Le canton de Fribourg se dote d’une loi sur la pédagogie spécialisée. L’intégration des enfants en situation de handicap sera privilégiée.
Il concrétise et précise ainsi les contours de sa stratégie de soutien et d’intégration destinée aux enfants en situation de handicap.
Le Grand Conseil a commencé mardi l’examen de ce projet de loi, qu’il poursuivra mercredi ainsi que lors d’une session ultérieure. Cette base juridique permettra d’appliquer le concept cantonal de pédagogie spécialisée qui avait été finalisé en 2015.
Il a fallu dix ans de travaux, de réflexions et de négociations, avec le souci d’associer tous les partenaires concernés, a rappelé le conseiller d’Etat Jean-Pierre Siggen. Les principes reposent largement sur l’accord intercantonal en vigueur depuis 2011, et s’inscrivent aussi dans la continuité de la pratique fribourgeoise.
Il s’agit d’offrir à tous les enfants en situation de handicap une aide adaptée à leurs besoins, dès la naissance et jusqu’à l’âge de 20 ans. La palette des mesures d’aide est précisée, de même que les rôles de chacun et les processus de décision.
Privilégier l’intégration
L’enfant peut être accueilli dans une classe d’école ordinaire ou dans une école spécialisée. La solution privilégiée est l’intégration dans une classe ordinaire. Cependant, un «principe de proportionnalité» prévaut, et la décision doit tenir compte des intérêts de l’enfant et de l’organisation scolaire.
Un groupe d’évaluation pluridisciplinaire examinera les cas susceptibles de bénéficier de mesures spécialisées. Le canton engagera des auxiliaires de vie scolaire pour l’accompagnement technique, par exemple pour des enfants en chaise roulante.
Actuellement dans le canton, plus de 7000 enfants ont accès à des mesures pédago-thérapeutiques (logopédie, psychologie, psychomotricité, par exemple). Environ 400 enfants bénéficient d’éducation spécialisée précoce avant l’école.
Quelque 900 enfants sont accueillis dans des classes d’institutions spécialisées. Et environ 600 élèves en situation de handicap sont scolarisés dans les établissements de scolarité obligatoire.
Eviter des surcharges
Le projet de loi est globalement bien accueilli. Mais des députés ont souligné que la balance entre les intérêts de l’enfant concerné et les intérêts des autres élèves est complexe.
Pour Antoinette de Weck (PLR), il faut accroître la coordination entre les divers acteurs. Et des adaptations seront nécessaires pour éviter une surcharge de travail pour les enseignants.
Certains députés se sont d’ailleurs inquiétés de savoir si les ressources financières et les dotations en personnel seront suffisantes. «Il faudra se donner les moyens de ses ambitions», a souligné Gaétan Emonet (PS).
L’intégration ne doit pas être appliquée à tout prix, mais seulement si des solutions optimales peuvent être mises en place pour l’enfant concerné et pour les enfants de la classe d’accueil, a commenté pour sa part Anne Meyer Loetscher (PDC). «Nous ne souhaitons pas dix intervenants qui gravitent autour d’une classe», a-t-elle
Source: ats