Covid long et AI: le parcours du combattant

(20min.ch)

Déjà 656 demandes déposées auprès de l’assurance invalidité (AI) pour des malades du coronavirus. Mais pas sûr qu’elles aboutissent, prédit un expert.


Dans la restauration par exemple, l’odorat est un «outil de travail» indispensable. Un malade du Covid long est donc à la peine pour travailler. Deposit

 

Des personnes ayant été atteintes par le coronavirus souffrent de séquelles telles que fatigue, problèmes olfactifs, essoufflements ou encore difficultés neurocognitives. Ces maux peuvent devenir des obstacles majeurs au travail. À tel point que certains risquent de perdre leur emploi. Entre janvier et mai, en Suisse, 656 demandes ont été déposées auprès de l’assurance invalidité (AI) pour obtenir des prestations. Pour le moment, personne ne sait si ces demandes seront acceptées.

Bruno Cereghetti, consultant privé et ancien chef du Département des affaires sociales et de la santé tessinois, est pessimiste: «99,9% des demandes seront rejetées!», assure-t-il. Sur la RTS, Stefan Ritler, directeur adjoint de l’Office fédéral des affaires sociales, a déclaré: «Nous ne savons pas encore comment la situation va évoluer. Nous comptons sur la médecine pour trouver un traitement approprié pour la plupart des symptômes.» Pour Bruno Cereghetti, «supposer que la médecine peut faire disparaître ces problèmes du jour au lendemain est utopique. En fait il s’agit de troubles qui, malheureusement, dans de nombreux cas, persistent.»

Reconversion obligatoire

Ce ne serait pas la première fois, selon Bruno Cereghetti, qu’un accident ou une maladie invalidante ne suffise pas pour obtenir une aide de l’AI. En effet, l’octroi de ces aides est basé sur «un concept très étrange et purement théorique du marché du travail où il est censé y avoir de la place pour tout le monde», commente le spécialiste. Légalement, la personne qui ne peut pas travailler dans un certain domaine est obligée d’accepter une place de travail moins pénible du point de vue physique, dans le secteur tertiaire par exemple. Mais les places dans ces secteurs ne sont pas légion. Par ailleurs, des symptômes tels que la perte de mémoire ou une fatigue chronique rendraient ces personnes moins performantes dans le secteur des services, ce qui rendrait encore plus difficile la recherche d’un nouveau poste.

L’AI a reçu plus de 600 demandes de prestations pour Covid long

(rts.ch)

Le nombre des premières demandes de rentes invalidité liées au Covid long est connu: entre janvier et mai de cette année, 656 personnes souffrant de ces symptômes ont demandé des prestations.

Pour l’assurance invalidité (AI), ces requêtes liées au Covid long correspondent à 3,1% des nouveaux dossiers, ce qui entre dans une marge de fluctuation réputée normale. Mais les chiffres pourraient encore augmenter de manière exponentielle.

Dizaines de milliers de patients à terme?

Le réseau Altea, plateforme destinée à faciliter les échanges entre les malades, le corps médical et la communauté scientifique, estime qu’à long terme des dizaines de milliers de patients souffrant de ces symptômes pourraient venir grossir les rangs des demandeurs de rentes AI.

Interrogé dans le 12h30 de la RTS, le directeur-adjoint de l’Office fédéral des assurances sociales (OFAS) souligne de son côté que la définition du Covid long n’est toujours pas très claire.

« Certains symptômes légers persistent longtemps et il y a des symptômes graves que l’on doit étudier pour savoir quelles seront les conséquences à long terme pour l’AI », a expliqué Stefan Ritler. « On ne sait pas dans quelle direction cela va continuer, mais je fais confiance à la médecine pour apporter un traitement adéquat à la plupart des symptômes ».

Sur les 656 dossiers enregistrés jusqu’à fin mai, on ignore encore combien seront acceptés et donneront lieu à des prestations.

Ecouter le sujet de Nicole della Pietra dans le 12h30:


Le Covid long fait augmenter le nombre de demandes à l’AI / Le 12h30 / 1 min. / le 20 juillet 2021

Une vague d’invalidité dans le 2e pilier ?

