Monsieur ou Madame Egalité dans le handicap, pour bientôt?

(Le Nouvelliste)

La révision de la loi valaisanne sur l’intégration des personnes handicapées, datant de 1991,a été acceptée par le Conseil d’État. Désormais dans les mains du Grand Conseil, elle propose des avancées importantes dans la suppression des discriminations des personnes concernées.
Par Christine Savioz


Cette révision de loi permettra de répondre à la Convention de l’ONU sur les droits des personnes en situation de handicap ratifiée par la Suisse en 2014. SACHA BITTELJA

 

C’est une occasion importante pour les personnes en situation de handicap qui ne se représentera pas avant longtemps», lance Olivier Musy,membre du comité de Forum Handicap Valais. Cet organisme, qui rassemble 35 associations valaisannes liées au monde du handicap, suit ainsi de près la révision partielle de l’actuelle loi sur l’intégration des personnes handicapées appliquée depuis 1991. «Les milieux concernés ont été consultés en amont, ce qui est à saluer», ajoute Olivier Musy. La révision vient d’être acceptée par le Conseil d’État et sera soumise au Grand Conseil.

Réalisée pour répondre à la Convention de l’ONU relative aux droits des personnes handicapées, elle préconise notamment la création d’un centre spécialisé devant veiller aux droits des personnes en situation de handicap. Une personne sera engagée à 100% pour effectuer ce travail. «Son rôle est notamment de conseiller les différents services de l’État notamment pour aller vers davantage d’inclusion et de proposer au Conseil d’État chaque année des mesures allant dans ce sens», explique Jérôme Favez, chef du Service de l’action sociale auquel ce centre sera rattaché.

De quoi réjouir Forum Handicap Valais. «Ce sera une sorte de Monsieur ou Madame Égalité pour les personnes en situation de handicap, qui portera un regard transversal sur tout ce qui se fait en termes de lois pour éviter des discriminations. Cela permettra d’avancer plus rapidement vers un meilleur respect des droits fondamentaux.»Le regret de l’absence d’indépendance Principal regret pour les milieux concernés: le centre dépendra de l’Office de coordination des institutions sociales qui est intégré au Service de l’action sociale. «Nous avions demandé davantage d’indépendance de ce centre. L’efficacité de ce centre pourrait être renforcée s’il se situait au niveau de l’état-major du département, à l’image de l’Office cantonal de l’égalité», ajoute Olivier Musy.

Pendant la consultation,les personnes concernées par le handicap ont également émis le souhait que la Commission cantonale du handicap gagne en indépendance, «ce qui lui permettrait de porter aussi un regard sur les activités de l’Office ou du Service de l’action sociale»,explique Olivier Musy. Ce souhait n’a pas non plus été intégré dans la révision.

Accès en justice facilité

Le texte proposé au Grand Conseil comporte encore un accès en justice facilité lorsque des discriminations sont constatées, par exemple l’absence de WC adaptés dans un établissement public. La personne discriminée pourra tenter une action en justice sans frais pour lancer la procédure.«Une nouveauté intéressante,c’est qu’une organisation peut représenter la personne dans cette démarche judiciaire. Cela peut créer une pression sur ceux qui ne respectent pas l’égalité aujourd’hui et devrait les inciter à faire davantage d’efforts»,explique Olivier Musy. Par ailleurs, le fardeau de la preuve a été renversé, ce qui devrait faciliter, là aussi, le recours en justice.

En revanche, la nouvelle loi n’indique pas l’instauration d’un dispositif permettant des visites inopinées dans des institutions spécialisées pour s’assurer que les droits des personnes en situation de handicap soient bien mis en œuvre. Un souhait qui avait été émis par les organisations consultées.«Cela ne répond pas à un besoin, dans le sens où des mesures existent déjà aujourd’hui.L’Office de coordination des institutions a la possibilité d’effectuer des contrôles; l’ombudsman peut également être contacté en cas de difficultés de prises en charge», justifie Jérôme Favez.

Elle marche pour distribuer son message d’espoir

(rfj.ch)

Une Jurassienne en situation de handicap a traversé la ville de Delémont jeudi. Elle milite pour une société plus inclusive


Estelle Berberat se bat pour que les personnes en situation de handicap soient mieux incluses dans la société.

 

Une marche pour demander plus d’inclusion. A l’occasion de la journée internationale des personnes handicapées, Pro Infirmis Jura et Neuchâtel ont lancé l’action « Tous de la même pâte ». Des bonshommes en pâte « normaux » et « différents » ont été confectionnés jeudi pour symboliser l’idée d’une société plus inclusive envers les personnes en situation de handicap. A ce jour, la Suisse compte près d’1,7 million de personnes en situation de handicap, selon Pro Infirmis, mais elles restent encore défavorisées dans de nombreux domaines, selon le rapport alternatif de la Convention de l’ONU relative aux droits des personnes handicapées (CDPH).

