Le Jury “Compétition internationale longs métrages”, composé de Anna Glogowski (directrice de festival – France), Simon Kilmurry (producteur exécutif – Etats-Unis) et Peter Liechti (cinéaste – Suisse) ne s’est pas trompé en décernant le Grand Prix La Poste Suisse pour le meilleur long métrage de la Compétition internationale à DE REGELS VAN MATTHIJS (MATTHEW’S LAWS) de Marc Schmidt, (Pays-Bas)
Si l’on ne doit garder qu’une image de l’édition 2012 de Visions du Réel, que ce soit les yeux de Regels van Matthijs braqués sur l’objectif, sondant le cinéaste, et tout ce qu’il y a derrière lui, la représentation des êtres, le mouvement, l’univers…
Matthijs est autiste. Il vit dans un appartement confiné où il accumule un bric-à-brac angoissant. Un philodendron fatigué parachève la touffeur de l’ensemble. «J’ai pensé cet appartement, dit Matthijs. Il est l’univers, le reste est juste un petit paragraphe dans l’univers.» Il s’interroge beaucoup sur le sens des choses. Il fait aussi des travaux de plomberie, résultant un trou dans le mur. Il est expulsé de son espace.
Rarement un film a pareillement fait sentir la souffrance de l’autisme. Le cinéaste cadre serré le visage de son ami, fait entrer dans sa temporalité à part. Matthijs compte les jours de sa vie en déterminant 36, élabore un système de datation en trois lettres: le 10 mars 2011, c’est BON, le 12 BOP, le 17 BOV… Matthijs pense que «le vide qui soutient l’univers soutient tout». Le 26 mai (BQS), il a brusquement cessé d’être soutenu. C’est la conclusion brutale de ce portrait saisissant. Voir la bande annonce : De REGELS VAN MATTHIJS