Nathalie Christen, Madame Handicap pour le canton de Neuchâtel

Femina.ch

C’est une première en Suisse romande: Neuchâtel s’est doté d’une préposée à l’inclusion des personnes handicapées. Nathalie Christen se livre sur les missions qui rythmeront son mandat. Son combat? Bâtir une société qui prennent en compte toutes les différences.

par Muriel Chavaillaz


«Mes filles sont confrontées dans une certaine mesure à la diversité. Je trouve très important de leur expliquer que chacun est différent, qu’il y a de la place pour tous.» – Nathalie Christen© ZOÉ JOBIN

 

Lorsqu’il a fallu choisir une voie, Nathalie Christen s’est tournée vers le droit. Pourtant, le métier d’avocate ne l’a jamais intéressée, bien au contraire. «J’ai failli tout plaquer à la fin de la première année de bachelor, se souvient-elle. On devait résoudre un cas de divorce en droit civil: je trouvais cela affreux, je m’en fichais complètement de la manière dont les deux parties arrangeaient leurs affaires! Mais l’office d’orientation m’a persuadée de ne pas lâcher. Et j’ai bien fait de l’écouter, puisque j’ai complètement accroché sur le droit administratif et le droit des assurances sociales.»

Le social? Un domaine qui la faisait rêver plus jeune. «Je me voyais devenir assistante sociale, j’ai toujours eu envie d’exercer une profession en lien avec les gens, comme ma maman.» C’est ainsi qu’après le bachelor, Nathalie Christen enchaîne avec un master en droit social et droit public. «J’ai ensuite travaillé en droit des migrations, j’étais passionnée par la question des droits humains, les combats contre toute forme de discrimination. J’ai un sentiment de justice très fort depuis toute petite.»

De Berne à Neuchâtel

Son parcours la conduit à Berne, en 2014. Durant 7 ans, elle occupe un poste de collaboratrice scientifique au Bureau fédéral de l’égalité pour les personnes handicapées. Si le handicap n’est pas un choix délibéré, elle se passionne pour cet univers qui lui permet de toucher à toutes les thématiques de la vie quotidienne (santé, éducation, culture, droits politiques…) en les abordant de façon différente. À Neuchâtel, sa mission sera d’élaborer un plan d’action pour asseoir la politique d’inclusion du canton. Et pour ce faire, elle met un point d’honneur à travailler main dans la main avec le monde associatif, ce qui permet d’avoir un contact réel avec le terrain. Pour la Neuchâteloise, heureuse de retrouver son canton d’origine, la société invisibilise les personnes handicapées.

«Cela est peut-être dû à la peur que l’on peut ressentir face à la différence que l’on ne connaît pas. Or, si nous étions toutes et tous plus sensibles à ces particularités, beaucoup de problèmes seraient évités en amont.»

Et de citer l’exemple concret de la pandémie du coronavirus. «Les autorités ont immédiatement communiqué à ce sujet. Mais elles ont oublié que tout le monde n’a pas accès à la communication de la même manière. Une personne sourde a besoin de la langue des signes, une personne qui ne comprend pas bien le français a besoin d’une communication facilitée, etc. Tout cela s’est rapidement mis en place, mais dans un second temps seulement. Le changement de paradigme que l’on souhaite implanter, la raison d’être de ce poste, c’est de penser à toute la diversité dès le début de chaque projet.»

«La diversité fait partie de la vie!»

Loin d’être cantonné à la sphère étatique, l’apprentissage de la tolérance et de l’inclusion doit également se construire en privé, souligne la jeune femme de 35 ans. Un sujet qu’elle n’hésite pas à aborder régulièrement avec ses filles de 6 et 3 ans. «Elles sont confrontées dans une certaine mesure à la diversité à l’école et à la crèche. En tant que parent, je trouve très important d’en parler, de leur expliquer que chacun est différent, qu’il y a de la place pour tous. Discuter de cela est essentiel pour moi, c’est une valeur que je souhaite à tout prix leur transmettre.» Une autre façon pour Nathalie Christen d’apporter sa contribution à la création d’une société plus juste, égalitaire pour toutes et tous.

