Des athlètes handicapés au coeur d’une expo

(ats)

Des athlètes handicapés sous l’œil de trois photographes.

Une exposition de trente photos d’athlètes en situation de handicap mental sera présentée sur la Plaine de Plainpalais à Genève du 16 au 30 mai. Trois photographes ont eu carte blanche pour réaliser ces portraits.

« J’ai voulu mettre en valeur ces athlètes », explique Magali Girardin qui a été les photographier sur leurs lieux d’entraînement. Il en ressort des images très gaies. Les deux autres photographes à avoir relevé le défi sont Christian Lutz et David Wagnières.

« Tous ont accepté dans l’heure de participer à ce projet qui marque les dix ans des Établissements publics pour l’intégration (EPI) », se réjouit Sophie Bernard, responsable de la communication des EPI. Les trois photographes ont amené un regard différent sur un même thème. Le résultat est à découvrir en grand format dans cette exposition intitulée « Genève dans les starting blocks ».

Cette action tournée vers le grand public vise à donner une visibilité aux personnes en situation de handicap, ajoute Mme Bernard. « Elles deviennent familières, ce qui permet de changer le regard des gens », relève-t-elle.

L’exposition a ainsi été organisée en plein coeur de la cité. Elle se tient en marge des Special Olympics – Jeux Nationaux 2018, qui réuniront du 24 au 27 mai à Genève plus de 1600 sportifs en situation de handicap mental. Les athlètes concourront dans treize disciplines, dont l’équitation qui aura lieu sur la Plaine de Plainpalais.

Des gestes simples très vite compliqués

(ArcInfo)

Trois personnes en situation de handicap témoignent des difficultés qu’elles rencontrent lors de leurs sorties en ville. Malgré les progrès réalisés, l’accessibilité des bâtiments et des espaces publics n’est pas assurée partout. Stricte pour tout ce qui est neuf, la loi fédérale sur le handicap est plus souple avec les objets à adapter.

PAR PATRICIURUVANI@ARCINFO.CH

Entrer et sortir de chez soi, utiliser les transports publics et s’orienter dans une ville… Autant de petits gestes du quotidien que l’on fait machinalement, sans penser à ce que serait notre vie si chacune de ces actions devenait difficile, sinon impossible à réaliser de manière autonome. Invités à témoigner lors de la soirée annuelle de Pro Infirmis Neuchâtel -Jura, trois personnes en situation de handicap moteur, visuel ou auditif ont évoqué les problèmes qu’ils rencontrent tous les jours lors de leurs déplacements. Même si leurs besoins sont de mieux en mieux pris en compte et défendus dans la loi, des «points noirs» subsistent. Les mentalités évoluent, mais il faudra du temps pour gommer toutes les inégalités.

 


Patrick Mercet, Christian Delachaux et Pascal Lambiel témoignent des difficultés qu’ils rencontrent lors de leurs déplacements urbains. LUCAS VUITEL

 
1 DIFFICILE DE RETIRER DE L’ARGENT QUAND ON EST EN CHAISE ROULANTE

Atteint d’une sclérose en plaques, Christian Delachaux est cloué dans un fauteuil roulant depuis six ans. Ses déplacements sont parsemés de «défis» quotidiens. «Les bancomat et les postomat sont trop hauts pour moi. J’ai déjà dû donner ma carte et mon code à un passant pour pouvoir retirer de l’argent. Je fais confiance. Peut-être qu’un jour, je me ferai avoir», lâche le citoyen de Cornaux, résident de Foyer Handicap depuis l’an dernier.

Il fustige l’étroitesse de nombreux ascenseurs, «dans les vieux immeubles, mais pas seulement. Je peux parfois entrer, mais pas presser sur les boutons. Ils sont soit trop hauts, soit mal placés.Tout cela devrait être normalisé partout.» Et les toilettes pour handicapés, «c’est un peu la catastrophe. Beaucoup de valides les utilisent sans aucune gêne. Je comprends que quand il faut y aller, il faut y aller! Mais c’est pareil pour nous. Nous demandons davantage de respect pour les personnes à mobilité réduite.»

