Les handicapés davantage exposés à la pauvreté

Les personnes handicapées ont un risque plus important d’être touchées par la pauvreté que celles sans handicap. Elles peinent à trouver un travail et sont souvent discriminées. Organisations et Confédération ont voulu attirer l’attention de la population sur ce problème lors de la journée internationale des personnes handicapées, qui a eu lieu dimanche.

Ces personnes «sont plus fréquemment sans travail et subissent souvent des discriminations du fait de leur handicap», écrit Inclusion Handicap. Une personne sans travail dépend de prestations d’assurances sociales, souvent insuffisantes pour participer à la vie sociale. Dépendre de ces aides renforce la stigmatisation des handicapés.

Non seulement ces prestations ne cessent de diminuer, mais leur accès se durcit, poursuit la faîtière. Un nombre croissant de personnes handicapées se voient ainsi contraintes de recevoir l’aide sociale. Pour elles, mener une vie autodéterminée et se faire une place au sein de la société est dès lors «une douce illusion».

Inclusion Handicap rappelle que la Suisse n’en fait pas assez contre la discrimination des handicapés, bien qu’elle ait signé la Convention de l’ONU en faveur des droits de ces personnes. Un rapport de plusieurs organisations du milieu émet ce constat.

«En Suisse, de nombreuses mesures ont déjà été mises en œuvre et des démarches ont été initiées», dit pour sa part la présidente de la Confédération Doris Leuthard, citée dans un communiqué du Département de l’environnement et des transports (DETEC).

Mais l’objectif de la Convention ne sera pas atteint «tant que les personnes handicapées n’auront pas les mêmes chances et qu’elles ne pourront pas vraiment accéder librement et sans entraves au marché du travail».

La conseillère fédérale est convaincue que ces personnes, grâce à leurs compétences professionnelles et leur expérience, «peuvent être un enrichissement formidable pour l’administration et pour les entreprises». Mais pour cela, chacun doit faire un effort, conclut la ministre en lançant un appel à la population en ce sens.

A l’occasion de la journée internationale en faveur des handicapés partout en Suisse des stands, des manifestations culturelles, des tables rondes et autres événements ont été organisés afin d’attirer l’attention sur la problématique.

Source: nxp/ats

Aux États-Unis, les handicapés sont rois

Le 3 décembre aura lieu la Journée mondiale du handicap. Nathalie* raconte comment l’école publique américaine accueille mieux son fils de 9 ans, atteint d’une maladie génétique, que l’école genevoise avant son déménagement

«A Genève, notre fils handicapé effrayait ou, du moins, dérangeait. On a toujours eu la sensation que rien n’était prévu pour lui au niveau institutionnel et qu’on dépendait du bon vouloir des personnes.Depuis cinq mois qu’on est aux États-Unis, on respire. Non seulement, l’école publique est accueillante et non jugeante, mais, en plus, elle imagine des solutions pour Nicolas*, elle vient vers nous avec des propositions. C’est le jour et la nuit!»

Nathalie* est sidérée. Après avoir souffert d’un manque de soutien dans sa ville d’origine, pourtant soucieuse du bien-être social, c’est aux États-Unis, pays de la libre entreprise, qu’elle a trouvé un accompagnement aidant pour son enfant différent, aujourd’hui âgé de 9 ans. Elle raconte ce paradoxe qui ne cesse de l’étonner. «Je ne veux pas lui jeter la pierre. Mais, lorsque j’ai voulu inscrire Nicolas à l’école, quelqu’un de haut placé au Département de l’instruction publique m’a gentiment conseillé de penser à un établissement privé…»

C’est ainsi, poursuit cette mère de famille. Lorsqu’on a un enfant qui souffre d’une maladie génétique rare, un syndrome qui attaque les tissus mous de l’organisme et rend sa mobilité très compliquée, on se retrouve souvent face à des professionnels bien intentionnés, mais extrêmement démunis.

