Les pédophiles interdits de travailler avec les enfants

(nxp/ats)

Dès le 1er janvier 2019, les pédophiles condamnés ne pourront plus travailler avec des enfants. Ainsi en a décidé le Conseil fédéral.

 

Le Conseil fédéral a prononcé mercredi l’interdiction à vie d’exercer avec des enfants. Une décision qui concrétise l’initiative populaire de la Marche blanche, acceptée en 2014 par 63% des Suisses. Les pédophiles frappés d’une condamnation ne pourront plus travailler avec des enfants dès le 1er janvier 2019.

La loi stipule que quiconque est condamné pour atteinte à l’intégrité sexuelle d’un enfant de moins de 18 ans ou d’un adulte vulnérable est définitivement privé du droit d’exercer une activité professionnelle ou bénévole avec ces groupes. Le juge en décidera systématiquement, quelle que soit la peine infligée, même si l’auteur de l’infraction est irresponsable.

Pour les cas de rigueur

L’interdiction à vie d’exercer s’étend aussi aux activités impliquant des contacts directs avec les patients. Sont considérées comme particulièrement vulnérables les personnes qui ont besoin de l’assistance d’autrui en raison de leur âge ou d’une maladie ainsi que celles qui sont dans une relation de dépendance avec l’auteur et celles incapables de résistance ou de discernement.

L’initiative populaire ne sera toutefois pas mise en oeuvre à la lettre. Elle voulait créer un automatisme entre une condamnation et l’interdiction à vie. Mais les Chambres fédérales ont adopté une clause dérogatoire pour les cas de rigueur.

Le juge pourra renoncer à prononcer une interdiction à vie pour certaines infractions sexuelles de très peu de gravité s’il n’y a aucun risque de récidive. Cela concerne notamment les cas d’amours adolescentes.

Deux instruments

Les pédophiles, au sens clinique du terme, ne pourront en aucun cas bénéficier de la clause d’exception ni les personnes condamnées pour de graves infractions. Et une fois prononcée, l’interdiction sera définitive et irrévocable.

Deux instruments serviront à la mise en oeuvre de l’interdiction à vie d’exercer une activité. Les employeurs, les organisations et les autorités compétentes pourront vérifier au moyen d’un extrait ou d’un extrait spécial du casier judiciaire si un candidat ou un collaborateur est frappé d’une interdiction. L’assistance de probation permettra d’assurer le contrôle et l’accompagnement des auteurs de ce type d’infraction.

«La réalité est moins rose qu’elle ne paraît»

(nxp/ats)

Le mal-être émotionnel touche un Suisse sur cinq. Pour mieux encourager les citoyens à en parler, une campagne nationale a été lancée ce mercredi.


(Photo: afp)

 

Un Suisse sur cinq souffre actuellement de problèmes psychiques, selon une étude de la fondation Pro Mente Sana réalisée à l’occasion de la Journée mondiale de la santé mentale. Mais le sujet reste tabou. Une campagne entend y remédier.

«Il faut déstigmatiser les troubles psychiques», a exhorté mercredi à Zurich Heidi Hanselmann, ministre st-galloise de la santé et présidente du conseil de fondation de Promotion Santé Suisse. «Ces problèmes peuvent toucher tout le monde», a-t-elle souligné lors de la présentation des résultats de l’étude sur la santé psychique des Suisses financée par Pro Mente Sana.

A la question générale «Comment ça va?», 12% des sondés répondent «pas très bien» ou «mal», selon l’enquête. Et même un cinquième dit se trouver «actuellement» dans une situation de mal-être émotionnel prolongée. «Cela montre que lorsque l’on creuse, on se rend compte que la réalité est moins rose qu’elle ne paraît», explique Roger Staub, directeur de Pro Mente Sana.

Stéréotypes

Des différences ressortent selon le sexe, l’âge et le statut relationnel. Les hommes, les plus de 55 ans et les personnes en couple sont les catégories démographiques qui déclarent se sentir le mieux. «Pour des raisons culturelles, les hommes admettent peut-être moins avoir des problèmes psychiques que les femmes qui sont, elles, vues de manière stéréotypée comme plus émotives», avance Roger Staub.

Tant les hommes que les femmes atteignent leur plus haut degré de bien-être mental entre 66 et 75 ans. Ensuite, la courbe redescend, en particulier chez les femmes. C’est la période où beaucoup d’entre elles perdent leur partenaire, indique le sondage. A noter d’ailleurs que les retraités constituent la catégorie sociale qui se dit en meilleure santé mentale.

De fait, le stress et la surcharge de travail arrivent en tête des facteurs qui pèsent le plus négativement sur l’état psychique des sondés (42%), devant les conflits humains (37%), les maux physiques ou psychiques (33%) et l’inquiétude pour les autres (33%). Mais ne pas travailler ne veut pas dire aller bien: les bénéficiaires de l’assurance invalidité et les chômeurs arrivent en bas de classement.