Le refrain est le même concernant les places de parc adaptées. «Elles sont souvent prises par des valides qui n’ont pas envie de faire cinquante mètres à pied. Ce n’est pas normal. S’ils veulent nos places, qu’ils prennent aussi notre handicap…»

2 POUR UNE PERSONNE NON-VOYANTE, LA VILLE PEUT VITE DEVENIR UNE JUNGLE

Atteint d’une maladie de la rétine conduisant à la cécité, Patrick Mercet se déplace depuis quatre ans dans les pas de son chien Xerto. «Un travail fabuleux a été réalisé à Neuchâtel au niveau du marquage au sol», souligne d’abord le président de la section neuchâteloise de la Fédération suisse des aveugles et des malvoyants.

«Nous souhaitions obtenir la même chose à La Chaux-de-Fonds, mais la Ville n’avait pas le budget pour ce genre de travaux. C’est la première chose que l’on met de côté quand il n’y a pas d’argent.» L’habitant de Cernier souhaiterait davantage de messages vocaux dans les bus – «Ils servent également aux autres usagers» – et des chantiers urbains «mieux signalés. Un cône rouge devant un trou, nous, on ne le voit pas…» Dans son village, il dénonce l’accès à la cave d’un immeuble pourtant fraîchement rénové – «Un trou de 1m50» – dénué de toute barrière de protection. Et il y a les véhicules électriques… «Je suis pour, mais ils représentent un danger croissant pour nous. Quand on ne les voit pas venir, on ne les entend pas non plus…» Pour un non-voyant, la ville peut vite devenir une jungle. «Place Pury, quand tous les bus bippent en même temps pour dire qu’ils vont partir, je vous mets au défi de savoir d’où ça vient…»

3 LA SURDITÉ POSE MOINS DE PROBLÈMES EN VILLE, À QUELQUES EXCEPTIONS PRÈS

Les personnes frappées de surdité rencontrent moins de problèmes liés à la construction et au bâti urbain. «En dehors de la difficulté à communiquer, les personnes présentant un handicap physique ou moteur sont plus touchées que nous», lâche Pascal Lambiel. «Nous avons simplement besoin d’être dans le visuel.» Il cite en exemple les ascenseurs de la gare de La Chaux-de-Fonds,«qui sont trop sombres. Et s’il y a une panne, nous sommes coincés. Un système nous permet certes d’alerter un dépanneur, mais on n’entend pas ce qu’il nous dit…» D’une manière générale, il demande davantage de systèmes d’alarme adaptés aux sourds (donc visuels) en cas de danger. «Les portes d’entrée des immeubles locatifs sont également de plus en plus souvent verrouillées, même de jour. On peut sonner, mais on n’entend pas la réponse dans l’interphone», relance le Chaux-de-Fonnier. Qui raconte encore une anecdote. «Un jour, je m’étais assoupi dans le train qui me ramenait à La Chaux-de-Fonds. Lorsqu’une annonce vocale a informé les voyageurs qu’ils devaient sortir du train aux Hauts-Geneveys, forcément, je n’ai rien entendu. C’est un employé des CFF qui a dû venir me réveiller.»

 


Les participants à la soirée de Pro Infirmis ont pu «tester» diverses situations de handicap. LUCAS VUITEL »

 
«Le droit de participer à la vie de la cité»

Les personnes en situation de handicap ont le droit de participer en toute autonomie à la vie politique, sociale et culturelle de leur cité.» Cette phrase forte a conclu la soirée annuelle de Pro Infirmis à Neuchâtel, placée sous le thème «Vivre la ville: handicap et accessibilité». Au-delà du simple bon sens, l’accessibilité universelle bénéfice d’un ancrage légal dans la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, la Constitution fédérale et la Constitution neuchâteloise, notamment. Du solide.

Lorsque l’on n’a pas la malchance d’être soi-même en situation de handicap, on ne se rend pas toujours compte de ce que cela représente au quotidien. »

ANTOINE BENACLOCHE INGÉNIEUR COMMUNAL DE LA VILLE DE NEUCHÂTEL

Pourtant, derrière cette lapalissade s’amoncellent encore de nombreux obstacles pour les personnes en situation de handicap. «Hauteur des bancomat, étroitesse des trottoirs et des ascenseurs, marches d’escalier à l’entrée des immeubles, boutons d’alarme hors de portée…

Même si le canton de Neuchâtel applique plus strictement la loi que ses voisins, il y aura toujours quelque chose à améliorer», lance Laurent Demarta, architecte-conseil à Pro Infirmis pour la construction sans obstacles.

