600 hôtels recensés pour les personnes handicapées

(sda-ats/swissinfo.ch)


Quelque 600 hôtels en Suisse donnent des informations uniformisées sur leur accessibilité pour les personnes handicapées (archives). KEYSTONE/GAETAN BALLY

 

Les personnes handicapées ou à mobilité réduite disposent désormais d’informations uniformisées sur l’accessibilité à 600 hôtels en Suisse. C’est le résultat d’un projet mené depuis deux ans par les organisations de tourisme et d’aide aux personnes handicapées.

Sur les 600 hôtels listés, tous ne répondent pas aux critères d’accessibilité définis. Cinq cents ont été soumis à des tests et il s’est avéré par exemple que seuls 23% proposaient des chambres totalement accessibles aux fauteuils roulants et 43% partiellement accessibles. Cent autres établissements se sont annoncés d’eux-mêmes par la suite.

L’idée est d’offrir une plateforme avec des informations transparentes et harmonisées permettant à chacun de choisir un établissement répondant à ses besoins, explique Susanne Gäumann, directrice de la Fondation Claire & George à l’origine du projet avec hotelleriesuisse, revenant sur une information de la presse dominicale. Le but de ce projet est aussi de sensibiliser la branche aux problèmes d’accessibilité pour les personnes handicapées.

Des standards ont ainsi été définis avec la collaboration de Pro Infirmis, l’association suisse des tétraplégiques et Mobility International Suisse. Ils portent sur l’infrastructure comme l’accessibilité aux chambres ou à la salle de bain, englobent des offres pour les personnes malvoyantes ou sourdes et contiennent des prestations comme des soins à l’hôtel, indiquent les porteurs du projets dans un communiqué publié lundi.

Au total, 600 hôtels affichent aujourd’hui leurs données d’accessibilité sur les plateformes hôtelières et touristiques. Suisse Tourisme publiera également ces informations sur les pages hôtelières de MySwitzerland.com. Rollihotel, la plateforme hôtelière actuelle qui recense les établissements accessibles en fauteuil roulant, sera elle supprimée. Le projet est soutenu par le SECO.

Les hôtels ne sont vraiment pas faits pour les handicapés

(Le Matin Dimanche)

Une enquête inédite auprès de 500 hôtels suisses montre que beaucoup d’entre eux ne sont pas accessibles facilement et présentent des obstacles. Les résultats viennent d’être publiés.

Les handicapés moteurs ne peuvent pas se rendre seuls dans cet hôtel grison. «Les chaises roulantes doivent être portées dans les escaliers», écrit ainsi un client sur TripAdvisor. Un autre s’énerve contre ses vacances en Valais: «Le plus grand obstacle était l’ascenseur. Beaucoup trop petit. Nous devions démonter la chaise roulante». À Zurich, c’est l’accès à la baignoire qui a posé problème à un touriste. «Par ailleurs, un siège de douche et une poignée faisaient défaut.» Loin d’offrir de la détente, les vacances des personnes ayant un handicap réservent souvent de mauvaises surprises. «Certains d’entre eux préfèrent rester à la maison ou ne choisissent que des lieux qu’ils connaissent, affirme Marc Butticaz de Pro Infirmis. D’autres s’informent au préalable pour savoir si l’hôtel est adapté. Or, ils obtiennent souvent des informations imprécises et, une fois sur place, se voient déçus dans leurs attentes.»

Un projet d’ampleur national va s’atteler à changer cette situation. «L’an dernier, une petite armada d’examinateurs a sillonné le pays, a mesuré les chambres, testé la taille des ascenseurs et des portes», explique Susanne Gàumann, directeur de la fondation Claire & George. La fédération faîtière HotellerieSuisse, l’Association suisse des paraplégiques et Mobility International Suisse ont également pris part à ce projet. «Ce sont en tout 500 établissements qui ont été testés quant à leur accessibilité. Et nous en sondons d’autres très régulièrement.»

