Paolo Badano, révolutionnaire de la mobilité sur chaise roulante

(Le Temps)

Victime d’un accident qui l’a rendu paraplégique il y a vingt-cinq ans, l’entrepreneur italien a développé un appareil fonctionnant à l’aide de senseurs, signant le début d’une nouvelle ère


Paolo Badano: «Cette chaise roulante fait fonctionner le système neuronal comme lorsqu’on est debout.» — © Claudio Bader pour Le Temps

 

Suite à un tragique accident de moto en 1995, Paolo Badano perd l’usage de ses jambes. Du jour au lendemain, l’artisan du bâtiment se retrouve en fauteuil roulant. «Il y a un moment où la dépression l’emporte, on cherche à qui la faute; pourquoi moi et pas le voisin? Puis, j’ai accepté que je ne marcherais plus. J’ai cherché à utiliser au mieux les cartes dans mon jeu», confie le Savonais d’origine. Son inspiration, il l’a puisée dans la nécessité: «L’autonomie est fondamentale pour qui a vécu un tel traumatisme.»

(en italien + langue des signes et sous-titrage anglais )

Avec un ami, il fonde une entreprise de construction où il s’occupe de l’administration et des finances. Mais après une décennie à rouler sur une chaise classique, les douleurs apparaissent. «Il fallait que je trouve une solution, vite.» Un jour, par hasard, dans un centre commercial, Paolo Badano voit passer un Segway, ce véhicule électrique monoplace constitué d’une plateforme munie de deux roues parallèles sur laquelle l’utilisateur est debout. Ça fait tilt.

Changement de paradigme

Il crée Genny, une chaise roulante dont la technologie de base, une combinaison d’informatique, d’électronique et de mécanique, est celle du Segway. Celle-ci est produite ici à Sant’Antonino, au Tessin, dans les locaux de la Genny Factory. Sous une lumière flatteuse qui met en valeur un design high-tech sont exposés les 30 modèles produits à la fin de 2019, légèrement différents des 1500 développés jusqu’à présent. Qu’est-ce qui distingue Genny d’un fauteuil roulant traditionnel? «C’est comme si l’on compare la calèche et la voiture, soutient l’entrepreneur de 51 ans. Il s’agit d’un changement de paradigme.»

Car Genny se déplace intuitivement, suivant les mouvements du corps, grâce à la technologie d’auto-balancement fondée sur un réseau de senseurs. Possédant seulement deux roues, sans frein ni accélérateur, elle peut monter et descendre sur n’importe quelle surface, même un terrain accidenté. «J’ai ainsi redécouvert le plaisir d’aller à la plage ou de remonter chez moi sans l’aide de mon frère», confie le Suisse d’adoption, ajoutant que sa création laisse les bras et les mains libres. «Pour manger une glace, promener le chien, pousser une poussette, tenir un parapluie, embrasser l’être aimé…»

Pour les parents d’enfants handicapés, c’est l’enfer

(Le Matin.ch)

Pour ces familles souvent monoparentales, leur situation qui était déjà compliquée est devenue cauchemardesque avec le confinement.


Pour les enfants en situation de handicap, ce bouleversement de leurs routines est encore plus dramatique que pour nous. Image: iStock

 

Durant cette crise due à l’épidémie du coronavirus, on a beaucoup parlé de certaines populations extrêmement fragilisées, comme les seniors, les malades et les personnes défavorisées socialement. Mais cette épreuve est également un calvaire pour les parents d’enfants en situation de handicap et les handicapés eux-mêmes.

«J’ai une fille de 8 ans autiste et un garçon de 13 ans avec de grosses difficultés scolaires», nous raconte cette Lausannoise, qui vit seule avec ses deux enfants. «Ma fille souffre notamment de l’interruption forcée de ses thérapies. Scolairement, c’est compliqué également. Mes enfants vont à l’école ordinaire mais avec des aides, de l’enseignement spécialisé, des aménagements… Tout tombe à l’eau et on se retrouve avec le même programme que les autres, mais sans soutien.»

Qui pour les garder?

Les services de garde ponctuelle pour soulager les parents ne fonctionnent plus non plus. Cette maman est donc condamnée à rester confinée avec ses enfants. «Je peux sortir en balade avec eux, mais faire les courses c’est impossible. Et le commerce en ligne est saturé. Il faudrait que ces plateformes de vente puissent donner la priorité aux situations urgentes ou alors obtenir le renfort nécessaire pour faire face à la demande.»