En matière de soins, de loisirs ou de scolarité, Nathalie ne compte pas les fois où, à Genève, elle a été éconduite et priée de se débrouiller. «C’était la norme. Qu’on avait d’ailleurs intégrée. Si bien que, lorsqu’on est arrivés dans la Silicon Valley, il y a cinq mois, on imaginait recommencer ce parcours du combattant. Ce fut tout le contraire!

Depuis son premier jour à l’école publique, une brigade de spécialistes encadre Nicolas pour que son handicap pèse le moins possible sur son apprentissage.» Et Nathalie de détailler un«équipe de choc», constituée d’une technicienne en informatique, d’une psychothérapeute, d’un coordinateur et d’une chargée de l’intégration sociale dont la seule fonction, au sein de l’établissement, consiste à œuvrer au bien-être des enfants fragilisés. «Dans sa classe, ma fille de 7 ans a une camarade lilliputienne. Tout le mobilier et tous les objets – crayons, cahiers, gobelets, etc. – ont été adaptés à sa taille.

Concernant Nicolas, qui écrit très lentement vu son handicap, la technicienne en informatique a imaginé un stylo relié à son ordinateur, qui réagit aussi à sa voix. Lorsqu’il est fatigué, il peut ainsi dicter ses notes sans s’épuiser.» Ce qui épate Nathalie, ce n’est pas qu’un tel équipement existe, mais que l’école le lui propose spontanément. «Dans ma vie d’avant, j’aurais dû déployer des efforts colossaux pour que mon fils bénéficie d’un tel outil!»

Selon la Genevoise, cette diligence institutionnelle est liée aux droits civils des étudiants en situation de handicap (The Civil Rightsof Students With Disabilities) qui, depuis 1973, prévoient une totale équité de traitement pour les élèves différents. «C’est une obsession ici, observe la quadragénaire. Et ça ne concerne pas que les jeunes. Ma pharmacienne a deux moignons à la place des mains. Elle met plus de temps pour servir les clients, forcément, mais tout le monde trouve tout à fait normal qu’elle puisse travailler et personne ne se plaint. Je trouve cette tolérance très étonnante au pays de la libre concurrence.»

En effet, ça surprend. D’ailleurs, est-ce qu’une école publique du quartier de Harlem aurait la même équipe de choc pour encadrer Nicolas? «Honnêtement, je ne pense pas. Vu que les écoles dépendent beaucoup des dons et du fund-raising des parents, celles de Palo Alto où nous résidons sont des Rolls Royce comparées aux écoles de régions moins dotées.» Autrement dit, la qualité de la prise en charge dépend aussi du niveau de vie. «Oui, mais il n’y a pas que l’argent, précise la quadragénaire. Le regard sur le handicap diffère aussi. Ici, il n’y a pas de fausse pudeur ou de gêne par rapport à la maladie. Quand Nicolas est arrivé dans sa classe, l’enseignant a fait venir un scientifique qui a donné un cours sur la génétique pour expliquer le syndrome dont souffre notre fils. Son cas a été illustré de manière claire, au même titre que la couleur de la peau ou la nature des cheveux d’autres camarades. Les élèves ont pu poser des questions, assouvir leur curiosité, comprendre que si Nicolas a de gros problèmes moteurs, il n’a aucun problème cognitif, etc. Depuis cette mise à plat, son handicap n’a plus jamais été un sujet. A Genève, je devais sans cesse rassurer les parents ou les enfants qui entouraient mon fils sur le fait que sa maladie n’était pas contagieuse… Appréciez le fossé!»

Mais encore. Ce qui frappe cette mère de famille, c’est l’abolition de frontières en termes d’activités. «Étant donné ce problème de tissus mous, notre fils tient difficilement debout. En outre, il ne doit pas prendre de coups, car ses organes internes sont très délicats.»

Dès lors, à Genève, Nicolas restait seul à lire à 7 ans dans la classe pendant que les autres se rendaient à la gym. A Palo Alto, les enseignants lui ont demandé quel sport il aimait et l’ont formé comme assistant du coach sur les matches de football américain. «C’est lui qui tient les statistiques, qui compte les points, qui apporte les ballons, etc. Il est fou de joie!» Idem pour les loisirs et les sorties. Le jeune garçon joue aux échecs après les cours et partira camper au printemps prochain. «Ils m’ont déjà prévenue et ça m’inquiète même un peu, sourit Nathalie, car Nicolas n’est pas autonome en matière de soins. Je peux accompagner la classe si je le souhaite, mais c’est exclu que mon fils ne se joigne pas au groupe! Ici, il existe vraiment un volontarisme positif qui pousse l’enfant différent à s’intégrer.

