L’AI financera les chiens d’assistance pour enfants malades

(parlament.ch)

À l’avenir, l’assurance invalidité (AI) paiera également les allocations pour les chiens d’assistance pour les enfants et les adolescents.

Après le Conseil des États, le Conseil national a adopté mercredi sans opposition une motion déposée le 5 mars 2019 par le député lucernois PLR Damian Müller.

L’AI verse pour les chiens d’assistance une contribution forfaitaire de 15 500 francs. Cependant, aujourd’hui, seuls les adultes ont droit à cette allocation. Le Parlement demande maintenant que l’AI couvre également les chiens d’assistance pour les enfants et les adolescents.

Les jeunes gens concernés devraient pouvoir développer à terme, avec l’aide de chiens d’assistance, la possibilité de mener une vie autonome.

Le Conseil fédéral doit maintenant créer les bases juridiques nécessaires à cet effet.

Voir la motion

Handicap mental et Covid: une difficile adaptation

(rts.ch)

Comment expliquer la mise en quarantaine à une personne atteinte d’une défaillance intellectuelle sévère? Comment imposer le port du masque à quelqu’un qui souffre de troubles autistiques?

A l’instar des EMS, les institutions qui accueillent des personnes en situation de handicap mental ont dû s’adapter à la situation. La pandémie a chamboulé la vie des résidents et du personnel.

Le reportage de Katia Bitsch à la fondation Eben-Hézer à Lausanne:


Handicap mental en institution: une difficile adaptation face au Covid / La Matinale / 1 min. / aujourd’hui à 06:00

«Avant de porter un appareil auditif, je m’isolais». Deux Valaisans racontent leur renaissance

(Le Nouvelliste)

Par Christine Savioz

A quelques jours de la Journée mondiale de l’audition, Freddy Berger et Vincent Aymon confient comment leur vie a changé depuis qu’ils portent des appareils auditifs. Une aide non anodine.


Freddy Berger (73 ans) et Vincent Aymon (31 ans) ne pourraient plus se passer de leur appareil auditif qui leur apporte une belle qualité de vie.

 

«On a tendance à faire du déni quand on est malentendant.» Freddy Berger (73 ans), domicilié à Martigny, et Vincent Aymon (31 ans), d’Ayent, portent tous deux des appareils auditifs pour améliorer leur quotidien. Certes, leur parcours diffère puisque Freddy Berger a progressivement eu des soucis d’audition avec les années tandis que Vincent Aymon est malentendant de naissance, mais tous deux ont vu leur vie changer depuis l’utilisation d’appareils auditifs. «Si on n’entend pas bien, les relations sociales se péjorent. Mieux vaut se faire tester», confient-ils en chœur à quelques jours de la Journée mondiale de l’audition.

Vincent Aymon espère aussi, par son témoignage, inciter les parents et enseignants à être attentifs aux problèmes d’audition des enfants. «Cela peut vraiment miner la vie quand on est petit. Je sais de quoi je parle», ajoute-t-il. Cet Ayentôt, commercial dans une entreprise qui vend des aménagements de véhicule, a vécu de bien mauvaises expériences dans sa jeunesse à cause de son handicap. «Ce n’est qu’à mes 8 ans que mon entourage s’est dit qu’il y avait un problème. Toute mon enfance et le début de mon adolescence, j’étais mal avec tout ça. Je ne comprenais pas les autres, du coup je m’isolais et devenais agressif.»

Moqué par ses camarades de classe

Ses premiers appareils auditifs, encore assez imposants à l’époque, sont moqués par les autres écoliers de sa classe. «Porter un appareil était alors stigmatisant. On m’appelait Pépé, on se foutait de moi.» Le jeune Vincent, qui a perdu 60% de ses capacités auditives, s’isole ainsi dans son monde, devient violent et ne comprend rien aux cours. Ce n’est que lors de son apprentissage que sa vie commence à évoluer positivement. «C’est le moment où j’ai enfin accepté que j’étais malentendant. A partir de là, j’ai vécu un tournant dans ma relation avec les gens.» Désormais, il ose demander aux personnes de répéter ce qu’elles ont dit s’il n’a pas compris. Le fait d’être malentendant n’est plus un tabou. «Au contraire, il faut en parler, expliquer qu’on n’entend pas bien. Si mon témoignage peut aider des enfants à éviter de devoir passer par où j’ai passé, ce sera gagné.»

