«Un filtre à se mettre devant les yeux»

(Ville de Lausanne / Le Journal)

David Rodriguez, est le coordinateur de la politique communale de l’accessibilité universelle depuis 2019. Si quelques lieux ont pu être aménagés, il estime qu’il s’agit surtout d’introduire un changement de culture.

Quand on lui demande quelles sont les réalisations les plus importantes depuis sa prise de fonctions, sa réponse est immédiate: la formation. «On ne peut pas avancer si les gens ne sont pas sensibilisés. L’accessibilité, c’est d’abord quelque chose de purement humain. On va injecter de l’humain dans nos vies de stress.» Cette formation novatrice est ouverte à tout le personnel de la Ville dès le 3 décembre, journée mondiale du handicap.

Si on insiste, il cite la prise en compte systématique de l’accessibilité dans les rapports-préavis de la Municipalité. Il a tout de suite «visé haut». Ou le Guide de l’accessibilité, qu’il a conçu; celui-ci sera davantage utilisé par un personnel de la Ville formé.

La visibilité des LEGO

Bien sûr, il y a quelques réalisations concrètes, comme des postes de travail réaménagés pour des collaboratrices et collaborateurs en situation de handicap, ou la dimension inclusive du Passeport vacances et d’autres manifestations. Ou encore la collaboration avec Ramptogo, pour construire une rampe d’accès au Conseil communal faite de LEGO.

Celle-ci a suscité quelques commentaires sceptiques. David Rodriguez en rit. Il était difficile de construire du solide dans un monument historique. Le projet était initialement en bois, mais les LEGO ont l’avantage d’être très visibles. Ainsi, ils peuvent peut-être mieux sensibiliser les membres du Conseil.

L’accessibilité, dit-il, c’est un «continuum». Une affaire de longue haleine. «On ne sera jamais parfaitement accessibles à tout le monde. L’oiseau doit faire son nid. Je l’ai dit dès mon engagement: il est illusoire de vouloir changer de culture en trois ans.» Il avait été engagé à 40%, parce qu’il voulait consacrer du temps à sa fille, aujourd’hui âgée de trois ans. Il est maintenant passé à 60%, et aimerait poursuivre et élargir son mandat.

20% de la population

David Rodriguez se dit «super heureux d’être là». Parce que c’est «un travail varié, autonome, et surtout qui a du sens, c’est hyper-important pour moi». Formé en sciences sociales puis à l’IDHEAP, il a découvert le monde du handicap par des personnes de sa famille directement touchées, puis en travaillant à la Fondation Asile des aveugles en tant que formateur. Si l’on compte toutes les formes de handicap, cela représente 20% de la population. Et «nous sommes toutes et tous touchés un jour ou l’autre, que l’on ait une jambe cassée ou qu’on se déplace avec une poussette.» L’accessibilité s’applique donc à tout ce qu’on fait. «C’est un filtre qu’on se met devant les yeux. Dès que je vois un lieu, j’y réfléchis de manière instinctive.» AM


Pour David Rodriguez, il faut penser à l’accessibilité dans tout ce qu’on fait.

 

Le personnel sera formé à l’accessibilité

Les personnes en situation de handicap représentent 1,7 million de personnes en Suisse, environ 20% de la population. Le personnel de la Ville accueille chaque jour dans ses bureaux des centaines d’usagères et d’usagers. Parce que nous sommes toutes et tous différents, savoir accueillir tout le monde doit être une valeur forte de l’administration communale.


La formation portera notamment sur l’accueil aux guichets de la Ville.

 

Dans cette formation, le personnel découvrira et entrainera les manières de se comporter et de mobiliser les ressources nécessaires pour fournir des prestations accessibles au plus grand nombre. La formation se veut sous forme expérientielle et active, avec des mises en situation qui permettent aux apprenantes et apprenants d’exercer leurs compétences.

Il s’agit avant tout de démystifier le handicap et montrer qu’on peut, par un comportement et une communication adéquate, offrir des prestations accessibles à toutes et tous. La qualité de l’accueil s’en trouvera améliorée dans les administrations, que ce soit au guichet ou lors de la gestion de projets.

A noter que cette formation, construite en collaboration avec le CEP (Centre d’éducation permanente) et les associations régionales, sera également proposée à tout le personnel de l’Etat de Vaud et des communes vaudoises. SM


Faits & chiffres

25’000 Lausannoises et Lausannois seraient en situation de handicap en tenant compte de toutes les réductions possibles de capacités.


