La photographe Aline Fournier et la force du handicap

(Le Temps)


Aline Fournier

 

La Valaisanne a perdu l’ouïe et la fonction de l’équilibre à l’âge de 3 ans, à la suite d’une méningite. Une souffrance qui se transforme en punch son appareil une fois entre les mains.

La fin du trajet se fait à pied, en remontant une des pistes de ski qui rejoint le départ de la télécabine de Tracouet, à Nendaz. Depuis trois ans, Aline Fournier vit, été comme hiver, perchée à 1650 mètres d’altitude, dans le mayen familial, construit pour l’estivage des vaches et qui se transmet de génération en génération depuis presque un siècle. Six mois durant, la neige est son quotidien. Les conditions de vie ne sont pas des plus simples, mais la photographe, atteinte de surdité, a ce besoin de fuir la civilisation pour se retrouver, pour s’accepter telle qu’elle est, avec son handicap.

«Je dois déconstruire ce que l’on m’a imposé depuis mon enfance. On m’a toujours dit que j’étais normale, mais ce n’est pas le cas.» Aline Fournier l’a saisi durant l’hiver 2015-2016, alors qu’elle était en résidence artistique en Islande. Lorsque les habitants du village dans lequel elle séjournait ont compris qu’elle était sourde, leur attitude a changé. Une réaction qui frappe la photographe en plein cœur. «Je suis sortie du magasin dans lequel je me trouvais en hurlant. J’ai crié et pleuré durant plus d’une heure», avoue-t-elle.

De l’engagement

C’est un véritable uppercut. «J’ai longtemps vécu dans l’illusion pour me protéger. A ce moment précis, j’ai saisi que la communication était quelque chose de facile, mais pas pour moi. J’ai compris que j’étais sourde.» Ce déclic intervient près de 26 ans après la méningite qui lui fera perdre l’ouïe et la fonction de l’équilibre, alors qu’elle a 3 ans. Il chamboule sa vie: «Jusque-là, j’avais mis mes émotions de côté. Est-ce de la colère, de la peur, de la tristesse? Je ne savais pas. J’ai dû réapprendre tout cela, à 30 ans.»

Cet épisode bouleverse également son quotidien de photographe. Durant trois années, elle n’immortalisera plus aucun modèle, pour se concentrer sur des lieux ou des natures mortes. Aline Fournier ne peut plus réaliser «des photos qui plaisent», ce qu’elle a pu faire par le passé, notamment lors de son passage par le monde de la pub, après son apprentissage de conceptrice multimédia. Elle ressent le besoin de faire un travail «engagé, qui a du sens». A travers ses mises en scène poussées à l’extrême, elle veut révéler «l’absurdité qui est partout, tout le temps, mais que les gens ne voient plus».

Son œuvre s’inspire de sa vie. Son œuvre ressemble à sa vie. «Dans mon travail, comme dans ma vie, on ressent la solitude ou la souffrance. Pas en première, mais en deuxième lecture. Lorsqu’on me rencontre, on découvre une femme souriante, enjouée, mais derrière cette façade, il y a une tout autre réalité.» Et dans son quotidien, l’absurdité qu’elle transpose dans son travail est également existante. «Il est difficile voire impossible pour moi de faire comprendre aux gens que je suis sourde, étant donné que je parle normalement. Pourtant cette surdité ne me quitte jamais. Je ne peux pas la mettre sur off.»


Portrait de Aline Fournier / Photo Sedrik Nemeth pour Le Temps

 

Sans la photo, son handicap est une souffrance, mais, grâce à son travail, il devient une force. «Lors d’une conversation, j’utilise la lecture labiale, un petit peu l’audio, grâce à mes appareils, mais tout le reste n’est que suppléance mentale. J’essaie de recomposer les phrases dans ma tête en temps réel. De même, je suis toujours aux aguets pour compléter visuellement les informations manquantes auditivement. J’ai ainsi développé la capacité d’absorber un grand nombre d’informations en permanence, de les analyser et de les filtrer dans la seconde. Par la force des choses, j’ai une vision périphérique plus développée et une capacité de concentration assez élevée», souligne-t-elle.