Y a-t-il cependant un aspect où Nicolas et sa famille ont perdu en qualité de vie? «Peut-être la profondeur des liens. Tout le monde est hyper-gentil, mais comme les gens bougent souvent à l’intérieur du pays, ils ne tissent pas de relations très sérieuses.» Cela dit, Nicolas a déjà été invité à plusieurs anniversaires sur le sol américain, ce qui ne lui était quasiment jamais arrivé en Suisse, car les parents des autres enfants craignaient sa fragilité. A Palo Alto, une fois briefés par Nathalie sur ce qui est possible ou non pour lui – Nicolas est par exemple interdit de trampoline -, les parents l’accueillent volontiers. «En fait, c’est très simple, résume Nathalie. Comme toutes les institutions prônent l’intégration, la société civile suit le mouvement.» Pareil pour la moquerie: le règlement scolaire est impitoyable en la matière. Les enseignants américains appliquent la tolérance zéro face à tout propos ou attitude discriminants. «Nicolas voit la différence, lui qui était toujours montré du doigt dans son établissement genevois. Une fois, sa petite sœur a même dû se battre avec un plus grand pour le défendre… Ici, aucune moquerie, aucun regard de travers. Le citoyen américain est tellement éduqué en matière de respect des handicapés que Nicolas ne craint plus rien.»

Mais, encore une fois, comment expliquer que les États-Unis, qui ne passent pas pour des agneaux dans le domaine social, soient si tolérants et aidants dans ce registre particulier? «Cette attention pourrait être liée au nombre de vétérans rentrés mutilés des diverses guerres que cette nation a menées, envisage Nathalie. Ils représentent un tel lobby que leurs intérêts font partie des priorités.» Le goût du risque et l’idée qu’on peut toujours s’améliorer ne contribuent-ils pas également à ce que les Américains voient grand pour les gens différents? «C’est vrai que Nicolas est stimulé positivement, mais sans jamais être forcé. Je me souviens qu’à Genève, une de ses enseignantes n’admettait pas que son écriture maladroite soit liée à son handicap. Du coup, lui qui ne pouvait pas écrire une phrase correctement recevait l’ordre d’en écrire dix comme punition! Dans l’école qu’il fréquente actuellement, on ne pourrait jamais imaginer un traitement aussi aberrant. Non, je pense vraiment que, dans le domaine du handicap et sans doute dans d’autres domaines, les États-Unis sont en avance en ce qui concerne la tolérance de la différence.»

* Prénoms d’emprunt

Source: Le Temps 01.12.2017

Journée internationale des personnes handicapées – 3 décembre 2017- Appel de la Présidente de la Confédération Doris Leuthard

Cette année, la Journée internationale des personnes handicapées est placée sous la bannière « Travail – Revenu – Autodétermination ».

La thématique n’a pas été choisie au hasard. Le travail, un revenu permettant de subvenir à ses besoins et l’autodétermination sont étroitement liés. Cependant, il n’est pas facile pour les personnes handicapées de s’intégrer et de se profiler sur le marché du travail, étant malheureusement encore souvent discriminées dans la recherche d’emploi et ne trouvant souvent pas de travail.

Dans notre société, le travail est probablement le facteur d’intégration sociale déterminant et il garantit un revenu permettant de vivre de manière aussi autonome que possible. Il est donc essentiel que les personnes handicapées puissent également trouver un emploi satisfaisant et adapté à leurs compétences.

Nous savons tous que l’activité professionnelle est précieuse et qu’elle donne le sentiment de faire partie intégrante de la société. Être en mesure de gagner sa vie par ses propres moyens, d’améliorer ses compétences et ses capacités professionnelles, renforce la confiance en soi. Il ne faut pas non plus oublier les contacts sociaux qui souvent se nouent dans le cadre du travail.

