Les visites dans les hôpitaux les établissements médico-sociaux (EMS) et les établissements pour personnes handicapées toujours interdites à Genève

(Radio-Lac)


KEYSTONE/SALVATORE DI NOLFI

 

A Genève, le Conseil d’Etat a prolongé lundi l’interdiction des visites dans les hôpitaux, les établissements médico-sociaux (EMS) et les établissements pour personnes handicapées. Cette mesure avait été prise le 18 mars afin de freiner la propagation du nouveau coronavirus.

Le gouvernement a décidé de maintenir cette interdiction « au vu de la situation sanitaire existante dans le canton ». Il ne sera pas possible d’aller visiter malades et pensionnaires au moins jusqu’au 8 juin pour les hôpitaux et les EMS. L’interdiction vaut jusqu’au 10 mai seulement pour les établissement pour personnes handicapées.

Vers un langage simplifié

(La liberté)

Nicolas Maradana

Par le biais d’un postulat, la démocrate-chrétienne Gabrielle Bourguet (Granges) et la socialiste Andréa Wassmer (Belfaux) demandent au Conseil d’Etat d’étudier l’utilisation, dans le cadre de la rédaction de certains documents importants, des règles européennes visant à rendre l’information facile à lire et à comprendre.

Les deux députées relèvent:«En Suisse, pour 10% de la population, un grand nombre d’informations écrites restent inaccessibles. Les raisons de ces obstacles à la lecture peuvent être très diverses: parcours scolaire difficile, compétences intellectuelles restreintes, maîtrise insuffisante du français, problèmes de lecture dus à l’âge ou simplement textes fondamentalement trop complexes.» Ces règles pourraient par exemple s’avérer utiles pour la communication de la police cantonale, du Service de la population et des migrants (SPoMi) ou des Offices régionaux de placement (ORP).

10 pour cent
La part de la population en Suisse ayant des obstacles à la lecture.

Dans sa réponse, le Conseil d’Etat remarque que jusqu’à aujourd’hui, ni la Confédération ni les cantons n’ont légiféré spécifiquement sur le droit d’accès à l’information en dehors du domaine du, handicap. Néanmoins, différents projets ont été mis en place. Par exemple, de-puis octobre 2019, la page_ du Parlement fédéral est traduite en langage simplifié. C’est également le cas de certaines pages du site internet du canton de Saint-Gall.

A Fribourg, le Bureau de l’intégration des migrants et des migrantes et de la prévention du racisme a édité l’an dernier, avec l’aide de Pro Infirmis, une brochure en langage simplifié intitulée Le canton de Fribourg vous souhaite la bienvenue. L’exécutif cantonal recommande par ailleurs au Grand Conseil d’accepter ce postulat. Le cas échéant, le rapport à rédiger devra proposer des mesures prioritaires à mettre en œuvre dans le contexte du futur Plan de mesures 2023-2027 relatif à la politique de la personne en situation de handicap. »

Le Covid-19 chamboule la vie des personnes handicapées

(Le Temps)

Comme les EMS, les institutions qui accueillent des personnes ayant une déficience intellectuelle ont dû faire face à l’épidémie. Cela signifie de profonds changements tant pour les résidents que pour les collaborateurs.


Les résidents de la structure spécialisée Valida mangent à bonne distance les uns des autres. Saint-Gall, le 23 mars 2020. — © KEYSTONE/Gian Ehrenzeller

 

Comment faire comprendre la dangerosité d’un virus invisible à une personne ayant une déficience intellectuelle? Comment respecter les distances de sécurité avec un résident qui ne peut se nourrir, s’habiller ou se laver seul? Comment faire porter un masque à une personne autiste qui n’en voit pas l’utilité? Face à l’épidémie de Covid-19, les institutions qui accueillent des personnes en situation de handicap sont mises au défi. A l’instar des EMS, elles ont dû revoir en profondeur leur fonctionnement, adapter le quotidien tant des résidents, souvent à risque, que des collaborateurs.

Difficile à vivre pour tout un chacun, le confinement peut représenter une source d’angoisse supplémentaire pour les personnes en situation de handicap. «Les résidents ont leurs habitudes, il est extrêmement important pour eux d’avoir des rituels, des repères pour structurer leur quotidien. L’épidémie a tout bouleversé», confie Dominique Praplan, directeur de la Fondation Eben-Hézer Lausanne. L’institution héberge quelque 215 personnes avec des déficiences intellectuelles, des troubles autistiques, du comportement ou de la personnalité, auxquels s’ajoutent souvent des problèmes somatiques. Avec une moyenne d’âge de plus de 50 ans, la population est à risque.