Dur d’en parler

Bien qu’il soit particulièrement important pour les personnes affectées de pouvoir en parler, le sujet reste tabou: 60% des personnes interrogées jugent que la santé psychique n’est pas un thème dont on parle ouvertement en Suisse, contre seulement 3% qui pensent l’inverse. Or «être pris au sérieux» et «être écouté» sont les voeux principaux des individus concernés.

La peur d’être stigmatisé est forte: 70% des participants à l’étude disent craindre les réactions de leur entourage s’ils leur faisaient part de problèmes psychiques. «Les jeunes craignent tout particulièrement d’être considérés comme non performants, fragiles et faibles», note Michael Hermann, directeur de l’institut Sotomo, qui a réalisé le sondage pour le compte de Pro Mente Sana.

Campagne de sensibilisation

Pour mieux sensibiliser la population et encourager les Suisses à parler de santé psychique, une campagne nationale a été lancée mercredi. Elle doit durer quatre ans.

En Suisse romande, elle est coordonnée par la Conférence latine des affaires sanitaires et sociales, en partenariat avec la Coraasp qui regroupe plus d’une vingtaine d’organisations dans le domaine de la santé psychique.

La campagne romande mise sur l’humour, avec des visuels ludiques. Elle s’inscrit dans la continuité de la plateforme de conseils santépsy.ch, gérée par les mêmes acteurs. Elle s’adressera à des publics bien distincts au cours de différentes étapes. D’octobre 2018 à mars 2019, une première phase ciblera l’ensemble de la population.

L’étude a été réalisée en ligne entre le 14 et le 27 septembre 2018. Plus de 5500 personnes de Suisse romande et de Suisse alémanique y ont pris part.

Lancement de la campagne nationale de promotion de la santé mentale

(vs.ch)

A l’occasion de la journée mondiale de la santé mentale du 10 octobre 2018, la CLASS, en partenariat avec la Coraasp, lance une campagne nationale de promotion de la santé psychique sur 4 ans. Son objectif : que chacun-e ait conscience qu’on peut prendre soin de sa santé mentale comme de sa santé physique. Cette campagne vise aussi à mieux faire connaître les ressources disponibles pour permettre aux personnes d’aborder plus sereinement les situations critiques de la vie.

La santé mentale, ça se cultive et ça s’entretient, au même titre que la santé physique. La campagne nationale de promotion de la santé psychique lancée le 10 octobre 2018 le dit haut et fort : nous sommes toutes et tous concerné-e-s par la santé mentale car elle est partie intégrante de la santé en général. Sachant qu’une personne sur deux est atteinte dans sa santé mentale au moins une fois dans sa vie (de manière ponctuelle ou durable) et que près de 18% de la population suisse fait face à un ou plusieurs troubles psychiques1, il est primordial de prendre soin de sa santé mentale. Car les troubles psychiques sont des maladies comme les autres : ils sont ni plus ni moins évitables que les maladies somatiques.


La santé mentale ça se cultive

 

Télécharger le communiqué de presse: santépsy.ch du 10.10.2018

Alain Berset, les gentils espions et le fair-play des assureurs

(lematin.ch)

Les défenseurs de la loi pour la surveillance des assurés font tout pour minimiser sa portée. Mais comment peut-on parler de «fair-play», quand il s’agit d’espionner les gens?


Au nom du Conseil fédéral, Alain Berset défend une loi qui permettrait de surveiller les assurés dans peu de cas et les détectives devraient s’en tenir à des moyens limités.
Image: DR/Keystone

 

L’affiche de campagne en faveur de la surveillance des assurés montre un carton rouge avec ce slogan «Restons fair-play!» Cette référence, lorsque l’on veut espionner les gens, est pour le moins audacieuse. Par nature, le fait de surveiller des personnes à leur insu – et précisons ici parmi les plus faibles de la société – n’est pas spécialement fair-play.

Dans cette affaire, les assureurs n’ont jamais été vraiment fair-play. D’une part, ils ont procédé durant des années à des observations sans base légale. Vu le nombre de juristes que comptent ces sociétés, ils peuvent difficilement plaider l’ignorance. Ensuite, dès le moment où la Cour européenne des droits de l’homme a relevé le fait, ils ont mobilisé la Berne fédérale en un temps record pour créer une base légale pas piquée des vers.

Pas d’échelle!