Loin dans le perfectionnisme

Ces instruments, Aline Fournier les met au service de son travail: «Cela est très pratique pour anticiper «un instant», pour le sentir arriver et le saisir dans les meilleures dispositions sur le moment ou pour le recréer.» La photographe avoue sortir de ses séances photos vidée, car son cerveau gère toutes les informations, «jusqu’au moindre détail», pour lui permettre de déclencher au moment parfait. «C’est le cas de tous les photographes, bien entendu, mais peut-être que chez moi, ça va encore un peu plus loin dans le perfectionnisme, grâce à ces capacités développées pour pallier le handicap.»


Portrait (noir/blanc) de Aline Fournier / Photo Sedrik Nemeth pour Le Temps

 

Ses shootings sont des moments hors du temps, imprégnés d’une énergie particulière. «A chaque fois, ce sont des morceaux de vie intenses, des rencontres où l’on crée ensemble. On double, on triple la qualité, la passion, la folie avec les collaborations. J’ai cette possibilité par la photographie d’explorer les choses en profondeur, de donner le meilleur de moi-même. Je vis quand je crée!» Depuis trois ans, Aline Fournier vit à travers son travail et se reconstruit dans cet extrême, qu’elle s’impose et qu’est la solitude, pour atteindre à nouveau l’équilibre et être elle-même lorsqu’elle retrouve la civilisation.


Profil:
-1986 Naissance en Valais.
-1990 Perte de l’ouïe et de la fonction de l’équilibre.
-2009 CFC de conceptrice multimédia, après une maturité gymnasiale.
-2012 Début de l’activité professionnelle indépendante à 100%.
-2018 Lauréate de la bourse à la mobilité du canton du Valais.

Ceux qui prennent le train à Bienne sont fâchés trois fois

(Le Matin.ch)

Se sentir traité comme un citoyen de seconde zone n’est pas l’apanage de la périphérie. À Bienne, deuxième ville du canton de Berne avec 56 000 habitants, ce ressenti se cristallise autour de la gare où trois sujets fâchent les utilisateurs des compagnies CFF et BLS.


Les perrons 49 et 50 se trouvent dans le prolongement des voies 9/10, sur un quai allongé vers l’ouest, en direction de Fribourg. Ce quai dispose d’un toit de 200 mètres de long et d’une marquise. Ce qui prime pour les CFF, c’est d’assurer un maximum de correspondances pendant des travaux d’agrandissement de la gare de Berne. Image: Lematin.ch/Vincent Donzé

 

Dernier sujet en date: un second passage sous-voies aménagé là où un passage inférieur postal servait à l’acheminement des colis. Cet ouvrage en béton datant de 1979 a été modifié de manière à desservir les quais 1 à 10, moyennant 3,3 millions.


Après des travaux devisés à 3,3 millions, tout est prêt sur les quais 1 à 10 pour assurer une meilleure desserte, mais dessous, le passage inférieur postal qui n’était pas ouvert au public comprend un escalier trop étroit et trop raide pour les personnes à mobilité réduite. Image: Lematin.ch/Vincent Donzé

 

Problème: une affiche placardée sur une palissade annonce une mise en service pour novembre 2019 et des finitions pour décembre 2019. En fait de finition, il s’agit maintenant de mettre un escalier aux normes de la Loi sur l’égalité pour les personnes handicapées, comme indiqué dans l’hebdomadaire «Biel Bienne».


À la gare de Bienne, derrière cette palissade, l’ouverture d’un second sous-voie prévu censé désengorger l’accès principal est reporté de trois mois à cause d’un escalier qui n’est pas adapté aux normes fixées dans la Loi sur l’égalité pour les personnes handicapées. Image: Lematin.ch/Vincent Donzé

 

Raide et étroit


Les nombreux pendulaires biennois se sentent méprisés à leur arrivée à Berne en RegioExpress. Depuis l’introduction du nouvel horaire, les perrons desservis sont situés 385 mètres plus loin qu’auparavant. «La situation est intenable!», a dénoncé le maire de Bienne, en relayant la critique du ,député Mohamed Hamdaoui, handicapé dans sa mobilité par la polio. Image: Lematin.ch/Vincent Donzé

 

«Cet escalier trop raide et trop étroit appartient au propriétaire de l’immeuble commercial», précise Ottavia Masserini, porte-parole des CFF. Les usagers attendront trois mois supplémentaires pour accéder aux quais depuis l’aile Ouest. côté lac et gymnase.

S’il n’y avait qu’un escalier… Mais les usagers biennois pestent aussi contre une rame BLS aux couleurs du SC Bern, le club de hockey rival, et contre un quai décentré qui les oblige à marcher longtemps en gare de Berne, à l’arrivée et au départ du train.