Contexte émotionnellement chargé

«L’un des défis a été de faire comprendre les règles d’hygiène à suivre, la suppression des visites et des sorties dans un contexte émotionnellement très chargé, poursuit Dominique Praplan. Certaines personnes ont moins de ressources que d’autres pour gérer leurs émotions, cela peut être très lourd pour le personnel.» Un personnel lui-même mis à rude épreuve. Entre les collaborateurs contaminés par le Covid-19 et ceux mis au chômage pour cause de vulnérabilité, l’absentéisme a triplé, atteignant plus de 20%. «Heureusement, les personnes qui travaillaient dans les ateliers, aujourd’hui fermés, sont venues soutenir les équipes à flux tendu au sein des hébergements.»

Malgré les précautions, la Fondation Eben-Hézer a enregistré son premier cas de Covid-19 le 12 mars dernier. Au total, 12 résidents ont été contaminés dont neuf sont à ce jour guéris. «Dès les premiers soupçons, les résidents ont été mis en quarantaine avec les autres personnes qui partageaient leur lieu de vie, précise Dominique Praplan. Avec l’augmentation des cas, une unité d’urgence a été créée pour isoler les malades uniquement.»

D’éducateur social à infirmier

Epidémie oblige, les tâches des collaborateurs ont elles aussi évolué. «Certains éducateurs sociaux ont dû s’improviser infirmiers, effectuer un suivi médical, promulguer les soins de base, distribuer des médicaments», souligne Dominique Praplan. Une «médicalisation» de l’accompagnement pas toujours évidente à assumer.

A Genève, les Établissements publics pour l’intégration (EPI) ont eux aussi recensé trois cas de Covid-19, aujourd’hui guéris. Les ateliers protégés, boutiques et restaurants étant fermés depuis le début du confinement, seuls les lieux d’hébergement – qui accueillent quelque 328 personnes en situation de handicap – subsistent. L’éducatrice sociale Valérie Stahli travaille dans l’un d’eux, situé à Thônex. Dans l’appartement occupé par six personnes entre 28 et 58 ans, c’est une toute nouvelle vie qu’il a fallu organiser. La plupart des résidents souffrent de déficience intellectuelle sévère, à laquelle s’ajoutent des troubles du spectre autistique pour la moitié d’entre eux.

Besoin de contact physique

«La plus grande difficulté reste de maintenir les distances de sécurité, note la professionnelle qui travaille depuis plus de vingt-cinq ans avec des personnes handicapées. Certains résidents ont constamment besoin d’un contact physique, d’autres ne supportent pas d’avoir les mains mouillées. D’autres encore peinent à comprendre le concept même de maladie.»

Alors que le confinement a fait voler en éclats la notion du temps, il a fallu redéployer rapidement un cadre avec de nouvelles activités. «Au programme, cuisine, pâtisserie, chant, lecture de contes, mais aussi cours de gymnastique et de relaxation pour garder une certaine mobilité», détaille Valérie Stahli. Malgré tout, de nombreux résidents souffrent de ne plus avoir de contacts avec leurs proches.

Encadrer des personnes handicapées, c’est aussi anticiper les besoins de personnes qui ne parlent pas. «Certains résidents expriment leurs émotions par de l’agressivité envers les autres ou envers eux-mêmes, c’est à nous de les rassurer, de sentir quand quelque chose ne va pas», estime Valérie Stahli. Après cinq semaines, la socioéducatrice note toutefois qu’un équilibre s’est mis en place. «Au départ, les changements ont généré des crises d’incompréhension, de frustration, souligne-t-elle. On ressent aujourd’hui une certaine sérénité, comme si le temps d’adaptation était atteint.»

Entre liberté et vigilance

Depuis le confinement, certaines personnes qui fréquentaient des institutions à la journée sont retournées dans leur famille. C’est le cas de Vincent, 25 ans, atteint de trisomie 21 et de difficultés de langage, qui travaille habituellement dans un atelier de la Fondation Eben-Hézer. «Certes, la charge de travail est plus intense depuis qu’il est à la maison durant la journée, mais on est habitués, témoigne sa mère, Jocelyne Gallay, infirmière dans le canton de Vaud. Aujourd’hui, il est plus autonome, s’il avait encore 15 ans cela aurait été bien plus compliqué.»

