Le Valais n’est pas épargné par la schizophrénie qui touche une personne sur cent. Trois mille personnes sont donc concernées dans le canton. Une maladie qui apparaît entre 15 et 25 ans, parfois jusqu’à 30 ans chez les femmes. « Le plus difficile est que la schizophrénie apparaît alors que la personne est en pleine formation. Le mal met ainsi souvent fin à des projets de vie » , souligne Louise-Anne Sartoretti, la présidente de Synapsespoir – l’association valaisanne soutenant les proches des personnes atteintes de schizophrénie.
Les malades doivent également faire face aux préjugés existant encore dans la population sur ce trouble. « Beaucoup de personnes croient encore, par exemple, qu’une personne touchée par la schizophrénie est très violente. Ce qui n’est pas le cas » , ajoute Louise-Anne Sartoretti.
D’où la nécessité d’informer, encore et toujours, sur cette maladie, comme le font les Journées francophones des schizophrénies qui ont lieu jusqu’à jeudi en Valais (encadré). « Depuis que nous avons fondé l’association il y a cinq ans, nous voyons heureusement des changements de mentalités dans la jeune génération nouvellement concernée par la maladie » , souligne Louise-Anne Sartoretti. Par contre, dans le reste de la population, les fausses croyances subsistent, comme le fait que c’est la consommation de cannabis qui conduit à la maladie. « C’est faux. Ce sont des préjugés tenaces qui viennent d’un fort héritage dans les conversations familiales », ajoute encore la présidente de Synapsespoir.
La plupart des personnes touchées par ce trouble souffrent de voir leurs amis les quitter, comme l’a vécu Caroline*, une Valaisanne de 40 ans, qui a vu deux de ses meilleures amies prendre la poudre d’escampette dès qu’elles ont appris la nouvelle. « La schizophrénie fait peur aux gens. » Mais Caroline n’a jamais voulu perdre espoir. « Il faut toujours croire en soi, quoi qu’il se passe. On ne choisit pas sa maladie. Ce n’est pas de notre faute. » Elle, comme beaucoup d’autres malades, a dû abandonner sa formation, soit des études de médecine, après avoir appris le diagnostic. Un deuil difficile à faire. « Comment pouvais-je l’accepter? » , ajoute Caroline. Sans oublier la honte à laquelle les malades doivent faire face.
Leurs proches aussi sombrent souvent dans une grande tristesse à l’annonce du diagnostic. « De nombreuses personnes ne savent pas encore où s’adresser tellement elles sont démunies » , précise la présidente de Synapsespoir. Or, rester seul pour entourer le malade risque de plonger les proches dans une sorte de déprime. Car, s’occuper d’une personne atteinte par ce mal prend énormément d’énergie physique, mentale et affective. Cela peut épuiser les aidants.
L’association Synapespoir propose ainsi aux familles touchées de suivre les groupes Profamille, animés par des soignants. Ces formations permettent le partage d’expériences de la vie quotidienne autour de divers thèmes liés à la schizophrénie. Dans le but de vivre mieux, simplement. *Prénom d’emprunt
Les Journées des schizophrénies, qui ont débuté la semaine dernière, auront lieu jusqu’à jeudi. En Valais, l’association Synapsespoir sera présente aujourd’hui lundi 17 mars de 13 à 18 heures à l’hôpital de Martigny, demain mardi 18 mars de 13 à 18 heures à l’hôpital de Sion et le jeudi 20 mars de 13 à 18 heures à l’hôpital de Sierre.
Plusieurs salles de cinéma diffuseront un court métrage sur le thème de la schizophrénie avant le film à l’affiche. Le court métrage en question a remporté le premier prix de la catégorie « Schizo-attitude » au festival Haut et Court de l’EPFL. CSA
Source : Le Nouvelliste, article écrit par Christine SAVIOZ