Un train de la compagnie BLS aux couleurs du SC Berne avait suscité un tweet rageur du maire de Bienne Erich Fehr, fan du HC Bienne: «Inacceptable que le BLS veut me faire rouler dans ce train! Plus de 50 % de ses clients ne sont PAS des fans du CP Berne», écrivait-il au nom des clubs de hockey de Bienne, Fribourg et Langnau. Image: Lematin.ch/Vincent Donzé

 


Rien n’a changé depuis le tweet du 8 juillet 2018, comme en témoigne cette rame du BLS présente mardi en gare de Bienne sous prétexte que la compagnie BLS est sponsor d’or du club de la capitale. La rame décorée à l’intérieur par des portraits de joueurs anciens et actuels du CP Berne a été taguée, puis nettoyée. Image: Lematin.ch/Vincent Donzé

 

Vincent Donzé

Collaboration renforcée entre la Fovahm et les Herbes aromatiques du Grand-Saint-Bernard

(Le Nouvelliste.ch)

Le nombre de travailleurs de la Fovahm travaillant pour les Herbes aromatiques du Grand-Saint-Bernard, propriété de la distillerie Morand à Martigny, a doublé en cinq ans.


Seize travailleurs de la Fovahm s’activent désormais pour les Herbes aromatiques du Grand-Saint-Bernard, au sein de la Distillerie Morand à Martigny. Photoval

 

Seize. Ils sont désormais 16, les travailleurs de la Fovahm (Fondation valaisanne en faveur des personnes handicapées mentales) à œuvrer quotidiennement pour la société Rostal Herbes Aromatiques du Grand-Saint-Bernard SA dans de nouveaux locaux aménagés au sein de la Distillerie Morand à Martigny.

Commencée il y a plus de dix ans, cette collaboration s’était renforcée une première fois en 2015 lors de l’acquisition de Rostal par la distillerie Morand.

«Nous avons alors ouvert à Martigny un atelier intégré employant huit personnes en situation de handicap. Ces travailleurs ont pour tâche le conditionnement et l’étiquetage de nos herbes, épices et tisanes, ainsi que la préparation de cadeaux d’entreprises ou de séries spéciales», précise Fabrice Haenni, directeur de la Distillerie Morand et des Herbes du Grand-Saint-Bernard.

Un travail irréprochable

En raison du développement positif de l’entreprise, un second atelier a été créé courant 2019, si bien que depuis le début du mois de décembre, 16 travailleurs de la Fovahm s’affairent au sein de la distillerie.

«C’est un privilège pour nous d’accueillir ces équipes dans notre entreprise. Nous ne pouvons que nous féliciter de la qualité irréprochable, qui est d’ailleurs régulièrement contrôlée, du travail fourni par ces collaborateurs sérieux et fiables», affirme Fabrice Haenni.

Il ajoute que ces travailleurs sont très fiers de retrouver les produits qu’ils conditionnent dans les rayons des commerces de toute la Suisse romande.

Plus de 80 travailleurs intégrés

Du côté de la Fovahm, le directeur Jean-Marc Dupont est tout aussi satisfait de l’évolution de cette collaboration: «Au niveau de l’intégration des personnes en situation de handicap, c’est la meilleure solution. Elles travaillent au cœur de l’entreprise, en contact direct avec les autres employés, et je peux vous garantir que cela les valorise beaucoup.»


Les 16 travailleurs de la Fovahm s’affairant désormais au sein de la Distillerie Morand sont encadrés par deux maîtres socioprofessionnels. © Photoval

 

«Je m’inquiète pour l’avenir de mon fils»

(Migros-Magazine Gesamt)

Pour le bien de leur enfant en situation de handicap, certains parents font le choix de se passer des institutions spécialisées pour s’en occuper à la maison.Un choix courageux mais difficile. Une maman raconte son combat quotidien.
Texte: Véronique Kipfer Photos: Mathieu Rod

J’ai deux enfants: une fille de 31 ans et un fils de 27 ans, qui aune déficience intellectuelle et souffre d’épilepsie. À l’époque, j’étais mariée, et c’est mon mari qui s’est occupé de notre fils. Mais on s’est séparés en 95. Je travaillais déjà à plein temps et j’ai été obligée de chercher une solution.