Elle marche pour transmettre le message

Estelle Berberat vit à Delémont. Elle a souhaité faire de cette journée l’occasion de transmettre son message. Elle a décidé de relier la gare de Delémont et la vieille ville. Un trajet qui pourrait paraître anodin, mais qui représente un marathon pour elle, atteinte d’une maladie de l’appareil locomoteur, qui rend la marche douloureuse.

« Je le fais de bon cœur, car je livre ces bonshommes, et je montre que malgré le handicap, nous sommes tous faits de la même pâte. Et au-delà de cette étiquette, nous sommes des personnes qui comptent, nous sommes aussi la société. »

Au quotidien, Estelle Berberat se bat pour une société plus inclusive. Elle œuvre par exemple en tant qu’animatrice à Accessijeux Suisse, qui propose des jeux accessibles aux personnes aveugles et malvoyantes. Elle se bat aussi pour changer le regard des autres. « Souvent, on a tendance à considérer une personne handicapée comme inférieure, ou dans le besoin, sans même la connaître. Je me bats contre cela. Nous sommes des personnes comme les autres, il ne faut pas nous réduire à cette simple étiquette. » /tna

L’ex-pianiste Simonetta Sommaruga rencontre des musiciens malvoyants

(RTS,ch)

Dans le cadre de la Journée internationale des personnes handicapées, la présidente de la Confédération Simonetta Sommaruga a visité jeudi une école de musique pour aveugles à Zollikofen (BE). L’occasion de rencontrer des personnes au-delà de leur handicap et de rappeler le chemin vers plus d’égalité.

Simmonetta Sommaruga rend visite à des enfants pianistes aveugles / Le 12h30 / 2 min.

Ce 3 décembre est la Journée internationale des personnes handicapées. En Suisse, elle se déroule sous le signe de la participation. Il s’agit de permettre à toutes et tous de s’impliquer dans la société et de contribuer au bien commun.

La musique est bon exemple et la présidente de la Confédération Simonetta Sommaruga – par ailleurs pianiste et enseignante de musique avant de devenir conseillère fédérale – a voulu le démontrer en rendant visite à l’école des aveugles de Zollikofen, près de Berne. Au menu figurait un cours de piano entre Alexandre Wyssmann, pianiste malvoyant, et son élève Luzius, malvoyant et avec un autisme de type Asperger.

« La première chose que j’ai rencontré de Luzius, c’est sa musique, un jeune homme passionné et très talentueux, et non un jeune homme aveugle ou avec d’autres handicaps », raconte Simonetta Sommaruga. « C’est ce qui est important dans cette journée internationale: réaliser que c’est d’abord la personne qui compte », souligne la présidente de la Confédération.


Le tweet de Simonetta Sommaruga:

In der Klavierstunde ging es in erster Linie um die Musik, und nicht um die Behinderung. Der Mensch steht im Zentrum. #Inklusionhttps://t.co/ADdx1Um8oi
— Simonetta Sommaruga (@s_sommaruga) December 3, 2020


Travail à poursuivre pour l’égalité

Le professeur de piano Alexandre Wyssmann insiste de son côté sur l’aide que les personnes avec handicap ne doivent pas hésiter à demander aux valides. « Les personnes handicapées doivent faire un effort, faire tout ce qu’elles peuvent faire elles-mêmes », estime-t-il. « Et après, les autres doivent les aider. Je souhaite à toutes les personnes qui ont un handicap de se sentir sûres d’elles, et de pouvoir insister si elles ont besoin de quelque chose. »

L’égalité est toutefois encore loin d’être atteinte entre citoyens valides et handicapés. « On a un devoir d’aller plus loin, et une loi qui l’exige, on sait exactement ce qu’on doit faire », appuie Simonetta Sommaruga, qui salue également l’occasion de cette journée internationale « de créer des rencontres entre les gens ».
aa/kkub

Vidéo en allemand sous-titres en français

26% des personnes handicapées subissent des discriminations sur leur lieu de travail

(bfs.admin.ch)

69% des personnes handicapées participaient au marché du travail en 2018, mais leur qualité de vie au travail était moins bonne que celle des personnes sans handicap. Elles sont en particulier davantage victimes de discrimination et de violence au travail (26%). Quelque 4% indiquent avoir été discriminées en raison de leur handicap au cours des douze mois précédant l’enquête. L’Office fédéral de la statistique (OFS) publie une nouvelle statistique de poche sur l’égalité pour les personnes handicapées à l’occasion de la Journée internationale des personnes handicapées, le 3 décembre.