Or, une analyse exclusive démontre la chose suivante: seuls 23% des hôtels offrent des chambres exemptes de tout obstacle; 30% disposent d’une salle de bains adaptée ou de places de parking pour handicapés; 67% des établissements offrent des salles à manger accessibles. Mais 7% seulement d’entre eux proposent par exemple des lits électriques, tandis que 3% ont une piscine adaptée à leurs besoins. «Nous avons constaté une vraie nécessité de rattrapage, déclare Thomas Allemann, membre de la direction d’HotellerieSuisse. Une part importante des hôtels a plus de cent ans. Or, les adapter coûte très cher».

Nous avons constaté une vraie nécessité de rattrapage quant à l’accessibilité des hôtels» Thomas Allemann, Hotellerie Suisse

Les examinateurs n’ont pas réalisé que des mesures. «Ils ont également sensibilisé les hôteliers à cette question.» Selon l’Office fédéral de la statistique, la Suisse compte 1,8 million de personnes avec un handicap, une tendance croissante. Cette nouvelle collecte de données doit créer de la transparence. Ainsi, tous les résultats sont désormais publiés sur les sites Paramap.ch et Claireundgeorge. Dès 2019, on les trouvera également sur celui de Suisse Tourisme. Selon la directrice de Claire & George, il ne s’agit pas là de labelliser les hôtels. «La question de l’accessibilité n’est jamais noire ou blanche. Une personne en chaise roulante a d’autres besoins qu’une personne aveugle.» Mais, dorénavant, ces dernières sauront clairement la taille des chambres, la hauteur du lit ou si une signalétique tactile existe, afin d’échapper aux mauvaises surprises.

ROLAND GAMP

«Nous serons tous un jour concernés par le handicap»

(24heures.ch)

À l’occasion d ’une journée de recrutement à l’EHL, la directrice de la Fondation Claire & George abordait les problématiques du handicap en milieu hôtelier. Avec le vieillissement, elles prendront de l’ampleur.

La journée de recrutement qui se déroulait samedi à l’École hôtelière de Lausanne (EHL) était l’occasion pour les étudiants de rencontrer des employeurs, mais aussi de se familiariser avec certains aspects de leur futur métier. Lors de cette édition sur le thème de la différence, ils ont notamment pu découvrir les contraintes rencontrées par une clientèle souffrant de handicap.

Susanne Gâumann, directrice de Claire & George, fondation active dans l’organisation de vacances pour les personnes handicapées, présentait une conférence.

Comment est née cette fondation?

11 y a sept ans, ma mère, qui est âgée et a des problèmes de mobilité, a voulu partir en vacances. J’ai contacté plusieurs hôtels, mais je me suis rendu compte à quel point c’était difficile de trouver un endroit adapté à son état. J’ai donc créé la Fondation Claire & George en 2013. Nous agissons comme une agence de voyages. Nous mettons sur pied des vacances personnalisées, incluant un hôtel et des services pour les handicapés: soins, assistance, transports… Nous avons une cinquantaine d’établissements partenaires, majoritairement dans les cantons alémaniques, mais nous souhaitons étendre notre offre en Suisse romande. Nous proposons des offres pour tous les budgets.

Les directeurs d’hôtel sont-ils suffisamment sensibilisés à la question du handicap?

Nos partenaires le sont. Les clients qu’on leur amène ne viennent pas que pour une nuit, mais pour dix jours. Personne ne dit non à un client qui reste si longtemps! Avec le vieillissement de la population, nous serons tous concernés un jour par le handicap.

Quels sont les problèmes rencontrés par les personnes handicapées dans les hôtels?

Les salles de bains sont souvent peu adaptées. Les douches ont des rebords qui peuvent gêner les handicapés. Mais il est possible de faire des aménagements simples, comme rajouter des poignées ou installer un siège dans la douche.

Comment aidez-vous les hôteliers à s’adapter?

Nous les conseillons, nous n’imposons rien. Par contre, nous pouvons mettre les hôteliers en contact avec des spécialistes qui vont réaliser les travaux. Bien sur, il y a toujours des contraintes, notamment budgétaires. Un hôtel cinq étoiles pourra se doter d’un véhicule pour les personnes à mobilité réduite, un trois-étoiles ne le pourra pas. Nous allons alors collabore]- avec un service de transport extérieur.

Christelle Genier

Rafroball: le pionnier de la compétition valides-handicapés

(canal9)

Si la compétition sportive s’ouvre aujourd’hui aux personnes souffrant de handicaps, cela n’a pas toujours été le cas. Pionnier en la matière, le Rafroball est une compétition qui mêle valides et handicapés. Ce sport à part est né à Sierre dès le milieu des années nonantes sur l’idée de quatre amis.

