Une solution tactile pour garantir le secret du vote des aveugles

(Le Matin)

Des élus de tous partis demandent la mise en place de moyens qui permettront aux personnes malvoyantes de voter sans aide externe.


Voter par le toucher: la solution présentée doit permettre une plus grande autonomie pour celles et ceux qui ne voient pas. UCBA

 

Pouvoir voter sans devoir dicter son choix à un tiers: les aveugles devraient bientôt aussi se voir garantir le droit au secret des urnes. Jeudi, la commission des institutions politiques du Conseil national a décidé à l’unanimité de charger le Conseil fédéral de préparer la mise en place de solutions pour aider les personnes malvoyantes à voter de façon autonome.

Près de 100’000 votants

«Ces personnes n’ont actuellement pas d’autre solution que de faire confiance au tiers qui les assiste pour respecter leurs instructions concernant le vote», dit le texte déposé. L’Union centrale suisse pour le bien des aveugles (UCBA) a développé une solution tactile qui leur permet de voter seuls.

L’association se félicite dans un communiqué de la décision des élus. «Même si cette solution n’est qu’une amélioration ponctuelle et que le vote autonome ne sera pas encore totalement possible, il s’agit d’un pas important et d’un signal fort», dit-elle dans son communiqué. «En se fondant sur le taux de participation moyen, on estime qu’entre 80’000 et 100’000 personnes utiliseront les modèles de votes, lesquels coûtent actuellement entre 35 et 50 francs», notent pour leur part les élus dans la motion.

Vote électronique souhaité

Selon l’UCBA, une encore meilleure solution doit à nouveau être mise sur le tapis: «pour les personnes en situation de handicap visuel, le plus grand espoir de pouvoir exercer leurs droits politiques de manière totale, autodéterminée et autonome réside toujours dans une solution de vote électronique accessible», dit-elle.
(ywe)

«L’aphasie n’est pas un trouble psychique ou un handicap mental»

(CHUV/Hôpital du Valais)

L’aphasie est définie par le CHUV comme un trouble de la communication pouvant se manifester dans l’expression et/ou la compréhension orale ou écrite et entraînant parfois des perturbations de langage oral, de lecture, d’écriture et de gestes. «L’aphasie n’est pas un trouble psychique ou un handicap mental. Les capacités intellectuelles de la personne aphasique sont préservées. La personne aphasique n’est pas sourde. La personne aphasique n’a pas de problème de voix», rappelle l’Hôpital du Valais.

Ce trouble cognitif est causé par des lésions cérébrales qui peuvent être d’origines diverses souligne le CHUV, d’un accident vasculaire (infarctus ou rupture d’anévrysme) à une blessure survenue lors d’un accident de la route en passant par une tumeur. «Entre utilisation fréquente d’un mot pour un autre et/ou d’un contraire, déformation partielle des mots ou totale et production de phrases en style télégraphique », il peut être difficile de s’exprimer pour les personnes aphasiques, illustre le CHUV.

Aphasie expressive, réceptive et globale

Plusieurs types d’aphasie sont par ailleurs distingués par la communauté scientifique. Lorsque l’aphasie est expressive, «généralement les personnes comprennent assez bien mais ont du mal à trouver les mots», relate Brooke Hatfield de l’American Speech Language Hearing Association (ASHA). Une personne utilisera alors des phrases très courtes – comme «veux nourriture» – pour se faire comprendre.

S’agissant de l’aphasie réceptive, «les mots viennent facilement, mais ce ne sont pas forcément les bons. Et il est compliqué pour ces personnes d’entendre ce qu’elles disent» et donc d’être conscientes de leurs erreurs, détaille Brooke Hatfield. Enfin, l’aphasie globale, la plus sévère, engendre de très grandes difficultés tant de parole que de compréhension.

Prise en charge logopédique

Des thérapies de rééducation du langage peuvent permettre de récupérer davantage. Certaines apprennent comment contourner un mot manquant, par exemple. «La logopédie sert à améliorer la communication ou à restaurer le langage, si cela est possible. L’objectif […] est de redonner un maximum d’autonomie à la personne malade en ce qui concerne la communication, et de l’aider à sortir de son isolement», développe l’Hôpital du Valais.

