(Bilan)
Le Musée d’art et d’histoire innove avec des ambitions inclusives. Dès le 13 octobre, cinq petites scènes s’agiteront aux sons d’une musique inspirée par Diday et Calame.
Etienne Dumont
Le Musée d’art et d’histoire de Genève (MAH) innove. Si son public, comme je vous l’avais expliqué cet été, n’a pas pu bénéficier des balançoires installées dans une salle du rez-de-chaussée, il y aura bientôt à sa disposition les plate-formes vibrantes. L’expérience se situera cette fois au département des beaux-arts. Elle devrait durer deux semaines à partir du 13 octobre. La chose se veut naturellement bien pensante. Elle a été imaginée dans le cadre «du label culture inclusive de Pro Infirmis». Il s’agira d’«écouter avec le corps». Il y a apparemment des moments où le ventre tend l’oreille.
Je suppose que des explications s’imposent de ma part. Eh bien voilà! Dans la salle de peintures abritant à l’étage les grandes toiles des paysagistes du XIXe siècle genevois Alexandre Calame et François Diday se verront installées cinq micro-scènes d’un mètre carré. Sous celles-ci se trouvera un système transducteur qui fera trembler les deux personnes se trouvant sur ce plancher instable. Elles pourront ainsi subir les effets produits par un mini concert de musique électronique d’une vingtaine de minutes inspiré par la tableaux environnants. Les auditeurs se sentiront remués à tous les sens du terme. Une manière comme une autre de se retrouver partie-prenante dans la culture.
Et les pastels tout proches?
Ce sont les handicapés (pardon, les personnes en situation de handicap) qui seront les premiers servis.L’installation leur sera réservée du mardi 13 au vendredi 16 octobre. Ensuite, tout le monde pourra tenter l’«expérience sensorielle». Il suffira de s’inscrire sur le site www.billetterie-mah.geneve.ch C’est apparemment gratuit.
La chose se situe bien sûr dans le désir du directeur Marc-Olivier Wahler, que j’ai fini par rencontrer, de transformer le MAH en une entité proche du supermarché où l’on irait AUSSI à l’occasion voir de la peintures ou de la sculpture.Un lieu de vie, quoi! L’ennui, à mon avis, est qu’on se trouve ici assez près de salles où se trouvent aujourd’hui des œuvres exécutées au pastel. Pour elles, «l’expérience» risque de se révéler délicate. On évite normalement toute vibration dans leur périmètre, même lointain. Orsay avait ainsi dû il y a bien des années isoler certains planchers pour supprimer les trépidations du métro. Degas ou Redon n’aimaient pas beaucoup ça. Liotard et La Tour devront eux s’y faire. Normal! L’inclusion semble à ce prix.
L' »Orage à la Handeck » d’Alexandre Calame. Crédits: MAH, Genève 2020