Pas de délai, sauf…

La loi en question, c’est la loi fédérale sur l’élimination des inégalités frappant les personnes handicapées (LHand). Pour faire simple, toute nouvelle construction ou installation accessible au public doit être adaptée aux personnes en situation de handicap. Il en va de même pour tous les objets qui sont rénovés depuis l’entrée en vigueur de cette loi en janvier 2004. «Il y a inégalité dans l’accès à une construction, à une installation, à une prestation, à un logement ou à un équipement ou véhicule des transports publics lorsque cet accès est impossible ou difficile aux personnes handicapées», précise le texte.

Laurent Demarta insiste sur l’absence de délai pour adapter un bâtiment ou une infrastructure accessible au public, comme c’est le cas pour les installations électriques. «Il aurait été absurde d’obliger tous les propriétaires à se mettre aux normes d’ici 2030, par exemple. L’obligation d’adapter un objet intervient uniquement en cas de travaux. Et quand on rénove, on n’est pas forcément tenus d’appliquer la loi à 100%. On fait au mieux, on améliore.»

Avancer ensemble

Un délai contraignant existe cependant pour les transports publics. La LHand stipule que les constructions, les installations et les véhicules en service devront être «adaptés au besoin des personnes handicapées au plus tard 20 ans après l’entrée en vigueur de la loi», soit au 1er janvier 2024.

Les espaces publics tendent ainsi vers l’accessibilité universelle à un rythme plus ou moins soutenu. «Nous avons lancé le projet ‘Neuchâtel, ville pour tous’ en 2002», rappelle Antoine Benacloche, ingénieur communal. «Nous n’avons de loin pas tout réalisé, mais le cadre est en place. Nous essayons de trouver des solutions, nous nous trompons parfois, nous corrigeons. Cela prend du temps. Pour avancer, il est indispensable de travailler avec les personnes et les associations concernées.

Lorsque l’on n’a pas la malchance d’être soi-même en situation de handicap, on ne se rend pas toujours compte de ce que cela représente au quotidien, en toute bonne foi. Un simple câble au sol, et une personne en chaise roulante ne passe pas.» Sans parler des aberrations, à l’image de ce cinéma présentant à la fois des WC pour handicapés flambant neufs et trois marches d’escalier entre le hall et la salle de projection.

La Ville du Locle ouvre la voie numérique dans le canton de Neuchâtel

Les inégalités frappant les personnes handicapées dans leurs déplacements ne disparaîtront pas de sitôt. «Nous travaillons à lever ces obstacles, mais c’est une réalité qui va nous accompagner encore pendant dix ou vingt ans», reconnaît Marc Butticaz, chef de projet à Pro Infirmis, pour justifier le lancement il y a trois ans d’un vaste chantier numérique. «L’idée est d’intégrer les données d’accessibilité des bâtiments, des commerces et autres lieux publics sur les plateformes existantes, au côté des informations standard comme les heures d’ouverture ou le nombre d’étoiles des hôtels», relance-t-il, en insistant sur la nécessité d’être «fiable, précis et exhaustif» dans les indications fournies. Grâce à ces données, les personnes en situation de handicap sauront en quelques clics.


Sur le le site du Val d’Anniviers, on voit vite pourquoi cette boutique de Zinal n’est pas accessible en fauteuil roulant.

PRO INFIRMIS

(grâce à des pictos et des photos) si leur destination propose des places de parc, des toilettes ou encore des accès adaptés. «Pour qu’ils sachent à l’avance ce qui les attend sur place.» Pro Infirmis a déjà noué des partenariats avec des communes (dont Porrentruy) et des sites touristiques (celui du Val d’Anniviers par exemple). Dans le canton de Neuchâtel, la Ville du Locle fait office de pionnière. La récolte des informations est «quasiment terminée», et les données d’accessibilité devraient être intégrées sur le site web communal d’ici à l’été. D’autres contact sont en cours dans le canton mais n’ont pas encore abouti. Ces partenariats avec Pro Infirmis sont payants. «Pour une ville comme Le Locle, le coût de l’opération s’élève à un peu moins de 10 000 francs», explique Fabien Bertschy, responsable du projet «données numériques d’accessibilité» pour la région Neuchâtel-Jura. «La Ville paiera 45°/0 de la facture et Pro Infirmis 55%, via un fonds dédié à ce projet.»