(Schweizer Personalvorsorge)

Jérôme Cosandey, Directeur romand, Avenir Suisse

Bien des journalistes ont questionné l’impact de la pandémie sur les rentes vieillesse
des institutions de prévoyance. Si la question des effets de la surmortalité liée au virus est pertinente, elle manque probablement sa cible. Les risques louvoient non pas du côté des retraites, mais des actifs, à savoir pour les prestations d’invalidité. Beaucoup d’assurés n’ont pas conscience de l’importance du 2e pilier dans ce domaine. Aux quelques 1400 francs de rente mensuelle moyenne versés par l’assurance invalidité du premier pilier (Al), vient s’ajouter environ le même montant pour celles et ceux affiliés aux caisses de pension. Au total, ces dernières déversent 2.1 milliards de francs par an pour des prestations d’invalidité.



Jérôme Cosandey, Directeur romand, Avenir Suisse

 

«En 2020 47% des nouvelles rentes Al ont été octroyées pour des maladies psychiques. C’est sur ce point précis que la pandémie risque de laisser des traces dans les caisses de pensions.»


Double défi pour les caisses

Contrairement à l’image type de l’invalide en chaise roulante, les maux physiques jouent un rôle toujours plus faible dans l’invalidité. En 2020, 47 % des nouvelles rentes AI ont octroyées pour des maladies psychiques. C’est sur ce point précis que la pandémie risque de laisser des traces dans les caisses de pensions. Le télétravail obligatoire, les interdictions d’événement sportifs et culturels, tout comme les restrictions de rencontres dans la sphère privée pèsent lourd sur la santé mentale de nombreux assurés.

Selon la «Swiss corona stress study», le pourcentage de personnes souffrant de symptômes de dépression grave est passe de 3 % 18 % entre la première et la deuxième vague du Covid en 2020. Cette évolution pose un double défi pour l’AI, et par ricochet pour les caisses de pension qui dépendent de ses décisions de rente: d’une part, une augmentation des demandes déposées, d’autre part une plus grande difficulté à réinsérer les personnes concernées en période de crise.

Trop peu de case managers

Les chances de réinsertion diminuent fortement avec la durée d’incapacité de travail. Dans les situations peu claires, typiques des maladies psychiques, une intervention rapide et ciblée peut empêcher une spirale négative – à la dépression peut s’ajouter une dépendance l’alcool, la perte de son emploi ou des dettes. Pour éviter cette descente aux enfers, l’AI, les assurances d’indemnités journalières ou les caisses de pension peuvent engager des cases managers. Ces derniers coordonnent les activités des employeurs, employés, médecins et assurances.

Même si les employeurs sont tenus d’annoncer tôt leur caisse de pension les maladies prolongées, ce sont souvent les assureurs d’indemnités journalières qui sont les premiers informés. Or, pour ces derniers, le retour sur investissement d’un case manager est limité aux économies possibles sur la durée d’indemnité maximale de 730 jours, alors que l’AI et la caisse de pension subiront les conséquences d’une non-réinsertions pendant des années, voire des décennies. Bien que le système dans son entier profiterait d’un case manager, il n’est souvent pas rentable pour l’assureur d’indemnités journalières.

Mieux partager les coûts

Ce manque d’alignement d’intérêts financiers est un cas classique d’externalités positives. Les caisses de pension et l’AI profitent du case management, bien qu’elles ne soient pas tenues de participer aux coûts. Non seulement, cette distorsion est injuste, mais elle nuit également à toutes les parties concernées, car trop peu de case managers sont ainsi mis à contribution.

Pour obtenir un meilleur résultat global, il importe d’instaurer des mécanismes financiers qui internalisent ces externalités positives. En bon français: tous les acteurs qui bénéficient des avantages du case management doivent en assumer une partie des coûts. Les membres de l’association Compasso ont ainsi convenu d’un standard de répartition des frais, qui permet de résoudre de façon pragmatique ce problème. Avec un simple e-mail ou coup de téléphone, assurance d’indemnités journalières et caisse de pension se mettent d’accord sur qui coordonne la gestion du cas, pour quel montant maximal et pour quel partage des coûts (par exemple 50:50).

