Des signes positifs: la Fédération suisse des sourds fête 75 ans d’adversité

(Swissinfo.ch)

En Suisse, les personnes sourdes subissaient autrefois des pressions pour qu’elles ne se marient pas et n’aient pas d’enfants. Dans les années 1970, celles qui utilisaient la langue des signes étaient encore battues à l’école. Des pratiques choquantes qui mettent toutefois en lumière les progrès réalisés en 75 ans.


Journée mondiale des sourds, Genève 2018. © Keystone / Martial Trezzini

 

par Thomas Stephens

«Nous avons été totalement oubliés. Dans la phase la plus dramatique de la pandémie, les personnes sourdes n’avaient absolument aucun accès aux informations susceptibles de sauver des vies. C’était une source de grande inquiétude partout», explique Tatjana Binggeli, présidente de la Fédération suisse des sourds

Mais avant d’aborder les questions d’actualité, revenons au 17 février 1946, lorsque huit associations de sourds de Suisse alémanique, lassés d’être traités comme des citoyens de seconde zone, unissent leurs forces pour donner aux sourds une voix plus forte. Huit autres organisations les rejoignent la même année, dont une de Suisse romande et une du Tessin italophone.


La Journée des sourds, le 12 septembre 1948 à Lucerne. SGB-FSS

 

«Les personnes sourdes étaient massivement discriminées par la société en raison de leur surdité. De plus, elles n’avaient pas de voix propre et étaient contrôlées par les entendants, qui agissaient comme leurs tuteurs», explique Tatjana Binggeli, par l’intermédiaire d’un interprète, au siège de la fédération à Zurich.

Cliquez sur l’image pour voir ou écouter la Vidéo

En Suisse, la situation des sourds était sombre. On estimait qu’ils étaient moralement déficients – en particulier les femmes qui, craignait-on, pouvaient être sexuellement actives et, Dieu nous en préserve, tomber enceintes. Les hommes sourds étaient accusés d’être têtus et irascibles et avaient fréquemment des conflits au travail, selon un livre publié par la fédération à l’occasion de son 75e anniversaire.

Même un pionnier comme Eugen Sutermeister, qui a fondé l’Association suisse d’aide aux sourds et muets (aujourd’hui appelée Sonos), n’avait pas exactement une image positive de lui-même. Dans ses Six règles pour interagir avec les adultes sourds-muets, écrites pour les entendants en 1900, il disait qu’un entendant devait «supporter patiemment un sourd avec toutes ses faiblesses» et que «les défauts de caractère d’un sourd font partie de son affliction».

Les organisations d’aide ont adopté une attitude fondamentalement paternaliste à l’égard des personnes sourdes. Elles leur offraient de l’aide pour la recherche d’un emploi, réglaient les différends auxquels elles devaient faire face au travail et dans la vie quotidienne, mais ne leur accordaient pas beaucoup d’indépendance. Les personnes sourdes étaient parfois mises sous tutelle et avaient besoin de l’autorisation de leur tuteur pour changer d’emploi ou se marier.

«Les personnes sourdes étaient complètement exclues des programmes éducatifs», note Tatjana Binggeli. «Cela commençait à l’école primaire, qui ne proposait pas d’enseignement en langue des signes, et se poursuivait tout au long de leur vie. Nous sommes toujours confrontés à ce type de problèmes aujourd’hui», ajoute-t-elle.

Tatjana Binggeli fait figure d’exception. Née sourde, elle a fréquenté diverses écoles pour sourds avant d’intégrer, à 17 ans, un lycée de Berne avec des élèves entendants. Cependant, le directeur de l’école considérait les personnes sourdes comme des personnes handicapées incapables d’étudier dans une école ordinaire. Tatjana Binggeli a été ainsi renvoyée. Elle a ensuite rejoint un autre établissement où elle a réussi ses examens, avant d’entamer des études universitaires en médecine et en biomédecine, tout en travaillant dans divers hôpitaux. Plus tard, elle est devenue la première personne sourde en Suisse à obtenir un doctorat en médecine scientifique, avec la mention summa cum laude.