«La diversité fait partie de la vie, j’aimerais qu’elle soit pleinement intégrée. Le fait que certaines personnes vivant avec un handicap soient confrontées à une remise en question de leurs droits humains n’est pas tolérable.»

L’égalité et la justice? Avant tout, et pour toutes et tous.

Ce qui la booste: Mes deux filles, Romane et Mahaut. Je ne sais pas si elles me donnent de l’énergie ou si elles m’en prennent, c’est la question (rires). C’est un doux mélange des deux!

Handicap: victoire d’étape contre l’Hospice

(Le Courrier Genève)

Travail Le Tribunal fédéral intime à la justice genevoise de réexaminer le cas d’une ancienne employée de l’Hospice se disant victime de discrimination liée à son handicap.

RACHAD ARMANIOS

Julie*,assistante sociale engagée comme auxiliaire à l’Hospice général, a-t-elle été victime de discrimination attribuée à son handicap, voire d’une violation de la loi sur l’égalité liée à sa grossesse? En tous les cas, le Tribunal fédéral(TF)intime à la justice genevoise d’examiner à nouveau ce cas, un peu trop vite balayé selon lui.

Dans un arrêt du 14 avril, le TF décrète que la Cour de justice genevoise aurait dû entendre comme témoin la médecin traitante de cette femme, atteinte de sclérose en plaques et dont l’état de santé s’était aggravé après sa grossesse.En effet,selon Julie,à la suite de son congé maternité, le médecin-conseil mandaté par l’Hospice général a dit à sa médecin traitante que l’employeur n’était pas pressé de la reprendre.La doctoresse dit avoir ressenti un«racisme anti handicapés», transmettant à sa patiente une phrase prononcée par son confrère qui a fortement blessée cette dernière: «Madame fait désordre dans les locaux et choque.»

Julie a travaillé à l’Hospice général dès 2017sous le régime de contrats à durée déterminée plusieurs fois prolongés.Selon elle,la non-prolongation de son contrat au-delà du3 0juin2020 a constitué une discrimination en raison de son handicap.Elle estime que la pratique de l’Hospice consiste à engager le personnel pérenne avec le statut d’auxiliaire puis à le nommer s’il donne satisfaction.Elle demandait que l’employeur fournisse les documents attestant de cette pratique administrative. Mais la justice genevoise ne l’a pas suivie, arguant que la période maximale de trois ans pour un contrat d’auxiliaire n’avait pas été dépassée.Dès lors,la recourante ne bénéficiait d’aucun droit à une prolongation de son contrat ou à un nouveau poste.

C’est à tort que la justice genevoise a jugé le raisonnement de Julie non pertinent,tranche le TF. Car il s’agit maintenant de vérifier si des préjugés liés au handicap ont conduit l’Hospice à s’écarter de cette pratique administrative.Si tel était le cas,«il y aurait alors lieu d’examiner les conséquences juridiques d’un tel constat». Étant rappelé que Julie réclame sa réintégration avec les aménagements nécessaires -une table électrique réglable en hauteur,un siège adapté et un examen périodique une fois par an auprès du médecin du travail-et,subsidiairement, une indemnité correspondant à vingt-quatre mois de traitement.

Julie a été défendue par Inclusion Handicap,faîtière des organisations de défense des personnes en situation de handicap. Celle-ci, via l’avocat Cyril Mizrahi, se félicite de cet arrêt:«Le Tribunal fédéral place au centre de son argumentation la protection que la Convention de l’ONU relative aux droits des personnes handicapées garantit aux personnes handicapées dans la vie professionnelle.Il constate pour la première fois que l’interdiction de la discrimination en raison d’un handicap oblige le canton à prendre des mesures d’aménagement raisonnables sur le lieu de travail si nécessaire.»