Le handicap présente des visages différents. Selon la définition utilisée, les personnes avec handicap forment des groupes distincts, qui ne se recoupent que partiellement, et leur nombre varie fortement. Du point de vue médical, p. ex., plus de 4% de la population de 15 ans ou plus vivant dans un ménage privé déclarent avoir une limitation fonctionnelle importante ou complète de l’ouïe, de la vue, de la locomotion ou de la mémoire (enquête suisse sur la santé 2017).

On associe souvent les personnes avec handicap aux bénéficiaires d’une rente d’invalidité atteints dans leur santé physique. En 2019, 6% de la population touchaient des prestations de l’AI et 4% bénéficiaient d’une rente d’invalidité. Du point de vue de l’égalité pour les personnes handicapées, on considère comme telles les personnes qui sont fortement ou quelque peu limitées dans les activités de la vie quotidienne en raison d’un problème de santé de longue durée. En 2018, 5% de la population vivant dans un ménage privé déclaraient être fortement limitées et 17% quelque peu limitées dans ces activités.

Les personnes handicapées travaillent davantage à temps partiel…

Les personnes avec handicap participent largement au marché du travail, même lorsqu’elles sont fortement limitées dans les activités de la vie quotidienne. 69% des personnes handicapées participent au marché du travail (contre 82% des personnes non handicapées; SILC 2018). La proportion tombe à 46% chez les personnes qui sont fortement limitées par leur handicap. Parmi les personnes handicapées qui exercent une activité professionnelle, 40% travaillent à temps partiel (moins de 36 heures par semaine), contre 27% seulement des personnes non handicapées. L’écart varie fortement selon le handicap.

… et subissent plus souvent des discriminations

Les personnes avec handicap sont davantage exposées aux discriminations et à la violence sur le lieu de travail. 26% des personnes handicapées interrogées dans le cadre de l’enquête suisse sur la santé 2017 déclaraient avoir été victimes, au cours des douze mois précédant l’enquête, d’au moins une des neuf formes de discrimination ou de violence considérées: discrimination en raison de l’âge, du sexe, de l’origine ou du handicap, violence verbale ou physique, menaces, intimidations, mobbing ou harcèlement sexuel. En comparaison, c’est le cas de 18% des personnes sans handicap.

4% des personnes handicapées se sentent par ailleurs discriminées au travail en raison de leur handicap. Elles sont aussi davantage victimes d’intimidation ou de mobbing et de harcèlement (11%) ainsi que de discrimination en raison de l’âge (9%) que les personnes sans handicap.

Autre constat: les personnes qui sont fortement limitées dans les activités de la vie quotidienne sont davantage discriminées du fait de leur handicap (12%). 34% d’entre elles disent avoir subi au moins une forme de discrimination au cours des douze mois précédant l’enquête.

Une personne avec handicap sur neuf rencontre des difficultés dans l’utilisation des transports publics

Les personnes handicapées sont davantage confrontées à des difficultés que les autres dans l’utilisation des transports publics. 11% des personnes avec handicap ont des difficultés à se déplacer en transports publics malgré les efforts consentis par les entreprises pour faciliter l’accès à l’infrastructure. C’est notamment le cas des personnes fortement limitées par leur handicap: trois sur dix déclarent avoir au moins quelques difficultés à utiliser les transports publics sans aide.

Vous trouverez des informations complémentaires dans le document PDF ci-dessous.

Proches aidants: La Suisse progresse sur le long chemin de la reconnaissance

(heidi.news)

par Lorène Mesot

Ils sont plus de 330’000 en Suisse à assister un parent, un ami, un voisin. Le statut de proche aidant gagne peu à peu une reconnaissance. Le 1er janvier 2021 marquera l’entrée en vigueur d’une nouvelle loi fédérale visant à leur faciliter la vie, en leur accordant des congés supplémentaires en cas de problème et en élargissant les aides disponibles. Les professionnels au contact des aidants se réjouissent mais nuancent: le chemin à parcourir reste conséquent.

Pourquoi ils sont importants. Jamais le rôle des proches aidants n’est apparu autant essentiel qu’à l’heure de Covid-19. Véritable pierre angulaire d’une politique de santé misant sur l’ambulatoire, ils permettent d’alléger le système de soins, d’éviter des placements en institution et d’entretenir le lien entre les générations. En 2017, plus d’un Suisse sur dix a reçu de l’aide d’un parent, d’un voisin ou d’une connaissance pour des raisons de santé. Et le nombre d’aidants croît sans cesse, vieillissement de la population oblige.