 
Tatjana Binggeli with Doris Leuthard
Tatjana Binggeli (à droite) à la Chambre basse en 2017 avec Doris Leuthard, qui était alors présidente de la Confédération. SGB-FSS

Pas de langue des signes

Les premières écoles pour sourds en Suisse sont apparues au début du 19e siècle, grâce à des initiatives privées. L’objectif était de donner aux sourds une éducation scolaire et religieuse, ainsi qu’une formation professionnelle.

Les choses se sont gâtées en 1880. Lors d’un congrès à Milan, des experts en éducation et des médecins de toute l’Europe – presque tous entendants – ont discuté de la manière d’éduquer les sourds. Ils ont décidé que la langue des signes devait être bannie des salles de classe et que les sourds devaient apprendre à lire sur les lèvres et à parler. En conséquence, la langue des signes a été interdite dans les salles de classe suisses jusque dans les années 1970 au moins, les contrevenants étant souvent exposés à des châtiments corporels.

«Historiquement, ce congrès a été extrêmement important. Il a eu une influence considérable sur l’éducation et la vie des personnes sourdes», commente Tatjana Binggeli. «Les gens avaient l’interdiction d’utiliser leur langue maternelle, ce qui a compliqué l’accès à l’emploi, à la politique et à la vie en société. Cela a évidemment compromis la possibilité de vivre de manière autonome. La décision a été prise pour nous. La situation n’est pas aussi extrême qu’à l’époque, mais elle existe toujours.»

Le problème est que l’on passait souvent tellement de temps à apprendre à parler et à lire sur les lèvres qu’il restait peu de temps pour l’éducation de base. Qui plus est, malgré le temps consacré à l’oralisme, de nombreux élèves étaient toujours incapables de suivre les cours oraux et étaient donc désavantagés en classe et plus tard sur le marché du travail.


Une marche de solidarité à St-Gall lors de la Journée nationale des sourds, en 1991. Ils protestent contre l’utilisation de l’expression «sourds et muets» par le tabloïd Blick. SGB-FSS

 

Le mouvement américain

Petit à petit, les choses ont cependant commencé à changer. En 1960, un délégué suisse qui avait assisté au troisième congrès mondial des sourds à Wiesbaden, en Allemagne, a conclu que les personnes sourdes en Suisse comptaient trop sur leurs aides entendants. La même année, un bulletin d’information suisse pour les personnes sourdes a noté qu’«en Allemagne ou en Italie, une grande partie du lobbying difficile était effectuée par les personnes sourdes elles-mêmes».

Alors que de nombreux sourds en Suisse étaient fiers de pouvoir s’exprimer sans signer, dans les années 1970, la langue des signes était de plus en plus utilisée lors des congrès internationaux et certains délégués suisses ne pouvaient pas suivre ce qui se passait.

L’épicentre du mouvement des sourds était à l’époque le Gallaudet College (aujourd’hui Université) à Washington. Fondé en 1864 et récemment le cadre d’une série de télé-réalité Netflix (Deaf U), il s’agit de la première, et la seule, institution au monde pour l’éducation avancée des sourds et des malentendants.

«Un couple de sourds suisses a passé du temps à l’Université Gallaudet dans les années 1970 et 1980. Ils ont fait l’expérience de l’utilisation libre de la langue des signes dans une société où tout était possible pour les sourds», raconte Tatjana Binggeli, qui a également visité Gallaudet. «Ils ont été très, très impressionnés par ce qu’ils ont vu, et lorsqu’ils sont rentrés en Suisse, ils ont travaillé dur pour obtenir la même chose ici, notamment une plus grande acceptation de la langue des signes.»

Les obstacles n’ont pas manqué, qu’il s’agisse du manque d’argent et de volonté politique ou de l’opposition des parents entendants qui craignaient que la langue des signes n’entraîne l’isolement social de leurs enfants sourds. Certaines personnes sourdes elles-mêmes étaient opposées à l’utilisation de la langue des signes dans les salles de classe. Mais dans les années 1980, la sensibilisation du public suisse aux personnes sourdes et l’efficacité de la représentation de leurs intérêts ont considérablement augmenté.