QUESTIONS À….
LAURENT DEMARTA ARCHITECTE-CONSEIL PRO INFIRMIS CONSTRUCTION SANS OBSTACLE

Quand on parle de construction sans obstacles, quelles sont les priorités de Pro Infirmis?
Nous travaillons sur trois handicaps principaux – moteur, visuels et auditifs – dont l’incidence est très différente. Globalement, c’est l’accessibilité des personnes en chaise roulante qui pose le plus de problèmes en termes de réponses à apporter.
Que répondez-vous aux gens qui trouvent que l’on dépense beaucoup d’argent pour une minorité de la population?
Nous entendons ces remarques tous les jours… Mais beaucoup d’aménagements simples – seuils sans reliefs, couloirs de 1m20 au lieu de lm, portes de 80cm au lieu de 70… – ne coûtent pas plus cher s’ils sont intégrés dès la conception d’un bâtiment.
C’est l’adaptation en cas de rénovation qui s’avère onéreuse. De plus, n’importe qui peut se retrouver du jour au lendemain en situation de mobilité réduite, de manière permanente ou temporaire (il suffit par exemple d’une cheville foulée). Enfin, à l’exception d’objets très spécifiques comme des lignes de guidage au sol pour les malvoyants ou des monte-personnes, les aménagements réalisés en faveur des personnes en situation de handicap (par exemple les rampes d’accès ou les ascenseurs) sont utilisables et appréciés par l’ensemble de la population, notamment les mamans avec une poussette, les livreurs ou encore les personnes âgées. Finalement, est-ce que tout doit vraiment être accessible à tout le monde?
Non, et la loi fédérale sur le handicap – que je trouve vraiment très bien faite – ne le demande pas. L’exigence d’accessibilité universelle est contrebalancée par des exceptions strictement définies. On peut ainsi renoncer à adapter un bâtiment pour des raisons financières (si le coût est disproportionné), patrimoniales (pour préserver un bâtiment protégé) ou encore environnementales.

 

La Ville de Neuchâtel a installé de nombreuses ligne de guidage au sol pour permettre aux malvoyants de s’orienter
 

Accessibilité en chaise roulante: les arrêts de bus sont en cours de surélévation (car tous les bus ne sont pas encore adaptés), et les trottoirs sont abaissés au niveau des passages piéton
 

Des rampes disposant de petites places de repos sont aménagées pour les personnes en chaise roulante

Nyon accueillera une Special Olympics Run

(La Côte)


Colovray sera le théâtre d’une Special Olympics Run.

Dans le cadre du cinquantième anniversaire de Special Olympics, Nyon accueillera une course caritative permettant aux personnes avec et sans handicap de courrir ensemble. Rendez-vous le samedi 19 mai.

Samedi 19 mai, à Nyon, aura lieu la Special Olympics Run. Cette course de solidarité permet aux personnes avec et sans handicap de courir ensemble, dans le but de développer l’accès au sport pour les personnes en situation de handicap mental.

L’épreuve se déroulera au Centre sportif de Colovray. Elle s’inscrit dans le cadre du cinquantième anniversaire de Special Olympics. La course « charity » aura deux formats: soit 15′, soit 45′. La boucle fera 620 mètres et le but sera d’en effectuer le plus possible.


Spécial Olympics Runs: Nyon – Stade de Colovray

En savoir plus


De Berne à Genève

Le mouvement Special Olympics, fort de 4,9 millions de sportifs en situation de handicap mental issus de 172 pays, fête ses 50 ans en 2018. A cette occasion en Suisse, une Torche Special Olympics sera acheminée du 13 au 24 mai de Berne à Genève Le parcours de cette Torche Special Olympics, ou Final Torch Run, est l’occasion de casser des barrières en créant des ponts entre personnes avec et sans handicap en accompagnant et/ou portant ensemble cette Torche Special Olympics, en dispensant des conférences dans les écoles, en participant à des Special Olympics Runs et en étant reçu officiellement par 12 villes étapes en signe de considération des personnes en situation de handicap mental.