Se reconnaître comme tel. Un papa qui soutient sa fille de 14 ans atteinte d’un cancer, une voisine de palier qui fait les courses pour un proche immobilisé, ou encore un adolescent épaulant sa mère bipolaire dans sa gestion du quotidien. Loin d’être réservée aux situations où la personne aidée est âgée, l’appellation est vaste et désigne une infinité de situations.

À Genève en 2017, environ 57’000 personnes apportaient leur soutien une ou plusieurs fois par semaine, sans rémunération, à un proche souffrant de problèmes de santé. On estime leur nombre à 330’000 pour l’ensemble de la population active suisse, sur la base de données de 2012 qui sous-estiment sans doute la situation actuelle.

Véronique Petoud, déléguée cantonale aux personnes proches aidantes pour le canton de Genève, précise:

«Le terme de « proche aidant » est maintenant connu et sa définition s’est affinée. On parle désormais de voisins,d’amis, de connaissances, plus seulement de personnes avec un lien familial, vivant sous le même toit. Depuis quelques années, les proches aidants commencent à s’identifier comme tels.

L’évolution en matière de perception des gens et de mesures mises à disposition est possible notamment grâce à des campagnes d’information, le site internet de l’État avec une rubrique dédiée, une présence médiatique, une présence sur les réseaux sociaux et des relais politiques.»

Martine Rouge est responsable du service d’accompagnement à domicile proposé par les associations Alzheimer Genève et Pro Senectute Genève. Sa collègue et elle coordonnent une équipe de 48 personnes qui propose aux proches de personnes atteintes de démence des relèves à domicile, le temps que les proches puissent souffler et vaquer à leurs occupations.

A l’heure de la deuxième vague épidémique, Martine Rouge est inquiète. Les autorités sanitaires ont suspendu les accompagnants de plus de 65 ans, soit une quinzaine de personnes de l’équipe. Dans le même temps, la fermeture des foyers de jour dans le canton, avec une relève partielle à domicile, accroit la charge des aidants.Résultat, le service de Martine Rouge fonctionne à flux tendu et doit prendre des décisions difficiles:

«Nous assistons un monsieur qui va en dialyse trois fois par semaines. C’est vital pour lui de s’absenter, mais il n’a aucun entourage capable de prendre la relève auprès de son épouse atteintes de troubles cognitifs. Et elle ne peut rester seule. Dans ce cas précis, il a été terrible de devoir lui annoncer que nous ne pourrions plus assurer la relève, car sur les deux accompagnantes qui gèrent cette situation, l’une est hospitalisée à cause du Covid-19 et l’autre est en quarantaine. Je l’ai mis dans l’embarras au plus haut point.

Suite à cela, le couple a en plus attrapé le virus. Je ne pouvais pas envoyer quelqu’un de chez nous pour les aider.(Son service ne propose pas de soins médicaux, uniquement un accompagnement psycho-social ndlr). Avec des cas comme celui-ci, je vois vraiment les limites de notre système.»

Un mille-feuille de dispositifs. De nombreux dispositifs ont été mis sur pied à destination des proches aidants ces dernières années. A Genève, ils sont recensées sur un site géré par le canton, baptisé GE suis proche aidant, à Vaud, une page du site des autorités cantonales y est dédiée, tout comme dans les cantons de Fribourg, du Valais,du Jura et de Neuchâtel.

La panoplie de mesures proposées – ligne téléphonique, carte d’urgence, formation, relève à domicile ou hors du domicile, évaluation de l’état d’épuisement du proche aidant, ou encore soutien social et aide administrative – est en général le fruit d’un partenariat avec les associations et les organisations socio-sanitaires locales.

Marie Leocadie est chargée d’enseignement à la Haute école de santé de Genève et responsable de la formation destinée aux proches aidants du canton en place depuis janvier 2020. Elle note:

«Nous savons que les trois grands besoins des proches aidants sont le besoin de formation, d’informations et de conseils, le besoin de répit et le besoin de reconnaissance. La reconnaissance s’articule sur plusieurs niveaux: au sein du cercle familial, au niveau de la société et au niveau légal.»

Mais ces dispositifs sont encore peu sollicités par les proches aidants, plus prompts à fournir de l’aide qu’à se signaler pour en recevoir. Véronique Petoud (Genève):

«Au début, il y a un sentiment valorisant et gratifiant lié à la loyauté, la redevance familiale ou la solidarité intergénérationnelle. Cependant, sur la durée, des symptômes d’épuisement et un risque d’isolement apparaissent avec l’intensification de la fréquence du soutien apporté en lien avec la péjoration de l’état de santé et de dépendance de la personne aidée. Encore faut-il savoir où s’adresser pour demander de l’aide!»

