Une nouvelle vie grâce au numérique

(Migros magazine)

L’âge ou le handicap poussent trop facilement à la solitude et à l’isolement. Loin de fracturer la société, Internet et ses instruments peuvent alors s’avérer d’un grand secours.

Texte Laurent Nicolet, Patricia Brambilla.

Facture numérique par-ci, fracture numérique par-là. Le monstre semble avancer à marche forcée. S’il est encore possible de vivre au quotidien sans être connecté à internet, cela coûte plus cher. Avec par exemple un supplément discrètement ponctionné sur les paiements papier. La faille qui séparerait deux univers, les seniors rétifs au web, et donc coupés du monde, et le reste de la population joyeusement surconnectée, n’est pourtant déjà plus si béante.

Les chiffres de l’Office fédéral de la statistique (OFS) sont éloquents: en 2017, les personnes âgées de 55 à 64 ans étaient 91% à utiliser internet, contre 80% en 2014. Pour les personnes comprises entre 65 et 74 ans, on est passé de 62% à 77%. Quant aux 75 ans et plus, ils sont 45% à utiliser internet, contre 25% en 2014.

Une progression fulgurante qui peut s’expliquer d’abord par un effet mécanique: la fracture numérique a tendance à diminuer inexorablement, jusqu’à disparaître complètement le jour où même les vieux seront plus jeunes qu’internet. Et aussi, comme le montrent nos témoignages, parce des personnes qu’on aurait pu supposer réticentes aux technologies, que l’âge ou le handicap condamnent à l’isolement, trouvent justement avec le numérique un allié précieux dans la reconquête du monde.

«Je suis fière de pouvoir envoyer des mails à mes petits-enfants»


Gisela Fivaz, 75 ans.

 

Un labrador convivial, Bo, qui arpente le salon avec son os en plastique en quête d’un compagnon de jeu et radio Nostalgie à tue-tête. Bienvenue dans l’antre coquet de Gisela Fivaz. À 75 ans, cette pimpante grand-maman de cinq petits-enfants, entre 6 et 20 ans, n’a rien d’une analphabète numérique. Au contraire, on pourrait même dire qu’elle est ultra-connectée. Malvoyante depuis quinze ans à cause d’une dégénérescence de la rétine, – «Je vois tous les contours courbes, l’image n’est jamais nette, du coup je ne peux plus ni lire ni écrire à la main» – cette réceptionniste retraitée d’une grande compagnie compense son handicap grâce aux nouvelles technologies et une maîtrise étonnante du monde numérique: «J’ai pris des cours d’informatique à domicile et ça m’a changé la vie, une vraie renaissance!»

Dans sa chambre trône donc une imprimante, des haut-parleurs et un ordinateur avec Zoomtext, un programme auxiliaire spécial pour malvoyants.

« En tout cas, grâce à toutes ces connexions, je me sens moins isolée
Gisela Fivaz »

Alors qu’elle ne tapait que des e-mails, aujourd’hui elle confectionne des albums photos (17 000 images en stock!) pour ses petits-enfants, fait ses paiements, son shopping de vêtements et d’alimentation en ligne. «À cause de plusieurs opérations orthopédiques, impossible pour moi de porter des sacs lourds de commissions.»

Gisela Fivaz a même troqué son portable à grosses touches contre un flamboyant smartphone, qui ne la quitte plus. «Je fais tout avec, je consulte les horaires de train, de bus, je commande mes billets d’avion et je peux communiquer gratuitement, grâce à différentes applications, avec des amis en Chine, au Chili et aux Philippines!»

Une réticence: l’utilisation de Facebook. «C’est pratique pour se souvenir des anniversaires. Mais je déteste étaler ma vie privée, alors je mets des photos de Bo! En tout cas, grâce à toutes ces connexions, je me sens moins isolée. Je suis fière de pouvoir envoyer des mails à mes petits-enfants. Et eux sont fiers de moi, ils trouvent que je me débrouille bien.»

«Internet, c’est une prothèse pour un amputé»


Pierre Rochat, 74 ans.