Et là également, difficile de trouver quelqu’un pour l’aider. «Je n’ai aucun contact avec mes voisins. La semaine passée, c’est une connaissance qui nous a posé des courses derrière la porte.» Une situation qui devient de plus en plus pénible jour après jour. «Mes enfants jouent, essentiellement. Mais je peine à structurer les journées et ma fille est très agitée. Je suis très fatiguée et il y a beaucoup d’inquiétude.»

75% de familles monoparentales

Ce cas est loin d’être isolé, comme nous le confirme Isabelle Steffen, membre du comité d’Autisme Suisse romande. «Il faut savoir que 75% des couples dont un enfant est atteint d’une pathologie récurrente, donc qui ne se soigne pas, explosent. Et neuf fois sur dix, c’est la maman qui se retrouve seule avec un ou deux enfants atteints d’un handicap.»

«L’Office fédéral de la statistique estime qu’au total 52 000 enfants de moins de 14 ans sont handicapés, dont 8000 avec des limitations fortes», nous précise Marc Moser, responsable de la communication d’Inclusion Handicap, l’association faîtière des organisations de personnes handicapées. «Toutefois, les handicaps, le type et l’étendue de l’aide varient considérablement, ce qui rend difficile de tirer des conclusions générales.» N’empêche, cela donne une idée de nombre de ces familles touchées de plein fouet par les conséquences de l’épidémie.

Perturbés par tout changement d’habitude

Les problèmes sont, on l’a vu, multiples. «Pour les thérapies, certains ont mis en place des solutions par visioconférence, mais l’enfant a tout de même souvent besoin d’un contact, explique Isabelle Steffen. Pour la garde, il faut que cela soit des gens qui aient reçu une formation de base. Et pour les enfants autistes, toute nouveau visage est synonyme de stress. Tout changement dans leur routine, d’ailleurs, les perturbe fortement. Regardez comme le coronavirus a changé nos habitudes, imaginez ce que cela représente pour eux! Ils peuvent du coup partir en crise, s’auto-mutiler.»

Grands-parents hors-jeu

Bon nombre de ces familles avait l’habitude de se faire aider par… les grands-parents. «Oui beaucoup de grands-papas et de grands-mamans avaient reçu une formation pour s’occuper et garder leurs petits-enfants, soulageant ainsi les parents», dit Alex Fischer, responsable de la politique sociale chez ProCap, la plus grande association de et pour personnes avec handicap en Suisse. Évidemment, avec le coronavirus, comme les autres grands-parents, ils ne peuvent plus voir leurs petits-enfants.

Qu’arrivera-t-il si le ou les parents d’enfants handicapés se retrouvent dans l’incapacité de les garder? S’ils doivent être hospitalisés par exemple? «Pour certaines pathologies, il existe évidemment des institutions, qui peuvent accueillir les enfants, fait remarquer Alex Fischer. Mais pas pour d’autres, comme mon fils, qui souffre d’un syndrome rare; honnêtement, je ne sais pas ce qu’il adviendrait de lui si ma femme et moi ne pouvions plus nous en occuper.J’imagine qu’il serait, au pire des cas, mis à l’hôpital, même s’il n’est pas malade.»

Confinés dans les institutions

N’oublions pas non plus que les enfants plus âgés et les jeunes adultes qui sont en institution en semaine et rentrent le week-end sont bloqués là-bas depuis le début de la crise. «Mais nous avons reçu beaucoup de messages très émouvants de parents qui tirent un grand coup de chapeau à la plupart des institutions, souligne Isabelle Steffen. Rien ne remplacera la présence de leur enfant, mais de nombreux aménagements ont été mis en place, avec des contacts vidéos.»

Comment répondre à toutes ces situations dramatiques? Tous nos interlocuteurs en appellent à un mélange de solidarité citoyenne et d’aide des autorités. Encore faudrait-il trouver un seul endroit qui regroupe toutes les demandes, toutes les réponses et toutes les propositions d’aide. Il existe des hotlines, mais pour les personnes autistes par exemple, téléphoner est rédhibitoire. Mieux vaut communiquer par écrit.

Créer des groupes

Initiée par la maman qui nous a apporté son témoignage, une page Facebook a été ouverte pour mettre en relation parents et professionnels pour enfants à besoin spécifique. «Mais cela ne fonctionne pas très bien pour l’instant, soupire-t-elle, car les parents viennent témoigner de leur situation, comme sur une autre page Facebook, mais ne publient pas de demande d’aide. Nous avons pourtant beaucoup de professionnels à disposition et l’idée est de les mettre en lien et de continuer en conversation privée.»