Ce que prévoit la nouvelle loi. La nouvelle loi fédérale entrera en vigueur en deux temps. Le calendrier de mise en œuvre a été adapté face à la charge de travail entraîné par la crise Covid-19 et les retards qu’elle engendre au niveau des caisses de compensation.

Le premier train de mesures entrera en vigueur le 1er janvier 2021. À partir de cette date:

Les proches aidants dont un membre de la famille ou le partenaire est malade ou victime d’un accident pourront bénéficier de courts congés payés, de trois jours maximum. Inscrits au Code des obligations, ces congés ne devront pas dépasser un total de dix jours par an.

Le droit aux bonifications pour tâche d’assistance dans l’AVS est étendu. Les proches aidants pourront obtenir une bonification sur leur rente AVS s’ils assistent une personne au bénéfice d’une allocation pour impotence. Jusqu’à présent, cet avantage financier était réservé aux proches prêtant assistance aux personnes très dépendantes,bénéficiant d’une allocation pour impotence (voir encadré ci-dessous) élevée ou moyenne.

L’allocation pour impotent de l’AI en faveur des enfants continuera d’être versée même si le mineur est hospitalisé pour une longue durée, à condition que la présence des parents à l’hôpital soit nécessaire. Jusqu’à présent, le droit à l’allocation pour impotent était supprimé pour chaque mois entier passé à l’hôpital.

Par ailleurs, dès le 1er juillet 2021:

Véronique Petoud:

«C’est un grand pas. Nous observons une évolution politique. Le fait de concilier son activité professionnelle avec un rôle de proche aidant est reconnu par de nouvelles dispositions légales, et ceci va au-delà de questions de pénurie de professionnels de la santé ou de souci d’économie des dépenses de la santé, car il s’agit de soutenir les liens sociaux et intergénérationnels que les proches aidants entretiennent.

C’est un enjeu sociétal primordial de soutenir l’entraide.»

Lorsqu’une personne en âge AVS est en perte d’autonomie depuis plus d’une année pour accomplir seule les actes de la vie quotidienne, une demande pour une allocation pour impotent peut être faite. Ce terme peu attrayant désigne une aide financière comprise dans une fourchette de 237 à 948 francs par mois. Le montant dépend du degré de perte d’autonomie fonctionnelle et est échelonné sur trois niveaux: faible, moyen et grave.

Véronique Petoud:«Le mot impotent peut faire peur, mais c’est en fait une aide financière essentielle qu’il faut promouvoir. De plus,l’attribution de cette allocation est indépendante du revenu et de la fortune de la personne. Le conseil le plus important à donner pour établir cette demande est de la faire avec le soutien d’un assistant social en s’adressant à sa commune, à Pro Senectute ou à Pro Infirmis selon sa situation.»

Aide directe aux proches aidés qui peuvent ainsi rémunérer une aide à domicile, l’allocation pour impotent permet également d’obtenir des prestations supplémentaires de manière indirecte. C’est notamment la clé pour accéder à certaines mesures prévues dans la nouvelle loi fédérale. Il existe également une aide analogue destinée aux mineurs souffrant de handicap.

Ce qu’il reste à faire. Martine Rouge de Pro Senectute se réjouit également de la nouvelle loi et du congé payé pour les travailleurs ayant la charge d’un proche, mais regrette qu’avec l’étendue des bonifications pour tâches d’assistance de l’AVS, le système ne gratifie pas les proches aidants de manière directe. «Les aidants créditent leur bonus pour le jour où ils seront à l’AVS, il n’y a pas d’argent frais qui rentre», note-elle.

Des systèmes de bonifications directes sont pourtant à l’étude au niveau des cantons. Avec une difficulté majeure:contrôler le statut des demandeurs et le versement des aides sans trop alourdir un dispositif déjà peu lisible

A Genève, les lignes bougent, estime Véronique Petoud, qui planche sur le sujet. Les aidants genevois pourraient notamment bénéficier d’heures de répit offertes, en plus des cinq heures de relève à domicile déjà fournies par le canton pour assister à sa formation. Véronique Petoud:

«Nous avons déjà bien avancé dans la reconnaissance et le soutien aux personnes proches aidantes. On ne peut que relever que la crise sanitaire met en évidence tant leurs besoins que leur importance. Elle aboutira peut-être à une légitimation beaucoup plus conséquente de leur statut.»

Image d’illustration. | Keystone