Les personnes exclues du monde du travail ou n’y étant pas complètement intégrées se sentiront fragilisées et risquent de se retrouver seules. Si le revenu est insuffisant, il est difficile de faire partie d’une association, d’avoir un hobby ou de rendre visite à ses parents et à ses amis.

La Convention des Nations Unies relative aux droits des personnes handicapées exige des États parties qu’ils interdisent la discrimination dans le monde du travail et appelle à une plus grande égalité des chances. La Suisse a ratifié cette convention en 2014 et a remis son premier rapport à l’ONU sur l’application de ladite convention en 2016. Le Conseil fédéral a alors souligné que les droits des personnes handicapées jouent un rôle important dans la législation suisse. Il a également exprimé sa volonté de renforcer l’égalité des droits et la participation des personnes handicapées dans tous les domaines de la vie sociale.

En Suisse, de nombreuses mesures ont déjà été mises en œuvre et des démarches ont été initiées. Toutefois nous serons loin de cet objectif tant que les personnes handicapées n’auront pas les mêmes chances et qu’elles ne pourront pas vraiment accéder librement et sans entraves au marché du travail. Je suis convaincue que les personnes handicapées, avec leurs compétences professionnelles et leur expérience, peuvent être un enrichissement formidable pour l’administration et pour les entreprises. Certes, cela demande parfois un effort particulier de notre part. Mais cela en vaut vraiment la peine.

Cette journée d’action nous rappelle le droit des personnes handicapées à participer pleinement à la vie de la société. Si seulement, dans les semaines et les mois à venir, nous réussissions à faire en sorte que les personnes handicapées soient parfaitement intégrées dans le monde du travail et qu’elles puissent participer à la vie sociale en ayant les mêmes chances et les mêmes droits. Nous sommes tous invités à agir dans ce sens.

Source: DETEC (Département fédéral de l’environnement, des transports, de l’énergie et de la communication).

Mères invalides bientôt plus discriminées par l’AI

Dès janvier, les femmes qui touchent des rentes de l’assurance invalidité (AI) ne devraient plus être discriminées lorsqu’elles deviennent mères. Le Conseil fédéral a revu la pratique après une décision en ce sens de la Cour européenne des droits de l’homme.

En février 2016, les juges de Strasbourg ont donné raison à une assurée suisse qui avait vu sa rente AI retirée lorsqu’elle était devenue mère. Selon ses calculs, l’AI avait estimé que l’intéressée n’avait plus droit à une rente partielle après la naissance. Elle s’était fondée sur la «méthode mixte», utilisée pour déterminer la capacité de travailler des personnes occupées à temps partiel, en très grande majorité des femmes.

Cette méthode a été qualifiée de discriminatoire par la Cour des droits de l’homme. Cette décision a amené le Tribunal fédéral à réviser sa jurisprudence. Le Conseil fédéral a donc modifié les paramètres du calcul pour déterminer le taux d’invalidité des personnes qui travaillent à temps partiel.

La méthode actuelle évalue séparément travail rémunéré et tâches ménagères, reconnaissant ainsi un taux d’invalidité «généralement» moins élevé.

Le nouveau mode de calcul traitera à égalité le travail rémunéré et les tâches ménagères. Dans les deux cas, le taux d’invalidité devrait être déterminé sur l’hypothèse qu’ils sont exercés à plein temps. Les travaux ménagers seront ainsi mieux pris en compte.

Cette nouvelle méthode devrait permettre à quelque 16’200 personnes de toucher une rente plus élevée, ce qui entraînera un surcoût de 35 millions de francs par an. Les offices de l’AI réexamineront systématiquement tous les cas.

S’ajouteront à cela un nombre indéterminé de personnes dont le taux d’invalidité a été évalué à moins de 40%, et qui n’ont donc pas eu droit à l’AI. Elles pourraient à présent toucher une rente.

Comme aucune révision d’office de leur statut n’est prévue, le Conseil fédéral les appelle à adresser le plus rapidement possible une nouvelle demande de rente. Il n’est pas possible à ce stade d’évaluer les coûts supplémentaires que ces situations entraîneront.

