sont déjà accessibles en toute autonomie au sens de la LHand. De nombreuses grandes gares en font partie, ainsi 59 % des passagers bénéficient déjà de la conformité à cette loi.

Proportionnalité respectée

Avec les travaux prévus, 81 % des passagers pourront voyager de manière autonome et spontanée dans 74 % des gares d’ici fin 2023. Dans les autres gares, les entreprises ferroviaires proposent des mesures de compensation, le plus souvent sous forme d’assistance personnelle. La règle de proportionnalité de la LHand est ainsi respectée, souligne l’OFT.

L’OFT a collaboré avec les chemins de fer et Inclusions Handicap pour définir et concrétiser la procédure de mise en oeuvre se la LHand. L’OFT va assurer un suivi serré des chemins de fer, notamment des CFF, dans la mise en oeuvre de la loi.

L’organisation faîtière des personnes handicapées avait déposé une plainte contre les CFF, critiquant le fait que les passagers handicapés non accompagnés rencontrent trop d’obstacles à bord des nouveaux trains des CFF. Le Tribunal administratif fédéral lui a donné raison sur l’inclinaison des rampes d’accès qui ne devra pas dépasser 15%, mais a rejeté dix autres de ses demandes.

Google est aussi aveugle

(Tactuel)

Les sites sans barrières sont essentiels pour permettre aux personnes en situation de handicap, visuel et autre, de s’informer. Or, les personnes voyantes profitent elles aussi d’une programmation sans barrières. Conçu par la Fondation « Accès pour tous », le guide « Accessibility Developer Guide » entend promouvoir un monde numérique meilleur.


Grâce au lecteur d’écran JAWS, Gerd Bingemann lit à l’ordinateur, à un rythme effréné, ce qui apparaît sur l’écran Photo : nd3000

 

Une personne non avertie n’y pige que dalle. « Sur un site internet, je ne parviens pas à lire les graphiques, tableaux ou images s’ils ne sont pas pourvus d’un texte alternatif », explique le responsable de la défense des intérêts à l’UCBA, lui-même aveugle et malentendant. « Aussi, bien des sites sont pour moi inaccessibles ».

L’étude sur l’accessibilité 2016, menée déjà pour la quatrième fois par la fondation « Accès pour tous », montre que de nombreux sites Internet et applications ne sont toujours pas accessibles à tous. Pour 20 % de la population suisse, l’utilisation des sites internet est limitée et la participation à bon nombre d’activités sociales est donc impossible. Il est urgent d‘agir.

Un design pour tous

Fondée en l’an 2000, la fondation « Accès pour tous » s’est donné pour objectif de surmonter ces barrières. Depuis bientôt vingt ans, elle s’engage en faveur d’une utilisation de la technologie adaptée aux handicapés. En concevant son « Accessibility Developer Guide » (ADG), elle a franchi une étape décisive dans cette voie. Ce concept se fonde sur le design pour tous, qui place l’être humain au cœur de ses priorités. Peu importe les limitations, une page internet doit être conçue de manière à pouvoir être utile au plus grand nombre possible d’utilisateurs.

Pourtant, selon Andreas Uebelbacher, responsable du département des prestations auprès de la Fondation « Accès pour tous », les connaissances en matière de sites sans barrières n’en sont encore qu’à leurs balbutiements. Pour qu’un site soit adaptable aux besoins individuels de ses utilisateurs, concepteurs et programmeurs doivent respecter certaines règles et prendre quelques dispositions. Ainsi, Reto Inniger, apprenant malvoyant, résume : « Pour qu’un site internet soit accessible à tous, il convient, dès sa conception, d’en structurer correctement les pages et les documents, d’assortir les informations graphiques de textes alternatifs et de prévoir des contrastes suffisants pour que les contenus soient clairement perceptibles. De plus, il doit être possible de naviguer sur un site uniquement à l’aide du clavier et les éléments dynamiques tels les menus en accordéon ou les tabulateurs doivent pouvoir être lisibles par les lecteurs d’écran ».

Longtemps, les sites sans barrières ont été considérés comme moches et austères. Pourtant, ce préjugé est révolu. « De nos jours, plus besoin de sacrifier le design pour obtenir un site sans barrières, » explique Andreas Uebelbacher. Parmi les avantages d’un site sans barrières, mentionnons la qualité de son utilisabilité et de son design. L’enchaînement des informations doit être clairement ordonné, les contrastes entre les couleurs suffisants lors des tests, et les caractères doivent pouvoir être lisibles et agrandis. » Ces avantages se retrouvent d’ailleurs lors de la maintenance du site : étant donné la séparation rigoureuse entre graphisme et contenu, un site sans barrières est plus facile à entretenir et à développer, et un design nouveau plus avantageux. » En outre, les sites internet sans barrières ne sont pas seulement présentés plus vite et plus proprement et mieux indexés, mais réunissent aussi les meilleures chances d’être rapidement trouvés par des moteurs de recherche, tels Google. Dans ce cas de figure, accessibilité et optimisation des moteurs de recherche vont de pair : « Google aussi est aveugle », explique Andreas Uebelbacher.

