Un forum pose les problèmes rencontrés par les personnes handicapées au quotidien.
Céline Van Till, Miss Handicap 2012, le sait mieux que quiconque: une personne handicapée doit se battre pour défendre sa place dans la société. « Les choses avancent, mais il reste encore beaucoup à faire, car souvent, les personnes handicapées sont certes intégrées, mais par petits groupes de personnes handicapées. Je défends la place de la personne handicapée au milieu des valides, comme n’importe quelle personne. »
Céline Van Till participe ainsi à des compétitions d’équitation avec les valides. Cette passionnée de chevaux enchaîne même les concours depuis son retour en selle après son accident. La jeune femme a chuté de cheval en 2008, et souffre, depuis lors, de conséquences d’un traumatisme crânien. « Mon cheval de 600 kg m’est tombé dessus. Je n’ai pas eu de fractures sur le corps, mais j’ai eu un traumatisme crânien et suis restée un mois dans le coma », raconte-t-elle. Une fois sortie du coma, Céline Van Till était malvoyante, temporairement tétraplégique, et ne savait plus ni parler, ni compter. Patiemment, elle a tout réappris. « Je savais où je voulais aller. Je voyais toujours une lumière claire et brillante au bout du tunnel. »
Après des étapes difficiles – « j’ai même fait une dépression » – , Céline Van Till retrouve la force d’avancer. « Dès que j’ai pu remonter sur mon cheval, j’ai revécu. Le cheval ressent tout; c’est en partie grâce à lui que j’en suis là aujourd’hui » , ajoute celle qui donne l’impression aujourd’hui de pouvoir soulever des montagnes. « Mon prochain objectif, c’est les JO de Rio! » conclut-elle avec enthousiasme. CSA
« Chaque être humain a son handicap. J’en ai un grand: je ne connais pas bien l’allemand. C’est un handicap qui me fait souffrir. (…) Il ne faut pas se laisser restreindre par son handicap. Il faut oser revendiquer, car chaque être humain a droit à sa place dans la société. » C’est ainsi que Marcelle Monnet-Terrettaz, la présidente du Grand Conseil, a ouvert le forum sur les inégalités vécues par les personnes handicapées, à l’IUKB cette semaine. Un forum organisé notamment par la commission cantonale pour les personnes en situation de handicap et Forum Handicap Valais.
De nombreux bâtiments administratifs restent toujours inaccessibles aux personnes handicapées. A l’instar de l’Hôtel de Ville de Sion. « Il est inaccessible pour un paraplégique et pour un aveugle. Si une secrétaire ne venait pas me chercher devant l’entrée, je n’arriverais jamais à destination! » , remarque Denis Maret, mal voyant. Qui voudrait que les architectes consultent les personnes handicapées avant la réalisation d’infrastructures. « Qui mieux que nous savons comment adapter tel ou tel lieu? »
Si dans la loi cantonale pour l’intégration des personnes handicapées de 1991, figure la notion du droit aux loisirs pour tous, dans les faits, rien n’est gagné. C’est ce qu’a constaté Christophe Clivaz, professeur à l’IUKB. « Il semble qu’aujourd’hui encore, il ne va pas de soi de rendre un musée accessible à tous, lorsqu’on en construit un nouveau, par exemple » , note-t-il en faisant référence au nouveau Musée cantonal de la nature inaccessible aux paraplégiques. Idem pour certains restaurants, cinémas, transports publics (télécabines, cars postaux…).
Or, les personnes avec handicap représentent un potentiel économique non négligeable. « 5 à 10% de la population sont concernés. Des millions sont en jeu. » De plus, l’amélioration des infrastructures – comme une chambre d’hôtel plus spacieuse – bénéficiera également aux autres clients. « Pourquoi ne pas lancer un projet pilote dans une station valaisanne qui ferait un effort pour adapter le lieu? Une idée originale à l’heure où toutes les stations se copient pour attirer les touristes… »
Dans les lieux de soins, l’inaccessibilité est également flagrante. « A l’hôpital de Sion, les obstacles s’enchaînent pour les personnes en chaise roulante. Il n’y a aucune chambre adaptée, alors qu’il suffirait d’investir 100 francs pour un rehausse-WC par exemple. Tous ces obstacles accentuent encore notre handicap » , note Jérôme Bagnoud, paraplégique et vice-président de Forum Han dicap. Le Dr Eric Bonvin, directeur de l’Hôpital du Valais, reconnaît ces lacunes. « Je ne peux que faire un bilan mitigé de ce qui existe aujourd’hui dans nos structures, mais la question des barrières architecturales arrive toujours au moment des coupes de budget. » Pour lui, la solution passe ainsi par le politique. « Je veillerai à vos besoins, mais je ne sais pas si j’ai beaucoup de pouvoir », précise-t-il . « Moralité: prenez soin de vous pour ne pas aller à l’hôpital! », conclut Jérôme Bagnoud, en guise de boutade.