Appel à la générosité pour des collectes illicites

(20min.ch)


La pétition, soi-disant en faveur d’enfants handicapés, avec le drapeau suisse et le nom de l’ONG Handicap International.fnt

 

Des jeunes des Balkans sollicitent les passants avec des pétitions bidons en faveur d’enfants handicapés. Diverses polices et une ONG mettent en garde.


À Lausanne, le 24 juin, un homme aborde un passant à l’av. de la Gare et lui tend une pétition à signer en espérant de l’argent.fnt

 

Filmé sur le trottoir mercredi passé à Lausanne alors qu’il aborde un passant pour lui faire signer un document, un individu se montre soudain menaçant. Seul l’appel à la police le fera déguerpir. Depuis quelques semaines, des jeunes adultes sillonnent de nombreuses villes avec une pétition en main, dont l’en-tête est frappé notamment d’un drapeau suisse. L’intitulé se dit en «faveur des enfants handicapés sourds-muets et des pauvres» avec le projet de «construire un centre national et international». Resquillant à bord des transports publics pour se déplacer en ville et dans la Suisse romande, ils sollicitent aussi les pendulaires à bord en parlant quelques mots de français.


Un des individus à l’œuvre avec sa fausse pétition en main dans un train entre Yverdon-les-Bains et Lausanne, le 17 juin.fnt

 

La police ferroviaire dit être au courant de ce phénomène depuis quelques semaines déjà et le porte-parole des CFF déclare que les contrôleurs ont pour consigne de diffuser une annonce dans les rames pour mettre en garde les passagers quand des mendiants ou de faux pétitionnaires sont repérés.

Des individus issus des filières de la mendicité

En Valais, la police cantonale ainsi que les polices municipales ont interpellé des individus s’adonnant à ces collectes illicites de signatures et d’argent. Un appel à la vigilance a été lancé. «Ces prétendus collecteurs de dons font souvent semblant d’être sourds et muets pour tenter d’être plus crédibles en faisant signer un document muni de différents logos», précisent les autorités valaisannes. À Lausanne, la police municipale dit être déjà intervenue contre ces personnes proches des filières classiques des mendiants, et qui tentent d’obtenir de l’argent à leur profit en prétendant œuvrer pour une ONG.

Quant à l’organisation Handicap International, elle est au courant de ce type de collectes frauduleuses qui abusent de son nom. Elle met d’ailleurs en garde sur son site web avec une copie du type de document à signer.

«Aujourd’hui, je me suis fait réparer les dents»

(20min.ch)

L’homme, atteint d’un léger retard mental, et dont l’agression le week-end dernier à la gare de Zurich a choqué, se confie sur son état de santé.

La scène, brutale, a été filmée et publiée sur Instagram par l’un des accompagnants de l’assaillant. Lire l’article du 25.06.2020

Sur la vidéo, qui a agité le réseau social, on peut voir l’homme, souffrant d’un retard mental, se faire frapper, tomber au sol et continuer de recevoir des coups de genoux et de pieds, notamment au visage jusqu’à ce que ce dernier soit recouvert de sang. C’est une femme qu’on voit venir le secourir, mais également lui remonter les bretelles en secouant énergiquement le doigt devant son visage. Les circonstances de cette agression restent inconnues.

Connu dans le quartier, D.I est l’un des vendeurs ambulants de «Surprise», une association qui vient en aide aux personnes socialement défavorisées, en leur offrant des opportunités d’emploi.

«Je me sens mieux, mais pas encore bien»
D.I

La victime préfère ne pas évoquer son agression et refuse de donner des détails sur le déroulement. «Je ne veux rien dire à ce sujet», répète-t-il à plusieurs reprises. Il a d’ailleurs exigé que les vidéos non pixelisées publiées sur Instagram soient supprimées. Selon lui, au vu des circonstances, il ne s’en est pas trop mal sorti, même s’il s’est retrouvé avec plusieurs dents cassées. «Je me sens mieux, mais pas encore bien. Aujourd’hui, j’ai fait réparer mes dents». Demain, le vendeur de «Surprise» pourra reprendre son activité.
Une enquête a été ouverte

La police de la ville de Zurich enquête sur ce passage à tabac. Une plainte pénale a également été déposée. Andreas Jahn, porte-parole du magazine «Surprise», affirme que l’agression s’est produite durant le temps libre du vendeur. Ce dernier aura d’ailleurs le soutien des assistants sociaux de l’association pour surmonter cette épreuve.

*Nom connu de la rédaction

Il tabasse un handicapé à la gare d’Oerlikon

(20min.ch)

Une vidéo circulant actuellement sur les réseaux sociaux montre un jeune homme s’en prendre à un vendeur ambulant de magazines souffrant d’un léger retard mental. La police a ouvert une enquête.