Trois nouveaux collèges accessibles aux personnes en situation de handicap

MOBILITÉ – Pour toute construction ou rénovation de structures scolaires et parascolaires, les personnes à mobilité réduite font l’objet d’une attention particulière. Les sites scolaires de Béthusy (inauguré le 6 octobre 2021), de Riant-Pré, dans le quartier des Fiches (inauguré le 30 novembre 2021), et d’Eglantine (inauguré le 1er décembre 2021) ne dérogent pas à la règle. Ils ont été érigés selon l’exigence de la norme SIA 500 «Construction sans obstacles» de manière à ce que chaque personne puisse accéder à tous les espaces. Les chemins et portes sont réalisés sans marches ni ressauts, des mains courantes sont disposées des deux côtés des escaliers et un ascenseur intérieur assure quant à lui un accès de plain-pied. Les étages comprennent des sanitaires adaptés et le parking, s’il est présent, doit réserver une place de stationnement aux personnes à mobilité réduite. SM

Entrer dans le lac en toute sécurité

ESPACES PUBLICS – Les bords du lac invitent à la baignade. Ils et elles sont nombreuses à en profiter toute l’année et pas seulement à la belle saison. Afin que l’ensemble de la population puisse profiter des bienfaits d’une nage en eau libre, la plage publique de Bellerive possède une infrastructure à destination des personnes à mobilité réduite. Un tapis rigide facilite la marche sur le sable. Une rampe, longue d’une dizaine de mètres, les assure dans leur entrée dans l’eau grâce à deux main-courantes parallèles. YR

Une place de jeux inclusive

INTÉGRATION – Depuis 2014, la place de jeux La Cigale est accessible aux personnes à mobilité réduite. Située dans le quartier Isabelle-de-Montolieu, c’est la première de ce type en Suisse romande. Elle a été réaménagée en raison de sa proximité avec l’école La Cassagne, qui accueille 80 enfants en situation de handicap. La différence se voit à de subtils détails: jeu d’eau à hauteur d’enfants en fauteuils roulants, table de pique-nique adaptée, reconversion sans obstacles du terrain de pétanque, parcours de cordes à l’étage. D’autres installations de jeux inclusifs devraient voir le jour à Lausanne en 2022. AM

Lien:
www.lausanne.ch/accessibilite

Discriminations en chaîne

(20 Minutes Lausanne)

Bien qu’elles soient 72% à être professionnellement actives, les personnes handicapées souffrent plus au travail que les autres, révèle la dernière étude de l’Office fédéral de la statistique. Elles ne sont que 62% à se dire satisfaites de leurs conditions d’emploi, contre 81% des autres actifs. Elles sont aussi nettement plus exposées à la violence et à la discrimination, d’abord en raison de leur handicap, surtout lorsqu’elles sont fortement limitées dans les activités quotidiennes. Plus d’un quart d’entre elles disent avoir subi d’autres discriminations (âge, sexe, origine) ou être victimes de violences verbales ou physiques (menaces, intimidations, mobbing ou harcèlement sexuel), contre 18% des travailleurs sans handicap.-JBA

Les personnes handicapées sont moins satisfaites de leur qualité de vie au travail

(OFS)

Communiqué de presse du 29.11.2021

Les personnes handicapées participent largement au marché du travail. En 2019, c’était le cas de 72% d’entre elles. Toutefois, leur qualité de vie est moins bonne que celle des autres travailleurs: elles déclarent globalement être moins souvent satisfaites de leur travail que les personnes sans handicap (67% d’entre-elles contre 81%) et y subir davantage de violence et discrimination (26% contre 18%). Ces résultats ressortent des indicateurs de l’égalité que l’Office fédéral de la statistique (OFS) publie en prévision de la Journée internationale des personnes handicapées le 3 décembre.

Les indicateurs de l’égalité pour les personnes handicapées relatifs à l’activité professionnelle sont actualisés sur la base des données de l’enquête sur les revenus et les conditions de vie des ménages en Suisse (SILC 2019). Des informations sur la discrimination et la violence au travail tirées de l’enquête suisse sur la santé (ESS) 2017 complètent le tableau.

Participation qui varie selon le handicap et le sexe

Les personnes handicapées en âge de travailler participent largement au marché du travail, même lorsqu’elles sont fortement limitées dans les activités de la vie normale. Si 87% des personnes non handicapées sont actives professionnellement, c’est aussi le cas de 72% des personnes handicapées. En présence de fortes limitations, ce taux est encore de 47%.

Les femmes et les hommes avec handicap participent moins au marché du travail que le reste de la population: 68% des femmes handicapées (contre 83% de celles sans handicap) et 78% des hommes handicapés (contre 91% des hommes sans handicap) participent au marché du travail.

Satisfaction au travail plus faible

La qualité de vie au travail des personnes handicapées est globalement moins bonne que celle du reste de la population: la part des personnes actives occupées satisfaites à la fois de leur revenu professionnel, de leurs conditions de travail et de l’atmosphère de travail est plus faible chez les personnes avec un handicap que chez celles sans handicap (67% versus 81%). Chez les personnes fortement limitées par leur handicap, ce chiffre baisse à 57%.