Photo non datée (probablement du début des années 1980) d’un textphone, également appelé téléimprimeur. Le texte est transmis en direct, via une ligne téléphonique, à un appareil compatible. SGB-FSS

 

De nombreuses victoires

Depuis lors, la fédération a réalisé d’importants progrès. Elle a notamment développé des programmes éducatifs, des séminaires et des cours organisés par des sourds pour des sourds. Elle est également devenue plus professionnelle et plus puissante, faisant un lobbying intense pour la reconnaissance légale de la langue des signes et les intérêts des 10’000 personnes sourdes et des 800’000 personnes malentendantes du pays.

Et qu’a fait le gouvernement? «Malheureusement pas grand-chose», selon Tatjana Binggeli. La loi sur l’égalité des personnes handicapées est entrée en vigueur en 2004, mais certaines de ses dispositions sont formulées de manière assez vague, dit-elle, et il y a toujours une «discussion sans fin» pour savoir qui couvre les coûts: les municipalités, les cantons ou le gouvernement fédéral.

«La Suisse reste un pays très conservateur sur le plan social. Comparée à d’autres pays plus progressistes, elle n’a pas une image très positive», dit-elle.

Selon elle, il manque également en Suisse un centre d’information neutre et indépendant pour les parents d’enfants sourds. «La chose la plus importante est que le bébé puisse communiquer avec sa famille. Et pour cela, nous recommandons à toute la famille d’apprendre la langue des signes. Avec la langue des signes, les enfants disposent d’une langue avec laquelle ils peuvent s’exprimer et interagir avec leur famille, et ils apprennent en même temps la langue parlée. La Fédération suisse des sourds encourage une éducation bilingue.»


Un cours de langue des signes donné à domicile, en 2009. A.schwaiger

 

Démocratie directe

L’arrivée d’Internet a à bien des égards changé la donne pour les personnes sourdes, leur offrant de nouvelles possibilités de communication. Tatjana Binggeli regrette toutefois le fait que les logiciels de reconnaissance vocale sont inaccessibles pour de nombreuses personnes sourdes et qu’Internet est toujours basé sur le texte, ce qui peut également poser problème.

«L’une des raisons à cela est que le niveau d’éducation des personnes sourdes est souvent très bas, pour les raisons mentionnées précédemment [difficultés en classe]. Mais cela n’a absolument rien à voir avec l’intelligence, plutôt avec les barrières qui empêchent l’accès à l’information en langue des signes», explique-t-elle.

Le système suisse de démocratie directe, qui implique que le public se rende aux urnes quatre fois par an pour voter sur diverses questions, pose aussi problème. Chaque citoyen suisse reçoit une brochure du gouvernement expliquant les avantages et les inconvénients de l’enjeu. Mais comme le souligne Tatjana Binggeli, «ces textes sont très complexes et souvent pas très faciles à lire – même pour les personnes entendantes».

«Mais les personnes entendantes ont des alternatives [pour obtenir des informations, comme la télévision et la radio] que nous n’avons pas. Et c’est pourquoi nous avons besoin de ces textes en langue des signes. Tout comme ils sont lus à haute voix aux aveugles, nous avons besoin d’une forme visuelle en langue des signes au même niveau.»

Elle précise que grâce à la pression de la fédération, depuis 2018, le gouvernement publie également les informations sur les votations nationales dans les trois langues des signes du pays (allemand/DSGS, français/LSF et italien/LIS). Cette vidéo, par exemple, explique les enjeux de la votation du 13 juin dernier sur la loi Covid-19 (acceptée par le peuple):

Informations en cas d’urgence

La plupart des personnes sourdes ne se considèrent pas comme des handicapés, mais comme des membres d’une minorité culturelle et linguistique, dont la langue des signes est la langue maternelle.

Aujourd’hui, l’objectif principal de la fédération est d’obtenir la reconnaissance légale de la langue des signes. Cela ne doit toutefois pas être un geste symbolique, selon Tatjana Binggeli, mais doit prévoir une protection et une promotion de la langue, comme pour le romanche, une langue nationale suisse parlée par environ 50’000 personnes.

Bien que des mesures telles que l’application Alertswiss informent les personnes sourdes sur les éventuelles catastrophes ou dangers, la pandémie de Covid-19 a mis en évidence les limites de cette approche. Sans parler de l’impossibilité de lire sur les lèvres lorsque des masques sont portés.