Bien que l’association Compasso soit formellement soutenue par une centaine de membres, dont l’ASIP et inter-pension, la mise en œuvre de cette convention n’est pas encore un réflexe. De plus, il serait souhaitable qu’une telle répartition des coûts puisse avoir lieu également avec les offices Al cantonaux.Non seulement, tous les acteurs institutionnels participant au financement de l’invalidité profiteraient d’une telle collaboration, mais aussi et surtout les principaux concernés, à savoir les personnes atteintes dans leur santé.

L’athlète paralympique Sofia Gonzalez, sélectionnée pour les Jeux de Tokyo 2021

(allnews.ch)

Swiss Paralympic a dévoilé hier la sélection officielle des sportifs qui participeront aux Jeux paralympiques de Tokyo. L’athlète Sofia Gonzalez, soutenue par le Groupe REYL, en fait partie.


Sofia Gonzalez est une spécialiste du saut en longueur et du 100 mètres. photo:swissparalympic.ch

 

Swiss Paralympic, organisation faîtière du sport handicap suisse, a annoncé hier lors d’une conférence de presse la sélection des sportifs de compétition qui s’envoleront pour Tokyo. La qualification s’est effectuée sur la base de leurs performances sportives et de leur classement lors de compétitions reconnues mondialement. La capitale du Japon accueillera, du 24 août au 5 septembre, les Jeux paralympiques pour la deuxième fois depuis 1964. Au total, 540 compétitions avec médailles dans 22 sports différents seront organisées.

Le Groupe REYL soutient Swiss Paralympic et ses athlètes d’exception depuis 2019. A travers ce partenariat, le Groupe accompagne les athlètes helvétiques qui seront sélectionnés pour participer aux futures compétitions internationales. Le Groupe souhaite faciliter leur parcours sportif et leur développement personnel, en leur permettant d’aborder le plus sereinement possible ces compétitions majeures et d’y réaliser leurs ambitions.

Sofia Gonzalez, athlète paralympique, déclare: «Pour moi cette qualification représente une fierté de pouvoir représenter la Suisse aux Jeux paralympiques de Tokyo 2021. Je ressens que j’ai accompli un rêve qui devient réalité. J’aimerais donner le meilleur de moi-même, accomplir des performances de haut niveau et, je l’espère, obtenir une médaille!»

Nicolas Duchêne, Associé de REYL & Cie, commente: «Nous partageons l’enthousiasme et la fierté de Sofia : sa qualification vient récompenser plusieurs années d’efforts, de détermination et de discipline. Par notre engagement aux côtés de Swiss Paralympic, nous sommes ravis de soutenir l’élite nationale du sport handicap et continuer à susciter des vocations à travers les exploits de ces sportifs d’exception dotés d’un mental et d’une énergie à toute épreuve.»

Des crèches valaisannes rendent l’inclusion des enfants avec handicap possible

(Le Nouvelliste)

Selon un rapport de Procap Suisse, le Valais est bien doté en structures d’accueil pour les enfants à besoins spécifiques avant la scolarité. La Tonkinelle, à Monthey, en est un exemple parfait. Reportage.

Par Christine Savioz


Ce matin-là, tous les enfants ont décoré avec gourmandise les cupcakes. SACHA BITTEL

 

«Notre objectif est que chacun trouve et ait sa place», s’exclame Béatrice Métroz, éducatrice de l’enfance au sein de la Tonkinelle à Monthey. Cette crèche est l’un des lieux d’accueil valaisans qui ont répondu au sondage de Procap Suisse recensant les structures disponibles dans chaque canton pour des enfants en situation de handicap.

La Tonkinelle permet l’inclusion des enfants avec des besoins spécifiques (problèmes de langage, de comportement, de retard, surdité, trisomie…) au sein de groupes d’enfants sans handicap, de 2 mois à 4 ans. «Nous essayons de faire de la prévention précoce», explique Véronique Bressoud, directrice de la Tonkinelle et cheffe du Service de l’enfance de la Ville de Monthey.

Actuellement, deux garçons, qui ont chacun une particularité, font partie des 85 enfants accueillis. Eliott est malentendant et Kelyan a des retards de langage et des difficultés de sociabilisation. Depuis leur entrée en crèche, chacun a pu évoluer. «Mon fils a déjà fait beaucoup de progrès», se réjouit la maman de Kelyan.