«Cette épidémie, c’est tellement nouveau, les autorités n’ont pas pu penser à tout, reconnaît Alex Fischer. Par exemple, les parents d’enfants de plus de 12 ans ne peuvent pas ne pas aller travailler sous prétexte qu’ils doivent rester à la maison s’occuper d’eux. On le comprend puisqu’on estime qu’à cet âge, l’enfant peut rester seul. Mais pas s’il est en situation de handicap et aucune allocation perte de gains n’est prévue pour ces parents. C’est ce genre de chose qu’il faut corriger, j’espère que ce sera rapidement fait.»

Les bonnes nouvelles arrivent

Heureusement, les choses bougent! La situation que vivait la maman qui témoigne dans notre article, témoignage recueilli lundi 30 mars, a commencé à changé le lendemain. «Les différents intervenants (école, thérapeutes) m’ont proposé une visio-conférence lors de laquelle nous avons pu trouver quelques solutions ensemble et avons décidé de nous retrouver régulièrement pour faire le point grâce à cette méthode. C’est un soulagement que de retrouver le lien et de se sentir à nouveau épaulée.»

Le canton de Vaud nous a d’ailleurs confirmé que de nombreux aménagements sont en train d’être mis en place. La Direction générale de la cohésion sociale (DGCS) nous a ainsi indiqué que le service de relève Phare mineurs de Pro Infirmis, avec des collaborateurs formés et expérimentés se rendant à domicile pour prendre le relais des parents avait été maintenu depuis le début de la crise, mais en donnant la priorité aux situations critiques (parents actifs dans les soins, sans possibilité de télétravail, familles monoparentales, etc). «Avec l’arrivée de davantage de matériel de protection (masques, gel…), la prestation pourra reprendre pour une partie des clients connus ainsi que pour des urgences», nous dit la direction.

Création d’un dispositif cantonal d’aide

En outre, la DGCS va annoncer ce vendredi 3 avril la mise en place d’un dispositif cantonal d’aide aux personnes rencontrant des difficultés dans leur vie quotidienne (courses, transports, aide au proches, etc.) qui sera ouvert à la fin de cette semaine. Il entrera progressivement en force.

Nous n’avons contacté que le canton de Vaud dans le cadre de cet article, la maman qui nous apporté son témoignage y habitant. Impossible de dresser la liste de ce que les autres entreprennent, le fédéralisme multipliant les pratiques. Nous conseillons aux personnes concernées par ces problèmes de consulter les sites officiels de leur canton et et commune ainsi que des organismes d’aide appropriés, comme ceux mentionnés dans cet article.

Michel Pralong

Une association valaisanne aide les personnes autistes au quotidien

Le Nouvelliste.ch)


Les éducateurs de l’association « Eliezer » aident notamment les personnes autistes et leurs parents à gérer les crises. UNSPLASH

 

Par Christine Savioz

En cette journée mondiale de l’autisme, zoom sur l’association Eliezer, née en Valais, qui accompagne les enfants et adultes concernés par ce trouble. Une personne sur cent est touchée par l’autisme.

«Depuis le confinement, je parle souvent par Skype aux jeunes autistes que je suis d’habitude. Il arrive encore que je les rencontre, mais c’est un peu compliqué en cette période de coronavirus», souligne Loriane Carron, directrice de l’association Eliezer qui accompagne des personnes autistes. Une période pas simple à vivre non plus pour les personnes autistes qui peuvent se sentir rapidement désécurisées. «Elles n’aiment pas les changements et les imprévus», ajoute Loriane Carron.

D’où l’importance de l’accompagnement des éducateurs et des psychologues spécialisés dans le domaine du spectre de l’autisme actifs au sein de l’association Eliezer. «Nous travaillons avec des personnes dans toute la Suisse romande, mais la large majorité d’entre elles se trouve en Valais», explique Loriane Carron. Ainsi, sur les 70 personnes suivies en 2019, 60 étaient des Valaisannes, de 0 à 65 ans.

«J’ai par exemple suivi un jeune qui angoissait dès qu’il y avait du bruit en classe. Cela pouvait être juste un éternuement.»