Un logiciel libre constamment à jour

Lancé en juin, le guide ADG a été conçu par « Accès pour tous », en collaboration avec des agences web de Suisse, leaders dans ce domaine. Il comprend de nombreux exemples de codes directement exécutables et manipulables dans le navigateur. Aide notable : le programmeur peut y trouver de bons et de mauvais exemples. L’ADG étant basé sur de l’Open Source, il est appelé à se développer – en principe, chacun peut l’enrichir d’exemples qui y seront intégrés, à condition de passer le test de certification sans barrières. Pour ce faire, l’ADG utilise des outils tels que GitHub, Node.js ou Markdown, fort répandus dans la communauté des développeurs.

Toute entreprise peut considérablement améliorer son site avec le concours d’experts de la fondation « Accès pour tous » et le faire ensuite certifier sans barrières. Pourtant, aujourd’hui, elles sont rares à recourir à cette possibilité. Roland Schlüchter, propriétaire de l’agence internet Ping, à St-Gall, explique : « Actuellement, seul l’Etat est tenu de proposer des sites sans barrières. Nous n’avons jusqu’ici reçu que peu de demandes d’aménagement de tels sites. A relever que les coûts seraient les mêmes, que le site soit aménagé avec ou sans barrières. » Ainsi, Roland Schlüchter signale toujours à ses clients la question de l’accès pour tous. Toutefois, ces derniers sont encore nettement plus sensibles à l’argument de l’optimisation des moteurs de recherche qu’à celui de l’accessibilité. « Dans un premier temps, les clients, notamment les petites entreprises, doivent en prendre conscience », car – Roland Schlüchter en en est convaincu – l’accès pour tous deviendra un sujet toujours plus important à l’avenir. L’ADG y contribuera largement : en ce moment, nous évaluons le guide afin d’examiner ce que nous pouvons en reprendre dans nos projets et dans nos outils ». L’agence vient d’ailleurs de concevoir un site sans barrières pour Pro Infirmis, pour qui « il s’agissait bien sûr d’un must », déclare Roland Schlüchter.

« Idéalement, à l’avenir, l’on ne devrait plus avoir à se préoccuper de sites sans barrières », prédit Andreas Uebelbacher. L’ADG est une pièce à l’édifice de cet idéal.

Décision de l’Al cassée: elle était basée sur un rapport de la clinique Corela

(Le Quotidien Jurassien)

Un Jurassien a vu sa demande de prise en charge par l’Assurance invalidité refusée il y a deux ans. Il souffrait de différentes atteintes somatiques, mais un rapport d’expertise pluridisciplinaire de la clinique Corela de Genève avait conclu à l’absence d’atteinte psychiatrique du patient, qui restait employable.

L’AI lui a donc refusé une prise en charge, décision confirmée par la Cour des assurances au printemps 2017.

Le scandale Corela

Depuis lors a éclaté un scandale autour de cette clinique Corela, où de graves dysfonctionnements ont été constatés et sanctionnés par le Tribunal fédéral. Des expertises ont été réalisées par des médecins ne disposant pas d’une autorisation de pratiquer ou n’ayant pas vu le patient. Certains rapports ont été modifiés. Il y a donc un doute important à l’égard de cette clinique, surtout pourles expertises psychiatriques. Le responsable avait signé des dizaines de rapports sans avoir vu les patients et sans l’accord de l’expert.

Huit dossiers revus

Le Jurassien a donc demandé que les juges cantonaux révisent leur décision. Et la Cour des assurances a bien dû constater que le rapport d’expertise de Corela avait été déterminant dans le refus de la prise en charge AI. Si ce scandale avait éclaté plus tôt, la cour aurait demandé une nouvelle expertise médicale.

Les juges ont donc cassé la décision de l’AI, qui devra se re-prononcer sur la base d’une autre expertise. La Cour des assurances a pris une ou deux autres décisions identiques. L’AI de son côté a rouvert des dossiers refusés similaires lorsqu’il n’y avait pas eu recours en justice. Ce sont huit dossiers au total qui sont révisés. L’AI a fixé jusqu’à la fin de l’année l’enregistrement d’autres demandes de révision dans cette affaire.