Lorsqu’un enfant en situation de handicap est encore mineur, la situation est relativement simple à gérer pour les parents, car on a accès sans problème à des aides et des soins,comme l’ergothérapie et la physiothérapie. Mais dès que l’enfant devient adulte, il n’a plus les mêmes droits. Ses besoins restent toutefois presque identiques et il faut alors commencer à se battre pour avoir droit aux services précédents.

Lorsque mon fils avait 10 ans, il a commencé une école spécialisée dans une grande institution. J’ai alors pensé que cette dernière gardait ses résidents à long terme. Mais je me rappelle que, lors d’une discussion de routine, alors que Jonathan »- avait environ 16 ans, on m’a dit qu’il ne pourrait pas rester après ses 18 ans. J’ai compris que certaines institutions étaient destinées à l’accueil de certains types de handicaps et que Jonathan n’entrait pas dans les critères. J’ai dû alors visiter six institutions avant de trouver celle qui convenait. Je crois comprendre que les choses ont évolué depuis, car maintenant, c’est un organe spécifique qui s’occupe de cette recherche.

Mon fils est donc entré à l’institution à 18 ans. Il restait là-bas durant la semaine et rentrait le week-end et pendant les vacances. Mais après deux ans, j’ai remarqué que cela ne lui convenait pas et qu’il régressait: il marchait difficilement et avait davantage de crises. Par ailleurs, le côté affectif lui manquait énormément.Je pense que les institutions peuvent être bénéfiques pour certains types de handicaps. Mais les personnes comme Jonathan, qui n’ont pas de communication verbale et souffrent d’épilepsie presque au quotidien, ont besoin d’un suivi beaucoup plus personnalisé et constant. Ce qui est aussi compliqué à gérer dans les institutions, c’est le changement fréquent de personnel,qui oblige à expliquer sans cesse la même chose. Ce n’est la faute de personne, mais les problèmes de communication sont encore intensifiés lorsque le résident ne peut pas s’exprimer par lui-même.

Une organisation complète

Après deux ans, en 2014, j’ai donc voulu ramener mon fils à la maison.Il s’avère qu’un autre résident venait d’être sorti de l’institution par sa maman, qui était assistante en soins.Cela m’a inspirée. Lorsqu’on sort une personne en situation de handicap d’une institution, il faut absolument tout mettre en place, de la logistique à l’aspect financier. J’ai alors téléphoné à Pro Infirmis, qui m’a mise en contact avec une assistante sociale. En raison de mes horaires de travail, je devais absolument trouver quelqu’un de disponible de 7 h à 19 h. En outre, comme il m’était nécessaire d’avoir aussi un peu de temps à consacrer à l’administratif, quelqu’un devait également venir deux fois par semaine mettre au lit mon fils et donner un coup de main les samedis matin. Cela représente un total de septante heures, trop important pour une seule personne.J’ai donc appelé l’ancienne nounou de Jonathan, qui a accepté de revenir une année pour s’occuper de lui. Nous avons ainsi trouvé une deuxième personne pour compléter l’équipe.

Aujourd’hui, je pense que, psychologiquement, mon fils est tout à fait heureux. Nous avons trois aides personnelles, des hommes, qui s’occupent de lui. Il voit un physiothérapeute une fois par mois et un ergothérapeute une fois par semaine. En discutant avec tout le monde, on trouve des idées qui permettent à Jonathan de progresser. Je suis contente, parce qu’on a réussi ainsi à ce qu’il soit beaucoup plus en forme physiquement. Mais comme il marche encore la tête baissée, on a, dans la maison,accroché des peluches qu’il adore au plafond, pour le pousser à se redresser et à faire des étirements. Il faut trouver des astuces pour le faire effectuer les mouvements dont il a besoin pour évoluer. Et on réfléchit maintenant à la manière de l’aider à progresser encore davantage dans ses apprentissages.

Difficultés supplémentaires

À l’époque où j’ai ramené Jonathan à la maison, j’ai remarqué différents problèmes. Une personne en situation de handicap a besoin d’être socialisée et de rencontrer des personnes extérieures. Mais les offres d’ateliers proposés par les institutions sont très limitées pour les externes et sont parfois peu adaptées à la condition d’un jeune comme mon fils. Par ailleurs, les aides qui interviennent àla maison n’ont pas du tout les mêmes conditions de travail que les éducateurs en institution: ils ne bénéficient pas de formation, n’ont pas droit à des heures de chevauchement pour transmettre les informations,ni de treizième salaire. Dans le monde des soins à domicile, il est nécessaire de faire des démarches particulières pour obtenir des choses qui sont acquises en institution.