Leur projet initial prévoyait un pouvoir digne de la Stasi dans les mains de petits directeurs d’agence. Heureusement, le Parlement a pu limiter les prérogatives incroyables qu’ils réclamaient. Alain Berset peut dire aujourd’hui que la loi a des garde-fous, que les détectives seront formés, cadrés et drillés comme des boy scouts. Mais peut-on le croire? C’est leur métier, les détectives travaillent dans une zone grise où tous les moyens sont bons pour obtenir des preuves. Quitte ensuite à dissimuler les moyens utilisés. Qui peut garantir que les gentils détectives du 21 siècle se priveront des technologies fantastiques à leur disposition? Le plus drôle, qui a été précisé hier par Alain Berset, c’est qu’ils ne pourront pas utiliser d’échelle pour accéder à une fenêtre…

Inégalités sociales

Disons-le, cette loi n’est pas l’affaire du siècle, mais la façon dont la Suisse se dote de moyens pour espionner les plus pauvres est tristement symptomatique des inégalités sociales de ce pays. Ces dernières années, les conditions d’octroi de rente ont été passablement durcies et elles ont envoyé pas mal de gens à l’aide sociale. Avant d’obtenir des prestations, il en faut des expertises et des démarches administratives (quand les experts ne sont pas à la botte des assurances comme ce fut le cas dans l’affaire Corela à Genève). Il en faut pour obtenir finalement entre mille et deux mille francs par mois. Et, dans ce parcours du combattant, l’assuré ne peut pas dire qu’il trouve en face de lui des gens fair-play, mais des fonctionnaires suspicieux et tatillons.

Les handicapés en otage

Lors du lancement de cette campagne «Restons fair-play!», la conseillère nationale Isabelle Moret (PLR/VD) a déclaré: «Mentir à son assurance, c’est se moquer des personnes handicapées». Il fallait oser. Faut-il en déduire que voter non à cette loi serait donc aussi se moquer d’elles ? Ce serait insupportable… La réponse est dans la position des associations faîtières de défense des handicapés. Elles sont farouchement opposés à cette surveillance qu’elles jugent discriminatoire.

Détectives: le comité veut faire reporter la votation

(nxp)

Par Pascal Schmuck, Zurich – Le comité référendaire contre l’emploi de détectives pour surveiller des assurés attaque la brochure d’information devant le Tribunal fédéral.


L’utilisation de drones pour la surveillance des assurés sera encadré par la futur loi. Normalement… (Photo: Keystone)

 

Le peuple suisse est appelé à se prononcer le 25 novembre sur la modification de la loi qui permettra la surveillance des assurés par des détectives privés notamment. Mais ses opposants s’attaquent au livret rouge d’information qui accompagne chaque votation et veulent le faire bloquer par le Tribunal fédéral, explique le Tages-Anzeiger.

Le comité référendaire reproche à la publication d’induire les citoyens suisses en erreur. Il a demandé à la Chancellerie fédérale de corriger certains passages, ce qui était impossible. La brochure est déjà imprimée et en cours de distribution aux cantons en vue de son envoi à la fin octobre.

Des doutes face à la technique et au cadre

Dimitri Rougy du comité référendaire explique qu’il faut tirer le «frein d’urgence» et veut empêcher la distribution du livret. Une plainte a été déposée auprès du gouvernement zurichois et en cas d’échec, le comité veut porter l’affaire devant le Tribunal fédéral.

La modification de la loi interdira aux détectives de surveiller le salon et la chambre à coucher. L’enregistrement par des drones, des microphones directionnels ou des mouchards ne sera pas autorisé non plus.

Des arguments qui ne convainquent pas le comité référendaire qui rappelle qu’Alain Berset a déclaré devant le parlement que la loi ne fixait pratiquement aucune limite à l’utilisation des moyens techniques. En outre, les experts doutent que le salon et la chambre à coucher seront à l’abri des activités de surveillance.

L’administration défend son travail

La Chancellerie fédérale défend la brochure, estimant avoir fait preuve d’objectivité, de transparence et de proportionnalité. L’Office fédéral des assurances sociales (OFAS) rejette également les critiques.

L’OFAS rappelle que le Tribunal fédéral considère les intérieurs fermés dans une maison ou un appartement comme un espace privé qui ne doit pas être observé. Quant aux moyens techniques, ils ne sont autorisés que pour déterminer la position. Les enregistrements vidéo et sonores ne peuvent pas être réalisés avec des drones.

Une première en Suisse

Si les juges de Mon Repos devaient donner raison au comité référendaire, «le vote du 25 novembre devra au mieux être reporté», affirme Markus Schefer, professeur de droit constitutionnel et administratif à l’Université de Bâle.

La Confédération n’a encore jamais eu à annuler ou à repousser un vote mais la possibilité de faire réexaminer le processus de libre décision par le Tribunal fédéral n’existe que depuis 2007. Il faut toutefois un «point flagrant» pour faire annuler une votation, souligne le professeur.

Et d’ajouter que la cour suprême pourrait toutefois «avoir moins de réticences à faire repousser une votation, surtout si le matériel de vote n’a pas encore été distribué aux ménages».