*Prénom d’emprunt

Le Tribunal fédéral admet le recours d’une femme en situation de handicap

(Inclusion-Handicap)

Une femme en situation de handicap s’est plainte d’une discrimination de la part d’un employeur de droit public du canton de Genève. Dans son arrêt, le Tribunal fédéral souligne clairement la portée de la Convention de l’ONU relative aux droits des personnes handicapées dans une telle situation et conclut que l’instance précédente n’a pas suffisamment instruit les griefs de la recourante. La cour cantonale doit maintenant revoir sa copie. Du point de vue d’Inclusion Handicap, il s’agit d’un succès important.

Julie (nom modifié), atteinte de sclérose en plaques, a perdu son travail à l’Hospice général, l’institution de droit public du canton de Genève chargée de l’aide sociale, un peu plus d’une année après la naissance de sa fille. Elle y travaillait depuis 2017 à la satisfaction de son employeur, qui a plusieurs fois renouvelé son contrat à durée déterminée. Les effets de sa maladie ont été renforcés par la grossesse. Bien que sa médecin traitante ait attesté de sa capacité de travail (réduite), l’Hospice général a refusé de prolonger son contrat, malgré sa pratique constante consistant à engager le personnel d’abord pour une durée déterminée avant de le pérenniser s’il donnait satisfaction, ainsi que le fait que plusieurs postes correspondants étaient disponibles et que Julie* avait dûment postulé. Auparavant, le médecin-conseil de l’employeur avait tenu à l’égard de sa médecin traitante des propos méprisants sur la recourante : « Madame fait désordre dans les locaux et choque ».

La Cour de justice (Tribunal cantonal) a pourtant refusé de prendre en considération ces différents éléments, d’auditionner la médecin traitante en tant que témoin afin d’établir les faits, en particulier concernant les déclarations désobligeantes du médecin-conseil, ainsi que d’ordonner à l’employeur de produire des documents relatifs à la pratique en matière d’engagement et de pérennisation du personnel.

La cour cantonale doit revoir sa copie

Le Tribunal fédéral admet le recours de la femme en situation de handicap concernée dans la mesure où il le renvoie à l’instance précédente. Il demande au tribunal cantonal de réexaminer le cas et de statuer à nouveau. Selon les juges de Lucerne, l’instance précédente a violé son droit d’être entendu (art. 29 al. 2 de la Constitution fédérale ; Cst.) en refusant le témoignage et les moyens de preuve proposés par la recourante. En effet, ces moyens de preuve auraient pu démontrer que l’employeur de droit public avait discriminé la plaignante en raison de son handicap. Une telle discrimination n’est pas compatible avec la Convention de l’ONU relative aux droits des personnes handicapées (CDPH) et la Constitution fédérale, ni même avec la loi fédérale sur l’égalité entre femmes et hommes (LEg).

La CDPH prise au sérieux

Inclusion Handicap a représenté la recourante dans la procédure et salue cette décision : il est intéressant et réjouissant de constater que le Tribunal fédéral place au centre de son argumentation la protection que la CDPH garantit aux personnes handicapées dans la vie professionnelle. Il constate pour la première fois que l’interdiction de la discrimination en raison d’un handicap (art. 5 CDPH, ici aussi en relation avec l’art. 27, par. 1, CDPH) oblige le canton à prendre des mesures d’aménagement raisonnable sur le lieu de travail si nécessaire. Il rappelle en outre que les tribunaux suisses doivent appliquer directement cette interdiction de discrimination inscrite dans le droit international (justiciabilité directe). Le Tribunal fédéral laisse expressément ouverte la question de savoir quelles seront les conséquences de l’existence d’une discrimination si elle est établie dans la suite de la procédure. Mais il a clairement fait comprendre à la cour cantonale qu’en ce qui concerne les questions de discrimination des personnes en situation de handicap dans le domaine du travail, tant la CDPH que la Cst. doivent être prises au sérieux.