L’entourage est par ailleurs encouragé à la patience, à utiliser des phrases simples, à minimiser le bruit ambiant, à stimuler la personne en l’incluant dans des conversations et surtout à ne pas la stigmatiser.

En Suisse, l’association aphasie suisse vient en aide aux personnes aphasiques et à leurs proches depuis 1983. Dans un rapport annuel publié en 2014, l’association estime à 5000 le nombre de personnes touchées chaque année par ce trouble de la communication.

Recours d’inclusion Handicap partiellement admis

(Plaidoyer)

Les CFF doivent s’assurer que toutes les rampes d’accès permettant de monter et descendre des nouveaux trains duplex pour le trafic grandes lignes (duplex TGL) présentent une inclinaison maximale de 15%. Le Tribunal administratif fédéral ne l’avait exigé que pour un seul accès par train. En outre, l’Office fédéral des transports doit vérifier si les accès permettant de monter et descendre des trains peuvent être utilisés dans leur ensemble de manière indépendante et sûre par des personnes à mobilité réduite, compte tenu des différents éléments d’aménagement contestés. Le TF admet partiellement le recours d’Inclusion Handicap,l’association faîtière des organisations de personnes handicapées.

Installation de tableaux pictogrammes

(Insieme Magazine / édition française)

Des tableaux de communication pictographique devraient être installés dans différents lieux publics du canton de Fribourg, comme des places de jeux ou des musées.

Ces outils de la communication alternative et améliorée (CAA) permettront aux personnes ayant des troubles du développement du langage et de la communication, en situation de handicap mental ou encore allophones, de se faire comprendre, en indiquant, par exemple, un pictogramme illustrant un besoin d’aide ou encore de boire ou manger.

L’objectif de tels panneaux?

Améliorer l’inclusion, la participation sociale et l’autodétermination des personnes en situation de handicap de la communication. La démarche sera accompagnée d’une action de sensibilisation et de formations. Les panneaux devraient voir le jour dans les lieux publics faisant part de leur intérêt auprès de la Commission romande d’International Society for Augmentative and Alternative Communication (ISAAC) francophone.

Le service de la prévoyance sociale de la Direction de la santé et des affaires sociales du canton ainsi que différentes organisations comme Pro Infirmis Fribourg ou encore le Service de l’enseignement spécialisé et des mesures d’aide (SESAM) soutiennent financièrement le projet.

Tourisme inclusif au cœur de Morges

(htrHotel Revue)

Fidèle à son positionnement «slow», Morges Région Tourisme étoffe son offre touristique accessible aux personnes avec handicap. Une démarche qui témoigne de la tendance des destinations prendre conscience de l’enjeu sociétal et économique de cette clientèle.


Morges Région Tourisme est sur le point d’inaugurer un parcours adapté aux personnes a mobilité réduite de trois kilomètres, le long du lac Léman.Yves Burdet

 

Alain-Xavier Wurst

Surface plate et asphaltée, largeur de la voie, toilettes spacieuses, seuils des trottoirs, rien n’a laisse au hasard. Morges Région Tourisme a créé un parcours de 3 kilomètres longeant le lac Léman entre Morges et Préverenges, entièrement adapté pour les personnes en fauteuil roulant.

Déjà référencé sur Suisse Mobile, qui recense 76 circuits accessibles dans toute la Suisse, il doit être inauguré ce printemps. Grâce un guidage vocal venir sur l’application d’orientation «MyWay Pro» développée par la Fédération suisse des aveugles et malvoyants, il sera également empruntable par les personnes atteintes de déficit visuel. Ce projet est ne dans le cadre du projet Innotour «Destinations sans barrières», lance en 2019 par le Secrétariat d’État à l’économie et pilote par la Fondation Claire & George.

«Cette promenade est amenée à devenir une offre centrale du tourisme sans obstacles que nous développons sur le district, d’autant qu’on peut la promouvoir comme hiver. Associée à la Fête de la tulipe, qui dure jusqu’au mois de mai, et à celle du Dahlia de juillet octobre, c’est une combinaison idéale», dit Stefanie Harris, chargée du projet accessibilité à Morges Region Tourisme.

