La Distillerie Morand honorée pour son esprit d’entreprise à long terme

(Le Nouvelliste)

Inscrite au registre du commerce depuis cent ans, la Distillerie Morand SA à Martigny a remporté le prix Phoenix 2020.


Carla Jane Kaufmann a remis le prix Phoenix 2020 à Fabrice Haenni, directeur, et Olivier Vocat (à dr.), président du conseil d’administration de la Distillerie Morand. Le Nouvelliste

 

Chaque jour en Suisse, 14 PME ferment leurs portes, faute de solution de succession. Et près de 80 000 entreprises sont sur le point de franchir cette étape dans les cinq prochaines années.

Désireuse de proposer des solutions pratiques en matière de succession d’entreprise, la juriste saint-galloise Carla Jane Kaufmann a créé une association spécialisée dans le domaine: «Depuis 2018, nous proposons aux entrepreneurs des entretiens gratuits sur le processus de succession. Dans la foulée, nous avons lancé le prix Phoenix pour récompenser l’esprit d’entreprise suisse sur le long terme.»

Plus de 130 ans d’existence

Décerné pour la première fois cette année, ce prix a été remis ce mardi à la Distillerie Louis Morand & Cie SA. «En Suisse, seules 120 entreprises, qui ont su gérer leur planification successorale, sont inscrites depuis cent ans et plus au registre du commerce. Parmi elles, la Distillerie Morand qui a été désignée par nos experts pour recevoir ce prix en raison de son esprit entrepreneurial.»

Président du conseil d’administration et représentant de la quatrième génération à la tête de l’entreprise, Olivier Vocat n’a pas boudé son plaisir: «C’est un prix important pour nous, d’autant plus que l’entreprise a célébré ses 130 ans l’année dernière. La cinquième génération est déjà à l’œuvre mais la décision de confier, dès 2008, la direction de l’entreprise à des professionnels confirmés a contribué à assurer son développement et sa pérennité.»

Le prix a ainsi été remis au directeur Fabrice Haenni, qui a rappelé que la Distillerie Morand emploie plus de 50 ouvriers, y compris 16 personnes handicapées mentales, en collaboration avec la Fovahm, dans un atelier intégré dans les domaines de l’étiquetage et de l’emballage.

La cérémonie s’est déroulée en présence de la présidente de Martigny Anne-Laure Couchepin Vouilloz et du conseiller d’Etat Christophe Darbellay. Tous deux ont souligné le lien affectif existant entre la distillerie, les Martignerains et les Valaisans, tout en mettant en avant sa capacité constante à innover et à s’adapter à son temps

Chacun doit pouvoir prendre le bus

(La Liberté)

L’association Inclusion Handicap a gagné une manche judiciaire concernant un arrêt de bus non conforme
Chacun doit pouvoir prendre le bus
« MARC-ROLAND ZOELLIG

Guin »Dans un communiqué, l’association Inclusion Handicap salue un «signal fort émanant du canton de Fribourg». Le Tribunal cantonal (TC)vient de lui donner raison dans une procédure l’opposant à la Direction de l’aménagement, de l’environne-ment et des constructions (DAEC),aux Transports publics fribourgeois (TPF) ainsi qu’à la commune de Guin.Objet du litige: l’arrêt de bus «Briegli»,dans le quartier du même nom, dont la conception a été jugée non conforme au droit de l’égalité des personnes handicapées. En raison d’une bordure de quai haute de 16 centimètres seulement, le bus doit en effet s’incliner d’une manière trop importante pour permettre aux personnes en chaise roulante de monter dans le véhicule.

Comme le rappelle l’arrêt du TC, le projet initial approuvé en septembre 2015 par la DAEC prévoyait une hauteur de quai de 23 centimètres. Au cours du chantier, les TPF ont toute-fois objecté que cette configuration risquait d’endommager les carrosseries de leurs véhicules. La DAEC a donc accepté de modifier le projet en ramenant cette hauteur à 16 centimètres, un particularisme fribourgeois qui n’est appliqué nulle part ailleurs en Suisse, où la norme standard est de 22 centimètres. Ce faisant, elle n’a pas suffisamment étayé sa décision de céder ainsi aux doléances des TPF, retiennent en substance les juges cantonaux dans leur arrêt publié sur internet. Ils ont donc renvoyé le dossier à la DAEC, lui enjoignant de prendre une nouvelle décision tenant compte de leurs considérants

 
«Nous allons analyser cette décision, ainsi que les considérants,pour décider de la suite»
Corinne Rebetez

D’après Inclusion Handicap, cet arrêt «revêt un effet de signal pour des transports publics accessibles dans tout le canton de Fribourg, et même au-delà pour l’ensemble de la Suisse». L’association salue le fait que le TC ait rappelé que la loi, autant la Constitution que la loi sur l’égalité pour les handicapés (LHand), exige que les personnes en situation de handicap puissent utiliser les transports publics «en toute indépendance et sans l’aide de tiers».