Documentation

Renseignements

Caroline Hess-Klein, responsable Département Égalité Inclusion Handicap
076 379 94 72 / caroline.hessklein@inclusion-handicap.ch

Cyril Mizrahi, avocat, Département Égalité Inclusion Handicap
079 412 21 80 / Catégories Articles/Artikel

Plus d’un tiers des paralysies sont dues à des chutes

(20min.ch)


Record mondial: plus de 60% des paralysés médullaires suisses sont réintégrés dans le monde du travail.
Fondation suisse pour paraplégiques

 

Quelque 1503 patients ont été hospitalisés au Centre suisse des paraplégiques l’année dernière; c’est 335 de plus qu’en 2020, annonce la Fondation suisse pour paraplégiques dans un communiqué jeudi. Il s’agit principalement des blessés médullaires qui ont été traités, mais aussi des personnes souffrant de problèmes de dos complexes, précise-t-elle.

Ce sont les chutes qui ont été la cause d’accident la plus fréquente (37%) chez les patients avec une paralysie médullaire. Viennent ensuite les accidents de sport (27%) et les accidents de la route (26%).

Pour rappel, la paralysie médullaire résulte d’une section ou d’une lésion des voies sensibles et motrices dans la moelle épinière, ainsi que d’une destruction des neurones dans le territoire touché. Ce qui fait que le blessé remarque, immédiatement après l’accident qu’il n’arrive plus à bouger les jambes et qu’il a des troubles de la sensibilité.


Les chutes ont été la cause d’accident la plus fréquente chez les patients avec une paralysie médullaire en première rééducation.

 

La pandémie n’a pas gêné les traitements

Le traitement des personnes paralysées médullaires a pu être maintenu sans interruption malgré la pandémie de Covid, se réjouit aussi la Fondation. Grâce à l’extension de la clinique de Nottwil et au recrutement de personnel, davantage de patients ont même pu être traités. Les patients hospitalisés ont bénéficié de 60’570 jours de soins, soit 4203 de plus qu’en 2020 (560’367).

Autre bonne nouvelle: en 2021, le développement de l’offre du service ParaWork du Centre suisse des paraplégiques a contribué «de manière décisive» à ce que plus de 60% des paralysés médullaires soient réintégrés professionnellement en Suisse, soit plus que partout ailleurs dans le monde, souligne la Fondation.

(cht)

Une application pour mieux guider aveugles et malvoyants

(Le Nouvelliste)

La technologie améliore le quotidien des malvoyants. Une application espagnole a été testée dans les transports publics en Suisse avec succès. Elle restitue vocalement des informations visuelles.


‘application permet de scanner un QR code contenant de précieuses informations.
© KEYSTONE / LAURENT DARBELLAY

 

L’Union centrale suisse pour le bien des aveugles (UCBA) a équipé ses sites d’une nouvelle signalétique numérique pour aider les personnes aveugles et malvoyantes à mieux s’orienter. La technologie pourrait s’avérer particulièrement utile dans les transports publics.

«Dans l’espace public, beaucoup d’informations sont écrites et ne sont pas accessibles aux aveugles et malvoyants. Ne serait qu’aux arrêts de bus, comment savoir que les bus 4 et 8 passent à cet arrêt», a expliqué lundi à Keystone-ATS
Carol Lagrange, co-directrice marketing et communication à l’UCBA.

L’organisation s’est intéressée à une technologie venue d’Espagne et baptisée NaviLens. Grâce à une application, des codes colorés ressemblant à des QR codes peuvent être lus de loin – jusqu’à cinq ou six mètres – et sous différents angles. Puis l’application restitue vocalement les informations enregistrées dans le code.

Test concluant

Depuis l’été dernier, l’UCBA a testé la technologie sur ses trois sites, à Lausanne, St-Gall et Lenzbourg. Le premier bilan est «assez prometteur». «La technologie fonctionne et permet de s’orienter dans l’espace public», a relevé Mme Lagrange qui espère que des entreprises, notamment dans le domaine des transports publics, s’intéresseront à cette application.

 

Cette application et l’installation de ces codes colorés dans l’espace public «apporteraient une grande aide pour les déplacements des personnes aveugles et malvoyantes», a-t-elle ajouté. D’autres secteurs, notamment des hôpitaux, pourraient aussi s’équiper. Des musées ont franchi le pas en Espagne. En Angleterre, on les trouve par exemple sur les paquets de céréales pour en indiquer le contenu.

par Keystone – ATS