Depuis lors, le Rafroball a énormément progressé. C’est aujourd’hui un véritable championnat qui se déroule tous les ans et ce dimanche marquait la dernière journée avec des équipes en provenance de toute la Suisse romande à l’exception du Jura. Selon Jean-Daniel Rey, co-président de l’association Rafroball: «C’est un sport qui marche et dont on souhaite le développement sur toute la Suisse».

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La Nati version cécifoot

(Migros Magazine)

L’équipe suisse de cécifoot – le foot pour aveugles et malvoyants – s’entraîne dur dans le but de participer un jour aux Jeux paralympiques. Ces athlètes font fi de leur handicap pour aller toujours de l’avant. (Texte Alain Portner).

Le ballon fuse sur la pelouse humide en tintinnabulant. (Photo: Matthieu Spohn)

 

Le ballon fuse sur la pelouse humide. En tintinnabulant? Normal, il renferme des grelots pour que les joueurs de champ, qui portent tous un masque opaque sur les yeux, puissent le repérer, le contrôler et le conduire un peu à la manière de Messi (la balle reste collée aux pieds) avant d’adresser une passe à un coéquipier ou un tir au but. Dans les grandes lignes, voilà à quoi ressemble une partie de cécifoot, le football pour aveugles et malvoyants.

En cette fin d’après-midi au climat breton, une petite dizaine d’irréductibles «footeux» venus des quatre coins de la Romandie se retrouvent sur le parking de la «Fin du Monde» à Macolin (l’entraînement du lundi a lieu ici, celui du vendredi à Olten). Xamy, un labrador à la robe noir charbon, bondit du coffre d’une voiture pour rejoindre son maître Christophe Rollinet, le capitaine de l’équipe suisse de cécifoot.

Une expérience enrichissante

Ce Fribourgeois a le sourire. Il revient tout juste de Cracovie où lui et ses potes ont disputé pour la première fois un tournoi international officiel. «Porter le maillot rouge à croix blanche, entendre retentir l’hymne national, c’était vraiment un grand moment d’émotion.» Et une expérience enrichissante même si les résultats (8-0 contre la Pologne, 8-2 contre l’Autriche et 1 à 1 contre l’Irlande) ne sont pas encore tout à fait à la hauteur des attentes…

«On espérait obtenir au moins un nul dans cette compétition, notre objectif est donc atteint. Et puis, avec un meilleur arbitrage, on aurait sans doute fait mieux.» L’un des joueurs a d’ailleurs reçu un carton jaune pour avoir demandé à l’arbitre s’il était… aveugle. «Visiblement, il manquait d’humour!» commente Christophe, pince-sans-rire. Tout le monde s’esclaffe. La bonne humeur règne dans le vestiaire, on sent que tous tirent à la même corde, sont solidaires, soudés… Un atout ­essentiel dans la pratique de ce handisport collectif.

Porter le maillot rouge à croix blanche, entendre retentir l’hymne national, c’était vraiment un grand moment d’émotion — Christophe Rollinet

 
Du retard à rattraper

Leur coach Mathieu Chapuis (un jeune Jurassien qui carbure à l’enthousiasme) est content du chemin parcouru depuis qu’il a lancé cette discipline en Helvétie dans le but d’offrir la possibilité aux personnes handicapées de la vue – comme son ami Quentin – «d’accéder au sport le plus populaire du monde». «Notre association a été créée fin 2015, elle est jeune et c’est clair que nous avons du retard à rattraper sur les autres nations.»

D’autant que son équipe, qui est désormais reconnue et soutenue par PluSport (organisation qui chapeaute le sport handicap dans notre pays) et l’Association suisse de football, ambitionne de participer aux Jeux paralympiques de 2024 à Paris. «C’est réalisable, je suis confiant car nous progressons à chaque confrontation.» Le seul hic, c’est que cette Nati, version cécifoot, joue peu (quelques matchs ici et là contre des teams d’autres pays) et ne compte pas encore suffisamment d’athlètes déficients visuels dans ses rangs. Avis aux amateurs!