Des stratégies favorisant l’inclusion

La force de la crèche est d’éviter la stigmatisation. «Avec l’équipe, on discute comment faire au mieux pour que les enfants s’intègrent, ce qu’on peut mettre en place pour que chacun se sente bien», explique Béatrice Métroz. Par exemple, les éducatrices avaient décidé de porter un masque transparent quand elles s’occupaient du groupe comprenant Eliott. «Seulement, il a remarqué que nous ne portions ce masque que lorsqu’il était là et s’est senti à part», raconte Béatrice Métroz. L’équipe a alors décidé de porter tous les jours ce masque pour effacer toute différence.


A l’extérieur, les enfants jouent spontanément ensemble. Photo: Sacha Bittel

 

A voir les enfants évoluer ensemble au sein des jeux proposés à la crèche, la stratégie d’inclusion fonctionne. Ce matin-là, tous prennent ainsi le même plaisir à sauter sur le château gonflable ou à décorer les cupcakes. Certes, Corane Dély, assistante socio-éducative, s’occupe plus spécifiquement de Kelyan mais cela ne l’empêche pas de s’intégrer avec ses camarades. Au contraire. «Il est rassuré que je sois là. Mais il a de plus en plus de contacts avec les autres», se réjouit Corane Dély.

Eviter tout jugement

Les éducatrices ont également réalisé un travail avec tous les enfants pour qu’ils déterminent leurs forces et les domaines où ils ont des difficultés. «Chacun a ainsi pu se rendre compte qu’on a tous besoin d’aide parfois. Cela leur permet de comprendre certains besoins spécifiques d’Eliott ou Kelyan.» Du coup, la dynamique de groupe a changé. Le jugement disparaît peu à peu.

Avec l’équipe, on discute comment faire au mieux pour que les enfants s’intègrent, ce qu’on peut mettre en place pour que chacun se sente bien.
Béatrice Métroz, éducatrice de l’enfance

Tous les enfants sont encouragés à l’autonomie. Ils enfilent par exemple eux-mêmes leurs chaussures. Y compris ceux qui ont des besoins spécifiques. «Du moins, ils essaient. On les aide s’il le faut», note Béatrice Métroz. Une ligne du temps est également complétée chaque jour sur un tableau avec des dessins représentant les activités de la journée. «Cela aide des enfants comme Kelyan qui ont besoin d’être sécurisés, mais c’est utile à tous pour se repérer.»

Il arrive cependant que la crèche, après un temps d’intégration, doive arrêter l’accueil d’un enfant avec handicap car ses besoins nécessitent une grande prise en charge spécialisée ou des infrastructures plus appropriées que celles de la Tonkinelle. «Il faut qu’il puisse trouver sa place dans le groupe d’enfants au même titre que les autres. Parfois, il faut avoir l’humilité de reconnaître que ce ne sera pas possible», souligne Véronique Bressoud.

Dans ces cas-là, l’équipe éducative discute avec les parents d’autres pistes possibles pour l’accueil de leur enfant. «C’est la raison pour laquelle nous ne pouvons pas faire de généralités en matière d’inclusion. Chaque situation est particulière avec des besoins et réponses particulières», conclut Véronique Bressoud.

Accueil des enfants avec handicap: le Valais est bien doté

Le Valais est bien placé, sur le plan national, au niveau de ses structures d’accueil pour les enfants avec handicap en âge préscolaire. C’est le résultat d’un rapport de Procap Suisse. Le Valais comporte de nombreuses structures d’accueil ordinaires qui accueillent des enfants avec des besoins spécifiques.

Autre point positif, qui concerne le financement. Si la nécessité d’un encadrement spécialisé est constatée chez un enfant, le canton finance sa prise en charge par l’intermédiaire de l’Office éducatif itinérant. Lorsqu’un enfant perçoit des prestations de soutien spécifiques, les coûts supplémentaires dus au handicap sont financés par le canton.

En revanche, il manque des offres spécifiques pour les enfants présentant des troubles du spectre autistique. «Un échange cantonal est en cours pour rassembler des idées et développer des solutions», précise le rapport.