(lematin.ch)
Vaudoise de 49 ans, Sybille Catule souffre d’une pathologie rare, qui l’empêche de parler comme de mâcher. Lâchée de toutes parts, cette mère de trois enfants ne dispose pas des 22’000 fr. requis pour se faire opérer. Témoignage.
Concentrées au niveau de la mâchoire, les douleurs musculaires de la quadragénaire sont telles que cette ex-employée d’imprimerie n’a guère d’autre choix que de s’exprimer exclusivement par écrit. Image: Christian Bonzon
Sybille Catule, 49 ans, nous reçoit dans la bâtisse plus que centenaire abritant l’imprimerie de Vallorbe (VD). Cette mère de trois enfants loge toujours au-dessus des locaux de l’entreprise où elle a travaillé durant vingt-trois ans, avant de se former en réflexologie. Elle nous conduit dans son salon exclusivement par des gestes. À nos questions, la Vaudoise répondra essentiellement par des notes manuscrites.
«On n’est jamais vraiment préparés dans la vie: un beau jour, alors que tout va bien, vous perdez quelque chose qui vous semblait jusque-là normal, comme la parole», écrit cette catholique croyante. «Je Lui demande tous les jours de me donner la force», poursuit-elle. «Je veux pouvoir parler et mastiquer à nouveau (ndlr: elle avale sans mâcher, au risque de s’étouffer), et surtout communiquer avec mon fils cadet de 5 ans, qui me pose beaucoup de questions, tout en me disant de ne pas m’inquiéter…»
Le jeune garçon, qui ne sait pas encore lire, ne peut pas se souvenir de ses 3 ans, période à laquelle Sybille Catule s’exprimait encore sans le moindre accroc. Jusqu’à sa séparation d’avec le père de l’enfant. Un traumatisme, couplé à la perte de son emploi, qui serait à l’origine du développement de ses douleurs au niveau de la mâchoire, et de la «musculation masticatrice».
«Une dysfonction de l’articulation temporo-mandibulaire (ATM) pure», selon le diagnostic posé par le responsable de la division de chirurgie orale et maxillo-faciale du CHUV, qui la qualifie de «peu typique». L’ATM n’est autre que la jonction (composée d’os, muscles, nerfs, ligaments et vaisseaux sanguins) reliant la mâchoire inférieure et l’os du crâne. Dans un rapport établi il y a deux semaines, le médecin-chef observe par ailleurs «une péjoration depuis 2 mois».
Refus de sa caisse maladie et de l’AI
Seule une intervention chirurgicale permettrait à la Vaudoise de retrouver sa dignité. Seulement voilà: dans un «projet de décision» notifié le mois dernier, l’assurance-invalidité stipule que «la prise en charge de l’opération n’est pas du ressort de l’AI». Et l’office d’inviter l’avocat de Sybille Catule «à prendre contact avec l’assurance maladie de Madame». Tout en l’informant que la quadragénaire présenterait «une pleine capacité de travail dans toute activité adaptée» qui respecterait ses «limitations fonctionnelles».
Or, la Caisse cantonale de chômage – qui avait redirigé la mère de famille vers l’AI – était arrivée à la conclusion inverse: l’ex-employée d’imprimerie serait «implaçable» en raison de son handicap… «Je serais pourtant bien entendu prête à accepter un emploi temporaire: je ne demande qu’à avoir les moyens de payer cette opération!» nous écrit la Vaudoise désargentée. Car sa caisse maladie refuse également de lui verser le moindre centime en lien avec cette intervention ORL devisée à quelque 22’000 francs.