(Le Nouvelliste)
Par Christine Savioz
Alors que l’État vient d’augmenter ses subventions, Procap Valais romand licencie son personnel.
S’inquiétant pour la qualité des prestations aux personnes handicapées, Procap Suisse demande l’exclusion du comité.
L’une des tâches de Procap Valais romand est de donner des conseils au sujet des infrastructures pour les personnes handicapées./Sacha Bittel/A
C’est la crise au sein de Procap Valais romand, l’organisme qui donne notamment des conseils en assurances sociales et en infrastructures adaptées aux personnes handicapées. La semaine dernière, Procap Suisse a demandé au comité de sa section valaisanne de démissionner, qui a refusé. La faîtière nationale va ainsi convoquer une assemblée extraordinaire pour demander aux membres de se prononcer sur l’exclusion du comité.
La raison du conflit: la décision du comité de Procap Valais romand de licencier tous ses employés au 31 décembre prochain. Quatre personnes, toutes des femmes, sont concernées. Certaines travaillent pour l’association depuis plusieurs années.
Une décision incompréhensible
Motif évoqué, une réorganisation structurelle, comme l’a expliqué le comité aux futures ex-employées. «La raison de ces licenciements est floue. Et des annonces d’emploi, insérées dans «Le Nouvelliste», montrent que Procap Valais romand cherche des employés qui devront accomplir les mêmes tâches que celles effectuées par les employées actuelles», souligne Michel De Palma, avocat de trois des quatre personnes licenciées. Ses clientes vont poursuivre leur employeur pour licenciement abusif. «La décision de leur licenciement leur est incompréhensible, d’autant plus que, selon Procap Suisse, elles effectuaient très bien leur travail», ajoute l’avocat.
Pour le comité de la section valaisanne, les quatre licenciements étaient nécessaires pour des raisons financières. «Nous étions dans les chiffres rouges et si nous avions continué comme cela, nous aurions risqué de nous retrouver en faillite au début 2019. Les salaires ne cessent d’augmenter alors que les subventions de l’Office fédéral des assurances sociales (OFAS) stagnent depuis huit ans»,justifie Vincent Favre, président.
Pourtant, quatre autres personnes seront bel et bien embauchées. «Mais elles n’auront ni les mêmes salaires, ni les mêmes pourcentages de travail. Et nous allons engager deux secrétaires sur les quatre employés, car nous avons constaté qu’il nous fallait au moins deux personnes au secrétariat», précise Marcelle Monnet Terrettaz, membre du comité.
Esther Waeber-Kalbermatten inquiète
L’annonce de ces quatre licenciements est d’autant plus étonnante que Procap Valais romand venait de se voir attribuer davantage de moyens financiers de la part de l’Etat du Valais pour effectuer son travail. Une personne a été engagée il y a quelques mois à peine. «Nous avons un mandat de prestations avec cette association pour le contrôle des demandes d’autorisation de construire, d’habiter et d’exploiter en lien avec la norme «SIA 500 construction sans obstacle» qui a pour but de rendre les bâtiments accessibles à tous sans discrimination. Nous venons de donner davantage de moyens financiers pour étendre également le contrôle aux dossiers d’aménagement d’espaces publics», explique Esther Waeber-Kalbermatten, cheffe du département des affaires sociales.
La conseillère d’Etat avoue ainsi sa surprise devant ces licenciements. «Lorsque j’ai appris cela,je me suis directement inquiétée de savoir si les dossiers suivaient leur cours. On m’a confirmé que c’était le cas. Ces employées faisaient un bon travail et connaissaient bien le terrain. Pour l’instant, j’attends un éclaircissement de la situation, mais c’est clair que je m’inquiète.»
Procap Suisse s’inquiète également pour les membres de l’association qui doivent pouvoir bénéficier de prestations de qualité. «Jusqu’à aujourd’hui, tout se passait bien avec les employées de la section valaisanne. On ne comprend pas les raisons de ces licenciements. Nous devons être certains de pouvoir fournir des prestations à nos membres du Valais romand (260 personnes), qu’ils ne soient pas lésés. Or, avec ces licenciements, nous craignons que les personnes handicapées ne puissent plus bénéficier des prestations qui leur sont dues», explique Sabrina Salupo, directrice régionale de Procap pour la Suisse romande.
Subventions de l’OFAS en question
Procap Suisse est d’autant plus concernée qu’elle distribue les subventions de l’OFAS à ses sections locales. Vincent Favre n’hésite pas à la critiquer. «Nous demandons d’ailleurs à Procap Suisse depuis des mois une transparence au sujet de la redistribution de l’argent de l’OFAS. Cela nous a été refusé. Cette manière de faire nous conforte dans l’opacité de la faîtière», souligne-t-il.
Pour l’instant, aucun membre du comité de la section valaisanne n’envisage de démissionner. «Nous n’avons commis aucune malversation financière et voulions juste éviter des déficits chroniques», conclut Marcelle Monnet-Terrettaz.