 

«J’ai découvert qu’on pouvait envoyer et recevoir des mails jusqu’au Japon. C’est fabuleux, d’autant qu’on a une nièce là-bas!», s’exclame Pierre Rochat. Tétraplégique depuis l’âge de 12 ans, – «une vieille polio» – cet assistant social retraité a amorcé avec enthousiasme le virage numérique. «Pendant toute ma vie professionnelle, je n’ai utilisé qu’un seul programme sur l’ordinateur, toujours le même. À la retraite, je me suis rendu compte que ne pas être connecté était un handicap encore plus grand que mon handicap physique.»

Pour combler le fossé, il a suivi quelques heures de cours privés l’année dernière. «Avant, j’avais peur de faire des bêtises, d’appuyer sur un bouton et que tout disparaisse. Maintenant, je suis en confiance, je connais mieux l’appareil», dit-il sous le regard complice de son épouse, Maria Gina, 76 ans.

Ces connexions nous permettent d’être en contact avec le monde entier et le boulanger du coin! Pierre Rochat

Son ordinateur, il l’utilise désormais tous les jours, pour regarder les mails, mais aussi pour suivre l’actualité – «On sait tout de suite s’il se passe quelque chose». Pierre Rochat surfe aussi pour chercher des hôtels, organiser ses voyages. «Internet, c’est une prothèse pour un amputé, ça permet de résoudre tellement de choses!» Il garde toujours à portée de main son téléphone à grosses touches, mais songe sérieusement à acquérir un smartphone. «Il paraît que ça ne coûte pas plus cher…»

Les écrans connectés sont autant de fils qui le relient à la vie, gages d’une certaine indépendance. «Ces connexions nous permettent d’être en contact avec le monde entier et le boulanger du coin! Elles me permettent aussi d’envisager un maintien à domicile, même si je me retrouve seul un jour», dit encore celui qui a été fondateur et président de Transport-handicap dans les années 1980. Il enchaîne: «Il y a encore beaucoup de choses que je dois apprendre. Mais j’ai moins peur, je crois que j’ai fait le plus dur. J’aimerais maintenant pouvoir maîtriser les paiements en ligne et, pourquoi pas, avoir une page Facebook. Ça me donnerait une plus grande liberté encore…»

«On a parfois de mauvaises surprises»


Melody Suter, 77 ans. « 

 

«Je dois admettre que c’est très difficile, l’Iphone». Organiste d’église et musicienne, comme son beau prénom l’indique, Melody Suter a dû ramer ferme pour effectuer sa conversion au numérique. Une question d’âge mais aussi de handicap: Melody est aveugle. «Les gens de ma génération ne s’intéressent pas à ça, et il existe déjà des téléphones adaptés pour les handicapés, mais des amis m’ont poussée à m’y mettre et, franchement, je ne regrette rien.»

L’Iphone, il faut dire, rythme désormais la vie quotidienne de cette Anglaise d’origine. Elle s’en sert par exemple pour écouter en streaming «les radios britanniques, surtout les programmes classiques et le théâtre». Une application appelée «Time for Coffee!» lui permet aussi de savoir instantanément dans combien de minutes passe le prochain bus à l’arrêt le plus proche de chez elle. Quant à Facetime, elle l’utilise dans des circonstances bien précises: «Si je perds ou laisse tomber quelque chose par mégarde, j’appelle une amie sur Facetime, je mets la caméra du téléphone au sol, et cette amie va me guider pour retrouver l’objet perdu.» Elle dialogue aussi beaucoup avec Siri, lui demandera par exemple le temps qu’il fait ou les prévisions pour le lendemain, ou encore de lui rappeler les rendez-vous inscrits dans le calendrier.

Un jour je voulais écouter Classique FM en streaming et je n’ai pu avoir que Couleur 3
Melody Suter

Melody possède également un ordinateur, un «laptop» dont elle se sert surtout pour envoyer des mails: «Les mails et les SMS avec le téléphone, dont je me sers pour le travail et les amis, c’est formidable, c’est une des inventions modernes qui nous facilite vraiment la vie, qui facilite les contacts. C’est plus pratique que de téléphoner, on a toujours peur de déranger quand on téléphone.»

