Il n’y a pas assez d’interprètes de la langue des signes en Suisse romande, mais aussi en Suisse italienne. En cause: la disparition de plusieurs formations depuis une dizaine d’années.
La Suisse fait face à une pénurie d’interprètes en langues des signes française (LSF) et italienne (LSI). En cause, l’absence, depuis plusieurs années, d’une formation. Le nouvel horaire du service de relais vidéo qui vaut depuis janvier sera limité dans ces régions linguistiques.
L’équipe d’interprètes sur l’échelle nationale doit en effet presque doubler pour assurer le service, et ce n’est pas encore fait, explique le directeur de procom Pascal Péquignot. Il se réjouit néanmoins des nouveaux horaires dans tous les cas plus étendus que dans le cadre du projet pilote. La formation des nouveaux collaborateurs débutera dès la mi-janvier.
Une solution avec les cantons?
En Suisse romande et au Tessin, les formations d’interprètes en langue des signes ont complètement cessé d’exister depuis une dizaine d’années, déplore Sandrine Burger, porte-parole de la Fédération Suisse des Sourds (SGB-FSS). Au contraire, la Suisse alémanique propose une filière d’étude bachelor pour la formation en langue des signes suisse alémanique (DSGS).
Procom et la FSS se battent pour trouver une solution avec les cantons. « Le problème est le financement » explique Mme Burger. « Les cantons se renvoient la balle. Nous, nous essayons de les fédérer et d’impliquer les Hautes écoles professionnelles pour remettre en place une telle formation. »
La pénurie d’interprètes dans les deux régions linguistiques a des conséquences sur les conditions de vie et l’accès des sourds au marché du travail, dénoncent procom et la SGB-FSS. Le chômage des sourds en Suisse romande est ainsi plus élevé qu’en Suisse alémanique.
Recruter en France et en Italie
Actuellement, pour pallier ce manque, la fondation recrute des interprètes diplômés en France et en Italie. Mais si la langue est pratiquement la même, le contexte est fort différent, estime Sandrine Burger. « Lors de leur arrivée, six mois de formation sont prévus pour que les interprètes apprennent le système politique et social suisse et qu’ils adaptent les particularités linguistiques régionales de la langue des signes. »
D’ici 2020, la SGB-FSS a comme objectif d’atteindre un rapport d’un interprète pour 50 sourds. Actuellement, environ 100 sourds utilisateurs de la langue des signes en Suisse dépendent d’un interprète, selon procom.
Seule entreprise en Suisse à proposer un service d’interprètes en langue des signes, procom compte pour l’instant une trentaine d’interprètes pour la Suisse romande et près de 70 en Suisse alémanique. Au Tessin, ils sont moins d’une dizaine.
Source: ats