Avant, lorsqu’il y avait du monde autour de la table, je n’arrivais pas à participer aux discussions, et je m’isolais.
Freddy Berger, 73 ans, retraité

En écoutant Vincent Aymon, Freddy Berger opine du chef. Il comprend la douleur ressentie par le trentenaire, même si lui a connu un déficit d’audition bien plus tardivement. «J’ai vu que j’avais un souci vers 63 ans. Ce sont mes proches qui me l’ont fait remarquer. Ma femme trouvait que j’augmentais le son de la télévision de façon exagérée.» A l’époque, il travaillait encore comme dessinateur en béton armé et génie civil. «J’ai finalement testé mon audition et les résultats m’ont franchement surpris: j’avais perdu 40% de mes capacités auditives!»

Redécouvrir un monde sonore

Depuis lors, il porte des appareils auditifs qui lui facilitent la vie. «La première fois que je les ai mis, je me suis aperçu que cela faisait un moment que je n’entendais plus certains sons aigus, comme le chant des oiseaux. Tout à coup, je redécouvrais tout un monde sonore.» Sa vie sociale s’en voit aussi facilitée. «Avant, lorsqu’il y avait du monde autour de la table, je ne comprenais rien aux conversations. N’arrivant pas à participer aux discussions, je m’isolais.»

Il y a quelques mois, il a opté pour un appareillage auditif à la pointe de la technologie. «Il y a un Bluetooth sur l’appareil. J’entends directement le son de la télévision et le téléphone dans les oreilles», s’enthousiasme Freddy Berger. Il s’est si bien habitué à ses appareils qu’il oublie parfois de les enlever avant de dormir. «J’ai de la chance car j’ai rapidement assez bien supporté ces corps étrangers. Je ne pourrais plus m’en passer. Et puis, c’est surtout très agréable pour mon entourage.»

10% de la population touchée

10% de la population est touchée par des problèmes d’audition, un pourcentage qui augmente avec l’âge. Ainsi, 30% des personnes de 60 ans ont des soucis dans ce domaine, 40% des 70 ans et plus de 50% des personnes de 80 ans. Selon l’Organisation mondiale de la santé, d’ici à 2050, près d’une personne sur dix sera atteinte de déficience auditive. «Peu de gens avec une surdité légère ont cependant recours à un appareillage. Seuls 20% des personnes ayant besoin d’un appareil l’utilisent», explique Philippe Perez, audioprothésiste indépendant à Sion. Or, un problème d’audition crée une privation sensorielle qui peut augmenter les problèmes liés à la démence chez les personnes âgées. «Cela a pour conséquence une perte de la qualité de vie tant pour la personne que pour son entourage», ajoute-t-il.

Pour lui, il est ainsi important que les personnes passent un test auditif. Lors de la Journée mondiale de l’audition le 3 mars, il propose de réaliser des tests gratuits pour les intéressés dans ses deux centres «Acoustique suisse- audition santé», à Martigny et à Sion. Il est cependant nécessaire de prendre rendez-vous au 027 323 33 34.

Valoriser et décharger les proches aidant∙es

(physioactive)

Richard Züsli

En Suisse, environ 600 000 personnes s’occupent de leurs proches et/ou les soignent. Diverses initiatives cherchent à les soutenir et à les décharger. Mais il manque encore une stratégie nationale.

L’accompagnement d’une personne malade se fait sou-vent en silence, voire en secret. Or, les personnes qui s’occupent de leurs proches d’une manière ou d’une autre sont nombreuses: selon une enquête mandatée par l’Office fédéral de la santé publique (OFSP) en 2019, une personne sur 13 endosse ce rôle en Suisse, soit près de 600 000 personnes [1]. Même un nombre important d’enfants et d’adolescent∙es s’occupent de leurs parents, de leurs grands-parents ou d’une autre personne. Les personnes les plus concernées sont les proches âgé∙es de 50 à 60 ans. Dans toutes les tranches d’âge, la plupart des soins sont dis-pensés à la mère et au père, tandis que les personnes de plus de 80 ans s’occupent le plus souvent de leur partenaire.