De fait, une nouvelle routine s’est mise en place. «Le matin, Vincent se réveille à l’heure qu’il veut, c’est pour lui une nouvelle liberté, détaille Jocelyne Gallay. Puis, on fait des exercices de logopédie. L’après-midi, il saute au trampoline, passe des coups de téléphone, s’occupe dans sa chambre. L’autre jour, on a aussi fait un cours de yoga en ligne ensemble. Je suis restée à côté de lui pour l’aider.»

S’il parvient à s’occuper seul, Vincent nécessite néanmoins une vigilance constante. «On lui a expliqué ce qui se passait, il a bien vu qu’on ne recevait plus personne à la maison, mais il est difficile de savoir s’il a vraiment conscience de la situation, confie Jocelyne Gallay. Quoi qu’il en soit, cette nouvelle vie ne génère pas d’angoisses particulières chez lui, il est très calme.»

«Les élèves à besoins particuliers ne sont pas oubliés»

(24heures)

L’École vaudoise et les institutions ont dû s’adapter presto pour que l’égalité des chances tant prônée ne soit pas menacée par la pandémie.

La ministre vaudoise Cesla Amarelle a fait de l’école inclusive et de l’égalité des chances l’une des priorités de la législature. Pas question,a-t-elle fait savoir lors d’une vidéo-conférence de presse, que cet idéal soit balayé par la pandémie, qui impose à la grande majorité des élèves de rester chez eux: «On fait le maximum pour l’égalité des chances, on n’oublie pas tout ça. Les collaborateurs de l’État poursuivent leur mission dans notre philosophie qui est d’identifier les besoins de chacun et d’individualiser les aides.»

Plus de mille élèves à besoins particuliers du fait de leur déficience ou trouble sont scolarisés dans une classe ordinaire, suivant un programme adapté. «Enseignants spécialisés, psychomotriciens, logopédistes, etc.: leur travail est différent depuis la crise sanitaire, explique Philippe Nendaz,chef de l’Office de l’enseignement spécialisé.Tous doivent faire preuve d’inventivité, de créativité.Si l’enfant a accès au langage, la prise en charge à distance est plus facile. Pour ceux qui ne l’ont pas,ou qui sont malvoyants ou sourds,l’accompagnement est davantage orienté sur les parents, pour leur offrir soutien et conseil.»

Idem pour les enfants qui fréquentent d’ordinaire une institution spécialisée Ils sont 1650 enfants dans ce cas-là, dont 200 en internat. Seuls 45 de ces derniers y résident encore à l’heure actuelle.Responsable pédagogique à la Fondation de Vernand, Regula Delacrausaz témoigne: «On a dû réinventer nos activités en très peu de temps.» Parmi les 36 enfants accueillis en temps normal dans sa structure La Fleur de Lys à Écublens, cinq sont inscrits au service d’accueil scolaire qui a été mis sur place en deux jours. «Les notions de distance sociale y sont gérées tant bien que mal, mais pas dans les règles de l’art. Pour les collaborateurs, cela génère de l’anxiété car eux-mêmes s’exposent.»Avec les enfants restant à leur domicile, le personnel interagit à dis-tance et garde un contact «quasi quotidien avec les parents».

Sous l’égide de l’AVOP (Association vaudoise des organisations privées pour personnes en difficulté),les institutions ont créé une plate-forme d’échanges qui permet aux unes et aux autres de se «prêter»des collaborateurs mobilisés. Parce biais-là, des enseignants spécialisés de l’État ont aussi pu renforcer les équipes assurant les services d’accueil, illustre Philippe Nendaz.

Le Service de protection de la jeunesse a aussi mis en place «un plan de continuité pour protéger les enfants et les familles», relève le directeur Frédéric Vuissoz: hot-fine pour les parents*, permanence dans les offices régionaux,suivi des situations à distance, etc.Des 1000 enfants placés, 400 ont pu retourner dans leur famille. Des droits de visite aménagés, parfois virtuellement, permettent aux 600 autres de garder un lien avec leurs proches. V.MA.*

Hotline: 021 644 20 32

Comment inclure des personnes malentendantes dans les entreprises

(Entreprise Romande)

Les personnes sourdes ou malentendantes sont encore discriminées dans différentes situations. Pourtant il existe différents moyens de les intégrer dans les entreprises, comme des outils de support ou des cours de développement des compétences professionnelles. Des formations permettent également aux entendants d’apprendre à communiquer en langage des signes.