Aujourd’hui, seule une petite moitié des joueurs sont présents. Les autres sont au repos pour se remettre de leur belle équipée polonaise. Qu’à cela ne tienne: Christophe, Jérôme et Jason se mettent en jambe sous la conduite d’Angelo et de Mathieu. Pendant que Jay chauffe le gardien Steve qui, lui, est voyant évidemment. Les exercices s’enchaînent comme une partie de colin-maillard bien huilée où tous les joueurs auraient les yeux bandés et chercheraient le ballon à tâtons. «Du rythme, du rythme les gars, on s’endort!»



« Christophe Rollinet, 44 ans, capitaine et défenseur. J’ai joué en 3e ligue chez les valides.Mais j’ai dû arrêter quand j’ai commencé à perdre la vue. Je pensais alors que le foot c’était fini… Avec le cécifoot, j’ai retrouvé le plaisir de taper dans un ballon et j’ai aussi trouvé une bande de copains. C’est ça qui fait la force de notre équipe »


« Jason Perrenoud, 25 ans, attaquant. Le cécifoot, j’y suis venu en reculant. Je craignais de ne pas pouvoir gérer le fait de jouer dans le noir total. Au fil des entrainements, grâce à l’équipe, j’ai pris confiance et je me suis vite adapté. Maintenant, sur le terrain, j’éprouve les mêmes sentiments que lorsque je jouais avec les valides »


« Steve Becerra, 24 ans, gardien. C’est mon ami Jason qui m’a proposé de rejoindre l’équipe. Du coup j’ai découvert un autre monde. Le cécifoot est un sport plus fair-play que le foot traditionnel, plus bruyant également car la communication y est essentielle.vraiment, je vis là une super expérience ! »

Un véritable exploit

Comme tous les footballeurs de la planète, ils répètent leurs gammes: passes, contrôles, conduite de balle, shoots… Ils courent en poussant des «Voy! Voy!» continus pour que leurs coéquipiers les repèrent sur le terrain, sans perdre une bribe des conseils et indications que leur prodiguent les entraîneurs. «On écoute pour voir», explique un joueur entre deux exercices. Ça demande une énorme concentration, surtout en match où c’est un peu la cacophonie.

Il y a parfois des maladresses (essayez de frapper une balle à l’aveugle…) et des hésitations qui, si elles se répètent, finissent par énerver. Un des joueurs a d’ailleurs failli jeter son masque aux orties ce jour-là, après avoir raté le ballon à plusieurs reprises. Mais dans l’ensemble, le jeu est fluide et les frappes étonnamment sèches. Dans le noir total, c’est un véritable exploit. L’entraînement se termine par la traditionnelle séance de penalties.

«Les sensations sont pareilles qu’au foot, peut-être même ­encore plus intenses ici», confie Christophe Rollinet en rejoignant le vestiaire où l’attend Xamy, son fidèle labrador.


Le cécifoot pour les nuls

Ça ressemble à du foot, ça a le goût et l’odeur du foot, mais c’est du cécifoot! Déjà, ce sport se pratique sur une surface de 20 mètres sur 40 délimitée par une structure gonflable. Il n’y a donc pas de remises en jeu puisque le ballon équipé de grelots ne sort pas du terrain, ni de hors-jeu d’ailleurs. Ensuite, il se joue à cinq: un gardien valide qui ne quitte pas sa ligne de but et quatre joueurs de champs malvoyants ou aveugles, portant tous un masque opaque pour gommer les différences de handicap et les mettre ainsi sur un pied d’égalité.

Enfin, les matchs se déroulent dans «une belle cacophonie, un joli bordel», comme le dit le capitaine de l’équipe suisse. Parce que les joueurs poussent des «Voy! Voy!» toutes les trois foulées pour signaler leur position à leurs coéquipiers, et que les guides – le gardien, le coach au bord du terrain et un assistant placé derrière le but adverse – donnent de la voix pour diriger la manœuvre.

En fait, lors d’une partie de cécifoot, seul le public est ­silencieux. Sauf quand il y a un goal bien entendu!

Infos: le tournoi international de cécifoot «Swiss Blind Open» aura lieu le 30 juin prochain sur le terrain de Pierre-à-Bot à Neuchâtel.