Quant à la DAEC, elle «prend acte» de la décision du TC. «Nous allons à présent l’analyser, ainsi que les considérants, pour décider de la suite», indique sa porte-parole Corinne Rebetez. Il s’agira également de déterminer si l’arrêt rendu par la Haute Cour cantonale aura des incidences sur d’autres aménagements routiers ou arrêts de transports publics situés sur territoire fribourgeois.

Crédit de 21,2 millions

Le 27 mars 2019, le Grand Conseil a accepté un crédit d’engagement de 21,2 millions de francs destiné à la mise en conformité des arrêts de bus situés en bordure de routes cantonales avec la LHand. Selon Corinne Rebetez,ce montant serait, le cas échéant, suffisant pour réaliser des quais de 22 centimètres. «Il faut rappeler que la solution à 16 cm n’avait pas été prise pour des raisons de coûts, mais pour des questions de meilleure accessibilité selon nos propres études et pour un réseau uniforme et cohérent», précise-t-elle.»

Aucun ascenseur n’avait été prévu dans la nouvelle gare…

(lagruyere.ch)

Le chantier de la nouvelle gare bat son plein à Bulle. Des travaux colossaux qui lui permettront d’accueillir le nombre croissant de voyageurs et de respecter la loi sur l’égalité pour les handicapés.

Malgré cet objectif, aucun ascenseur n’était prévu dans le projet initial des TPF pour accéder aux quais 2, 3 et 4,mais des rampes à 12%…

La ville a réagi suffisamment tôt pour que le projet puisse intégrer des cages d’ascenseurs. Les discussions autour du financement se poursuivent.

SOPHIE ROULIN

Les travaux pharaoniques en cours à la gare de Bulle doivent notamment lui permettre de respecter la Loi sur l’égalité pour les handicapés (LHand). Il semble dès lors étonnant que le projet ne prévoie pas d’ascenseurs pour accéder aux quais. La ville s’est mobilisée pour changer la donne. Les discussions sont en cours, notamment sur les aspects financiers, mais une modification du permis de construire devrait intervenir pour permettre l’intégration de cages d’ascenseurs.

La situation a un goût de déjà-vu. En 1992, l’inauguration de la gare actuelle avait laissé un goût amer aux autorités et aux responsables des GFM, ancêtres des Transports publics fribourgeois (TPF). Ni rampes ni ascenseurs n’avaient été prévus, ce qui n’avait pas manqué de provoquer des réactions.

Pour éviter de devoir bricoler une solution a posteriori, les autorités bulloises ont donc réagi. «Nous avons été proactifs et sommes intervenus auprès des TPF, indique Patrice Morand, conseiller communal responsable de l’aménagement. Ces derniers ont fait remonter les discussions à l’Office fédéral des transports (OFT).»

Pas de soutien fédéral

Car, si la gare de Bulle est propriété des TPF, une grande partie des travaux en cours est subventionnée par la Confédération. Or, cette dernière ne finance pas les ascenseurs dans les gares. «Malgré nos nombreuses sollicitations, l’OFT ne rentre pas en matière», indique Aurélia Pedrazzi, responsable communication et relations publiques ad interim auprès des TPF.

Même s’ils «pensent qu’à futur il sera judicieux de pouvoir bénéficier de ces facilités d’accès», les TPF ont donc renoncé à inclure des ascenseurs pour accéder aux quais dans leur projet, faute de financement.

«Leur nécessité nous semble cependant évidente, relève Eric Gobet, conseiller communal bullois responsable des espaces publics. Nous avons donc négocié l’intégration des cages d’ascenseurs pendant que l’avancée du chantier le permet encore.» La modification du permis de construire devrait intervenir sous peu, indique Aurélia Pedrazzi.

«En élargissant l’escalier, il sera possible d’inclure une cage d’ascenseurs», relève pour sa part Jean Slavik, chef du Programme Bulle pour TPF Infra. En attendant la fin des discussions, la ville soutiendra cette réalisation. «Les ascenseurs eux-mêmes pourront venir plus tard, ajoute Patrice Morand. D’autres questions devront encore êtreréglées, comme l’entretien et la maintenance, mais au moins il sera possible de les installer.»