Loriane Carron, directrice de l’association Eliezer

Des outils efficaces

L’association travaille sur divers provenant notamment de l’AI, mais aussi de privés. «Il arrive que des parents demandent un coaching car ils ne savent pas comment réagir à une crise. On observe le lien entre le corps et les émotions», explique Loriane Carron. Les éducateurs donnent alors des outils aux parents pour faire en sorte que l’enfant communique différemment que par des crises.

L’autisme touche une personne sur cent

Une personne sur cent est autiste. Il s’agit d’un trouble neuro-développemental d’origine biologique qui se manifeste précocement chez l’enfant, comme l’explique Autisme suisse romande. L’autisme comprend un éventail de particularités cognitives d’intensité très variable, regroupées sous le terme générique de Trouble du Spectre Autistique (TSA). Depuis dix ans, la Suisse compte 12% d’augmentation des diagnostics du TSA chaque année. Le trouble est plus répandu chez les garçons. Il touche 3 à 4 garçons pour 1 fille.

En Valais, une association de parents concernés existe depuis 2012. Appelée Autisme Valais, elle est affiliée à Autisme Suisse romande. Infos sur le site d’Autisme Valais.
L’association Eliezer, dont le siège social est à Martigny, propose les services de professionnels. Infos sur le site de l’association Eliezer ou au 079 667 41 86.

Loriane Carron accompagne particulièrement les adolescents pour les aider à l’insertion en entreprise ou en secondaire II pendant leur formation. «J’ai par exemple suivi un jeune qui était en école de commerce et qui angoissait dès qu’il y avait du bruit en classe. Cela pouvait être juste un éternuement», explique-t-elle. Le jeune homme devenait alors stressé, peinant ensuite à suivre l’enseignement.

L’éducatrice a proposé des pistes pour désamorcer cette montée d’anxiété. «Par exemple, il fait du sport pour réguler son système nerveux et porte un gilet compressif qui agit sur les capteurs nerveux dans les muscles du corps. Cela envoie un message apaisant.» Avec ces outils, le jeune homme peut mieux se concentrer et donc mieux apprendre.

Du temps pour approcher le jeune autiste

Parfois, les éducateurs doivent apprivoiser la personne autiste. «Cela a été le cas avec un jeune qui n’avait tenu que quelques jours dans des structures comme l’Orif ou Don Bosco. Sa maman nous a demandé de l’aider», explique Loriane Carron.

Une tâche difficile car le jeune homme ne voulait pas voir l’éducatrice. «Il ne me laissait pas entrer chez lui au début. Pour l’approcher, c’était délicat.» Avec patience, Loriane Carron se rend régulièrement au domicile du jeune et l’a peu à peu apprivoisé. «Je lui disais qu’on se verrait seulement dix minutes; je mettais un «time timer» et dès que cela sonnait, je repartais. Cela le rassurait. Peu à peu, il s’est habitué», raconte-t-elle.

Progressivement, le jeune accepte son aide. Etant passionné d’informatique, il se voit proposer un travail par une entreprise d’informatique contactée par l’éducatrice. «Le patron a été d’accord de lui donner des tâches que le jeune pouvait accomplir à la maison. Cela a été bénéfique sur lui», confie Loriane Carron. L’adolescent, se rendant compte qu’on lui faisait confiance, s’est senti sécurisé. «Nous avons pu commencer à travailler sur l’autonomie. Et il réalise de beaux progrès», se réjouit Loriane Carron.

Ce suivi professionnel sur le terrain porte ses fruits, comme en témoigne une Valaisanne, maman d’une adolescente autiste. «Loriane Carron a été un grand soutien émotionnel. De mon côté, je me suis sentie comprise», explique-t-elle. Son enfant dispose désormais d’outils pour gérer ses émotions, comme l’apprentissage d’une vision positive de la vie et des techniques de respiration. «Ma fille se sent beaucoup mieux», conclut cette maman.

Autodétermination grâce à l’assistance?

(Paracontact / édition française)


Eva Wyss, tétraplégique avec une assistante de vie

 

Vivre dans son propre chez-soi grâce à la contribution d’assistance: Matthias Amrein,du service de consultation Pro Infirmis, et Eva Wyss, tétraplégique, témoignent.