Le Conseil fédéral renforce sa politique en faveur des personnes handicapées

(Conseil fédéral)

En Suisse, les personnes handicapées n’ont pas toujours la possibilité de participer à la vie de la société sur un pied d’égalité et selon leurs propres choix, une situation à laquelle le Conseil fédéral souhaite remédier. Lors de sa séance du 9 mai 2018, il a adopté un rapport à cet effet portant sur le renforcement de la politique en faveur des personnes handicapées. Les mesures seront axées en priorité sur l’égalité dans le monde du travail, l’autonomisation des personnes concernées et la communication numérique accessible. Il est également prévu de renforcer la collaboration entre Confédération et cantons.

La participation des personnes handicapées à la société n’est possible que si la Confédération et les cantons intensifient leur collaboration. Les échanges seront pilotés par le Dialogue national sur la politique sociale. En outre, la collaboration interdépartementale sera renforcée sur le plan fédéral.

Développer les thèmes prioritaires

Dans son rapport, le Conseil fédéral définit des domaines prioritaires. Le programme Égalité et travail, du Bureau fédéral de l’égalité pour les personnes handicapées (BFEH), vise à promouvoir un cadre de travail accessible à tous, par exemple en incitant les employeurs à tester des mesures favorisant l’égalité. Il s’attache aussi à encadrer et soutenir les projets de promotion de l’égalité ayant vu le jour lors de la Conférence nationale en faveur de l’intégration des personnes handicapées sur le marché du travail, qui s’est déroulée en 2017.

La Confédération et les cantons lancent aussi le programme Autonomie afin de faciliter l’autonomisation des personnes avec handicap, en axant davantage les prestations et les services sur les besoins individuels. Enfin, à l’heure de la transition numérique, le rapport prévoit aussi d’intensifier les mesures dans le domaine de la communication accessible.

Le Conseil fédéral a octroyé deux postes supplémentaires au BFEH pour réaliser ces mesures.

Égalité : des progrès restent à faire dans de nombreux domaines.

Le rapport dresse un état des lieux de la politique en faveur des personnes handicapées, des changements en cours et des défis à venir. Ces dernières années en Suisse, la situation des personnes handicapées s’est considérablement améliorée. Les bâtiments et les transports publics ont gagné en accessibilité et l’assurance-invalidité a renforcé l’intégration professionnelle. Toutefois, dans de nombreux domaines de la vie courante, le travail, la formation, la santé, le logement, les loisirs ou la culture par exemple, les personnes avec handicap ne peuvent pas encore s’investir sur un pied d’égalité, comme l’exige pourtant la Constitution fédérale. Fruits de la réflexion concertée des cantons, de la Confédération, des partenaires sociaux et des associations de personnes handicapées, les mesures proposées concourront à faire progresser les choses dans la bonne direction.

À noter qu’avec ce rapport, le Conseil fédéral répond au postulat 13.4245 « Pour une politique du handicap cohérente » du conseiller national Christian Lohr.

Rapport du Conseil fédéral du 09.05.2018

Au-delà du handicap

(Le Temps)

Anne Othenin-Girard: Au-delà du handicap

Derrière sa silhouette boitillante se cache une femme prête à déplacer des montagnes pour mener à bien ses projets. Sa philosophie? Là où son handicap l’arrête, elle cherche un moyen de le dépasser. Avec succès

Sur le ton de la confidence, Anne Othenin-Girard avoue qu’elle n’a «pas toujours filé droit». L’esprit rebelle, elle ne termine pas son bac, préfère devenir marchande ambulante et voyager sur les sentiers d’Asie. A 27 ans, elle obtient son diplôme de maîtresse d’école enfantine, mais n’enseignera jamais. «C’est un crève-cœur qui me fera toujours mal. Au fond de moi, je suis maîtresse d’école enfantine, j’aime apprendre par le jeu», raconte-t-elle avec un voile d’émotion dans la voix.

Le 8 juillet 1988, Anne fête son diplôme fraîchement acquis avec des copains. Ils vont jouer aux machines à sous et boire quelques verres. Un peu trop d’ailleurs. Sur le retour, la voiture s’encastre dans un mur à 180 km/h. Le choc lui arrache la jambe droite, et lui blesse sérieusement la gauche. «Quand je me suis réveillée trois jours plus tard à l’hôpital, j’ai trouvé 121 pièces de 1 franc dans ma poche. J’avais donc gagné… mais pas tout», sourit-elle. Pendant deux mois, les médecins de différents établissements hospitaliers tentent de sauver sa jambe de l’amputation, sans succès.