Les femmes handicapées se déclarent plus souvent satisfaites de leurs conditions d’emploi que les hommes handicapés (70% contre 64%), alors qu’il n’y a pas différence significative dans la population sans handicap.

Les personnes avec handicap se disent moins satisfaites en particulier de leur revenu (valeurs moyennes de 6,7 versus 7,4 sur une échelle de 0 à10) et de leurs conditions de travail (7,7 versus 8,0). Elles sont aussi plus fréquemment épuisées après le travail (4,5 versus 5,4); elles ont donc moins d’énergie pour faire ce qu’elles aiment dans leur temps libre et pour assumer les obligations de leur vie privée.

Violence ou discrimination une fois sur quatre

Les personnes avec handicap sont également davantage exposées à la violence et à la discrimination sur leur lieu de travail. En 2017, 4% d’entre elles ont déclaré être victimes de discrimination au travail en raison de leur handicap. Ce chiffre atteint 12% chez les personnes qui sont fortement limitées dans les activités de la vie quotidienne.

Au cours des douze mois précédant l’enquête, 26% des travailleurs handicapés ont déclaré avoir subi au moins une des neuf formes de discrimination ou de violence en plus ou en parallèle, c’est à dire celle en raison de l’âge, du sexe ou de l’origine, des violences verbales ou physiques, menaces, intimidations/mobbing ou harcèlement sexuel. En comparaison, c’est le cas de 18% des travailleurs sans handicap.

Autres indicateurs actualisés

Les indicateurs relatifs à la «prévalence du handicap dans la population» ont également été actualisés sur la base des données de l’enquête SILC 2019. Sur la base de l’enquête de l’ESS 2017, l’indicateur relatif aux «contacts sociaux»; regroupant la fréquence du sentiment de solitude subi ainsi que l’intensité du soutien social reçu, a été mis à jour. Actualisé sur cette même base, le «recours aux soins à domicile et à l’aide informelle» illustre la fréquence et le type d’aide reçue, garantissant aux différents groupes de la population une meilleure autonomie dans leur vie quotidienne en ménage privé.

Accessibilité aux Urbaines

(Les Urbaines)

Les Urbaines explorent les esthétiques émergentes les 3,4 et 5 décembre 2021. En donnant à expérimenter une alternative à ce qui est déjà établi, le festival appelle à la découverte indispensable. — et totalement gratuite !

Dans un instantané composite des nouvelles esthétiques s’entrechoquent des projets aux contours disparates (picturaux, sculpturaux, vidéos, sonores, chorégraphiques, performatifs), ayant trait à des sujets variés (folklore, deuil, partage, imaginaire, ruralité, inclusivité, culture club, auto-détermination, introspection, identités, structures de pouvoir, environnement, corps…). À la discordance des propositions répond celle du cadre géographique au sein duquel se déploie la programmation. Dispersé, fragmenté, pluriel et divers, il oscille entre une église (Temple de Chavannes), une friche en cours de réaffectation (Silo du Lac), une halle industrielle (Espace Amaretto), un lieu socio-culturel (Espace 44), des institutions culturelles reconnues (Arsenic, Espace Arlaud, Musée cantonal des Beaux-Arts – MCBA) et des lieux investis dans une veine différente de leur usage traditionnel (le skatepark La Fièvre et le Théâtre Sévelin 36 aménagés en clubs).

Soucieuse de l’accès des personnes en situation d’handicap moteur et sensoriel à la création contemporaine, Les Urbaines s’engagent à rendre sa programmation la plus accessible possible.

L’exposition à l’Espace Arlaud se prolonge jusqu’au 12 décembre.

Les Urbaines se réjouissent de vous accueillir!

Découvrez tout le programme des Urbaines
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Accessibilité pour les personnes en situation de handicap: 200 lieux répertoriés grâce à l’outil Accès+

(geneve.ch)


Consultation d’Accès + sur un téléphone mobile

 

La Ville de Genève a mis en ligne le 22 novembre 2021 les données récoltées dans le cadre du projet Accès+, pour enrichir le site web de la Ville de Genève et renseigner sur l’accessibilité de quelque 200 lieux publics. On parle ici de musées et de salles de concerts, mais aussi de centres sportifs, de parcs publics, d’espaces de jeux, de bibliothèques, de centres socio-culturels, ou encore de services de l’administration municipale. Ce travail a été rendu possible grâce à un outil mis au point par Pro Infirmis.

Accès+ a été présenté à la presse par les magistrates et le magistrat porteur-euse-s de la politique de la Ville de Genève en matière d’accessibilité universelle, la Maire Frédérique Perler, la Conseillère administrative Christina Kitsos, le Conseiller administratif Sami Kanaan, et la responsable de Pro Infirmis-Genève Véronique Piatti-Bretton.