Pente jusqu’à 12%

Le permis de construire de la gare de Bulle a été délivré sans qu’il y ait d’opposition au niveau des accès aux quais. «Notre projet respecte les directives et les dispositifs légaux», indique Jean Slavik. Selon une directive de l’OFT (DE-OCF), quand elles sont couvertes et chauffées, les rampes d’accès aux quais peuvent présenter des pentes allant jusqu’à 12%. Ce qui sera le cas à Bulle.«Habituellement, une pente de 6% est admise par la LHand, détaille Giovanna Garghentini, directrice cantonale de Pro Infirmis. Mais une dérogation ancienne permet une pente de 12% dans les gares parce qu’on considérait queles personnes en chaise étaient toujours accompagnées pour de tel déplacement. Or, la version actuelle de la loi exige des accès autonomes. Avec 12% de pente, une personne seule n’y arrive pas à la montée et n’ose pas prendre le risque à la descente.»

Le projet de transformation de la gare de Fribourg présente exactement la même problématique. Lors de la mise à l’enquête, les associations militant pour les droits des personnes handicapées ont réagi en s’opposant au projet. «Nous espérons que la décision qui sera prise pour Fribourg fera jurisprudence pour les autres gares», souligne Marc Moser, responsable communication pour Inclusion Handicap.


Le projet ne prévoyait pas d’ascenseurs pour accéder aux quais: étonnant quand on pense que les travaux pharaoniques doivent notamment permettre de respecter la Loi sur l’égalité pour les handicapés.
CHLOÉ LAMBERT

 

«Aucune raison que des gens soient exclus»

(La Région Nord vaudois)

Julien Cuérel veut créer une loi cantonale pour mieux intégrer les personnes en situation de handicap, un combat qu’il juge essentiel et qu’il soutient au travers d’une motion déposée au Grand Conseil.Interview avec le député et syndic.TIM GUILLEMIN

 

Monsieur le député, d’où vous est venue cette idée ?

Il y a plusieurs réponses à votre question. La première, c’est qu’il s’agit d’un sujet qui préoccupe la Commune de Baulmes de manière concrète. Nous sommes en train de rénover notre Hôtel de Ville,un gros projet à notre échelle, et nous avons décidé d’y installer un ascenseur pour les personnes à mobilité réduite. Le fait que des personnes âgées, ou en situation de handicap, n’aient pas accès à notre administration communale ou à notre salle de spectacles, m’a toujours interpellé. Il y a des personnes que l’on exclut de nos services communaux et ce n’est pas acceptable. Même chose pour la forêt.

La forêt ?

Oui, Baulmes est une commune où les bois sont importants, on essaie de les mettre en valeur.On a créé divers sentiers et on n’a pas toujours eu l’idée par le passé de les rendre accessibles à tous.Raison pour laquelle nous allons inaugurer bientôt un «sentier handicap et nature» pour permettre à chacune et chacun de profiter des beautés de notre nature proche.

Baulmes est donc un village sensible à la cause du handicap…

Je vous donne encore un exemple: nous avons construit récemment quatre appartements.L’un d’eux est un appartement adapté aux besoins spécifiques d’une personne qui en avait la nécessité.

Avez-vous été confronté au handicap dans votre vie ?

Non. Je ne crois pas qu’il y ait besoin de ça pour constater les inégalités autour de nous. Pour le spectacle «Claquettistes», en 2016,nous nous sommes tout de suite demandé comment accueillir tout le monde. Il n’y aucune raison que des gens soient exclus de notre vie culturelle, surtout quand les aménagements sont faciles à faire.

Installer un ascenseur coûte plus cher qu’un simple escalier, non ?

Oui. Mais on parle d’une administration, qui doit être, par définition,accessible pour chaque citoyen. Évidemment que des aménagements peuvent potentiellement engendrer des frais, mais pas partout et pas toujours de manière très élevée.

Par exemple ?

Pendant le Covid, de nombreuses conférences de presse ont été organisées dans l’urgence,sans faire recours au langage des signes. Là aussi, on exclut une partie de la population alors que le sujet est essentiel. Et pour en revenir aux aménagements,modifier légèrement la structure d’un trottoir ne coûte pas forcément plus cher si on fait attention dès le départ à inclure dans le projet les personnes en situation de handicap. Mais c’est sûr que si on doit y penser après coup, une fois que tout est terminé, ça va coûter plus cher. C’est le sens de ma motion pour la création d’une loi cantonale.

Mais l’objet existe déjà au niveau fédéral depuis 2004, non?

Mais rien n’existe au niveau cantonal, contrairement à Bâle-Ville par exemple. Dans notre canton aujourd’hui, les personnes en situation de handicap n’ont pas toujours la possibilité de participer à la vie de la société sur un pied d’égalité et selon leurs propres choix.

N’existe-t-il vraiment rien au niveau vaudois ?