Aide dans la vie quotidienne, pour les tâches administratives, l’hygiène personnelle…

Les aidant∙es sont là pour leurs proches, surveillent leur bien-être, assument des tâches financières et administratives ou apportent d’autres aides dans la vie quotidienne.


Les proches aidant-es s’occupent le plus souvent de leur mère ou de leur père

 


Définition d’un∙e proche aidant∙e

Un∙e proche aidant∙e, qui est-ce? Différentes définitions existent. Dans certains pays, on utilise le terme «carer» ou «care-giver».«Les proches aidant∙es et soignant∙es sont des personnes de tout âge qui soutiennent une personne à laquelle elles se sentent attachées et/ou redevables sur une longue période et dans une large mesure, dans la gestion et/ou l’organisation de sa vie quotidienne si celle-ci n’est pas en mesure de le faire seule pour des raisons de santé.»Hannah Wepf, Heidi Kaspar, Ulrich Otto, Iren Bischofberger, Agnes Leu: Pflegerecht, Ausgabe 3/17 «Un∙e proche aidant∙e est une personne qui donne régulière-ment de son temps personnel pour soutenir un∙e proche, quel que soit son âge, limité∙e pour des raisons de santé et/ou dans son autonomie. Ce faisant, le ou la proche aidant∙e effectue ce que l’on appelle un travail de care.»Andreas Bircher, Croix-Rouge suisse «L’accompagnement est une forme de soutien. Il aide une personne à gérer sa vie quotidienne en toute autonomie et à participer à la vie sociale malgré ses limitations.»En référence au «Guide pour une bonne prise en charge au troisième âge», fondation Paul Schiller 2020


Une grande partie d’entre eux ou elles soutiennent également leurs proches dans le cadre de leur traitement ou assument des tâches relatives à l’hygiène corporelle (pour une définition du ou de la proche aidant∙e, voir encadré). L’enquête a égale-ment montré que les proches aidant∙es octroient beaucoup de temps à ces tâches. La majorité d’entre eux ou elles – les deux tiers – y consacrent jusqu’à 10 heures par semaine. Une personne sur dix fournit des soins pendant plus de 20 heures, voire 24 heures sur 24.

Plan d’action et programme de soutien fédéraux

En 2014, le Conseil fédéral a adopté un plan d’action afin de combler spécifiquement les lacunes relatives aux proches soignant∙es et aidant∙es. L’objectif était d’améliorer les conditions de vie de ces personnes. Le manque de données actualisées a été identifié comme une lacune majeure. Le programme de promotion quadriennal «Offres visant à décharger les proches aidants 2017–2020» de l’OFSP a permis de faire de nombreuses observations fondées. Il a pris fin en automne 20201. Les parents d’enfants malades – 10 % de l’ensemble des proches aidant∙es – peuvent respirer. Pour eux ou elles, une mesure concrète sera bientôt prise: le congé payé de 14 semaines pour les proches aidant∙es, qui entrera en vigueur en juillet 2021. L’absence de courte durée des membres de la famille est déjà réglementée depuis janvier 2021. Et, depuis un certain temps, les personnes en situation de handicap peuvent demander des contributions d’assis-tance à l’assurance-invalidité, ce qui leur permet d’indemniser les aidant∙es. Dans certains cas, les aidant∙es reçoivent une bonification pour tâches d’assistance de la part de l’assurance-vieillesse et survivants. Ce droit doit être élargi.


Près de la moitié des proches aidant∙es ne trouve pas d’offre de soutien adaptée

 