Aux côtés de l’Arboretum d’Aubonne équipè d’un fauteuil roulant tout-terrain, des jardins du château de Vullierens, des caves viticoles ou encore des musées de la ville de Morges, cette nouvelle promenade vient étoffer le portfolio des nombreuses prestations touristiques accessibles aux personnes avec handicap dans le district morgien. «Le projet s’inscrit pleinement dans notre stratégie de positionnement Slow Tourisme», souligne Véronique Hermanjat, déléguée au tourisme de l’Association Cossonay-Aubonne-Morges (Arcam). Elle explique: «Nous avons profité que le canton de Vaud ait très tôt établi un partenariat avec Pro Infirmis Vaud pour auditer des sites touristiques de la région. La clé du succès est en effet de livrer une information la plus détaillée possible de nos produits.»

Tout un écosystème, de la mobilité à la chambre d’hôtel

Organisation faîtière représentant les intérêts des personnes avec handicap en Suisse, Pro Infirmis propose aux destinations, aux communes ou aux établissements d’évaluer l’accessibilité de leurs «points of interest» (POI) ou de leurs équipements. Des relevés très précis sont effectues sur le terrain. 11 en va par exemple de la largeur des portes, de la déclivité de la voie, des lignes de guidage pour personnes malvoyantes, des offres en langue des signes, etc. Les caractéristiques de chaque lieu ou établissement visite sont ensuite répertoriées photos l’appui dans la base de données de Pro Infirmis consultable en ligne. Cette dernière comprend à ce jour 7700 POL

«Le plus souvent, nous contactons les destinations pour leur proposer des audits. Certaines veulent aller plus loin dans la démarche, comme Morges Région Tourisme, qui nous a confié une liste d’objets prioritaires à évaluer. L’intérêt des destinations pour la thématique du handicap va en grandissant, même si c’est sans doute dû d’abord au vieillissement de la population», relève Marc Butticaz, collaborateur scientifique au sein du service Construction et environnement de Pro Infirmis.

Et pourtant, ce ne sont pas les initiatives de tourisme accessible qui manquent. Acteurs souvent discrets, les fondations privées et associations disposent pour certaines de fonds conséquents et sont la recherche de partenariats auprès des destinations, qui, la plupart du temps, ne soupçonnent pas l’étendue et les possibilités de ce tissu associatif et économique.

«Tout le monde parle de tourisme inclusif, mais malheureusement, beaucoup de destinations se contentent d’aménager une voie pour les personnes handicapées et puis c’est tout. Mais ce tourisme implique tout un écosystème. S’il n’y a pas d’hôtels ou de restaurants adaptés, cela limite considérablement les déplacements», relève Hélena Bigler, responsable Sport et voyages de Procap, la plus grande organisation suisse au service des personnes handicapées. Pour l’heure, Procap travaille à une plateforme qui mettrait en relation des personnes volontaires avec des personnes handicapées afin d’organiser des accompagnements journaliers. «Notre idée serait qu’une personne se dise,cet après-midi, j’ai une heure de libre, je vais proposer à une personne ayant besoin d’assistance de nous promener ensemble.»

Fauteuil roulant tout-terrain adapté à la montagne

Rien ne serait pour autant plus faux que de réduire le monde du handicap au bénévolat et l’assistanat. «Les personnes avec handicap constituent une clientèle très loyale, elles voyagent rarement seules, reviennent volontiers quand l’expérience leur a plu et sont trais bien connectées entre elles. Quand les infrastructures sont bonnes, les nouvelles se communiquent rapidement sur les forums et les réseaux sociaux», souligne Thomas Erne, directeur de la Fondation Cerebral, qui soutient près de 10 000 personnes handicapées en Suisse. Il insiste particulièrement sur l’accès à la nature

«II s’agit d’une clientèle très loyale, voyageant rarement seule et revenant volontiers»
Thomas Erne Directeur de la Fondation Cerebral