«La pandémie de coronavirus est un très bon exemple de la difficulté d’accéder aux informations importantes. Nous avons été totalement oubliés», estime Tatjana Binggeli. «Nous avons alors contacté le gouvernement et exigé que des interprètes en langue des signes soient mis à disposition pour les informations publiques. Très rapidement, des interprètes sont apparus à toutes les conférences de presse du gouvernement à la télévision.»

Aucune personne sourde n’a jamais été élue au Parlement fédéral en Suisse, contrairement à de nombreux autres pays, comme par exemple Shirley Pinto en Israël le mois dernier.

Tatjana Binggeli voulait faire de la politique quand elle avait 20 ans, mais ce n’était pas possible. «La participation politique des personnes sourdes reste impossible. De très nombreuses barrières existent encore. Par exemple, nous ne pouvons pas suivre les débats politiques au Parlement. La conscience politique progresse lentement, et il se peut qu’il y ait maintenant des interprètes aux réunions des délégués des partis, mais cela reste l’exception. Ils devraient être disponibles pour tout le monde, c’est une évidence. Les gens ne devraient pas avoir à demander: «Est-ce que quelqu’un [de sourd] va venir? Devons-nous fournir un interprète? Un interprète devrait simplement être là.»

Verrons-nous donc un ministre suisse sourd de notre vivant? «J’aimerais vraiment voir cela. Entrer en politique en tant que personne sourde a toujours été mon rêve, mais pour l’instant, ce n’est tout simplement pas faisable. Je me bats pour que ce rêve devienne un jour réalité et pour la génération suivante.»

Covid long et AI: le parcours du combattant

(20min.ch)

Déjà 656 demandes déposées auprès de l’assurance invalidité (AI) pour des malades du coronavirus. Mais pas sûr qu’elles aboutissent, prédit un expert.


Dans la restauration par exemple, l’odorat est un «outil de travail» indispensable. Un malade du Covid long est donc à la peine pour travailler. Deposit

 

Des personnes ayant été atteintes par le coronavirus souffrent de séquelles telles que fatigue, problèmes olfactifs, essoufflements ou encore difficultés neurocognitives. Ces maux peuvent devenir des obstacles majeurs au travail. À tel point que certains risquent de perdre leur emploi. Entre janvier et mai, en Suisse, 656 demandes ont été déposées auprès de l’assurance invalidité (AI) pour obtenir des prestations. Pour le moment, personne ne sait si ces demandes seront acceptées.

Bruno Cereghetti, consultant privé et ancien chef du Département des affaires sociales et de la santé tessinois, est pessimiste: «99,9% des demandes seront rejetées!», assure-t-il. Sur la RTS, Stefan Ritler, directeur adjoint de l’Office fédéral des affaires sociales, a déclaré: «Nous ne savons pas encore comment la situation va évoluer. Nous comptons sur la médecine pour trouver un traitement approprié pour la plupart des symptômes.» Pour Bruno Cereghetti, «supposer que la médecine peut faire disparaître ces problèmes du jour au lendemain est utopique. En fait il s’agit de troubles qui, malheureusement, dans de nombreux cas, persistent.»

Reconversion obligatoire

Ce ne serait pas la première fois, selon Bruno Cereghetti, qu’un accident ou une maladie invalidante ne suffise pas pour obtenir une aide de l’AI. En effet, l’octroi de ces aides est basé sur «un concept très étrange et purement théorique du marché du travail où il est censé y avoir de la place pour tout le monde», commente le spécialiste. Légalement, la personne qui ne peut pas travailler dans un certain domaine est obligée d’accepter une place de travail moins pénible du point de vue physique, dans le secteur tertiaire par exemple. Mais les places dans ces secteurs ne sont pas légion. Par ailleurs, des symptômes tels que la perte de mémoire ou une fatigue chronique rendraient ces personnes moins performantes dans le secteur des services, ce qui rendrait encore plus difficile la recherche d’un nouveau poste.

L’AI a reçu plus de 600 demandes de prestations pour Covid long

(rts.ch)

Le nombre des premières demandes de rentes invalidité liées au Covid long est connu: entre janvier et mai de cette année, 656 personnes souffrant de ces symptômes ont demandé des prestations.