Manuela Burkart Heiger

«J’ai l’impression de vivre en toute autonomie», confie Eva dans son appartement douillet à Nottwil. Peu avant, elle a emballé des cadeaux avec son assistante. «Mes assistantes me permettent de mener une vie épanouie.» Sans cette aide, Eva ne pourrait plus vivre seule. Si elle peut embaucher et rémunérer des assistantes, c’est à la contribution d’assistance de l’assurance invalidité qu’elle le doit. Cette prestation a été créée en 2012 dans le but de renforcer l’autodétermination et la responsabilité personnelle de celles et ceux qui ont besoin de soutien dans leur vie quotidienne. La contribution d’assistance peut être utilisée pour financer l’aide requise afin d’améliorer la capacité de se loger de manière autonome, mais aussi l’intégration dans la société et la vie professionnelle. Le législateur entend par ailleurs alléger la charge des proches soignants.

Courage et confiance

Au début, Eva Wyss était très sceptique vis-à-vis de la contribution d’assistance. «Je me sentais impuissante, dépassée et l’avenir m’angoissait. Il a fallu un certain temps avant que je puisse entrevoir à nouveau la lumière au bout du tunnel.» Eva était consciente qu’elle aurait de plus en plus besoin d ‘aide en raison de sa santé déclinante. Elle avait très peur d’être placée sous tutelle et de ne plus pouvoir décider par elle-même.Elle a aussi dû apprendre à compter sur les autres et à leur faire confiance.

Eva a trouvé sa première assistante par l’intermédiaire d’un ami. D’après Matthias Amrein, travailleur social au service de consultation Pro Infirmis à Bienne-Seeland, il est fréquent que les assistants viennent du cercle d’amis ou de la famille élargie. Il existe déjà une relation de confiance avec ces personnes.

Et c’est par sa première assistante qu’Eva a trouvé sa deuxième perle, la troisième étant l’une de ses belles-sœurs. Selon Matthias Amrein, il serait souhaitable que l’aide apportée par les membres de la famille directe, ainsi que les conjoints et les concubins, puisse être remboursée dans le cadre de la contribution d’assistance. Cette dernière n’est en effet pas suffisante, notamment pour les personnes qui, en raison de leur handicap, dépendent d’une assistance complète. Toujours d’après lui, dans de tel-les situations, ce sont les parents les plus proches qui fournissent une grande partie du soutien nécessaire. «Si cette aide ne peut pas être compensée par la législation actuelle, la contribution d’assistance permet au moins d’alléger la charge qui incombe aux proches.»

Obstacles

Pour toucher la contribution d’assistance,il faut soi-même devenir employeur, ce qui implique de nombreux droits et obligations.Grand sujet dans les consultations de Pro Infirmis, la charge administrative que cela représente est considérée comme un obstacle majeur. Matthias Amrein décrit la contribution d’assistance comme une prestation complexe, car elle n’est accordée que si les heures d’assistance ont été effectivement fournies et donc facturées, contrairement à l’allocation pour impotent, par exemple, qui est versée tous les mois.

C’est là que Pro Infirmis offre son aide.Dans la plupart des cas, les consultations portent sur des problèmes de droit du travail et sur des questions en rapport direct avec la contribution d’assistance, telles que:qui peut être embauché ou comment se passe la facturation avec l’AI? En général,les conseils fournis par Pro Infirmis suffisent. Si une personne ne peut pas faire face à la charge administrative, il est toutefois possible de faire appel à une société fiduciaire, mais ces coûts ne sont pas entièrement remboursés par la contribution d’assistance. Dans le cas d’Eva, dès le départ,un proche s’est chargé de toutes les tâches administratives. C’est pratiquement son 4eassistant, reconnaît Eva en riant. Sans lui,cela ne fonctionnerait pas, elle en est con-vaincue. Dans ce domaine, Matthias Amrein souhaite également une simplification,par exemple en recourant aux services de tiers, qui pourraient être facturés via la contribution d’assistance.

Une alternative au foyer

Non, elle ne se voit pas du tout vivre dans un foyer. Mais sans la contribution d’assistance, ce serait inévitable, elle en est certaine.

Il est plutôt rare que des personnes quittent les foyers, comme l’espérait le législateur.Mais, selon Matthias Amrein, il est vrai que, grâce à la contribution d’assistance,des admissions peuvent être évitées ou du moins retardées.

Eva se sent bien chez elle. «Les assistantes apportent de la vie, de l’animation dans ma maison», dit-elle en ajoutant: «elles me sortent de mon isolement.» Sa qualité de vie s’est beaucoup améliorée grâce à la contribution d’assistance. C’est également ce qui ressort de l’étude commandée par l’Office fédéral des assurances sociales. Près des trois quarts des personnes interrogées déclarent que leur situation de vie s’est forte-ment ou légèrement améliorée grâce à la contribution d’assistance.