N’empêche, Melody et son Iphone c’est un peu «je t’aime moi non plus»: «Il y a quand même pas mal de mauvaises surprises. Si l’on touche l’écran par mégarde, ça peut partir sur autre chose, on ne sait plus où l’on est, des fois on ne peut pas sortir de ces choses malvenues, et quand on est bloquée, qu’est-ce qu’on fait?» Le pire qui lui soit arrivé dans le genre: «Un jour je voulais écouter Classique FM en streaming et je n’ai pu avoir que Couleur 3».

«Ces cours m’ont donné un peu d’espoir»


Loris Pinton, 48 ans.

 

C’est Alberto Sordi qui nous accueille. Sur fond d’écran. Du célèbre roi de la comédie à l’italienne, Loris Pinton dit simplement que «c’est un grand bonhomme». La vie de Loris pourtant n’a rien eu de vraiment drôle. Paraplégique depuis un accident de voiture il y a dix ans, il verra sa femme et ses deux enfants s’éloigner, jusqu’à perdre le contact. «Quand il n’y a pas d’amour, c’est la m…»

Il entend parler, par les services sociaux, de cours d’informatique «pour les gens comme nous». Un domaine auquel il ne connaissait rien du tout: «Je n’ai pas fait suffisamment d’études.» Né à Lausanne d’une mère suisse et d’un père italien, Loris grandit à Varèse, en Italie, quitte l’école à 17 ans «pour faire le ferrailleur sur les chantiers, à mettre le fer dans le béton, à me casser le dos. On peut dire que j’ai construit la moitié du Tessin.»

C’est le seul moyen que j’ai de regarder le monde, de parler avec le monde sans sortir
Loris Pinton

Après une année de réhabilitation au centre suisse des paraplégiques à Lucerne, suivie de galères dans des foyers, il trouve un appartement adapté à Lausanne en 2014. Il explique que les cours d’informatique suivis alors ne lui ont peut-être pas redonné une nouvelle vie mais du moins un peu d’espoir: «La première chose que je fais en me levant, c’est allumer mon ordinateur. Ça me donne la possibilité d’aller de l’avant. C’est le seul moyen que j’ai de regarder le monde, de parler avec le monde sans sortir. Je sais envoyer des mails à des amis, j’utilise Youtube pour la musique et beaucoup Facebook. J’ai même trouvé une nouvelle amie comme ça, en Italie. Elle vient me voir et je vais bientôt retourner au Tessin pour me rapprocher.» Une chance que Loris Pinton attribue pourtant plus au destin qu’à l’informatique.

«Je passe mon temps à désactiver des peurs»


Pierre-Yves Gadina, graphiste-designer en communication, créateur de tutos pour les seniors au sein de l’association Easyswap à Lausanne.

 

Comment est née l’association Easyswap?

Au départ, c’était une plateforme d’échanges de service avec monnaie virtuelle. Et puis, en 2008, Jonathan Rochat, rattaché au Service social de Lausanne, mais décédé l’année dernière, a activé le Fonds Grumbach pour donner des cours web gratuits aux seniors à mobilité réduite. Ce sont ceux qui en ont le plus besoin et qui ne peuvent souvent pas se déplacer dans une salle de cours. En 2014, j’ai été engagé pour donner ces cours à domicile. La demande a tout de suite été très forte.

Comment se passe l’initiation?

je passe le plus clair de mon temps à désactiver les peurs, à mettre en confiance ces gens qui se sont recroquevillés sur eux-mêmes. J’ai des élèves qui ont entre 50 et 94 ans, avec des profils très différents. Certains ne comprennent même pas le clavier virtuel alors que d’autres sont de vrais gourmands de technologie.

Qu’est-ce qui les intéresse le plus?

Comment utiliser Skype, faire du e-shopping, du e-banking… Je les aide à débroussailler les méandres des guichets virtuels pour les questions administratives. La billetterie pour les spectacles les intéresse beaucoup aussi. Il faut juste les convaincre d’utiliser la carte de crédit en ligne…

Les seniors sont de plus en plus connectés. Y a-t-il encore une fracture numérique?

Oui, ils sont équipés, mais quand on voit comment ils utilisent les appareils… c’est un véritable analphabétisme! L’éducation, qu’ils ont reçue avant l’ère numérique, est procédurale. Alors qu’avec un ordinateur, elle devient contextuelle. Il faut les faire changer de paradigme. Leur apprendre à ouvrir les yeux, à observer et à oser. Pour faciliter l’apprentissage, je fais des liens avec la vie réelle. Pour expliquer l’importance des mots de passe, je leur dis que ce sont comme des clés qui ouvrent des portes.