DF

Sans emploi, il est pénalisé par l’assurance invalidité

(Le Nouvelliste)

L’assurance invalidité a refusé de prendre en charge le renouvellement de deux monte-escaliers nécessaires à l’autonomie d’un jeune myopathe.
PAR LENA WUERGLE


L’assurance invalidité a refusé de payer le remplacement des monte-escaliers arrivés en bout de course. LUCAS VUITE

 

A 27 ans, Thomas* souffre d’une myopathie sévère, se déplace sur un fauteuil roulant électrique et ne peut pratiquement rien faire tout seul. Au domicile familial, à La Chaux – de- Fonds, certains appareils lui facilitent, toutefois, la vie. Parmi eux, deux rampes électriques lui permettant de monter et descendre les escaliers et de rejoindre sa chambre au deuxième étage. Thomas peut, ainsi, se déplacer et sortir de chez lui sans avoir besoin d’un membre de sa famille. Il peut se rendre à ses séances de physiothérapie respiratoire et rejoindre son atelier protégé.

Un quart du prix total

Seulement, son petit bout d’autonomie a été réduit à peau de chagrin, en juin 2017, quand l’assurance invalidité (AI) a refusé de payer le remplacement de ces monte-escaliers arrivés en bout de course, après quinze ans de service. Sur les 31 640 francs du coût total, l’AI n’en a accordé que 8000. «La raison invoquée, c’est qu’il ne travaille pas et ne va pas à l’école. Donc, pour eux, il n’a qu’à rester tout le temps dans sa chambre», se révolte sa mère, Annabelle*. «Et ce alors que c’est l’AI elle-même qui avait refusé que mon fils suive une formation.»

L’AI s’appuie sur l’ordonnance concernant la remise de moyens auxiliaires par l’assurance invalidité (OMAI), qui prévoit qu’un assuré sans emploi et non scolarisé n’a droit qu’à un forfait de 8000 francs par monte-escalier. Comme la famille en a besoin de deux, elle s’attendait à recevoir, au moins, 16 000 francs. Mais l’AI n’était pas du même avis: elle a estimé que Thomas aurait dû s’installer dans une maison «adaptée à son handicap». Soit un bâtiment à un ou deux niveaux et non trois. Cet argument révolte Annabelle, car il contredit une décision précédente de l’AI.

L’AI avait d’abord dit oui En 2001, quand la famille avait pris ses quartiers dans sa maison chaux-de-fonnière, l’AI avait validé son choix de domicile. Elle avait donc accepté de payer les 46 953 francs que coûtaient les deux monte-escaliers nécessaires. Mais aujourd’hui, elle fait marche arrière. Sa justification? «Nous avons été trop généreux lors de l’octroi», indique un res- ponsable de l’office AI Neuchâtel dans un courrier. «En gros, ils disent qu’ils ont fait une erreur à l’époque, et c’est à nous d’en subir les conséquences», s’insurge Annabelle.

Si l’AI déclare que Thomas aurait dû chercher un domicile «adapté», c’est parce que la loi prévoit que chaque assuré doit faire des efforts pour coûter le moins possible. Mais pour Anne- Sylvie Dupont, professeure en droit des assurances sociales aux universités de Genève et de Neuchâtel, l’argument ne tient pas. «Sans monte-escaliers, Thomas devrait aller dans une institution spécialisée, ce qui coûterait plus cher à l’AI.»

Et si toute la famille déménageait dans une maison avec moins d’étages, l’AI ne ferait certainement pas d’économies non plus, car il faudrait complètement réaménager la chambre à coucher et la salle de bain.

C’est d’ailleurs ce que soulignait un expert mandaté pour analyser la situation. Dans son rapport, il indiquait que le non-renouvellement des plateformes «impliquera. à terme. un déménagement, avec probablement de nouveaux importants coûts d’adaptation du domicile». L’expert plaidait donc en faveur d’une prise en charge globale. Mais l’AI n’a pas suivi son expertise. «L’expert ne donne qu’un avis technique, non juridique», explique Anne- Sylvie Dupont. «Le mot de la fin revient toujours à l’AI.»

Avocate chez Procap suisse, Franziska Lüthy a rencontré d’autres personnes sans emploi, confrontées à des situations similaires à celle de Thomas. Souvent, elles ont aussi dû se contenter de 8000 francs. «Ce forfait a été fixé en 2008. Il devait permettre de financer un monte-es- calier assez simple. Sauf qu’en réalité, ces appareils valent aujourd’hui le double et les assurés doivent donc payer l’autre moitié de leur poche.

Pour Anne-Sylvie Dupont, des exemples comme celui de Thomas reflètent le durcissement de ces quinze dernières années au sein de l’assurance invalidité. «Bien qu’elle soit censée être universelle, l’AI ne protège bientôt plus que les gens qui travaillent. Les personnes sans emploi, qui ne rapportent rien, sont mises de côté.»

Pour l’instant, la famille chaux- de-fonnière a pu échapper au déménagement et Thomas a pu rester chez ses parents. Un «happy end» rendu possible grâce au soutien financier de différentes associations d’aide aux personnes en situation de handicap.

*Prénoms d’emprunt