Pour l’assurance invalidité (AI), ces requêtes liées au Covid long correspondent à 3,1% des nouveaux dossiers, ce qui entre dans une marge de fluctuation réputée normale. Mais les chiffres pourraient encore augmenter de manière exponentielle.

Dizaines de milliers de patients à terme?

Le réseau Altea, plateforme destinée à faciliter les échanges entre les malades, le corps médical et la communauté scientifique, estime qu’à long terme des dizaines de milliers de patients souffrant de ces symptômes pourraient venir grossir les rangs des demandeurs de rentes AI.

Interrogé dans le 12h30 de la RTS, le directeur-adjoint de l’Office fédéral des assurances sociales (OFAS) souligne de son côté que la définition du Covid long n’est toujours pas très claire.

« Certains symptômes légers persistent longtemps et il y a des symptômes graves que l’on doit étudier pour savoir quelles seront les conséquences à long terme pour l’AI », a expliqué Stefan Ritler. « On ne sait pas dans quelle direction cela va continuer, mais je fais confiance à la médecine pour apporter un traitement adéquat à la plupart des symptômes ».

Sur les 656 dossiers enregistrés jusqu’à fin mai, on ignore encore combien seront acceptés et donneront lieu à des prestations.

Ecouter le sujet de Nicole della Pietra dans le 12h30:


Le Covid long fait augmenter le nombre de demandes à l’AI / Le 12h30 / 1 min. / le 20 juillet 2021

Une vague d’invalidité dans le 2e pilier ?

(Schweizer Personalvorsorge)

Jérôme Cosandey, Directeur romand, Avenir Suisse

Bien des journalistes ont questionné l’impact de la pandémie sur les rentes vieillesse
des institutions de prévoyance. Si la question des effets de la surmortalité liée au virus est pertinente, elle manque probablement sa cible. Les risques louvoient non pas du côté des retraites, mais des actifs, à savoir pour les prestations d’invalidité. Beaucoup d’assurés n’ont pas conscience de l’importance du 2e pilier dans ce domaine. Aux quelques 1400 francs de rente mensuelle moyenne versés par l’assurance invalidité du premier pilier (Al), vient s’ajouter environ le même montant pour celles et ceux affiliés aux caisses de pension. Au total, ces dernières déversent 2.1 milliards de francs par an pour des prestations d’invalidité.



Jérôme Cosandey, Directeur romand, Avenir Suisse

 

«En 2020 47% des nouvelles rentes Al ont été octroyées pour des maladies psychiques. C’est sur ce point précis que la pandémie risque de laisser des traces dans les caisses de pensions.»


Double défi pour les caisses

Contrairement à l’image type de l’invalide en chaise roulante, les maux physiques jouent un rôle toujours plus faible dans l’invalidité. En 2020, 47 % des nouvelles rentes AI ont octroyées pour des maladies psychiques. C’est sur ce point précis que la pandémie risque de laisser des traces dans les caisses de pensions. Le télétravail obligatoire, les interdictions d’événement sportifs et culturels, tout comme les restrictions de rencontres dans la sphère privée pèsent lourd sur la santé mentale de nombreux assurés.

Selon la «Swiss corona stress study», le pourcentage de personnes souffrant de symptômes de dépression grave est passe de 3 % 18 % entre la première et la deuxième vague du Covid en 2020. Cette évolution pose un double défi pour l’AI, et par ricochet pour les caisses de pension qui dépendent de ses décisions de rente: d’une part, une augmentation des demandes déposées, d’autre part une plus grande difficulté à réinsérer les personnes concernées en période de crise.

Trop peu de case managers

Les chances de réinsertion diminuent fortement avec la durée d’incapacité de travail. Dans les situations peu claires, typiques des maladies psychiques, une intervention rapide et ciblée peut empêcher une spirale négative – à la dépression peut s’ajouter une dépendance l’alcool, la perte de son emploi ou des dettes. Pour éviter cette descente aux enfers, l’AI, les assurances d’indemnités journalières ou les caisses de pension peuvent engager des cases managers. Ces derniers coordonnent les activités des employeurs, employés, médecins et assurances.

