(Paris Match Suisse )
Par Romaine Jean
La musique adoucit les mœurs et apaise les âmes. La soprano Laure Barras a créé l’association les «Concerts du Cœur», en Valais, pour apporter du bonheur aux malades et aux personnes âgées.
La soprano Laure Barras
Les fées se sont penchées sur son berceau et s’y sont sans doute arrêtées. Laure Barras a du talent à revendre et aime à le faire partager. A preuve, l’association qu’elle a créée en Valais, les «Concerts du Cœur», qui se produit dans les hôpitaux, les maisons de retraite et les institutions pour personnes en difficulté.
La jeune musicienne a un parcours qui donne le tournis. Un père diplomate, originaire de Crans-Montana, une mère canadienne, férue d’opéra et de musique, une enfance passée aux quatre coins du monde, au gré des changements d’ambassades, en Israël, aux Etats-Unis, à Berne, au Mexique ou encore à Abou Dhabi. Après avoir décroché une licence en arabe à Langues Orientales à Paris, la jeune femme mène des études lyriques à Lausanne, New York, Hanovre et Lyon et entame une carrière lyrique internationale. Mais les circonstances de la vie modifient parfois les trajectoires. Il y a trois ans, sa grand-mère paternelle, est victime d’un accident vasculaire cérébral, «pratiquement dans mes bras», dit-elle, «dans son chalet du Haut-Plateau». Elle en décédera, après des mois d’hôpital, à Sierre, entourée de sa famille. «J’allais souvent la voir et j’ai découvert qu’il n’y avait pas de relais entre la musique et ces lieux de vie, que l’on n’a pas choisi mais qui s’imposent à nous».
Laure Barras avait connu, lors de ses études en Allemagne, la Fondation «Live Music Now» créée par Yehudi Menuhin. Le groupe organisait des concerts de très haute tenue, dans les maisons de retraite ou les centres pour handicapés. «Ça n’existait pas en Suisse, j’ai eu envie de faire pareil et ai créé l’association».
Les «Concerts du Cœur» ont déjà donné près de 150 représentations, dans les homes pour personnes âgées, dans les hôpitaux ainsi que dans les institutions pour personnes en difficulté. «Nous passons dans les centres de dialyse, en chimiothérapie ou en médecine privée. Nous visons à offrir de la musique de qualité à des personnes qui sont éloignées de leurs foyers. Nous jouons et chantons des airs d’opéra, du jazz manouche, de la harpe ou des chansons patrimoniales. Notre association regroupe plus de quarante artistes, qui deviennent autant de travailleurs sociaux dans ces lieux de vie si importants. Et nous donnons ainsi également du travail à des musiciens qui vivent parfois des situations de précarité en Suisse».
L’association se développe désormais dans le canton de Vaud et déborde de projets. «Nous voudrions bien attirer, dans les maisons de retraite, un large public de tous âges et de toutes conditions. L’idée est de créer des lieux de rencontres, à l’occasion de concerts d’exception. Nous avons des musiciens de très grande qualité. Je vous cite l’Indien Amrat Hussain, un joueur de tabla, qui s’est produit avec les Rolling Stones. Mais il y en a tellement».
Laure Barras vit aujourd’hui entre Milan et le Valais et poursuit sa carrière de chanteuse d’opéra. Elle s’est déjà produite sur des scènes prestigieuses en France, en Suisse et en Allemagne. Elle est aussi mère d’un petit garçon de 6 mois. Son association est financée par plusieurs fondations, la Loterie Romande, l’Etat du Valais et des dons individuels.