Une stratégie pour les proches aidant∙es est nécessaire

Ce qui va de soi dans le domaine de la démence et des soins palliatifs – une stratégie nationale – manque totalement pour les proches aidant∙es. En Suisse alémanique notamment, il n’existe pas de référence commune systématique des acteurs. En Suisse romande et au Tessin, il n’existe aucune stratégie explicite, mais, depuis quelques années, des actions communes et des coopérations remarquables voient le jour. L’année dernière, lors de la Swiss Public Health Conference, Patrick Hofer, membre du Conseil de Pro Aidants, a donc proposé de définir une «stratégie de soutien et de promotion des proches aidants» qui s’appliquerait à toute la Suisse en collaboration avec l’OFSP et Promotion Santé Suisse. Il n’est pas nécessaire de réinventer la roue. Eurocarers, qui chapeaute les organisations européennes d’aidant∙es, a déjà fait un important travail préparatoire . Adrian Wüthrich, ancien membre du Conseil national, président de Travail.Suisse et ancien président de la Communauté d’intérêts Proches aidants (CIPA), lui a fait écho lors de la manifestation de clôture du programme de soutien de l’OFSP susmentionné. Il a également demandé la mise en place d’une stratégie nationale pour les proches aidant∙es.En 2020, l’association Pro Aidants a présenté sur sa page d’accueil et dans son rapport annuel une proposition concrète pour une stratégie en faveur des aidant∙es en Suisse.


Les proches souhaitent que les professionnel∙les les soutiennent dans leur rôle et les perçoivent comme des partenaires compéte.es

 

10 étapes pour une Suisse favorable aux aidant∙es

Proposition de Pro Aidants pour une stratégie suisse en faveur des aidant∙es qui s’appuie sur Eurocarers.

  • Définir et valoriser les aidant∙es. Pourquoi? Parce que les décisions prises au détriment des personnes aidantes s’appuient souvent sur un manque de compréhension de ce qu’elles font.
  • Identifier les aidant∙es. Pourquoi? Parce que les personnes aidantes font leur travail en silence et qu’il faut d’abord savoir qui elles sont avant de les aborder de manière ciblée.
  • Identifier les besoins des aidant∙es. Pourquoi? Parce que les besoins des personnes aidantes sont très individuels. Ce n’est qu’en travaillant avec elles en vue d’identifier exactement leurs besoins que nous pouvons efficacement les soutenir.
  • Encourager un partenariat en matière de soins et d’accompagnement intégrés et communautaires. Pourquoi? L’intégration d’un large éventail d’acteurs ou d’actrices professionnel∙les et informel∙les est une condition préalable à des soins et à un accompagnement appropriés. Les aidant∙es jouent un rôle crucial à cet égard.
  • Faciliter l’accès à l’information relative à l’accompagnement des proches et à l’équilibre entre les soins donnés et la vie privée. Pourquoi? En général, une personne devient aidante progressivement, ou d’un jour à l’autre, sans l’avoir prévu. Dans les deux cas, elle doit disposer d’informations fiables et accessibles.
  • Prendre soin de la santé des aidant∙es et prévenir les conséquences négatives sur leur santé. Pourquoi? En s’occupant des autres, certain∙es aidant∙es se surchargent de travail et ont besoin de soins.
  • Octroyer une pause aux aidant∙es. Pourquoi? Le fait qu’une autre personne prenne provisoirement en charge les tâches de soins et d’accompagnement (soins de répit) est souvent perçu par les aidant∙es comme la forme de soutien la plus importante et la plus courante pour alléger la charge des soins et le stress.

Nouveau point d’accueil pour les proches et App

Les proches aidant∙es peuvent trouver des articles d’information qui fournissent les premières réponses à leurs questions sur l’accompagnement de proches sur la plateforme Internet wis-sen.weplus.care/de. L’offre sera progressivement étayée à partir des questions envoyées à l’équipe via le point d’accueil (en alle-mand) proaidants.ch/de-ch/anlaufstelle.L’App We+Care facilite la coordination de l’accompagnement et des soins dans l’environnement immédiat: en d’autres termes, elle permet de mettre en place un réseau de soutien durable, de réaliser des plannings quotidiens, d’envoyer des questions au groupe ou de coordonner le relais entre les différent∙es accompa-gnant∙es et professionnel∙les. Tout cela peut être organisé en tou-te simplicité via l’application, gratuite pour les familles. La version bêta est disponible sous: www.weplus.care/test


  • Permettre aux aidant∙es d’accéder à des formations et à la reconnaissance de leurs compétences.Pourquoi? Des personnes aidantes bien informé∙es et bien soutenu∙es agissent de manière préventive et sont en mesure de prendre soin d’elles-mêmes plus longtemps, dans de meilleures conditions, et de fournir des soins de meilleure qualité à la personne dont elles s’occupent.
  • Prévenir la pauvreté des aidant∙es et leur permettre d’avoir une vie professionnelle/formation active.Pourquoi? Les personnes aidantes qui veulent et peuvent étudier ou travailler doivent être en mesure de le faire et ne pas subir de discriminations. Elles doivent être soutenues à l’école/à l’université et sur leur lieu de travail pour main-tenir leur statut professionnel.
  • Inclure le point de vue de l’aidant∙e dans tous les domaines politiques pertinents. Pourquoi? Les initiatives en faveur des aidant∙es sont liées à un large éventail de politiques sanitaires et sociales.