Même si les employeurs sont tenus d’annoncer tôt leur caisse de pension les maladies prolongées, ce sont souvent les assureurs d’indemnités journalières qui sont les premiers informés. Or, pour ces derniers, le retour sur investissement d’un case manager est limité aux économies possibles sur la durée d’indemnité maximale de 730 jours, alors que l’AI et la caisse de pension subiront les conséquences d’une non-réinsertions pendant des années, voire des décennies. Bien que le système dans son entier profiterait d’un case manager, il n’est souvent pas rentable pour l’assureur d’indemnités journalières.

Mieux partager les coûts

Ce manque d’alignement d’intérêts financiers est un cas classique d’externalités positives. Les caisses de pension et l’AI profitent du case management, bien qu’elles ne soient pas tenues de participer aux coûts. Non seulement, cette distorsion est injuste, mais elle nuit également à toutes les parties concernées, car trop peu de case managers sont ainsi mis à contribution.

Pour obtenir un meilleur résultat global, il importe d’instaurer des mécanismes financiers qui internalisent ces externalités positives. En bon français: tous les acteurs qui bénéficient des avantages du case management doivent en assumer une partie des coûts. Les membres de l’association Compasso ont ainsi convenu d’un standard de répartition des frais, qui permet de résoudre de façon pragmatique ce problème. Avec un simple e-mail ou coup de téléphone, assurance d’indemnités journalières et caisse de pension se mettent d’accord sur qui coordonne la gestion du cas, pour quel montant maximal et pour quel partage des coûts (par exemple 50:50).

Bien que l’association Compasso soit formellement soutenue par une centaine de membres, dont l’ASIP et inter-pension, la mise en œuvre de cette convention n’est pas encore un réflexe. De plus, il serait souhaitable qu’une telle répartition des coûts puisse avoir lieu également avec les offices Al cantonaux.Non seulement, tous les acteurs institutionnels participant au financement de l’invalidité profiteraient d’une telle collaboration, mais aussi et surtout les principaux concernés, à savoir les personnes atteintes dans leur santé.

L’athlète paralympique Sofia Gonzalez, sélectionnée pour les Jeux de Tokyo 2021

(allnews.ch)

Swiss Paralympic a dévoilé hier la sélection officielle des sportifs qui participeront aux Jeux paralympiques de Tokyo. L’athlète Sofia Gonzalez, soutenue par le Groupe REYL, en fait partie.


Sofia Gonzalez est une spécialiste du saut en longueur et du 100 mètres. photo:swissparalympic.ch

 

Swiss Paralympic, organisation faîtière du sport handicap suisse, a annoncé hier lors d’une conférence de presse la sélection des sportifs de compétition qui s’envoleront pour Tokyo. La qualification s’est effectuée sur la base de leurs performances sportives et de leur classement lors de compétitions reconnues mondialement. La capitale du Japon accueillera, du 24 août au 5 septembre, les Jeux paralympiques pour la deuxième fois depuis 1964. Au total, 540 compétitions avec médailles dans 22 sports différents seront organisées.

Le Groupe REYL soutient Swiss Paralympic et ses athlètes d’exception depuis 2019. A travers ce partenariat, le Groupe accompagne les athlètes helvétiques qui seront sélectionnés pour participer aux futures compétitions internationales. Le Groupe souhaite faciliter leur parcours sportif et leur développement personnel, en leur permettant d’aborder le plus sereinement possible ces compétitions majeures et d’y réaliser leurs ambitions.

Sofia Gonzalez, athlète paralympique, déclare: «Pour moi cette qualification représente une fierté de pouvoir représenter la Suisse aux Jeux paralympiques de Tokyo 2021. Je ressens que j’ai accompli un rêve qui devient réalité. J’aimerais donner le meilleur de moi-même, accomplir des performances de haut niveau et, je l’espère, obtenir une médaille!»

Nicolas Duchêne, Associé de REYL & Cie, commente: «Nous partageons l’enthousiasme et la fierté de Sofia : sa qualification vient récompenser plusieurs années d’efforts, de détermination et de discipline. Par notre engagement aux côtés de Swiss Paralympic, nous sommes ravis de soutenir l’élite nationale du sport handicap et continuer à susciter des vocations à travers les exploits de ces sportifs d’exception dotés d’un mental et d’une énergie à toute épreuve.»