Il avait manipulé les cervicales d’une femme devenue partiellement handicapée.
Un chiropraticien valaisan est accusé de lésions corporelles graves par négligence sur une patiente. En 2006, ce praticien avait manipulé la nuque de cette femme, sans l’avoir informée préalablement des risques d’une telle intervention, selon l’accusation.
Le 12 décembre au Tribunal de Martigny, devant le juge Ludovic Rossier, le Ministère public a requis une peine pécuniaire de vingt jours-amende à 210 francs, avec sursis de deux ans contre l’accusé. La peine maximale pour une telle infraction est de trois ans de prison. Selon le procureur, le chiropraticien, titulaire d’un diplôme suisse et autorisé à pratiquer en Valais depuis 1995, « devait savoir que des manipulations cervicales impulsives sur une patiente enceinte, âgée de 32 ans, étaient contre-indiquées, d’autant plus sans examen radiologique préliminaire. »
Accident cérébral
En effet, note l’acte d’accusation, « ce type d’examen permet de mettre en évidence des malformations du rachis cervical excluant des thérapies manuelles. » Mais surtout, le Ministère public ajoute que le chiropraticien ne pouvait ignorer qu’il est prudent de s’abstenir de manipuler la nuque d’une femme enceinte de cet âge, vu les modifications, notamment vasculaires, liées à sa grossesse.
Pour le Ministère public, l’accusé aurait dû savoir qu’il pouvait déclencher un accident vasculaire cérébral menant au syndrome de Wallenberg. Toujours selon l’accusation, le praticien « est très probablement » à l’origine de ce syndrome dont souffre la victime. Celle-ci s’est immédiatement sentie mal après l’intervention du praticien. Vertiges, céphalées, vomissements: quelques jours plus tard elle fut hospitalisée et transférée au CHUV. Diagnostic: accident vasculaire cérébral incomplet.
AI partielle
L’assurance-invalidité a reconnu une infirmité de travail de 18%. Cette mère de quatre enfants souffre depuis les faits de troubles de l’équilibre l’empêchant de rester longtemps debout. Cela limite les activités sollicitant des changements fréquents de position, telles que laver des vitres, passer l’aspirateur ou jardiner.
« Je ne peux plus faire de marche, ni de vélo et encore moins du ski. Si je penche la tête en arrière, je pars à la renverse » , a confié la victime au « Nouvelliste ». Pour les experts, ses handicaps sont en pratique définitifs. L’avocat de la victime, Me Henri Carron, a souligné que l’affaire a bien failli être prescrite, à quatre mois près. Il a remercié le tribunal pour avoir organisé ce procès sans tarder une fois le dossier enfin bouclé.
Défenseur du chiropraticien, Me Stéphane Coudray, a rappelé que son client conteste avoir manipulé avec vigueur la nuque de la victime et parle de mobilisation douce. Développant une foule d’éléments médicaux, estimant que son client n’a commis aucune faute et que le chiropraticien est la victime d’expertises représentant la « médecine aristocratique » contre la « médecine prolétarienne » , il a demandé son acquittement
Le jugement sera communiqué ultérieurement.