Elle a ainsi permis à Eva de se constituer un réseau de soutien, qui est devenu bien plus que de simples relations de travail. «Je ne peux que vous conseiller de sur monter votre peur et de sauter le pas. C’est très enrichissant.»

CONTRIBUTION DE L’AI

Depuis 2012, les bénéficiaires d’une allocation pour impotents de l’Al qui vivent ou vont s’installer dans leur propre appartement peuvent demander cette contribution d’assistance.

La contribution d’assistance de l’assurance-invalidité AI doit permettre aux personnes qui ont besoin d’aide pour accomplir les actes ordinaires de la vie, de vivre chez elles.Le montant versé est destiné à engager des assistants apportant le soutien nécessaire,par exemple pour la toilette,la tenue du ménage ou les activités de loisirs.

Services de consultation Les collaborateurs du département Conseils vie vous fourniront volontiers de plus amples informations sur la contribution d’assistance.

Pro Infirmis offre un conseil d’assistance dans tous les cantons. Des experts vous épaulent pour l’établissement de contrats de travail, la planification de la vie quotidienne ou la facturation avec l’Al.


Eva participe partout où cela est possible

 

Piégés, les proches aidants sont à bout de souffle

(20min.ch)

par Sophie Zuber

Ceux qui partagent leur quotidien avec une personne en situation de handicap sont sous pression et peinent à voir le bout du tunnel. Une Vaudoise témoigne.


(Photo: Peter Berglund)

 

«Alors que le monde attend le souffle coupé de savoir comment il va se réorganiser pour survivre à un quotidien complètement chamboulé, je vous supplie de penser aux proches aidants qui vont s’occuper 24 heures sur 24 d’un enfant ou d’un parent dépendant.»

Ce cri du coeur, publié sur Facebook il y a une quinzaine de jours, est celui de Marjorie Waefler. À 45 ans, cette Yverdonnoise est mère de quatre adolescents, dont Silas, 11 ans. Frappé par le syndrome de Heller depuis 2014, le garçon a, depuis, perdu toutes les capacités qu’il avait acquises jusqu’alors: «Mon fils ne parle plus, porte des couches en permanence, mange tout ce qu’il trouve, ne dort quasiment pas sans l’aide de médicaments, est hyperactif et s’exprime souvent par des cris.»

«Un coup de massue»

Élève dans une école spécialisée, Silas est, comme tous les écoliers du pays, privé de cours depuis le 16 mars. «Quand nous avons su que cette situation allait durer pendant au moins sept semaines, mon mari et moi avons reçu comme un coup de massue.» Depuis, l’équilibre familial est mis à mal: «Nous nous relayons pour le surveiller, lui qui ne peut pas rester seul une minute. Tout est sous clé et la moindre inattention de notre part peut être catastrophique», continue cette maman, en précisant que son histoire n’est de loin pas un cas unique.

Marjorie Waefler insiste: «Ce n’est de la faute de personne et j’ai de la chance d’avoir du soutien de toutes parts. Mais je me fais du souci pour les personnes qui se retrouvent, elles, complètement démunies face à cette situation.»

Trouver une routine dans le chaos

Pour la fondation suisse pour les Proches aidants (Pro-XY), cette condition force ceux qui doivent prendre soin d’un enfant ou d’un parent à «trouver une routine dans le chaos, ce qui est évidemment très compliqué», explique Laurence Thueler, coordinatrice régionale de l’antenne Morges-Cossonay. «Ils sont habitués à faire face à beaucoup d’imprévus… Mais ça, ils n’y auraient pas pensé.»

Forte de onze antennes dans le canton de Vaud, la fondation assure un appui à domicile en ces temps troublés, ceci afin de relayer les proches aidants dans leurs tâches quotidiennes. «Il y a des activités que nous ne pouvons évidemment plus faire, comme aller se promener dans un centre commercial. Nous devons aussi bien évidemment garder nos distances et nous rendre à domicile avec du matériel de protection. C’est laborieux, mais on y arrive», continue Laurence Thueler.

Si elle a bien senti que la quarantaine de bénéficiaires et de proches aidants de la région se sentaient très préoccupés, elle précise que la fondation tient à rester à disposition pour toute information supplémentaire: «Nous les avons appelés afin d’assurer un suivi, de savoir ce qui les préoccupe et comment ils se rassurent, afin de pouvoir les aider du mieux que nous pouvons, en attendant des jours meilleurs.»