Source: nxp/ats

«A l’École des Philosophes»

Avec «A l’Ecole des Philosophes», Le cinéaste lausannois Fernand Melgar réussit le portrait émouvant d’enfants affectés par un handicap. Il les a accompagnés durant un an dans le canton de Vaud, démontrant à nouveau son intérêt pour un groupe en marge de la société.

Le film nous montre l’entrée de cinq élèves particuliers dans «l’école de la Rue des Philosophes» à Yverdon-les-Bains (VD). Malgré des formes d’autisme, Léon, Louis et Ardi doivent s’ouvrir au monde scolaire et apprendre à respecter des règles. Kenza est polyhandicapée et ne dispose que d’une faible capacité musculaire. Chloé a une maladie héréditaire et Albiana une forme de trisomie. Les différents besoins des enfants poussent les maîtresses à leurs limites. La caméra filme aussi des scènes de la vie de tous les jours, où le regard se détourne lors de rencontres avec des personnes handicapées.

Avec ce film, Fernand Melgar reste fidèle à son intérêt pour les marges de la société. Le Lausannois s’est rendu célèbre avec ses documentaires sur les requérants d’asile: «La Forteresse», «Vol spécial» et «Le monde est comme ça», ou avec «L’Abri», consacré aux sans-abris. «C’est mon plus long tournage», explique Fernand Melgar lors de sa rencontre avec l’ats. «J’ai filmé pendant une année et demie. Je n’ai jamais eu autant de plaisir à tourner».

La thématique l’intéresse depuis longtemps. Il y a une quinzaine d’années, il a réalisé un court métrage sur une jeune fille atteinte de trisomie. Depuis lors, il voulait développer le sujet, aussi parce qu’il vit à Lausanne à côté d’un centre d’apprentissage pour personnes handicapées. A cause de cette proximité, Fernand Melgar a toujours dû expliquer à ses propres enfants pourquoi ces gens sont particuliers. L’école de la Fondation Verdeil à Yverdon représentait une chance unique pour le réalisateur d’accompagner une classe entièrement nouvelle.

Durant les six mois qui ont précédé le tournage, le cinéaste a demandé aux parents l’autorisation de filmer leurs enfants. «Tous ont répondu: enfin quelqu’un s’intéresse à nous. Nous avons l’impression de vivre cachés». A la surprise générale, personne ne s’est opposé au tournage. Pour les parents également, le début de l’école a représenté un défi. «C’est le moment où ils doivent accepter que leur enfant n’aura pas un parcours normal», relève Fernand Melgar.

Le film d’ouverture des Journées de Soleure est dans ce sens aussi une reconnaissance de l’engagement de ces parents. «J’ai une admiration totale pour le courage et la persévérance de ces parents. Ils nous donnent une leçon de vie».

«A l’Ecole des Philosophes» questionne aussi la pédagogie. Mais l’interrogation philosophique essentielle reste: quand la vie vaut-elle la peine d’être vécue ?

Pendant le tournage du film, la population suisse a accepté le 5 juin 2016 le diagnostic préimplantatoire par plus de 62% des voix. «Comme père, j’ai dit oui», reconnaît Fernand Melgar. «Mais après je me suis dit qu’on veut une société normative et qu’avec le diagnostic, une trisomie comme celle d’Albiana est éliminée». «Je pense qu’il y a une réflexion sur la question de savoir si toute vie vaut la peine d’être vécue; pour chaque vie, c’est un choix personnel. Je respecte le choix des parents», poursuit le réalisateur.

Pour Fernand Melgar, c’est un honneur particulier de pouvoir ouvrir les Journées de Soleure. «C’est plus important que d’être à Cannes.» C’est incroyable que «moi, fils de saisonnier clandestin, je puisse m’exprimer dans mon art sans aucune restriction et obtenir les moyens pour faire ce que je fais». La Suisse a une grande tradition du documentaire et il faut lui rendre honneur. «Je suis fier d’être Romand et documentariste».

Source: ats