Attentes des proches envers les professionnel∙les

Le programme de promotion de l’OFSP «Offres visant à dé-charger les proches aidants 2017–2020», met les organisations face à leurs responsabilités et montre également ce dont les proches aidant∙es ont réellement besoin. Les études montrent qu’environ la moitié des proches aidant∙es ne trouve pas d’offre d’aide ou de soutien adaptée. Le résultat est étonnant au vu de l’abondance des offres et mérite une analyse en profondeur. Les proches aidant∙es souhaitent que les professionnel∙les de la santé et de l’aide sociale les soutiennent dans leur rôle et les perçoivent comme des partenaires compétent∙es: l’expertise des proches est une ressource sous-utilisée. Cela se reflète également dans les formes de collaboration, dans le cadre desquelles les proches aidant∙es se sentent in-suffisamment perçu∙es comme des partenaires par les professionnel∙les. Le plus souvent, ce sont les proches qui assument la coordination et l’échange d’informations entre les médecins généralistes ou le personnel de soin et les expert∙es comme les physiothérapeutes. Cette tâche est précieuse, car une bonne coordination est essentielle au bien-être des patient∙es au quotidien. Mais elle prend aussi beaucoup de temps et les proches aidant∙es doivent souvent y consacrer beaucoup d’énergie. Cela peut être perçu comme un fardeau – surtout si le temps disponible est restreint ou si les proches ne se sentent pas valorisé∙es par les professionnel∙les.

Comment le CIO de la Poste veut faire évoluer son service

(ictjournal.ch)

Le département informatique de la Poste suisse compte 1700 employés. Le CIO Wolfgang Eger s’est entretenu avec la rédaction pour évoquer les défis auxquels son service est confronté avec la pandémie. Il s’exprime aussi sur ses priorités pour les prochaines années.


Wolfgang Eger, CIO de la Poste suisse. (Source. DR)

 

La Poste suisse a été particulièrement occupée ces derniers temps. Au printemps dernier, avec les mesures adoptées pour lutter contre le coronavirus (fermeture des magasins, restrictions des contacts), l’entreprise a envoyé autant de colis qu’en période de Noël. Fin 2020, elle annonçait un nouveau record de plus de 180 millions de colis livrés en une année. Quels sont les défis liés à la crise propres au département informatique de la Poste? Et comment ce dernier va-t-il évoluer? CIO de la Poste Suisse depuis 2019, Wolfgang Eger se confie.

Le département IT de la Poste Suisse emploie environ 1700 personnes, ce qui en fait l’un des plus grands de Suisse. Outre devoir veiller au bon fonctionnement de l’informatique du groupe, la mission du service comprend également le développement de l’entreprise dans le domaine numérique. Le département est par ailleurs aussi responsable de l’IT de filiales telles que CarPostal. Mais pas de Postfinance, dont le département IT distinct est dirigé par Markus Fuhrer.

6000 réunions en ligne par jour

L’un des défis que l’IT de la Poste a dû relever avec la survenue de la pandémie concerne le passage massif au télétravail. L’entreprise y avait recours avant la crise, mais l’infrastructure était conçue pour supporter 3000 connexions simultanées. Cette capacité a été multipliée par quatre. Aujourd’hui, environ 9’000 utilisateurs sont quotidiennement en ligne et organisent en moyenne 6’000 visioconférences chaque jour, explique Wolfgang Eger. Pendant longtemps, la Poste s’est appuyée sur Microsoft Skype pour ses réunions en ligne. Elle est aujourd’hui passée à Teams dans le cadre de la migration vers Microsoft 365. L’IT ne bloque pas l’utilisation d’autres solutions telles que Zoom mais ne les recommande pas, pour des raisons de sécurité.