De nombreuses associations d’usagères et d’usagers ont fait le déplacement pour assister à une démonstration de ce nouvel outil qui témoigne de la volonté de la Ville de poursuivre son engagement pour une ville inclusive.

Politique municipale d’accessibilité universelle

Pour rappel, en 2019, le Conseil administratif a doté la Ville de Genève d’une politique municipale d’accessibilité universelle, dont le pilotage a été confié au Département de la cohésion sociale et de la solidarité (DCSS), en collaboration avec le Département de l’aménagement, des constructions et de la mobilité (DACM). L’objectif de cette politique est l’inclusion des habitant-e-s, usagères et usagers en situation de handicap dans la vie de la cité, par l’amélioration de l’accès aux prestations municipales. Un an plus tard, la Ville a récolté les premiers fruits de ce travail en adoptant une Charte de référence: «Genève, Ville universellement accessible».

La politique d’accessibilité universelle garantit l’aménagement d’un environnement dépourvu d’obstacles afin de permettre à l’ensemble des habitantes et des habitants une participation pleine et entière à la vie de la cité. La mise en œuvre de la politique municipale comporte cinq axes:

  • l’aménagement architectural et urbanistique;
  • l’accueil et l’accompagnement des usagères et usagers;
  • la sensibilisation et la formation du personnel;
  • la communication, l’information et la sensibilisation des publics;
  • la participation politique et citoyenne.

Convention des Nations unies

Le principe d’accessibilité universelle est codifié dans la Convention des Nations unies pour les droits des personnes handicapées, ratifiée par la Suisse en 2014. Il définit qu’un environnement inclusif est apte à réduire les difficultés et donc les handicaps de celles et ceux qui doivent composer avec des limitations physiques, sensorielles, mentales ou psychiques. Dès lors qu’on reconnaît que toute personne peut être confrontée au cours de sa vie à de telles situations, de manière temporaire ou durable, on peut affirmer que le concept d’accessibilité universelle représente une approche profitable à toutes et tous.

La Magistrate en charge de la cohésion sociale et de la solidarité, Christina Kitsos, relève «qu’une société inclusive est celle où toutes les personnes, quelles que soient leurs capacités, ont la possibilité de participer pleinement à la vie de la Cité. On ne parle pas ici que d’obstacles architecturaux. Les barrières symboliques sont souvent les plus difficiles à franchir.»

Pour la Maire, Frédérique Perler, «notre population étant vieillissante, nous devons améliorer la sécurité des plus fragiles. C’est un enjeu majeur des futurs aménagements.

Le département que je préside s’engage ainsi, à chaque fois que c’est possible, à aménager, construire et rénover des espaces publics et des bâtiments délivrant des prestations municipales modernes et inclusives, ouvertes à toutes et tous, avec ou sans handicap».

Sami Kanaan, Magistrat en charge de la culture et de la transition numérique, souligne que «les compétences et le travail des équipes de la Direction des systèmes d’information et de la communication viennent en support à toutes les institutions, à tous les services municipaux pour permettre ainsi à la Ville de pouvoir tendre à cette universalité de l’accessibilité. Le projet Accès+ en est un bel exemple».

Réalisation emblématique

C’est même là une réalisation emblématique, conduite en partenariat avec le projet national de Pro Infirmis «la Suisse Accessible». Accès+ permet aux personnes concernées d’accéder, depuis les pages web de la Ville, à des informations détaillées sur l’accessibilité de 200 infrastructures municipales. Dans un deuxième temps, les données récoltées pourront être utilisées pour planifier et prioriser les améliorations nécessaires.

De plus, l’accessibilité de nouveaux bâtiments tels que l’Ancien Manège ou la nouvelle Comédie a fait l’objet d’audits et de mesures complémentaires grâce à d’intenses collaborations entre des services municipaux et l’association Handicap Architecture Urbanisme (HAU). Enfin, les experts d’HAU collaboreront avec les services du DACM dans le but d’inclure les critères d’accessibilité universelle dans les documents-cadre inhérents aux constructions/rénovations et aux aménagements urbains.

Perspectives 2022

En 2022, une sensibilisation et des modules de formation vont être proposés au personnel municipal ainsi qu’aux membres des associations subventionnées. Durant cette même année, la Ville a prévu de lancer un appel à projets portant sur les pratiques inclusives abordant différentes thématiques dont:

  • la sensibilisation du grand public aux enjeux du partage de l’espace public et des déplacements des personnes à mobilité réduite;
  • l’inclusion des citoyen-ne-s vivant avec un handicap au sein des démarches participatives locales.