Avec une jeune entreprise de la région bernoise, la fondation a développé un fauteuil roulant tout-terrain adapte à la montagne, supportant jusqu’à 33% de pente.«L’intérêt des régions pour ce matériel est très grand, surtout en Romandie», se réjouit Thomas Eme. Une douzaine de destinations en a fait l’acquisition, et la fondation en annonce bientôt huit autres, en particulier dans le Jura et le canton de Vaud.

proinfirmis.ch
cerebral.ch
procap.ch


Societe de conseil et coaching

«Penser l’accessibilité en amont»

Créée en 2019 Genève par Céline Witschard, la société de conseil et coaching «Vision positive» a pour but de sensibiliser les institutions et entreprises aux obstacles rencontres par les personnes aveugles ou malvoyantes. Un handicap dont la société ne prend pas suffisamment conscience, alors qu’il touche environ 5% de la population suisse. «La plupart des gens ne savent pas par où commencer. La mise en accessibilité des services ou prestations nécessite de prendre en considération de nombreux facteurs de manière parallèle, plus an les pense en amont, mieux c’est», dit Céline Witschard, elle-même malvoyante, qui effectue actuellement un audit de l’accessibilité visuelle des musées de la ville de Morges.

«Les milieux culturels sont plus avances par rapport ä ces questions de handicap. Dans l’hôtellerie ou la restauration, le manque de connaissances élémentaires sur le sujet est encore très marque, à commencer par l’absence de cartes plus lisibles dans la plupart des établissements», relève Céline Witschard. Loin de jeter la pierre, elle insiste sur l’information. Au niveau des destinations, les choses «commencent à bouger», même si les efforts se limitent encore trop souvent au seul handicap physique.

Il faut penser la chaine de l’accessibilité dans son ensemble», souligne Céline Witschard, par ailleurs collaboratrice au sein de la HES-SO Valais pour la formation des métiers du tourisme à l’accueil dune clientèle considérée comme particulière – à tort. «Si l’on sait répondre à ses attentes, le gain économique est évident.»

vision-positive.ch


 
«Sur 3000 hôtels en Suisse, environ 500 sont plus ou moins accessibles Susanne Gäumann Directrice de la Fondation Claire & George, qui soutient des voyages et vacances sans obstacles en Suisse.

La Fondation Claire & George va lancer un «Accessible SwitzerlandTour», de quoi s’agit-il?

A l’image du Grand SwitzerlandTour, nous souhaitons mettre en place un réseau national d’expériences accessibles aux personnes avec handicap. Nous attendons l’accord du Secrétariat d’État à l’économie pour démarrer cet été L’objectif serait aussi d’établir un circuit réunissant les grandes villes suisses entre elles, avec des offres commerciales incluant des séjours h6teliers et des expériences accessibles. Saint-Gall, Lausanne, Interlaken sont déjà membres de ce réseau, Berne, Zurich et Lucerne sont en discussion. Genève manque encore à l’appel, mais nous serions très heureux de voir Genève Tourisme rejoindre notre initiative!

Comment diffusez-vous l’information auprès de votre public?

Sur notre site d’abord, mais nous aurons un partenariat avec Suisse Tourisme pour le projet Accessible SwitzerlandTour. Nous ferons aussi tester ce projet par des blogueurs étrangers. Cela contribuera à renforcer l’image de la Suisse comme destination internationale accessible aux personnes avec handicap.

Comment se caractérise cette clientèle ?

Elle est comme toutes les autres, elle va vers les destinations les plus proactives, avec des sites bien documentés où elle obtient les bonnes informations.

Où se situe la Suisse pour le tourisme sans barrières, d’une manière générale?

Beaucoup de choses s’améliorent. L’offre des transports publics est satisfaisante. Sur 3000 hötels en Suisse, nous en avons recensé environ 500 entre 2016 et 2019 qui sont plus ou moins accessibles. Le temps joue en notre faveur, les nouveaux hôtels doivent désormais adopter des règlementations spécifiques. Mais l’information reste primordiale pour que les clients planifient eux-mêmes leurs séjours. Nous devons encore plus communiquer sur nos initiatives.

claireetgeorge.ch