Non. Je vous donne un autre exemple. Léonore Porchet, alors députée au Grand Conseil, a déposé en 2019 une initiative pour promouvoir le langage des signes. On en avait discuté en commission et je trouvais qu’on pouvait aller plus loin. Pourquoi le langage des signes et pas les personnes handicapées en général? Je me suis dit qu’il fallait quelque chose de plus conséquent, d’où cette motion.On pourrait même aller plus loin.Il y a eu un «Monsieur fusion » à l’État de Vaud. Dans la même idée,il faudrait que l’État accompagne ou puisse apporter son aide, en terme de conseils et en termes financiers également lors de projets ou de manifestations.

Les contraintes étouffent déjà les organisateurs d’événements. Vous voulez leur rajouter du boulot?

Je ne veux pas d’obligations supplémentaires. La loi sera le cadre, il en faut un. Mais je vois cette proposition plutôt comme une sensibilisation à une cause essentielle. Aujourd’hui, dès qu’il y a une nouvelle construction, il y a une opposition des associations sensibles au handicap, caron a oublié une rampe d’accès par exemple. Tout le monde perd du temps et de l’énergie. Si l’on crée un catalogue des bonnes pratiques,pour les nouvelles constructions ou les manifestations, tout sera clair dès le début et tout le monde pourra profiter des mêmes loisirs, en béquilles,en chaise roulante ou sur ses deux pieds.

Le Covid-19 pourrait également rendre sourd

(AFP/NXP)

Les médecins d’un patient de 45 ans, traité pour le coronavirus, ont conclu que sa déficience auditive soudaine était associée seulement au Covid-19.


Une semaine après le retrait du tube respiratoire et sa sortie de réanimation, le patient a remarqué une sensation anormale de sonnerie (marque d’un acouphène) dans son oreille gauche suivie d’une perte auditive soudaine. (Image d’illustration)
AFP

 

Une perte auditive soudaine et permanente, bien que rare, pourrait être liée au Covid-19 chez certaines personnes, préviennent des médecins en signalant «le premier cas» britannique dans la revue «BMJ Case Reports». À la pléthore de symptômes du Covid-19, s’ajouterait, selon eux, cet effet secondaire possible de l’infection.

«Malgré la littérature considérable sur le Covid-19 et les divers symptômes associés au virus, il y a un manque de discussion sur la relation entre le Covid-19 et l’audition», déplorent ces spécialistes. Ils préconisent un dépistage de la perte auditive en milieu hospitalier, y compris en soins intensifs où on peut facilement passer à côté, pour permettre un traitement rapide avec des stéroïdes qui offre les meilleures chances de récupérer l’audition.

Jusqu’à présent, seuls quelques autres cas associés au Covid-19 ont été signalés, et aucun au Royaume-Uni, selon ces spécialistes. Une perte auditive soudaine est fréquemment observée par les spécialistes de l’oreille, du nez et de la gorge (ORL), avec environ 5 à 160 cas pour 100’000 personnes chaque année. Les causes ne sont pas claires, mais ce déficit sensoriel peut être dû par exemple à un vaisseau bouché, mais aussi faire suite à une infection virale, comme la grippe, les virus herpès ou le cytomégalovirus.

Partiellement rétabli

Les auteurs décrivent le cas d’un homme de 45 ans souffrant d’asthme traité pour Covid-19 dans leur hôpital. Mis sous respirateur en soins intensifs car il avait du mal à respirer, il a commencé à aller mieux après son traitement (remdesivir, stéroïdes intraveineux et un échange thérapeutique de plasma sanguin…).

Une semaine après le retrait du tube respiratoire et sa sortie de réanimation, il a remarqué une sensation anormale de sonnerie (marque d’un acouphène) dans son oreille gauche suivie d’une perte auditive soudaine. À l’examen, ses conduits auditifs n’étaient ni obstrués, ni enflammés et ses tympans intacts. Un test auditif a confirmé une perte d’audition de l’oreille gauche dont il ne s’est que partiellement rétabli après un traitement à base de corticoïdes.

D’autres causes possibles, comme la grippe, le VIH ou la polyarthrite rhumatoïde (une forme de rhumatisme) ayant été écartées, les médecins ont conclu que sa déficience auditive était associée au Covid-19, indique la revue. Le premier cas de perte auditive mentionnant le Covid-19 seul a été signalé en avril 2020 en Thaïlande.

Le SARS-CoV-2, le virus responsable du Covid-19, qui se lie à un type particulier de cellules tapissant les poumons, a été récemment trouvé dans des cellules similaires dans l’oreille. Ce virus génère également une réaction inflammatoire et une augmentation de substances (des cytokines) qui ont été impliquées dans la perte d’audition, expliquent les auteurs.