D’autre part, j’ai 61 ans. Et c’est clair que dans quelques années je n’aurai plus les mêmes capacités. Je m’inquiète pour l’avenir de mon fils. Ma fille adore son frère, mais elle travaille en dehors du territoire suisse et elle doit déjà s’occuper de sa propre famille. J’ai donc réfléchi à plusieurs pistes que j’ai proposées à l’État.L’une serait que la personne en situation de besoin puisse être rattachée à une institution, un peu comme un membre associatif. Cela permettrait de faire un lien entre les familles et le monde institutionnel. La personne se rendrait de plus en plus souvent en institution accompagnée de ses aides,elle connaîtrait toujours mieux les employés, et réciproquement. Une autre idée, peut-être plus appropriée pour quelqu’un comme mon fils,serait de créer des micro-structures d’hébergement: des petites communautés où habitent les proches des personnes en situation de handicap et dans lesquelles travaillent des aides.

«À domicile, on doit faire des démarches particulières pour obtenir des choses qui sont acquises en institution»

En rendant l’accompagnement plus personnel et en apportant de nouvelles idées, la vie de ces hommes et de ces femmes serait enrichie. Mais pour l’instant, je ne sais toujours pas quelles possibilités s’offriront à nous.

Des étoiles dans la nuit

J’aimerais toutefois souligner mon estime et mon admiration pour les personnes de Pro Infirmis et les assistants de vie de mon fils, présents et passés. Personnellement, je m’occupe de Jonathan parce que c’est mon fils,mais eux le font par générosité.Ils le font avec cœur. Mes proches aussi font preuve d’un soutien exemplaire. Je suis entourée par des êtres bienveillants et j’en suis très reconnaissante.»*
Prénom d’emprunt.


Avoir un enfant en situation de handicap à la maison exige beaucoup d’organisation

 


Soutien aux proches aidants

Si Pro Infirmis est bien connu, l’un de ses services l’est beaucoup moins: il s’agit de ProcheConnect, qui répond aux questions des proches de personnes souffrant de handicap. «Une étude du canton menée en 2011 montre que les besoins de ces dernières sont bien sûr plus spécifiques et plus importants, mais aussi que la durée de l’aide dont elles ont besoin s’étend sur plu-sieurs années, voire des décennies, souligne Anne-Claire Vonnez, responsable de projet.Leurs proches ont ainsi besoin de conseils et de soutien dans de nombreuses situations différentes.» Pour les aider, ProcheConnect propose un site internet, une newsletter et des conseils et discussions en ligne avec différents professionnels.

Pour un accompagnement personnalisé,le service de conseil social de Pro Infirmis accompagne les familles de la naissance de l’enfant souffrant de handicap jusqu’à ses 7 ans, puis jusqu’à l’âge adulte et à l’AVS. Par ailleurs, un projet pilote portant spécifiquement sur les enfants souffrant de handicap est mené actuellement dans le Nord vaudois. Il vise l’inclusion scolaire, les loisirs,les transports, la relève, l’assurance invalidité, ainsi que le projet de vie (fin de scolarité obligatoire et suite). Enfin, un autre service,Espace Proches, informe pour sa part les proches aidants dans leur ensemble.

Informations: www.procheconnect.ch
et www.espaceproches.ch

Fausses collectes pour Handicap International: trois femmes arrêtées à Genève

(tdg.ch)

Interpellations: Les trois malfrats qui prétendaient récolter des fonds au bénéfice d’enfants handicapés sont actuellement en détention provisoire.


Les trois prévenues sont en détention provisoire à Champ-Dollon.
Image: Laurent Guiraud

 

L’an dernier, la «Tribune de Genève» révélait une arnaque en vogue dans le canton: celle commise par des malfrats qui prétendaient récolter des fonds au bénéfice d’enfants handicapés, sourds-muets et pauvres en prétendant représenter l’organisation non gouvernementale Handicap International (HI).

En détention provisoire

Selon nos renseignements, trois femmes ont été arrêtées l’automne dernier dans le cadre d’une enquête menée par la police genevoise. Actuellement en détention provisoire, le trio de prévenues roumaines sera jugé dans le courant de cet hiver devant le Tribunal de police. Face aux suspectes, sept parties plaignantes, à savoir des aînés et la véritable ONG Handicap International.