Sensibiliser le personnel des entreprises à la langue des signes est important pour mieux intégrer les personnes sourdes ou malentendantes

 

Lauren Hostettler

L’intégration des personnes sourdes ou malentendantes passe notamment par le travail. Différents organismes cherchent à informer sur les difficultés de cette population,mais aussi à promouvoir des solutions existantes. «La Fédération suisse des sourds (SGB-FFS) a édité, il y a de cela quelques années, un flyer sur l’intégration des personnes sourdes sur le marché du travail. Elle récompense tous les deux ans des employeurs qui se sont montrés exemplaires dans ce domaine»,indique Sandrine Burger, porte parole de la SGB-FFS.

DISCRIMINATIONS

En mars dernier, cette Fédération a présenté un rapport concernant les cas de discrimination envers les personnes malentendantes.«Bien que les lois suisses garantissent les mêmes droits aux personnes sourdes ou malentendantes,nous sommes encore loin d’une véritable égalité dans notre pays»,rappelle Harry Wytzthum,directeur de la SGB-FFS. «En 2019, nous avons enregistré plus de deux cas de discriminations par semaine.Cela est d’autant plus inquiétant qu’outre la Constitution fédérale, la loi sur l’égalité des personnes handicapées devrait garantir l’égalité depuis près de vingt ans.» Alors que cinquante-deux cas avaient été signalés en 2017 et septante-six en 2018, la Fédération a enregistré cent six plaintes en 2019.

Ces signalements concernent des relations de santé et de travail. Par exemple, les assurances maladie et les hôpitaux refusent parfois de couvrir les frais des interprètes en langue des signes pour les consultations médicales. Dans le domaine de l’emploi, il apparaît que le nombre d’heures mensuelles payées par l’AI reste insuffisant, ce qui conduit à des malentendus, voire à des ruptures de contrats de travail.En Suisse, le chômage chez les sourds et malentendants est d’environ 9%, soit un taux trois fois plus élevé que celui de la population active moyenne.

En 2019, la SGB-FFS, en collaboration avec la Haute école de Lucerne, a édité un guide des bonnes pratiques. Ce guide en allemand est en cours de traduction en français et en italien. La base du guide est composées des «six piliers de l’intégration»,disponible en ligne en français. Sandrine Burger rappelle que la Fédération propose des conseils et de l’aide juridique aux personnes sourdes qui se seraient senties discriminées.

SENSIBILISER LES ENTREPRISES

L’association S5 travaille à la diffusion et à la promotion de la langue des signes. Elle souhaite rapprocher les personnes sourdes ou malentendantes etl es entendantes, tout en sensibilisant aux changements de vocabulaire. Le terme «sumains»,qualifie les personnes concernées, impliquées et impactées dans la communication différenciée. Le sumain peut désigner un entendant, un sourd ou un malentendant. «L’association propose notamment des formations au sein des entreprises et des institutions afin de sensibiliser les entendants à la culture sourde et à la langue des signes», explique Nathalie Palama, chargée de projet et responsable pédagogique de l’association. Ces sensibilisations peuvent, par exemple, prendre la forme d’une immersion dans la langue des signes à la cafétéria de l’entreprise. Le but est de mettre les collaborateurs dans la peau d’une personne sourde afin de comprendre les difficultés qu’elle peut rencontrer.

La sensibilisation peut ensuite déboucher sur des cours de langue des signes. Cette langue est enseignée aux entendants dès l’âge de 15 ans, dans tous les cantons et pour tous les niveaux.En raison du confinement, les cours sont actuellement dispensés à distance. Ayant reçu de bons retours, ils devraient être maintenus après cette période.«Des cours de langue des signes sont aussi organisés dans les écoles, comme la Haute école de travail social, pour les infirmiers, les logopédistes, etc.»,ajoute Nathalie Palama. Ces cours peuvent être adaptés au vocabulaire et au langage en fonction du domaine d’activités (banque, assurance, santé,scolaire, transport, commerce ou services, notamment).

L’association anime également des cours et des séminaires en langue des signes pour développer les compétences personnelles et professionnelles des personnes sourdes.

L’association S5 met également son expertise au service des entreprises qui souhaitent développer leur visibilité en offrant des traductions français/langue des signes ou des incrustations de langue des signes sur vidéo, par exemple. «Nous travaillons également à la traduction d’émissions de télévision»,indique Nathalie Palama. S5 a aussi créé un annuaire en ligne qui répertorie les entreprises et les services accessibles aux personnes sourdes grâce à un environnement adapté ou doté d ‘un personnel pratiquant la langue des signes. De nouveaux partenariats sont toujours bienvenus afin d’élargir l’inclusion des personnes sourdes.