Travail à domicile et sécurité

En plus de la montée en puissance de son infrastructure pour les besoins du télétravail, la Poste s’est également efforcée de préparer les employés à ce mode de collaboration. Notamment en leur dispensant une formation sur la manière de traiter les données sensibles. Pour renforcer la cybersécurité, l’IT a aussi sensibilisé les employés au problème du phishing. Un «bouton phishing» a été intégré au logiciel de messagerie, afin de permettre la transmission directe d’un message suspect aux équipes de sécurité informatique.

L’IT de la Poste n’a pas seulement revu les processus internes. Il a également fallu assurer la continuité du service de suivi des colis «Mes envois», qui a gagné 17% d’utilisateurs en 2020, soit 1,8 million au total. Avant la pandémie, le portail en ligne de la Poste enregistrait une moyenne de 80’000 visiteurs par jour, mais au printemps dernier, ce chiffre est passé à 180’000. Actuellement, le trafic s’est stabilisé à 110’000 visites quotidiennes. En outre, les instructions de distribution ont vu leur nombre bondir de 29’000 à 62’000, souligne Wolfgang Eger. Avant de louer les compétences de ses équipes qui sont parvenues à relever ces défis de façon «smooth».

Cryptographie et confiance

Wolfgang Eger souligne également que le remaniement de son département s’intègre dans la nouvelle stratégie, présentée en mai 2020, pour l’ensemble de la Poste. L’objectif consiste à soutenir la croissance et la transformation numérique de l’entreprise, en se basant sur des piliers stratégiques à la fois externes et internes. Côté externe, il s’agit non seulement de fournir une informatique orientée vers le client, mais aussi de renforcer l’expertise du groupe en matière de technologie et de numérisation, notamment pour le cloud et le travail à domicile. Mais aussi dans le domaine du chiffrement. Le CIO évoque l’ouverture récente, à Neuchâtel, d’un centre de compétence en cryptographie où huit personnes sont actuellement employées.

La question de la confiance numérique représente une autre pierre angulaire de la stratégie IT de la Poste, poursuit le CIO. L’objectif est ici de transférer dans le monde numérique le haut niveau de confiance dont jouit la Poste dans le monde analogique. Wolfgang Eger ne s’est pas prononcé sur la manière dont il compte concrètement s’y prendre. Il a toutefois fait référence à la formule de confiance exposée par David Maister, Charles Green et Robert Galford dans leur livre «The Trusted Advisor». Selon ce principe, les gens font confiance à la personne avec laquelle ils traitent si celle-ci agit de manière crédible, si elle est fiable, si elle est discrète et suscite un sentiment de proximité et, enfin, si elle orientée vers l’autre plutôt que sur elle-même.

«Je suis convaincu que cette formule nous aidera», confie le CIO. Et d’espérer que l’initiative de transparence en matière de vote électronique contribuera à renforcer la confiance dans l’entreprise. On se souvient qu’en janvier, la Poste a publié le protocole cryptographique de son nouveau système de vote électronique sur la plateforme de développement Gitlab, afin qu’il puisse être vérifié par des experts indépendants.

Acquisition de compétences et diversité

A l’interne, Wolfgang Eger veut transformer l’informatique de la Poste suisse pour la rendre «plus proche du business». Le mot clé est ici «Embedded IT» et les premières restructurations ont déjà été mises en œuvre au début de l’année. Le CIO veut également promouvoir la culture de l’apprentissage au sein de son département. Avec notamment la mise en place du «Learning Friday», donnant à chaque employé de l’IT la possibilité de suivre un cours un vendredi par mois. De quoi favoriser le développement de nouvelles compétences.

Les équipes IT de la Poste suisse devraient également se diversifier. Wolfgang Eger ne se préoccupe pas seulement de la diversité de genre. Il est en effet convaincu que les équipes fonctionnent mieux lorsqu’elles sont composées à la fois de jeunes talents et d’employés expérimentés. Il est également question de renforcer la diversité linguistique, notamment avec les centres de l’IT de la Poste situés à Bellinzone et à Neuchâtel. Le CIO n’a en revanche pas su dire combien de personnes handicapées travaillent au sein de l’IT de la Poste.