Les escroqueries et autres tentatives d’arnaques reprochées aux prévenues se situent entre le 7 et le 11octobre de l’année dernière. Le trio, actuellement détenu à la prison de Champ-Dollon, aurait, selon l’acte d’accusation que nous avons pu consulter, «astucieusement induit en erreur des personnes âgées en sonnant à leur porte puis en leur présentant de faux documents avec le logo de Handicap International et en expliquant récolter des fonds pour l’association».

Née en 1938, une retraitée habitant au Grand-Lancy a ainsi remis 60 francs en pensant faire une bonne action. Aux Acacias, un nonagénaire a donné sans sourciller 20 francs sur son palier.

Aller aux toilettes

Dans ses réquisitions, le Parquet reproche aussi aux détenues roumaines des vols en bande. Lors de leurs visites, elles prétextaient se rendre aux toilettes mais en profitaient pour dérober les bijoux de leurs victimes. Visiblement, les voleuses fouillaient aussi l’appartement. Une aînée à la Servette a ainsi vu disparaître une chevalière, des boucles d’oreilles en or et des bagues.

La retraitée du Grand-Lancy s’est fait délester de 800 francs qu’elle gardait chez elle. L’aîné des Acacias a, quant à lui, perdu en quelques minutes 400 francs ainsi que des montres, des chevalières et des bagues.

Pour avoir utilisé le logo de l’association, les voleuses, visées par une plainte de HI, se retrouvent désormais prévenues de faux dans les titres ainsi que de violation du droit de la marque. Enfin, le Parquet reproche au trio de s’être adonné à la mendicité.

Huit mois et une expulsion

À l’occasion de l’audience de jugement, le Parquet compte requérir 8 mois de prison avec sursis ainsi que l’expulsion des accusées.

Ce qui fait bondir Me Bernard Nuzzo, qui défend une des prévenues née en 2001: «Ma cliente est jeune, démunie et sans antécédents judiciaires. Elle a reconnu les faits et manifesté des regrets sincères. Les peines requises sont stratosphériques et totalement surréalistes. Le tribunal ne s’y trompera pas.»

À la défense, Me Florence Yersin représente une femme qui aurait par ailleurs sévi avec une complice introuvable à ce jour. Elle aurait sonné à la porte d’un couple de personnes âgées vivant au-dessus de la gare. Née en 1997, la prévenue leur aurait soutiré 20 francs de don ainsi qu’une boîte en cristal avec un couvercle en argent contenant des bijoux.

Et l’avocate d’ironiser: «Le plus handicapant dans cette affaire serait que le jugement du tribunal genevois ne retienne pas la créativité des trois prévenues roumaines dans la pesée des éléments à décharge.» Défenseur de la troisième suspecte, âgée de 23 ans, MeAdrian Dan n’a pas souhaité faire de commentaire à ce stade de la procédure.

Mise en garde de l’ONG

Les recherches de la police genevoise ne risquent pas de s’arrêter avec l’arrestation des trois suspectes. Interrogé l’an dernier dans nos colonnes, Handicap International dénonçait notamment le cas de personnes qui interpellent les passants dans les rues et usent de faux formulaires de collecte en s’appropriant le nom et le logo de Handicap International afin de tromper les donateurs. L’ONG rappelle qu’elle ne collecte pas d’argent liquide dans les rues et que cette pratique ne correspond pas à sa politique de dons.

La présence de Handicap International sur la place publique se fait uniquement par le biais de stands d’information où elle remet à qui le veut un bulletin de versement. «Nous faisons face chaque année à ce genre de problèmes, rappelait l’an dernier dans nos colonnes Nadia ben Said, responsable des relations avec les médias de l’ONG, et nous portons plainte systématiquement. Depuis 2015, nous avons vu le nombre de ces collectes frauduleuses augmenter.»

Si ce genre de pratiques s’effectue en particulier en Suisse alémanique, la Suisse romande n’est pas à l’abri. En 2019, HI avait répertorié cinq cas à Genève, deux dans le canton de Vaud, contre 25 cas à Zurich et 21 à Berne. Au total, HI a été informé de 71 cas en Suisse l’an dernier.

De manière générale, la police genevoise déconseille le don de la main à la main et rappelle qu’il est préférable de procéder par versement postal ou bancaire.