Pourquoi avoir fait des tutos?

Beaucoup de questions sont récurrentes, j’en ai donc fait une base de données. Où j’explique comment trouver un bon mot de passe et s’en souvenir, comment faire une recherche ou paramétrer Facebook, etc. Mais ils ne vont pas beaucoup les voir, ils n’ont pas encore le réflexe.

Quel est le but, au fond, d’Easyswap?

Le but de cette association, aujourd’hui en recherche de fonds, est de rendre les gens le plus autonomes possible et de recréer du lien social. Parmi mes élèves, certains sont en chaise roulante. Quand je leur montre Google Street, ils vont voir la mer Morte, la muraille de Chine… Ils se mettent à voyager!

Lien pour participer au financement de l’association Easyswap

Une ville à visiter sans embûches

(Le Quotidien Jurassien)

En collaboration avec Pro Infirmis, Porrentruy a développé des parcours touristiques adaptés aux fauteuils roulants. L’accessibilité d’une vingtaine de points d’intérêts a été décortiquée dans les moindres détails et renseignée sur une application pour smartphone.


Fabien Bertschy, devant l’église Saint-Pierre où les personnes à mobilité réduite peuvent désormais savoir depuis leur smartphone si elles peuvent y accéder sans embûches.
PHOTO AD

 

Nombre de personnes dont la mobilité est réduite se privent d’aller dans certains endroits, de peur de rester coincées sur le pas de la porte, faute d’accessibilité. Cela vaut pour la vie quotidienne, mais aussi en villégiature. La Municipalité met depuis plusieurs années tout en œuvre pour gommer les contraintes et difficultés d’accès de sa population aux bâtiments bruntrutains. Elle inclut désormais dans sa réflexion les touristes, en développant, avec Pro Infir-mis Jura Neuchâtel, des parcours touristiques adaptés aux personnes à mobilité réduite. Ces derniers sont recensés sur l’application Snukr, qui relate déjà les points d’intérêts majeurs de Porrentruy. Le développement de tels parcours est un projet-pilote, propre à Porrentruy pour l’heure.

Trois parcours approuvés

Largeur des portes d’entrée, degré des pentes à emprunter pour arriver au site ou détour à faire pour les éviter, hauteur des seuils, présence à proximité de places de parking… Une vingtaine de bâtiments a été passée au crible par Pro Infirmis et leurs détails d’accessibilité notifiés pour chaque handicap. Les personnes malvoyantes et/ou malentendantes y trouvent en effet aussi des informations nécessaires, comme par exemple la présence de boucles magnétiques dans la salle de spectacle de l’Inter, qui permet d’amplifier les sons. Au total, trois parcours touristques garantis sans embûches mais pas sans montée, sont désormais proposés sur Snukr. «Quand il faut aller quelque part, il est toujours très compliqué d’avoir en amont des informations sur l’accessibilité, relevait hier Fabien Bertschy, responsable des données numériques sur l’accessibilité pour Pro Infimis Ju-Ne, lui-même en fauteuil roulant. On se sent exclu. Le fait que Porrentruy renseigne désormais ce genre de choses peut encourager les handicapés à sortir de chez eux», estime-t-il.

Une des villes les moins accessibles

Tâcher de rendre Porrentruy accessible sans obstacle n’était pas chose simple. «Au niveau de sa configuration, notamment historique, Porrentruy est une des villes les moins accessibles., indiquait hier le président de Pro Infirmis Ju-Ne Richard Kolzer. Elle a des pentes, des pavés et des contraintes architecturales.» Justement, garder le cachet historique d’un bâtiment en y intégrant des éléments d’accessibilité forcément plus moderne, est «un doux équilibre à avoir» indiquait le maire de Porrentruy Gabriel Voirol. Un juste milieu qui a permis ces dernières années d’améliorer l’accès à l’Hôtel-Dieu ou encore à l’Hôtel de Ville.

