(Faire-Face)
Utilisant des technologies robotiques et des algorithmes intelligents, l’appareil détecte les mouvements de l’utilisateur via des capteurs. Puis accentue l’action des muscles grâce à des moteurs électriques. © Myosuit
Une entreprise suisse vient de mettre au point un “exomuscle”. À mi-chemin entre l’imposante armature métallique des exosquelettes et la tenue d’alpinisme, l’appareil aide les personnes fatigables à marcher. Il accentue la pression des muscles grâce à de petits moteurs électriques.
L’équipement se situe entre le vêtement et l’exosquelette classique. Il ressemble un peu à une tenue d’escalade ou d’alpinisme, avec ses harnais, ses câbles et capteurs. Mais c’est un équipement high-tech, utilisant des technologies issues de la robotique et des algorithmes intelligents.
Une couche de muscle en plus
Un minimum vu l’ambition affichée : offrir « une couche de muscle supplémentaire » afin d’aider des personnes fragiles à marcher. Sans aller toutefois jusqu’à cibler les personnes paralysées.
En effet, Myosuit – c’est son nom – n’initie pas le mouvement, il le renforce, l’accompagne, si nécessaire. Un peu à la manière d’un vélo à assistance électrique, dont le moteur se déclenche dans une côte.
Une fois la tenue enfilée, celle-ci commence par détecter l’intention de l’utilisateur. Comment ? Via des capteurs, afin d’accentuer le geste pour réussir à le réaliser complètement. Deux moteurs électriques, un pour chaque jambe, appuient les mouvements d’extension de la hanche et du genou.
Se déplacer, monter des escaliers sans s’épuiser
Ainsi, si vous essayez de vous lever de votre chaise, la tenue apporte alors une poussée supplémentaire pour réussir à vous mettre debout. À l’inverse, elle vous retient légèrement quand vous fléchissez pour vous asseoir. Vous évitez ainsi de mal retomber ou de vous affaler brutalement quand vos muscles n’arrivent plus à vous soutenir.
De quoi aider des personnes souvent confinées dans leur fauteuil à se déplacer, monter des escaliers ou partir en balade. Qu’il s’agisse de personnes âgées ou de personnes atteintes de sclérose en plaque, myopathie, dystrophie musculaire, certains problèmes neurologiques… liste, entre autres, Myoswiss, la petite société helvète qui a mis au point le système.
« L’exomuscle s’adresse à des patients pouvant marcher ou au moins effectuer en partie les mouvements nécessaires, mais pour qui la marche devient trop épuisante », précise Jaime Duarte, le patron de Myowiss.
Pour de la rééducation et kinésithérapie
Pour les publics ciblés, c’est notamment l’occasion de « regagner du muscle » et de faire « davantage d’exercice physique », deux conditions importantes pour rester en bonne santé. L’exomuscle cherche aujourd’hui à séduire les professionnels : cliniques, centres de rééducation, cabinets de kinésithérapie.
Bientôt une version utilisable à domicile ?
Cette innovation a dépassé le stade du prototype, le produit fini s’apprête désormais à être vendu en Europe, d’abord en Allemagne et en Suisse, puis en France l’an prochain. Mais à quand une version grand public de l’exomuscle pour gagner en autonomie au quotidien ? « C’est un objectif d’ici à deux ans », répond Jaime Duarte.
Décrit comme léger, Myosuit pèse aujourd’hui « 5,5 kg batterie incluse» et s’enfile « en moins de 3 minutes », dixit l’entreprise. Question volume sonore, il génère un léger bruit de coulissage à chaque pas. « À long terme, l’objectif sera de ressembler à un vêtement…. Qu’on ne puisse pas s’apercevoir que quelqu’un le porte ou même l’entendre. » L’utilisateur lui-même pourra alors l’oublier et vaquer tranquillement à ses occupations.