Dans l’espace avec un handicap ?

(Futura-Science.com)

L’ESA veut voir si des personnes souffrant d’un handicap physique peuvent devenir astronaute

Hier, l’Agence spatiale européenne a organisé une conférence de presse virtuelle pour expliquer les enjeux de la nouvelle campagne de recrutement d’astronautes qui sera plus ouverte aux femmes et aux personnes en situation de handicap. L’ESA s’est engagée à réaliser une étude pour identifier les adaptations potentielles pour permettre à un astronaute handicapé de voler dans l’espace.

L’Agence spatiale européenne qui débutera fin mars le processus de sélection de la quatrième promotion d’astronautes européens, après celles de 1978, 1992 et 2009, devrait retenir quatre, voire six astronautes. Initialement, l’ESA souhaitait recruter seulement de deux à quatre astronautes. Mais, sous la pression d’États membres, vraisemblablement plus pour des questions de prestige que pour des opportunités supplémentaires de vols, le directeur de l’agence a été contraint d’augmenter ce quota.

Avec cette nouvelle promotion, David Parker, directeur de l’Exploration humaine et robotique à l’ESA, a déclaré « vouloir représenter toutes les parties de notre société » et que la diversité au sein de l’ESA ne doit pas « seulement tenir compte de l’origine, de l’âge, des antécédents ou du sexe de nos astronautes, mais peut-être aussi des handicaps physiques. Pour faire de ce rêve une réalité, parallèlement au recrutement des astronautes, je lance le projet de faisabilité des « parastronautes » – une innovation dont l’heure est venue ».

Les personnes de petite taille ou avec un handicap des membres inférieurs peuvent postuler

Pour l’heure, il est seulement question d’intégrer un ou deux « parastronautes » dans le nouveau corps d’astronautes de réserve de l’ESA. Comme cela a été précisé lors de la conférence, l’idée est d’inciter les personnes avec un handicap physique à postuler pour participer à une étude de faisabilité sur l’accès des vols spatiaux aux « parastronautes ».

Comme le souligne Guillaume Weerts, responsable de la gestion du centre des astronautes européens, dans une interview accordée au site Internet handicap.fr, l’ESA sélectionnera des personnes avec « un handicap d’un ou des deux membres inférieurs (amputation ou déficience congénitale), de préférence en dessous du genou, un critère technique lié à l’adaptation du matériel ou encore celles ayant une jambe plus courte que l’autre et les personnes de petite taille (de moins de 1 m 30) ».

Des aménagements possibles

Cette étude de faisabilité doit démontrer que ces personnes sont capables de rejoindre la Station spatiale internationale en sécurité et avoir la même fonction que les autres astronautes. Comme à chaque handicap correspond un certain nombre de problématiques, l’étude passera en revue les adaptations éventuellement nécessaires, soit dans les procédures, soit dans le matériel, pour s’assurer que le parastronaute travaille et exécute les tâches comme tout autre astronaute.

L’étude se focalisera également sur les vols à bord des véhicules Crew Dragon de SpaceX et Starliner de Boeing. Il est aussi question de voir si des aménagements intérieurs seront nécessaires. Ce qui préoccupe l’ESA, c’est la capacité de ces parastronautes à s’extraire seuls de leur capsule dans une situation d’urgence sans mettre en danger les autres membres de l’équipage, lors d’un abandon de lancement par exemple.

Si cette étude se solde par une note positive, il ne fait aucun doute qu’un parastronaute réalisera un vol dans l’espace, voire à bord d’un complexe orbital. Peut-être pas un de ceux sélectionnés dans le corps d’astronautes de réserve, mais plus vraisemblablement un de ceux de la cinquième promotion.
À suivre…