J’étais moins handicapée que ce que je voulais faire croire… ou du moins que ce que ma tête avait décidé. J’ai donc pesé le pour et le contre, et j’ai choisi d’aller de l’avant.

Les longs mois d’hospitalisation et de rééducation sont durs. Elle se révolte. En évoquant cette période de sa vie, ses yeux s’assombrissent, son regard se détourne avec pudeur. Elle montre son ventre pour expliquer timidement qu’une part d’émotions non digérées est encore logée dans ses tripes. «Un jour, peut-être que je raconterai tout ça.» Anne, rebelle mais fragile. Elle nous glisse quand même qu’en 1992, elle se retrouve une nouvelle fois à l’hôpital à la suite d’un autre accident de voiture, dont elle est responsable cette fois. «J’avais bu trop d’alcool, c’était une période difficile», avoue-t-elle.

Dépasser un statut revendiqué

«Je revendiquais clairement mon statut de «pauvre handicapée». De victime d’un accident de voiture. Les médecins m’avaient dit que je ne marcherais probablement jamais sans béquilles, alors je suis restée là-dessus.» En 1992, elle ouvre les yeux. Réalise ce qu’elle est devenue. Et sort de sa révolte. «J’étais moins handicapée que ce que je voulais faire croire… ou du moins que ce que ma tête avait décidé. J’ai donc pesé le pour et le contre, et j’ai choisi d’aller de l’avant, de voir ce dont j’étais capable.»

Elle commence alors le tennis de table. Un électrochoc. «Pour jouer, garder la deuxième béquille n’était pas drôle… je l’ai vite lâchée! Je suis tombée, mais c’est là que j’ai fait connaissance avec mes jambes. J’ai pris conscience de la différence entre mon esprit et mes capacités. Quand j’allais chercher une balle, ma tête me disait que je ne pouvais pas… alors que j’étais déjà en train de le faire!»

Promotion du sport-handicap

Anne part alors à la recherche de son véritable potentiel. Un peu casse-cou dans l’âme, elle fait tomber les barrières les unes après les autres. Elle se met au ski alpin, «pour pouvoir faire du parapente debout», précise-t-elle. Puis au ski nautique, ce qui la mène aux Championnats du monde en 1999. Elle rafle l’argent en figures, le bronze en slalom. Entre-temps, elle commence la voile, dont elle rêve depuis son enfance au bord du lac de Neuchâtel. Sa passion la mène aux Jeux paralympiques de Sydney en 2000. Le récit de ses exploits, de ses blessures aussi, coule au milieu des nombreuses activités sportives qu’elle découvre au fil des ans.

En 2000, Anne est clouée à terre après une opération des ligaments croisés et du ménisque. Elle s’ennuie. Elle ouvre alors un site internet avec un ami pour faire la promotion du sport-handicap. «En Suisse, il y a beaucoup d’associations. Mais si on s’intéresse à un sport en particulier, difficile de trouver un endroit pour le pratiquer. C’est quelque chose qui manquait vraiment à l’époque, d’autant plus qu’il n’y avait pas Google.» Elle conçoit donc Handisport.ch comme un portail des sports adaptés selon les cantons. Du «fait maison» comme elle le précise avec humilité, mais qui comble un vide certain auprès du public concerné.

S’engager pour les autres

Anne s’engage donc depuis longtemps pour autrui. Elle s’anime sur sa chaise lorsqu’elle évoque les multiples activités qu’elle a partagées avec des amis, valides ou non. Leurs retours positifs la nourrissent et la poussent à s’investir encore plus pour de nouveaux projets, quitte à s’oublier elle-même. Participant depuis 2013 à l’événement caritatif de paddle Ride for the cause à Clarens, elle veut rendre l’édition 2018 accessible aux personnes en situation de handicap. Elle met ainsi toute son énergie à trouver des aides et partenaires pour qu’une rampe d’accès à l’eau sécurisée soit construite.

Oser essayer, dépasser ses limites en découvrant le handi-paddle, voilà le message qu’elle veut transmettre. «La récompense est toujours là. C’est ce que j’aime avec la voile. Je laisse tout à terre, ma prothèse, ma chaise, et je largue les amarres. Le paddle, c’est la même chose. Ce n’est pas toujours facile, mais cela permet de faire autre chose de son statut d’handicapé qui nous habite beaucoup d’heures par jour… et beaucoup de jours par semaine», ajoute-t-elle, l’œil malicieux.