Une demande latente

«Il y a une demande de la part des personnes à mobilité réduite qui veulent pouvoir visiter Porrentruy, mais elle est latente», estimait Richard Kolzer. Jura Tourisme a déjà eu des remarques, notait Gabriel Voirol. «Depuis que l’on a lancé Snukr, des personnes souffrant de divers troubles nous ont approchés pour savoir à quelle fréquence il y a des bancs pour s’asseoir sur tel ou tel parcours, s’il y a des pentes, si le chemin est adapté aux personnes cardiaques…», détaillait de son côté Chloé. Saa, directrice de Kinitic SA qui a développé l’application Snukr.

ANNE DESCHAMPS

Le Conseil national est resté inflexible sur deux points dans la réforme des PC

(proinfirmis.ch)

Le Conseil national est resté inflexible sur deux points lors de la procédure d’élimination des divergences dans la réforme des PC: les enfants des bénéficiaires des PC et les personnes économes demeurent pénalisés. Heureusement, la Chambre haute a reconnu que les hauts loyers représentent un risque de pauvreté pour de nombreux bénéficiaires des PC, et donc de nombreuses personnes handicapées.

Le Conseil national reste inflexible sur deux points dans le cadre de la procédure d’élimination des divergences. Les familles et les personnes économes en font les frais. Même si la version du Conseil des États est équilibrée, elle prévoit quand même des économies d’environ 300 millions de francs.

Enfants dans le piège de la pauvreté: Les contributions devraient être sensiblement réduites. Le Conseil national nourrit ainsi le problème de la pauvreté des enfants.

Avoirs de prévoyance sabrées: Pour les personnes qui se font verser ces derniers, les PC seront réduites sans exception de 10 pour cent, même si les concernés vivent de façon très économe. En clair: si par exemple quelqu’un crée un entreprise 35 ans et se fait pour cela verser ses avoirs de prévoyance, il touchera jusqu’à la fin de sa vie des PC réduites de 10 pour cent dans le cas où il serait invalide ou y aurait droit en raison de son âge. Il s’agit là d’une solution inutile, car les deux Conseils ont déjà pris des dispositions pour prévenir un mode de vie dépensier (capital utilisé équivalent à une renonciation au patrimoine).

Les contributions aux loyers seront adaptées aux conditions réelles

Le Conseil national a fini par adhérer aux propositions du Conseil des États concernant le «loyer maximum imputable». En effet, l’augmentation régulière des loyers représente un risque existentiel pour de nombreux bénéficiaires des PC. Les personnes handicapées sont particulièrement touchées: près de la moitié des rentiers de l’AI dépendent des PC.

Comme le «loyer maximum imputable» n’a pas été réadapté depuis 2001 et que les loyers ont augmenté pendant ce temps de plus de 20 pour cent, le logement est devenu un grand risque de pauvreté. Il est réjouissant que le Conseil national ait fini par reconnaitre ce problème lors du deuxième tour des discussions et s’est décidé, comme le Conseil des États, pour une adaptation.

En outre, Inclusion Handicap – où nous sommes représentés dans son comité – salue le fait que le Conseil national, comme le Conseil des États, de prendre en compte le revenu du conjoint à 80 pour cent. Grâce à cette décision, l’incitation à travailler pour le conjoint demeure.

La subsistance des familles doit aussi être assurée

Le dossier retourne à présent au Conseil des États. Inclusion Handicap – notre organisation faîtière pour représenter nos intérêts politiques – continue de s’engager pour que la Chambre basse préserve une réforme équilibrée et que le Conseil national adhère aux points sensibles. Les PC doivent en particulier aussi assurer la subsistance des familles. L’adaptation du loyer maximal est certes un bon début, mais d’autres améliorations sont nécessaires.

Une meilleure reconnaissance de l’assistance par les proches

(Croix-Rouge Suisse)

La nouvelle «Communauté nationale d’intérêts en faveur des proches aidants» créée en début d’année a souligné l’importance de la conciliation de l’activité professionnelle et de la prise en charge des proches.


1,9 millions de personnes en Suisse soutiennent, aident et accompagnent un enfant ou un adulte chaque jour.

 

Confrontés quotidiennement aux difficultés posées par les soins aux proches et par la prise en charge de ces derniers, les membres de la «Communauté nationale d’intérêts en faveur des proches aidants» (CI Proches aidants) soulignent, dans le cadre de la consultation qui s’achèvera le 16 novembre, la nécessité d’un positionnement fort. S’ils approuvent globalement les mesures proposées par le Conseil fédéral, ils les jugent néanmoins insuffisantes.