Un voyageur a filmé une scène violente, le week-end passé, à la gare de Zurich-Oerlikon. Sur l’enregistrement, qui circule sur les réseaux sociaux, on voit un homme attaquer un individu souffrant d’un léger handicap mental. Il continue de lui donner des coups de pied et de genou alors qu’il est déjà au sol. Des recherches de «20 Minuten» montrent que la victime est D.I., vendeur ambulant du magazine «Surprise» et connu des gens du quartier.
Enquête en cours

Pour l’heure, on ignore pourquoi D.I. a été agressé. Le porte-parole du magazine «Surprise» explique que l’agression a eu lieu pendant le temps libre du vendeur. Il ne donne pas de précisions sur l’état de santé de D.I. De son côté, Marco Cortesi, porte-parole de la police municipale, confirme avoir connaissance de la vidéo. Une enquête est en cours.

*Nom connu de la rédaction

Nouvel élan pour les auto-représentants romands

(Insieme Magazine / édition française)

Les auto-représentant romands ont connu un bel élan en 2015, dans la foulée de la Convention des Nations Unies relative aux droits des personnes handicapées. Ils ont fait entendre leur voix pour concrétiser ces droits au quotidien. Dans le même esprit, «insieme inclut» commence à se déployer en Suisse romande

Texte: Martine Salomon- Photos: DR

Une dizaine de visiteurs en situation de handicap mental entrent dans le bâtiment du Grand Conseil vaudois, impressionnés par son architecture. Un membre du secrétariat leur explique, vidéo à l’appui, le fonctionnement du Parlement cantonal et la répartition des partis dans la salle. Ils s’installent dans la galerie pour écouter les débats et la première vice-présidente salue officiellement leur présence. Ils participent ensuite à un grand goûter dans la cafétéria, où quelques députés viennent leur serrer la main. Ils ne sont pas peu fiers.«On a été reçus comme des papes», raconte la formatrice et coach d’auto-représentants Doriane Gangloff, qui accompagnait le groupe au début du mois de mars dernier. Celui-ci s’était déjà réuni l’automne passé pour s’initier aux élections fédérales, et avait pu rencontrer trois candidats vaudois. «Tout le monde a posé plein de questions. Certains ont même donné des conseils aux politiciens! Ceux-ci sont restés bien plus longtemps que prévu. L’atmosphère était sincère et bon enfant.»

Il s’agit d’un groupe «insieme inclut». Après avoir lancé le concept en Suisse alémanique, insieme Suisse a chargé Doriane Gangloff de le déployer en Suisse romande en collaborant avec les associations régionales. D’abord Vaud, puis les autres cantons suivront. L’objectif est d’aider ces personnes à prendre conscience de leurs capacités, à s’exprimer et à s’affirmer. «Si on leur en donne les moyens, elles ont beaucoup à dire!» D’abord au niveau individuel, pour leur propre vie.A un second niveau, il leur est aussi possible d’exercer une influence plus globale, un lobbying pour les droits des personnes avec handicap – mais c’est une autre paire de manches. «Là, c’était facile car ces politiciens étaient déjà sensibilisés au handicap. Mais les auto-représentants ne sont pas forcément conscients que certainespersonnalités pourraient aussi leur rentrer dedans! Donc il faudrales y préparer.»

Faire valoir ses droits

Donner la parole, c’est aussi ce qui a motivé le projet Droits et participation qui a été mené par l’Association suisse d’aide aux personnes avec un handicap mental (ASA-Handicap mental). En 2014, la Suisse ratifiait la Convention des Nations Unies relative aux droits des personnes handicapées (CDPH). ASA-Handicap mental a alors créé des groupes de parole à ce sujet dans les six cantons romands.Pour cela, elle a contacté les institutions, qui ont proposé 53 personnes avec handicap (6 à 12 par groupe), accompagnées par 16 professionnels.Tous les membres avaient un lien avec les institutions,même si certains vivaient à l’extérieur. «Ils se sont jetés sur l’occasion.Ils s’exprimaient déjà dans leurs institutions pour faire bouger des choses. Ils étaient en quelque sorte déjà des auto-représentants sans le savoir. Ayant eu conscience de leurs droits très tôt, ils avaient en-vie d’aller plus loin», commente Doriane Gangloff, qui a accompagné le processus.

Les membres ont été formés à la prise de parole en public et familiarisés avec leurs droits énoncés dans la convention. Puis les groupes se sont réunis 10 à 15 fois en 2015 pour comparer ces droits à la réalité de leur quotidien: vie privée, habitat, famille, relations sociales, vie scolaire et professionnelle, administration, politique, justice, sports et culture. Ils ont recensé les obstacles et les facilitateurs, et imaginé des solutions. Le fruit de leurs réflexions est présenté dans un dossier intitulé «Reconnaissez nos droits!». Celui-ci a été envoyé au conseiller fédéral Alain Berset, au responsable du Bureau fédéral de l’égalité pour les personnes handicapées, aux directeurs d’institutions et aux responsables cantonaux du dossier handicap.

