La cavalière malvoyante Céline van Till ne montera plus avec Amanta en compétition. La Genevoise se lance dans la course à pied.
Le 30 juin, cela fera dix ans que sa vie a basculé. Que sans cette terrible chute de cheval, peut-être bien qu’elle défierait aujourd’hui l’immense Isabel Werth; qu’elle aurait été, qui sait, championne olympique à Londres ou à Rio. Mais le destin a choisi un autre chemin pour Celine van Till. Après avoir passé un mois dans un trou noir, alors qu’elle n’avait que 17 ans, ce grand espoir du dressage suisse en est ressortie métamorphosée. Devenue partiellement tétraplégique et malvoyante (elle voit en deux dimensions), cette femme volontaire et courageuse a réappris à marcher, parler, écrire et manger pour revenir, «pas à pas», de si loin. Et de se remettre progressivement en selle, avec Amanta, jusqu’à vivre un rêve de gamine, participer aux Jeux paralympiques de Rio, en octobre 2016.
Toujours des caresses pour Amanta
C’est en rentrant du Brésil que cette cavalière genevoise s’est découvert une nouvelle passion: la course à pied. Une révélation, au point de se poser sérieusement la question. Après avoir enchaîné durant sept ans des succès et de belles performances sur la scène internationale de para-dressage avec sa jument, elle a décidé de prendre ce nouveau virage. Son cheval a été la source de ses ennuis, mais, surtout, un excellent thérapeute et son meilleur ami. «Je ne vais pas la laisser tomber Amanta et toujours m’occuper d’elle, elle fait partie de ma vie, c’est mon amour, ma moitié, mon mouvement, ma thérapie.» Mais pour elles, la compétition c’est fini.
Besoin d’autres défis
«Après deux championnats d’Europe, deux championnats du monde et les Jeux à Rio, mais aussi un livre (Pas à pas, éditions Slatkine) et un film (Bucéphale), j’avais besoin d’autres défis», explique-t-elle. Accompagnée d’un guide lors de ses courses, elle a rapidement été envoutée par cette discipline. Tout a commencé par un défi. Pour «Décrochons la Lune» elle apprend à courir avec son handicap, à bouger ses jambes et mettre à l’épreuve son corps, dont l’équilibre pose problèmes. Depuis, elle ne peut plus s’en passer. «Je suis tombée dans la marmite!», image la cavalière de la Pallanterie. Marraine des 20 km de Genève, impliquée à la Course de l’Escalade qu’elle boucle au 190e rang (sur 885 femmes), elle reçoit un gros soutien du public mais aussi d’un champion comme Tadessee Abraham qui la pousse à poursuivre ce qu’elle aime. «Dans cette discipline, j’y ai trouvé un enthousiasme répondant à mes efforts comme je ne l’avais jamais vécu, ainsi que plus grande possibilité d’inspirer et d’impacter les personnes autour de moi! Je veux montrer que tout le monde peut enfiler des baskets et courir.»
Une nouvelle vision
Opérée des yeux récemment, Celine van Till a une nouvelle vision pour 2018. «Dans tous les sens du terme, se marre-t-elle. Même si je suis encore à moitié aveugle, je vois moins double qu’avant. J’ai même pu aller courir dans la neige sans tomber et en gardant une belle allure.» Après avoir découvert les Jeux à Rio, la Genevoise a des ambitions, malgré que le chemin soit encore très long. «J’aimerai voir jusqu’à où je peux aller, en m’y dédiant complètement et en me donnant les moyens!» En attendant, elle envisage de participer au cross Genevois ce samedi aux Evaux.
Dix ans après, pour Celine van Till, «tout est possible». C’est d’ailleurs sa devise.
Source: nxp