1,9 millions de personnes en Suisse

Quand survient une maladie grave ou le handicap, les proches de la personne concernée sont sur le front. Ce sont les proches aidants, sans lesquels notre société ne pourrait survivre. Les proches des personnes de maladie grave, chronique ou de handicap, sont appelés à soutenir, à accompagner et parfois à soigner. Ils et elles le font volontiers, mais souvent au risque de leur propre équilibre et de leur santé.

Globalement, 1,9 millions de personnes en Suisse soutiennent, aident et accompagnent un enfant ou un adulte chaque jour, soit 35% de la population résidente permanente de 15 à 64 ans. Cette proportion risque bien d’augmenter à l’avenir en raison du vieillissement de la population. Pour les cinq membres fondateurs de la CI Proches aidants, le travail ne fait que commencer et d’autres mesures doivent être prises au niveau fédéral.

– La CI salue l’engagement du Conseil fédéral de vouloir soutenir la conciliation entre l’activité professionnelle et le travail de care (prise en charge et soins) des proches aidants et approuve les mesures qu’il propose ;
– La CI souhaite que les situations de handicap ne soient pas exclues des deux types de congé et souhaite que d’autres situations de la vie courante soient mieux prises en considération dans le dispositif ;
– La CI va signaler les lacunes de ce premier dispositif, en particulier l’absence de congé de repos pour tous les proches aidants et d’allocations d’assistance, objets de deux initiatives parlementaires auxquelles le Parlement a décidé de donner suite.

Informations complémentaires
– Dossier Communauté nationale d’intérêts en faveur des proches aidants (pdf)
– Ouverture d’une consultation: Département fédéral de l’intérieur

Droit à l’AI révisé suite à des expertises irrégulières

(nxp/ats)

La demande de révision d’une assurée fribourgoise pour l’assurance-invalidité a obtenu gain de cause devant le Tribunal fédéral.


Le cas de la clinique MedLex (anciennement Corela) à Genève a été évoqué au Tribunal fédéral. (Photo: Keystone)

 

Le Tribunal fédéral (TF) a admis la demande de révision d’une assurée à qui l’assurance-invalidité avait été refusée en 2014. L’office AI du canton de Fribourg s’était fondé sur une expertise menée dans une clinique suspendue après des irrégularités.

La recourante avait déposé une demande de prestations en 2013. L’office AI fribourgeois avait refusé sa demande en se basant sur un rapport rendu par le département Expertises de la clinique MedLex (anciennement Corela) à Genève. Cette décision avait été confirmée par le Tribunal fédéral en 2016.

Dans un arrêt publié mardi, le TF admet la demande de révision et renvoie le dossier à l’office AI. Les juges de Mon Repos constatent en effet que le Département genevois de l’emploi, des affaires sociales et de la santé a retiré à MedLex l’autorisation d’exploiter ses départements Psychiatrie et Expertises durant trois mois en raison d’irrégularités.

Rapports modifiés

La décision genevoise, qui est aussi remontée jusqu’au Tribunal fédéral en 2017, était motivée par le fait que le responsable médical des deux départements avait modifié et signé des rapports d’expertise sans avoir vu les personnes concernées et sans l’accord de leurs auteurs. Or, souligne la haute cour, «dans le domaine des assurances sociales, une évaluation médicale effectuée dans les règles de l’art revêt une importance capitale pour l’établissement des faits.»

Les irrégularités constatées dans l’arrêt de 2017 soulèvent «de sérieux doutes» sur la manière dont les expertises ont été effectuées, ajoute le tribunal. Elles portent atteinte à la confiance que les assurés et les organes de l’AI sont en droit d’attendre de l’institution chargée de l’expertise.

Comme la recourante a été évaluée à l’époque où le responsable médical modifiait illicitement le contenu des rapports, l’expertise ne peut pas servir de base à l’examen du droit aux prestations. L’office AI du canton de Fribourg doit donc rouvrir le dossier, requérir une nouvelle expertise et rendre une nouvelle décision. (arrêt 9F_5/2018 du 16 août 2018, destiné à publication)