Un impact sur le terrain

«J’ai de la peine à remplir les formulaires», ont par exemple témoigné des participants. Du côté des transports publics, pas facile de comprendre les panneaux ni de prendre un billet au distributeur,et c’est pire en cas de déviation: «La qualité des haut-parleurs est mauvaise et les informations sont données trop rapidement.» Il y a aussi le sentiment que leur avis n’est pas assez pris en compte pour les choix de vie ou du quotidien. «On prend souvent des décisions à ma place», ou encore «j’aimerais être libre de m’habiller comme je veux», expliquent-ils ainsi. Sans oublier des constats douloureux quant à la vie en société: «Les gens, ils me regardent bizarrement.»


Comment la politique fonctionne-t-elle?
Visite du Grand Conseil vaudois.

 

Dès le départ, la bienveillance a été de mise entre les participants.«Ceux qui ont le plus de facilité à s’exprimer ont compris qu’ils ne devaient pas trop parler, pour laisser de la place à ceux qui ont plus de difficulté», explique Doriane Gangloff. En début de réunion, chacun dit comment il va et peut extérioriser ses éventuels soucis, ce qui évite que ceux-ci viennent troubler les discussions par la suite.Puis se déroule l’ordre du jour, élaboré avec l’aide des accompagnants en fonction des souhaits des auto-représentants. Certaines des solutions imaginées ont été concrètement mises en œuvre. Ainsi, le groupe genevois a sensibilisé les adolescents dans les écoles pour qu’ils arrêtent d’embêter les personnes avec handicap mental dans les transports publics. Le groupe est aussi allé sensibiliser les médecins, car certains ont tendance à ne s’adresser qu’à l’éducateur et pas à la personne concernée lors d’une consultation.

«Notre souhait, c’était que ces groupes créés dans le contexte de la CDPH continuent à long terme», dit Doriane Gangloff. Pourtant,seuls deux sont encore actifs: ceux de Genève et de Neuchâtel. «Les causes, on ne peut que les imaginer. Je pense que c’était une question de volonté. Ça avait un coût en temps, en organisation, en énergie et en personnel.» Pour éviter que ces groupes tombent en désuétude,il faut qu’ils soient portés par des personnes qui jouent un rôle de moteur. Or, le flux était parfois interrompu quand les accompagnants issus des institutions changeaient d’emploi en cours de route. Certes,des petits groupes similaires sont nés au sein même de l’une ou l’autre institution, mentionne Doriane Gangloff. Mais l’idéal serait de progresser vers des groupes à l’échelle cantonale et ouverts à tous, que l’on soit ou non lié à une institution ou une association, estime-t-elle.Plusieurs ex-participants ont d’ailleurs formulé ce souhait.

ASA-Handicap mental organise des formations sur les thèmes de la CDPH, destinées aux personnes avec un handicap mental et aux professionnels qui les accompagnent. Elles sont données par un for-mateur professionnel en duo avec un auto-représentant. Elles s’appuient sur un kit pédagogique en facile à lire et à comprendre(FALC). L’association propose aussi du coaching de groupes d’auto-représentants.Pour découvrir la publication et les formations: www.asahm.ch >Droits & Participation.


S’exprimer en public? Cela peut s’apprendre

 

Égalité

(Insieme magazine / édition française)

Un premier plan de mesures de la Ville de Zurich en faveur de l’égalité pour les personnes avec un handicap a été adopté par le Conseil exécutif. Celui-ci comprend des objectifs et des mesures pour les années 2020 à 2022.

Le travail et la formation professionnelle sont des thèmes importants abordés par le plan: la Ville de Zurich veut ainsi notamment consolider son offre de places d’apprentissage pour les jeunes avec handicap. Le plan prévoit que des personnes avec un handicap sévère et sans formation professionnelle soient engagées dans le cadre d’un projet-pilote. En outre, il prévoit l’augmentation considérable du nombre d’informations en langage simplifié proposées par la Ville de Zurich, qu’elles soient disponibles sur Internet ou sous forme imprimée.

Bien que la Ville de Zurich soit plus en avance dans ce domaine que beaucoup d’autres communes suisses, l’intégration scolaire n’est malheureusement pas un thème abordé par le plan de mesures, ce que déplore insieme.

Deux préposés à l’égalité seront chargés de coordonner la mise en œuvre et de tenir compte des avis exprimés par un comité consultatif composé de personnes avec un handicap et des organisations qui les représentent.

Insieme Suisse se réjouit que la Ville de Zurich se soit emparée de la thématique de l’égalité pour les personnes avec handicap. Si le plan de mesures est à saluer, sa mise en œuvre s’avère décisive. Les personnes avec un handicap mental et leurs proches doivent être impliqués et leurs besoins pris en compte – et l’école inclusive en fait également partie.